Successivement dénommée Saint-Pierre de Darnetal, Saint-Pierre-sous-Caen, Saint-Pierre-du-Châtel, Saint-Pierre-en-Rive, cette église est le plus grand édifice religieux de Bourg-le-Roi. C’est dans cette église que se déroulaient les principales cérémonies publiques[2]. Par exemple lorsque Henri IV abjure la religion protestante, mettant ainsi fin aux guerres de religion, c’est dans l’église Saint-Pierre qu'est chanté le Te Deum en présence des représentants civils et religieux de toute la cité.
Elle est fermée par décret du représentant du peuple Laplanche le [3] mais sert néanmoins de Temple de la Raison puis de l’Être suprême de 1793 à 1795. Elle est rendue au culte catholique le [3].
Origine
L'origine de l'église n'est pas encore connue, mais il est fait mention, après 1083, dans le cartulaire de la Trinité, d'un « atrium Sancti Petri », l’aître Saint-Pierre[3]. Elle est reconstruite une première fois au milieu du XIIe S[3].
Les étapes de construction
XIIIe : chœur et tour
XIVe : façade ornée d'une immense rose, clocher gothique
XVe : nef et bas-côtés
XVIe (1518) : abside Renaissance
Les travaux s’échelonnent sur plusieurs siècles mais respectent l'unité d'ensemble qui offre encore aujourd’hui des parties remarquables. La tour est élevée en 1308, l'aile droite en 1410, l'aile gauche peu de temps après, le grand portail ou Portail Neuf en 1384. La façade nord est ornée au XIVe siècle d'une immense rosace d'une extrême légèreté. Au XIVe siècle, on construit également son célèbre clochergothique, considéré comme « le roi des clochers de Normandie » et qui influencera de nombreux autres monuments. La flèche de la chapelle Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon par exemple s'en inspire fortement[4]. Les bas-côtés et les parties hautes de la nef sont construits au XVe siècle dans le style flamboyant. Menés par Hector Sohier, les travaux de l'abside, construite sur pilotis sur l’Odon, des voûtes du chœur et des ailes sont commencés en 1521 et terminés sans doute un demi-siècle plus tard. Contrastant harmonieusement avec le reste de l’édifice, c’est l'un des exemples les plus parfaits de la première Renaissance caennaise. Le porche sous la tour est restauré en 1608 avec des ornements en statues.
À la fin des années 1850, le pilier nord-ouest du clocher est menacé par des mouvements de terrain. L'architecte Guy est chargé des travaux de consolidations[5].
Dans la nuit du 8 au , la flèche de l'église, fauchée par un obus de 406 mm probablement tiré depuis le Rodney, s'effondre de ses soixante-douze mètres dans la nef. Un début d'incendie détruit également la toiture. Reconstruit en 1957, le clocher fait aujourd'hui soixante-quinze mètres, soit six de plus que les tours de Notre-Dame dont la petite flèche culmine à quatre-vingt-seize mètres.
Au XXIe siècle, l'église fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration : façade nord-est, chevet, puis façade sur la place Saint-Pierre et clocher. En 2019, une méridienne du XVIIIe siècle est redécouverte à droite du portail de l’église[6]. En novembre de la même année, après les travaux de restauration du clocher, les trois cloches de l'église Saint-Pierre sont réinstallées dans leur écrin de chêne : Anne (351 ans - 1,3 tonne), Paul (211 ans - 1,8 tonne) et Pierre (211 ans - 2,2 tonnes)[7].
D'architecture gothique et Renaissance datant du XVIe siècle, avec des arcs boutants et brisés puis en pleins cintres. Une avancée au fond de l'église derrière la nef est répartie sur piliers, chapelle peu profonde qui rappelle un peu la nef assez basse avec des voûtes simples.
Cas particulier de cette église, l'abside est conçue de manière que le visiteur a dans son champ de vision quatre vitraux, contrairement à l'usage, où il en a trois ou cinq.
Chevet Renaissance
Portail
Voûtes gothiques de la nef
Voûtes du chœur
L'orgue
Un orgue à transmission mécanique a été installé par Jean-François Dupont en 1997. Il remplace un instrument Danion-Gonzales remplaçant lui-même un Cavaillé-Coll détruit durant la guerre en 1944. Suspendu sur le côté gauche de la nef, il est donc en nid d’hirondelle.
↑Robert Patry, Une ville de province : Caen pendant la Révolution de 1789, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet,
↑ abc et dGeorges Huard, La Paroisse et l'Église Saint-Pierre de Caen, des origines au milieu du XVIe siècle, t. XXXV, Caen, Jouan, coll. « Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie », (lire en ligne)
↑Pierre Chirol, « Le pays normand et son architecture », dans La Construction moderne, 45e année, n°3, 20 octobre 1929, p. 38
↑Annuaire des cinq départements de la Normandie, Congrès de Cherbourg, Caen, (lire en ligne), « Reconstruction d'un des piliers de l'église Saint-Pierre de Caen », p. 425-427
↑Raphaël Fresnais, « Caen : un cadran solaire rare découvert sur l’église Saint-Pierre », Ouest-France, (lire en ligne)
↑« Les cloches de Saint-Pierre retrouvent leur beffroi », Caen Mag, , p. 15
↑Service de l'inventaire de la région Normandie, Ici repose... : À la découverte des cimetières de Caen, coll. « Parcours du patrimoine »,
Bibliographie
Georges Huard, La Paroisse et l'Église Saint-Pierre de Caen, des origines au milieu du XVIe siècle, t. XXXV, Caen, Jouan, coll. « Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie », (lire en ligne)