Le premier tour est marqué par une abstention record de 52,5 %, et par une quasi-égalité entre la NUPES et Ensemble. D'après le ministère de l'Intérieur, touché par une polémique sur la manière dont il a attribué les nuances politiques, la coalition gouvernementale arrive en tête, tandis que d'après le journal Le Monde, qui effectue un recomptage, c'est la NUPES qui est en tête.
Le second tour est marqué par une abstention de 53,8 %, cependant moindre que celle de 2017 et aboutit à un parlement minoritaire. Ensemble reste la principale force de l'Assemblée nationale avec 245 sièges, mais perd largement sa majorité absolue. Les partis de la NUPES obtiennent en cumulé 151 sièges, doublant la représentation des partis de gauche par rapport à 2017, notamment en raison des résultats obtenus dans les métropoles, un résultat néanmoins moindre que ce que les projections annonçaient dans l'entre-deux tours.
Le Rassemblement national surprend les pronostics des sondages en effectuant, malgré un mode de scrutin historiquement défavorable à l'extrême droite, une percée électorale avec 89 députés grâce à de bons résultats dans les départements ruraux. Il soutire ainsi la place du principal parti d'opposition que détenaient Les Républicains lors la législature sortante, qui perdent la moitié de leur représentation tandis que l'UDI disparaît presque totalement de l'hémicycle. Leur positionnement leur permet néanmoins d'obtenir un statut d'arbitre lors des travaux parlementaires.
Pour la première fois depuis les législatives de 1988 et l'instauration du quinquennat en 2000, le président élu ne dispose que d'une majorité relative dans la foulée de l'élection présidentielle. La nouvelle législature est ainsi l'une des plus fragmentées de la Ve République et inaugure une période de tripartisme entre la gauche, les libéraux et l'extrême droite[1],[2],[3], situation perçue par les commentateurs comme un désaveu pour le président Macron et un risque de grande instabilité politique et de blocages institutionnels en raison des faibles possibilités d'accords. Le taux de participation enregistre en revanche une nouvelle chute, en légère baisse par rapport au précédent record de 2017.
Contexte
Contexte institutionnel
Depuis les débuts de la Cinquième République, les élections législatives organisées dans la foulée de l'investiture d'un président élu ont toujours permis à ce dernier de disposer à l'Assemblée nationale d'une majorité absolue ou relative. Cette caractéristique, connue sous le nom de « fait majoritaire », est renforcée par le mode de scrutin majoritaire uninominal. Depuis le passage au quinquennat présidentiel en 2000 et le report des élections législatives après l'élection présidentielle, la coïncidence des scrutins est devenue systématique. Ce changement a contribué à présidentialiser le régime au détriment du pouvoir législatif[4]. En outre, la cohabitation est rendue plus improbable puisqu'elle implique qu'une partie des électeurs reviennent sur leur choix dans la foulée de l'élection présidentielle.
En 2022, l'écart entre la présidentielle et les législatives est de cinquante jours, soit quatorze jours de plus que lors des quatre précédents mandats, un écart jugé susceptible d'accroître l'indécision du scrutin[5].
Assemblée sortante et élection présidentielle de 2022
Emmanuel Macron est reconduit pour un deuxième mandat au terme de l'élection présidentielle d'avril 2022. Le président sortant remporte au second tour 58,54 % des suffrages exprimés face à Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (RN). Arrivé en troisième place au premier tour avec 21,95 % des suffrages, Jean-Luc Mélenchon confirme son mouvement La France insoumise comme la première force à gauche. Pour beaucoup d'observateurs, la vie politique française est recomposée en trois blocs de votants : une gauche radicale, un centre libéral et l'extrême droite[1],[2],[3].
Comme pour le scrutin présidentiel de 2017, les partis politiques traditionnels échouent à se qualifier pour le second tour. Leurs résultats sont plus bas que ceux obtenus cinq ans plus tôt. Le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR), représentés respectivement par Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, s'effondrent avec des scores historiquement faibles : moins de 5 %[8].
À la tête de son parti nouvellement créé, Reconquête (REC), le candidat d'extrême droiteÉric Zemmour totalise 7 % des voix et termine quatrième. Éliminé au premier tour, il appelle son électorat à voter pour Marine Le Pen qu'il a critiquée tout au long de la campagne électorale[9],[10].
Depuis 1988, le financement public des partis politiques est prévu par la loi, le montant total des aides publiques pour 2022 est de soixante six millions d’euros[11]. Les montants alloués à chaque parti sont fonction de leurs résultats en voix et du nombre de parlementaires élus aux élections législatives de 2022[12].
Ainsi, la NUPES et Ensemble bénéficieront chacune de dix millions d'euros d'aide publique par an au titre de leurs résultats en voix, à répartir pour chaque coalition entre leurs partis. Le RN touchera sept millions d'euros, et le Parti animaliste 400 000 euros, du fait d'avoir recueilli 255 086 voix[13].
En ajoutant les 37 400 euros accordés pour chaque député élu, la coalition Ensemble touchera un total de presque 95 millions d'euros en cinq ans. La NUPES percevra quant à elle 72 millions d'euros, tandis que les Républicains, n'ayant pas respecté la parité femmes hommes, verront leurs subventions amoindries de 42% à 24 millions d'euros[14]. Le RN peut compter sur le double, à savoir un total de 50 millions d'euros de financement public en cinq ans[15],[14].
Perception du scrutin
Les élections législatives suivent l'élection présidentielle où la presse estime que l'absence de débat télévisé au premier tour a fait baisser l'intérêt[16]. Les opposants à Emmanuel Macron jugent que sa réélection découle une nouvelle fois d'un important vote de rejet de l'extrême droite et d'un nouveau barrage républicain[17].
Les deux tiers des français se disent favorable à une cohabitation dans les jours qui suivent sa réélection[18] mais Jean-Luc Mélenchon est dans le même temps loin de faire l'unanimité pour prendre la tête du gouvernement si la situation se produit, près de la moitié des français estimant qu'il « faut éviter qu'[il] devienne Premier ministre »[19].
Parallèlement, seulement « 22 % des Français pronostiquent une possible majorité de gauche à l’issue des législatives », ce qui a pour effet de « limiter l’importance de l’enjeu », selon Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut de sondage Ipsos[20], qui a identifié « 127 circonscriptions où le résultat se jouera à un ou deux points près » contre seulement 77 aussi serrées en 2017[21].
Reconduction de l'alliance des partis de la droite traditionnelle
Le parti Les Républicains subit la défection de quelques députés sortants, à la suite du faible score obtenu par Valérie Pécresse à l'élection présidentielle, mais l'Union de la droite et du centre (UDC), formée avec l'UDI et Les Centristes lors des précédents scrutins locaux, est reconduite pour ces élections législatives.
Est élu au premier tour le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal au quart des électeurs inscrits dans la circonscription. Si aucun des candidats ne satisfait ces conditions, un second tour est organisé entre les candidats ayant réuni un nombre de voix au moins égal à un huitième des inscrits (12,5 %) ; les deux candidats arrivés en tête du 1er tour se maintiennent néanmoins par défaut si un seul ou aucun d'entre eux n'a atteint ce seuil. Au second tour, le candidat arrivé en tête est déclaré élu[22].
Le seuil de qualification, basé sur un pourcentage du total des inscrits et non des suffrages exprimés, rend plus difficile l'accès au second tour lorsque l'abstention est élevée. Le système permet en revanche l'accès au second tour de plus de deux candidats si plusieurs d'entre eux franchissent le seuil de 12,5 % des inscrits. Les candidats en lice au second tour peuvent ainsi être trois, un cas de figure appelé « triangulaire ». Les seconds tours où s'affrontent quatre candidats, appelés « quadrangulaire » sont également possibles, mais beaucoup plus rares.
Dates
Selon les dispositions du code électoral, les élections doivent se tenir dans les soixante jours qui précèdent l'expiration des pouvoirs de l'Assemblée sortante fixée au troisième mardi du mois de juin, cinq ans après son élection, sauf en cas de dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président de la République avant cette date[23]. La fin du mandat de l'Assemblée élue en 2017 est fixée au .
Les dates des élections législatives pour la France métropolitaine sont fixées les et par le Gouvernement[24]. Les élections législatives se tiennent donc 50 jours après le second tour de l'élection présidentielle, soit deux semaines de plus que lors des précédentes périodes électorales depuis l'adoption du quinquennat présidentiel[5]. Les déclarations de candidatures doivent être déposées au plus tard le pour le premier tour et le pour le second tour[25].
Projets avortés d'introduction d'une dose de proportionnelle
Un projet de réforme initiée en 2018 prévoyait un temps la réduction de 25 % du nombre de députés — qui serait passé ainsi de 577 à 433 députés — associée à l'élection de 20 % d'entre eux au scrutin proportionnel plurinominal. Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron en 2017, celle-ci n'a finalement pas été mise en place[28].
Selon le projet, le scrutin serait resté uninominal majoritaire à deux tours, comme auparavant, dans 335 circonscriptions uninominales, tandis que les 11 circonscriptions des français établis hors de France auraient été fusionnées en une seule circonscription pourvue à la proportionnelle en un seul tour. À cette dernière se seraient ajoutés les 87 sièges restants qui auraient formé une unique circonscription plurinominale nationale, pourvue à la proportionnelle non-compensatoire avec un seuil de 5 %[29].
Ce projet de réforme a été abandonné, notamment à cause de la pandémie de Covid-19 et l'opposition du Sénat à majorité LR[30].
Le , le président du groupe MoDem, Patrick Mignola, dépose au nom de son groupe une proposition de loi intitulée « Proposition de loi visant à introduire une dose de proportionnelle lors des élections législatives »[35], avec pour but d'obliger Emmanuel Macron à tenir son engagement sur ce point lors de la campagne présidentielle de 2017. Cette loi fusionne les circonscriptions uninominales dans les départements élisant plus de 12 députés (soit neuf départements représentant 130 députés), pour ne garder que des circonscriptions uniques à l'échelle des départements, dans lesquelles est mis en œuvre un scrutin proportionnel plurinominal à liste fermée ; le mode de scrutin ne change pas pour le reste des départements (représentant 447 députés).
Le , les présidents des groupes de la majorité (LREM, MoDem, Agir), Christophe Castaner, Patrick Mignola et Olivier Becht annoncent le report de la réforme pour après les élections de 2022[36].
Plusieurs députés ne se représentent pas, à la fois dans les rangs de la majorité sortante et dans ceux de l'opposition.
Au sein de la majorité présidentielle, au , une trentaine de députés sortants sur 351 annoncent ne pas se représenter[37]. Y figurent notamment l'ancien ministre et président de l'Assemblée nationale François de Rugy, la députée LREM Coralie Dubost, le vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson et le vice-président du groupe La République en marcheNicolas Démoulin.
Partis ayant eu des élus en 2017 ou présents en leurs noms dans les projections des sondages. Plusieurs d'entre eux sont regroupés en 2022 dans des coalitions détaillées ci dessous.
Ensemble pour les libertés, parti fondé par la députée ex-LREM Martine Wonner[50], présente 28 candidats[46] ;
le Parti ouvrier indépendant démocratique (POID, scission du POI), qui présente 115 candidats[43], tout en appelant à voter au second tour pour le candidat de la NUPES « selon son identité »[51] ;
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) présente 17 candidats[43]. Dans la majorité des autres circonscriptions où il n'est pas présent, il soutient le candidat de la NUPES dès le premier tour, avec pour condition qu'il soit « en rupture avec la politique libérale »[58] ;
Place publique salue et soutient le rassemblement de la gauche et des écologistes au sein de la NUPES sans occulter leurs divergences. Place publique décide donc de ne pas présenter de candidats et candidates face à elle, à l'exception de 8 circonscriptions dans une démarche de complémentarité[59].
Campagne audiovisuelle
Le code électoral prévoit que les partis politiques représentés par un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale disposent, au total, de deux heures d’émission pour le premier tour (une heure pour le second). Ce temps est réparti entre les groupes au prorata de leur nombre de députés.
Les partis politiques non représentés à l’Assemblée nationale, mais auxquels au moins 75 candidats ont indiqué se rattacher, dans leur déclaration de candidature, peuvent aussi avoir accès aux émissions de campagne électorale.
Pour les élections législatives 2022, une liste de 20 partis ou groupements politiques a ainsi été établie par arrêté publié au Journal officiel du 24 mai 2022[60].
L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) établit les temps (durée et nombre) d'émission pour chaque parti. La décision de l'Arcom a été publiée au Journal officiel du 26 mai 2022.
Alors qu'il était pressenti pour se retirer de la vie politique après sa défaite, Jean-Luc Mélenchon appelle durant l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle les Français à « l'élire Premier ministre »[61]. Si cette demande n'est pas conforme stricto sensu à la Constitution, qui laisse théoriquement le choix du Premier ministre au président de la République, il souhaite imposer à Emmanuel Macron une situation de cohabitation avec une majorité à gauche.
Dans la foulée de l'élection présidentielle, des négociations sont engagées à gauche afin de former une coalition autour de La France insoumise. Alors que l'union de la gauche, souhaitée par une majorité des sympathisants de gauche[62], avait échoué pour la présidentielle, elle apparaît de nouveau possible en vue des législatives. LFI exclut dans un premier temps le Parti socialiste de la future coalition, mais change finalement d'avis après que ce dernier a voté pour entamer des négociations, par la volonté du Premier secrétaire, Olivier Faure.
Un accord de coalition entre LFI et EÉLV est validé le , journée internationale des travailleurs. Il prévoit l'attribution d'une centaine de circonscriptions au parti écologiste. Un accord est trouvé sur la question de la désobéissance aux traités européens, point de tension majeure entre LFI et la gauche social-démocrate[63]. LFI accepte par ailleurs d'amender le nom de la coalition : l'Union Populaire devient la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES). Le PCF, qui avait d'abord jugé inacceptable les exigences de LFI, signe à son tour l'accord le [64]. Les discussions se poursuivent avec le PS et causent des dissensions en interne, du fait d'un courant minoritaire, alliant les « éléphants » du PS et la ligne Delga / Hidalgo[65]. De nombreux élus locaux du parti se prononcent néanmoins pour un accord. L'ancien président François Hollande se montre très critique envers cette alliance, tandis que certains cadres en retrait comme l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve menacent de quitter le parti[66]. Le , le conseil national du PS approuve l'accord et rejoint la NUPES[67]. En revanche, le NPA annonce qu'il ne rejoint pas la NUPES, ne pouvant « valider un tel accord incluant le Parti socialiste et sur la base des propositions qui ont été faites »[68].
Le , une grande convention a lieu à Aubervilliers pour sceller cette alliance programmatique et électorale et lancer la campagne des législatives[69].
Le , la NUPES présente les 650 propositions de son Programme partagé de gouvernement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale[70].
Le 7 juin 2022, le Conseil d'État décide que le ministère de l'Intérieur doit prendre en compte la NUPES comme une nuance politique unique dans la présentation des résultats.
Union de la droite et du centre
À la droite de l'échiquier politique, le parti Les Républicains (LR) renouvelle la coalition de l'Union de la droite et du centre (UDC) avec ses alliés, l'Union des démocrates et indépendants (UDI) et Les Centristes (LC). Lors d'un Congrès national organisé le 7 mai, le président de LR, Christian Jacob dévoile ainsi un accord prévoyant des désistements mutuels entre les trois formations, dont 457 candidats investis par LR, 59 par l'UDI, 26 par LC et un par Libertés et territoires[71],[72]. Affaibli par son faible score à l'élection présidentielle et les défections vers la majorité présidentielle, le parti LR a tenté de préserver son unité en faisant signer, début mai, à ses cadres et à l’ensemble de ses candidats une charte défendant l’idée d’une alternance « solide, crédible et essentielle ». Pour ne froisser aucune des lignes qui cohabitent au sein du parti, aucun programme n’a été défini pour ce scrutin[73].
Désunion de l'extrême droite
Après sa défaite au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen reprend la rhétorique d'un « troisième tour » aux législatives en annonçant poursuivre son engagement dans la « bataille des législatives »[74]. Avec le rejet de l'« Union des droites » avancée par Éric Zemmour[75], Reconquête présente 550 candidats sous son étiquette, parmi lesquels — selon son site web — 176 sont issus de LR, 159 du RN, 158 de la société civile et 57 de trois petit partis qu'il parvient à rallier à lui courant mai : le Centre national des indépendants et paysans de Bruno North, Via, la voie du peuple de Jean-Frédéric Poisson et le Mouvement conservateur de Laurence Trochu[76],[77]. Aucun de ses candidats ne parvient au deuxième tour[78]. De leur côté, les partis Debout la France, Les Patriotes et Génération Frexit, menées respectivement par Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot et Charles-Henri Gallois forment la coalition Union pour la France (UPF)[79], dont Dupont-Aignan est le seul candidat présent au second tour[80]. Plus de 200 candidats du Rassemblement national font campagne pour le second tour[81].
Le , les partis de la majorité présidentielle déjà alliés au sein d'Ensemble citoyens (dont en premier lieu LREM, le MoDem et Horizons) annoncent la transformation de cette alliance en une « confédération », Ensemble, pour conduire les élections législatives[83]. Les candidats uniques se présenteront tous sous l'étiquette « Ensemble ! majorité présidentielle ». Une fois élus, les députés intègreront à l'Assemblée nationale l’un des trois groupes des principales formations d'Ensemble à savoir Renaissance, Mouvement démocrate et Horizons[84]. Toutefois, la majorité doit affronter des candidatures dissidentes dans plusieurs circonscriptions, entraînant l'exclusion de 91 de ses membres[85].
Période officielle
La période de campagne officielle pour le premier tour démarre le deuxième lundi précédant le premier tour, soit le , et s'achève le à minuit. Au cours de cette période, la loi impose aux médias audiovisuels d'offrir un temps de parole strictement égal à chaque candidat. Ces derniers disposent sur les chaînes publiques d’une durée égale de 48 minutes pour diffuser leurs messages vidéos de campagne électorale, répartie en onze fois une minute trente et neuf fois trois minutes trente[86].
Est également garanti l'affichage de la propagande électorale sur les panneaux prévus à cet effet dans le domaine public, ainsi que l'acheminement des professions de foi des candidats aux électeurs. À l'inverse de la présidentielle, les candidats se voient remboursés ces dépenses de campagnes qu'ils aient atteint 5 % des suffrages exprimés ou non[86].
Lors des dernières semaines avant le premier tour, les sondages donnent Ensemble et la Nouvelle Union populaire écologique et sociale en tête, au coude à coude[87],[88] et les projections en sièges des différents instituts indiquent qu'Ensemble pourrait perdre la majorité absolue[89],[90],[91]. Il est supposé que les mauvais sondages résultent des controverses concernant la nomination de Damien Abad et les incidents lors de la finale de la Ligue des Champions le 28 mai au Stade de France[92]. Emmanuel Macron, les membres du gouvernement et de sa majorité concentrent alors leurs attaques contre la NUPES et son programme, commettant au passages quelques approximations, erreurs et fake news[93],[94],[95],[96]. Durant l'entre-deux-tours, une prise de parole improvisée du chef de l'État au tarmac d'Orly[97], est ultérieurement décrite comme contre-productive[98].
Au cours de la campagne du second tour, Ensemble est vivement critiqué en raison de consignes de vote jugées ambigües dans les circonscriptions opposant la NUPES au RN au second tour, la Première ministre Élisabeth Borne renvoyant notamment dos à dos « les extrêmes »[99] et voulant prendre les décisions de consigne « au cas par cas »[100]. Emmanuel Macron lui-même ne donne aucune consigne[101], un comportement vivement critiqué par les membres de la NUPES qui ont appelé à faire barrage en sa faveur lors du scrutin présidentiel deux mois auparavant[102].
Nathalie Élimas se représente dans la sixième circonscription du Val-d'Oise. C'est la seule ex-membre d'un gouvernement sous le quinquennat d’Emmanuel Macron à se présenter sans l'investiture Ensemble. Elle arrive en cinquième position au premier tour, avec 8,6 % des voix.
Députés sortants éliminés dès le premier tour
66 députés sortants sont éliminés dès le premier tour de l'élection[120] :
La NUPES et la coalition présidentielle Ensemble ont fait face à un nombre important de dissidents, selon les calculs du collectif de chercheurs Legis-2022[166]. Les 80 dissidents de la NUPES ont en moyenne récolté 9 % contre 26 % pour les investis et seuls 8 se sont qualifiés contre près de 400. La plupart des dissidences sont issues de militants PS ou ex-PS[166]. Les dissidents d’Ensemble ont pour leur part fait un score moyen de 5 %, contre 26 % pour les investis, seuls 2 se qualifiant[166], battus tous les deux, alors que ce fut le cas de 417 candidats Ensemble[pas clair]. Dans une dizaine de circonscriptions, le total des voix du candidat NUPES et du dissident aurait permis à l'un ou à l'autre de se qualifier et c'est aussi le cas d'une quinzaine de circonscriptions pour Ensemble[166].
Le Parti socialiste avait préinvesti plus de 400 candidats avant son accord avec la NUPES, que certains n'ont pas accepté, maintenant leurs candidatures. A émergé ainsi le projet d'un "autre groupe de gauche à l'Assemblée nationale" face à la NUPES[167], intégrant les socialistes "dissidents", le Parti radical de gauche (PRG), et "des socialistes investis NUPES mais qui ne s'en revendiquent pas"[167], parmi lesquelles Valérie Rabault, présidente des députés socialistes entre 2017 et 2022[167], qui en mai 2022 s'est opposée à l'accord électoral entre le PS et La France insoumise[168]. Ce projet de groupe parlementaire incarne la ligne Delga / Hidalgo[65], active pendant la présidentielle, devenue courant minoritaire anti-Nupes alliés aux « éléphants » du PS.
Sur la trentaine de députés PS sortants, sept ont choisi cette "dissidence" dont cinq ont été battus[réf. nécessaire].
En 2022, la presse a recensé 70 candidatures "dissidentes"[169], soit autant que de candidats PS investis par la NUPES. Sébastien Vincini, secrétaire national du PS, a précisé que certains se sont mis eux-mêmes en retrait du PS et que les autres "seront exclus"[167], ce qui a été contesté en justice[170].
Selon la direction du PS, 19 ont décidé de faire bénéficier les financements politiques générés par leur candidature au Parti radical de gauche (PRG)[171]. Ils se présentent surtout dans le Sud-Ouest, où le PS, réalise régulièrement ses meilleurs scores[166], notamment quinze en région Occitanie, présidée par Carole Delga. Les "dissidents" sont aussi 4 en Moselle, 4 en Dordogne[171] et une à Paris. Parmi eux aussi, trois proches du maire PS de Rouen [167], et quatre du maire du Mans, Stéphane Le Foll, ex-directeur de cabinet de l’ex-président François Hollande, qui a soutenu la dissidente Annick Taysse dans son fief de Corrèze[172].
David Taupiac dans la deuxième circonscription du Gers a battu la candidate d’Ensemble Maëva Bourcier, tandis que la candidate socialiste investie par la NUPES Françoise Dubos a fini à la troisième place. Bien qu'il n'ait plus sa carte au parti, le PS l'a soutenu au second tour[172].
Projections à partir des résultats de la présidentielle
En se basant sur les résultats du premier tour, une étude relayée par France Info et Ouest-France fait part des projections suivantes, à la suite de l'accord avec la NUPES. Le Sud de la France et les outre-mer (hors Polynésie et Nouvelle Calédonie) sembleraient acquis largement à la NUPES, l'Ouest à LREM et le Nord-Est au RN[175],[176]. Plus la participation est élevée, plus le nombre de triangulaires devient important. Vincent Tiberj, sociologue à Sciences Po Bordeaux, rappelle que la gauche avait profité favorablement des triangulaires aux élections législatives de 1997[175].
Les résultats des élections sont publiés en France par le ministère de l'Intérieur, qui classe les partis en leur attribuant des nuances politiques. Ces dernières sont décidées par les préfets, qui les attribuent indifféremment de l'étiquette politique déclarée par les candidats, qui peut être celle d'un parti ou une candidature sans étiquette[183].
Tous les autres partis se voient attribuer l'une ou l'autre des nuances suivantes : DXG (divers extrême gauche), DVG (divers gauche), ECO (écologiste), REG (régionaliste), DVC (divers centre), DVD (divers droite), DSV (droite souverainiste) et DXD (divers extrême droite). Des partis comme Debout la France ou Lutte ouvrière ne disposent ainsi pas de nuances propres, et leurs résultats nationaux ne sont pas publiés séparément par le ministère, car mélangés avec d'autres partis (respectivement dans les nuances DSV et DXG)[187]. Certains partis voient même leurs résultats divisés entre plusieurs nuances, tel le Parti pirate dont les candidats sont essentiellement répartis entre nuances « divers » et « régionaliste »[188].
Les dirigeants de la NUPES accusent alors cette différence de favoriser la coalition présidentielle en présentant les résultats additionnés de tous les partis la composant, tandis que ceux composant la NUPES sont présentés séparément[193]. La coalition de gauche estime qu'en procédant ainsi le ministère de l'Intérieur souhaite « minorer » une éventuelle percée de la gauche. Selon la coalition de gauche, en cas de résultats cumulés de la NUPES supérieurs à ceux de Ensemble, cette dernière apparaitrait en effet malgré tout en tête dans les médias, une fausse impression qui pourrait selon la Nupes amener les électeurs de gauche à se démobiliser pour le second tour[194],[195]. Par ailleurs, la coalition de gauche dit que l'Union de la droite et du centre fait l'objet de la même « manipulation », Les Républicains et ses alliés du centre droit étant également divisés en plusieurs nuances malgré leur accord de coalition[196],[197].
Le ministère se justifie en mettant en avant le statut officiel de parti possédé par Ensemble, à la différence de la NUPES qui laisse aux différents partis qui la composent leur statut propre, afin que l'aide publique leur revienne sans l'intermédiaire de la coalition et qu'ils bénéficient d'un temps égal lors de la campagne audiovisuelle[190],[198],[199].
Saisi par la NUPES, le Conseil d'État juge le 7 juin dans un référé suspension que la NUPES « rassemble les principaux partis et formations politiques de gauche autour d'un programme partagé et de candidatures uniques dans l'ensemble des circonscriptions et qu'elle constitue un courant politique qui participe à la scrutation des débats » et que « l'absence de comptabilisation sous une nuance unique, des suffrages portés sur les candidats de la NUPES, est susceptible de porter atteinte à la sincérité de la présentation des résultats électoraux. ». Le juge enjoint par conséquent le ministre de l'Intérieur de lui attribuer une nuance, décision dont le ministère dit prendre acte le jour même, tandis que la NUPES se réjouit de ce qu'elle considère comme une victoire contre une manœuvre du ministre de l'Intérieur[200].
Malgré cette modification, le chiffre en pourcentage de la NUPES au premier tour communiqué par le ministère de l’intérieur est contesté par les intéressés et certains médias[201],[202] qui procèdent à leur propre calcul, Le Monde accordant par exemple 26,10 % à la NUPES et 25,81 % à la coalition gouvernementale.
Résultats nationaux
Résultats par nuance politique
Résultats définitifs par nuances des élections législatives françaises de 2022 publiés par le Ministère de l'Intérieur[182]
Nuance politique des candidats arrivés en tête dans chaque commune au 1er tour.
Nuance politique des candidats arrivés en tête dans chaque commune au 2e tour.
Meilleurs résultats par partis politiques au premier tour
Quinze candidats ont dépassé 50 % au premier tour dont onze de La France insoumise (parmi lesquels 5 en banlieue parisienne et 3 à Paris), deux du Parti communiste (Stéphane Peu et Elsa Faucillon), un de la majorité présidentielle (Yannick Favennec Becot) et une du Rassemblement national (Marine Le Pen). La plupart ont dû revenir au second tour, faute d'avoir obtenu 25 % des inscrits.
Participation et nuances politiques des candidats et députés
Nuance politique des candidats arrivés en tête dans chaque circonscription au 1er tour.
Nuance politique des candidats arrivés en deuxième position dans chaque circonscription au 1er tour.
Nuance politique des candidats élus à l'issue du 1er tour ou du 2d tour.
Élus au premier tour
En raison de la forte abstention au 1er tour et du seuil requis de 25 % des inscrits, seules 5 des 577 circonscriptions voient un candidat parvenir à être élu dès le 1er tour. Quatre d'entre eux sont des candidats NUPES de La France insoumise.
Lors des précédents scrutins législatifs, 4 députés avaient été élus dès le 1er tour en 2017, 36 en 2012, 110 en 2007[216].
Candidats élus dès le 1er tour aux élections législatives de 2022
572 circonscriptions nécessitent un second tour pour désigner leurs députés. 565 sont des duels, 7 des triangulaires[80]
Répartition des 565 « duels » par coalition :
414 duels impliquent la coalition Ensemble : 277 adversaires sont de la coalition NUPES, 107 du RN, 20 de la coalition UDC, 4 régionalistes, 4 des divers gauche (PS dissidents, DVG), 2 des divers droite (DVD) ;
379 duels impliquent la coalition NUPES : 277 adversaires sont de la coalition Ensemble, 61 du RN, 27 de la coalition UDC, 6 de la gauche parlementaire (PCF, PS, PRG), 2 dissidents LREM, 2 de la droite parlementaire (DVD), 1 de la coalition Union pour la France (UPF) de DLF, 1 du centre parlementaire (DVC), 1 d'extrême gauche, 1 d'extrême droite ;
75 duels impliquent la coalition UDC : 27 adversaires sont de la coalition NUPES, 27 du RN, 20 de la coalition Ensemble, 1 du centre parlementaire (DVC) ;
1 duel implique la coalition Union pour la France (UPF) de DLF contre un adversaire de la coalition NUPES.
Répartition des 565 « duels » par famille politique :
277 duels impliquent LREM, dont 2 dissidents : 111 adversaires sont de LFI, 65 du RN, 38 de EELV, 27 du PS, 10 de LR, 10 du PCF, 7 de Génération.s, 2 des divers droite (DVD), 2 des divers gauche (DVG), 2 de GE, 1 de l'UDI, 1 de divers gauche NUPES (DVG), 1 de divers écologiste NUPES ;
216 duels impliquent LFI, dont 2 hors coalition : 111 adversaires sont de LREM, 33 du RN, 27 du MoDem, 15 de LR, 12 de Horizons, 3 de Agir, 3 du Parti radical, 2 de l'UDI, 2 de divers droite (DVD), 1 de DLF, 1 du PCF dissident, 3 du PS dissidents, 1 de divers gauche (DVG), 1 de divers centre (DVC), 1 d'extrême droite ;
202 duels impliquent le RN : 65 adversaires sont de LREM, 33 de LFI, 24 de LR, 20 du MoDem (dont 1 dissident), 16 de Horizon, 14 du PS (dont 1 dissident), 11 du PCF, 4 de Agir, 4 de EELV, 3 du Parti radical, 2 de l'UDI, 2 de divers droite (DVD), 2 de divers gauche (DVG), 1 de LC, 1 de divers droite Ensemble (DVD) ;
73 duels impliquent le MoDem, dont 1 dissident : 27 adversaires sont de LFI, 20 du RN, 9 de EELV, 6 du PS, 5 de LR, 5 du PCF, 1 de GE ;
70 duels impliquent LR, dont 1 dissident : 24 adversaires sont de RN, 15 de LFI, 10 de LREM, 5 du MoDem, 4 de EELV, 4 de Horizon, 3 du PCF, 3 du PS, 1 de divers centre (DVC), 1 de divers droite (DVD) ;
59 duels impliquent EELV : 38 adversaires sont de LREM, 9 du MoDem, 4 de LR, 4 du RN, 2 de Horizon, 1 de Agir, 1 du PRG ;
59 duels impliquent le PS, dont 1 hors coalition et 5 dissidents : 27 adversaires sont de LREM, 14 du RN, 6 du MoDem, 3 de LFI, 3 de LR, 2 de Agir, 1 du Parti radical, 1 de GUSR, 1 de Horizon, 1 de divers droite (DVD) ;
40 duels impliquent Horizons : 16 adversaires sont de RN, 12 de LFI, 4 de LR, 2 de EELV, 1 de Femu a Corsica, 1 de Génération.s, 1 du PCF, 1 du PS, 1 de RPS, 1 de divers gauche NUPES (DVG) ;
34 duels impliquent le PCF, dont 1 hors coalition et 2 dissidents : 11 adversaires sont du RN, 10 de LREM, 5 du MoDem, 3 du LR, 1 de Agir, 1 de Horizon, 1 de LFI, 1 régionaliste, 1 entre PCF NUPES et PCF dissident ;
12 duels impliquent des divers droites, dont 1 Ensemble : 3 adversaires sont du RN, 2 de LFI, 2 de LREM, 1 de LR, 1 du PS, 1 du PNC, 1 de Femu a Corsica, 1 de divers centre (DVC) ;
12 duels impliquent Agir : 4 adversaires sont du RN, 3 de LFI, 2 du PS, 1 de EELV, 1 de Génération.s, 1 du PCF ;
10 duels impliquent Génération.s : 7 adversaires sont de LREM, 1 de Agir, 1 de Horizon, 1 du Parti radical ;
10 duels impliquent des divers gauches (DVG), dont 3 NUPES : 3 adversaires sont de LREM, 2 du RN, 1 de Horizon, 1 de LFI, 1 régionaliste, 1 d'extrême gauche, 1 DVG contre DVG ;
7 duels impliquent le Parti radical, dont 1 hors coalition : 3 adversaires sont de LFI, 3 du RN, 1 du PS, 1 de Génération.s ;
6 duels impliquent l'UDI, dont 1 dans la coalition Ensemble : 2 adversaires sont de LFI, 2 du RN, 1 de LREM, 1 de PRL ;
5 duels impliquent des divers centres (DVC) : 1 adversaire est de LFI, 1 de LR, 1 de Femu a Corsica, 1 de divers droite (DVD), 1 DVC contre DVC ;
4 duels impliquent des divers régionalistes : 1 adversaire est du PCF, 1 de divers gauche (DVG), 1 sans étiquette (divers), 1 régionaliste contre régionaliste ;
3 duels impliquent Femu a Corsica : 1 adversaire est du Horizon, 1 de divers centre (DVC), 1 de divers droite (DVD) ;
3 duels impliquent GE : 2 adversaires sont de LREM, 1 du MoDem ;
3 duels impliquent Tapura huiraatira : les 3 adversaires sont de Tavini huiraatira ;
3 duels impliquent Tavini huiraatira : les 3 adversaires sont de Tapura huiraatira ;
2 duels impliquent le FLKNS : les 2 adversaires sont de l'Union loyaliste ;
2 duels impliquent Union loyaliste : les 2 adversaires sont du FLKNS ;
La majorité présidentielle, réunie sous la bannière Ensemble : Horizons, Renaissance et le Modem, compte 250 élus. Les groupes communistes, insoumis, écologistes et socialistes forment une alliance au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) pour un total de 151 députés[227].
Recours
Le Conseil constitutionnel a été saisi de 99 réclamations formées par des candidats ou des électeurs contre 298 en 2017, malgré un plus grand nombre de circonscriptions où le second tour s'est terminé avec un faible écart de voix[228]. Les premières décisions ont été rendues dès juillet 2022 et les dernières en février 2023. Le 22 septembre 2022, il annonce refuser de statuer sur un recours en raison du décès du requérant[229]. Le 13 octobre 2022, à la suite de la tenue d'une élection législative partielle, le recours portant sur cette circonscription est déclaré sans objet[230]. Sept élections ont été annulées, donnant lieu à des élections partielles[231],[232],[233],[234] :
Le premier tour voit arriver au coude-à-coude les coalitionsEnsemble et NUPES, à tel point que le caractère serré des résultats conduit à une polémique sur la nature du décompte des voix, la coalition arrivée en tête étant différente selon le décompte utilisé[235].
Selon les nuances utilisées par le ministère de l'Intérieur, qui ne publie pas de résultats nationaux par parti politique, la coalition Ensemble arrive ainsi en tête avec 25,75 % des suffrages exprimés, contre 25,66 % à la coalition NUPES[235].
Le décompte du ministère est cependant effectué après exclusion de trois candidats de la NUPES en France métropolitaine : Hervé Saulignac, Dominique Potier et Joël Aviragnet. À eux trois, ceux-ci représentent 44 420 voix, soit davantage que l'écart de 21 359 voix séparant les deux coalitions dans le décompte du ministère. Bien que présentés par la NUPES, les candidats se retrouvent en effet étiquetés divers gauche par le ministère, ce dernier se basant pour les deux premiers sur leurs déclarations en défaveur de l'accord de coalition, et pour la troisième sur la présence d'une candidature dissidente ayant le soutien d’EELV et de LFI. Qualifiées par la gauche d’« omissions manifestes » et de « nouvelles manipulations » du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, l'exclusion des chiffres de ces trois candidats est vivement critiqué par les représentants de la NUPES, qui accusent le ministre d'avoir fait « apparaître artificiellement » la coalition présidentielle en tête[235].
Le ministère restreint par ailleurs le décompte de la coalition de gauche au seul territoire continental, et donc à l'exclusion de la Corse et de l'Outre-mer. L'accord ayant mené à la formation de la coalition n'ayant pas inclus ces derniers, la liste des candidats officiellement investis par la NUPES ne les incluait pas[235]. Jugé « problématique » par Le Monde, le décompte du ministère de l'Intérieur amène le quotidien à opérer son propre décompte, incluant notamment les chiffres de La Réunion, de Mayotte et de la Polynésie française, où les candidats de gauche se sont accordés sur des candidatures uniques se réclamant de la NUPES. Cette inclusion de candidatures NUPES supplémentaires, mais également de candidatures Ensemble, amène la première à devancer la seconde[236]. France Info - qui a dans un premier temps affiché les résultats du ministère de l'Intérieur - a, après une enquête auprès des trois candidats socialistes investi par la NUPES mais ayant reçu l'étiquette divers gauche du ministère de l'Intérieur, décidé d'intégrer deux d'entre-eux à la bannière NUPES, ce qui a aussi pour conséquence de faire arriver la NUPES en tête[235],[237].
Le Rassemblement national, bien que troisième, réalise quant à lui sa meilleure performance à un scrutin législatif avec 18,68 % des suffrages. En raison de ce score, Marine Le Pen revendique le RN comme « premier parti de France », Ensemble et la NUPES étant des coalitions de plusieurs partis[238]. Le mouvement voit près de 200 de ses candidats qualifiés au second tour[239].
Néanmoins, ces trois principaux blocs observent une baisse de leur part des voix par rapport au scrutin présidentiel ayant eu lieu deux mois plus tôt, tandis qu'à contrario, Les Républicains l'améliore, passant de moins de 4,78 % pour Valérie Pécresse à 11,30 %.
Le parti Reconquête d’Éric Zemmour subit un échec. Il totalise 4,24 % contre 7,07 % à la présidentielle et voit l'ensemble de ses candidats, dont Zemmour lui-même, candidat dans la quatrième circonscription du Var, éliminés dès le premier tour[240].
Le premier tour conduit huit circonscriptions dans des situations de triangulaires entre trois candidats qualifiés pour le second tour, contre une seule triangulaire en 2017[241]. L'une d'entre elles redevient cependant un duel classique entre deux candidats du fait du retrait du troisième dans l'entre-deux-tours[242].
Second tour
La majorité présidentielle Ensemble perd la majorité absolue à l'Assemblée nationale qu'elle détenait largement mais conserve une majorité relative en restant la principale force de l'hémicycle[243]. Elle se retrouve néanmoins avec un nombre de sièges inférieur à ce que prévoyaient les projections. Cette situation se vérifie également pour la NUPES qui, bien que devenant la principale force d'opposition, obtient un nombre d'élus plus faible que celui estimé par les sondages et présente un avenir incertain[244]. La coalition de la gauche permet néanmoins le retour d'un groupe écologiste au Palais Bourbon[245] ainsi qu'une augmentation significative des députés de la France insoumise[246]. Le Parti socialiste parvient également à sauver son groupe[247] tandis que le PCF espère obtenir un groupe avec l'appui de députés d'outre-mer[248].
Le Rassemblement national est le vainqueur surprise du scrutin, avec 89 députés à l'Assemblée nationale, un nombre jamais vu avec le scrutin uninominal à deux tours en vigueur pour les législatives en France[249] et même supérieur au record de 35 sièges obtenus en 1986 au scrutin proportionnel. Cette performance surprend jusqu'aux instances du parti[250], qui se revendique comme le premier parti d'opposition à Emmanuel Macron[251]. Les Républicains deviennent la quatrième force de l'hémicycle et perdent la moitié de leurs députés[252]. Certaines figures de la droite tel Jean-François Copé appellent à un pacte de gouvernement avec la majorité présidentielle tandis que d'autres, à l'image du président du parti Christian Jacob, écartent cette option[253].
L'élection est considérée comme un important revers pour Emmanuel Macron[254] avec une assemblée très polarisée, faisant planer le doute sur la capacité du président réélu à mettre en place ses réformes[255]. Pour le Président de la République, cet échec politique majeur se traduit aussi par des symboles forts que représentent la défaite de trois de ses ministres (de Montchalin à la Transition écologique, Bourguignon à la Santé et Bénin à la Mer), ainsi que celle du président sortant de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, et des deux présidents de groupes de la majorité sortante, Christophe Castaner (LREM) et Patrick Mignola (MoDem), tous des proches du chef de l'État[256].
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Durant l'entre-deux-tours, Jean-Luc Mélenchon appelle à la mobilisation des jeunes, chez lesquels le taux d'abstention est fort (69 % des 18-24 ans et 71 % des 25-34 ans ne sont pas allés voter au premier tour)[257].
Sociologie des élus
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Pour la première fois depuis 1988, la part de femmes députées baisse par rapport à l'élection précédente, passant de 39 % en 2017 à 37,3 %. La part de femmes est de 43,6 % à la NUPES, de 40,4 % à Ensemble, de 37,1 % au RN et de 29,5 % chez les Républicains[258].
Malgré l'arrivée remarquée de députés au profil atypique pour l'assemblée, telle Rachel Keke, ex-femme de chambre, celle-ci reste surreprésentée par les cadres et professions intellectuelles supérieures - 58,4 % à l'assemblée contre 9,5 % dans la population. D'après une étude de Franceinfo, les artisans, commerçants et chefs d'entreprise et les agriculteurs sont également surreprésentés, en étant deux fois plus nombreux à l'assemblée que dans la population. Toutes les autres catégories professionnelles sont sous-représentées, en particuliers les ouvriers qui sont 0,9 % à l'assemblée contre 12,1 % dans la population[259].
↑N'inclut pas Philippe Fait et Nicolas Pacquot qui étaient aussi candidats pour La République en marche (élus avec un total de 20 087 voix au premier tour et de 37 085 voix au second) et Paul Christophe qui candidatait aussi pour Agir (réélu avec 15 582 voix au premier tour et 22 916 voix au second).
↑Seul un candidat GPF, Jean-Pierre Carsalade, est membre de la Convergence RIC. Deux autres candidats de ce mouvement figurent dans la catégorie « Autres partis »
↑Deux des trois candidats présentés par le AHIP sont soutenus sans accord par Te Nati (RN). La plupart des élus d'AHIP ont parrainé Marine Le Pen pour l'élection présidentielle, puis AHIP l'a officiellement soutenue pour le second tour.
↑Analyse et réactions au sondage Opinion Way auprès de 1028 personnes, les 15 et 16 juin 2022 [1]
↑"Législatives 2022 : «L’Assemblée connaîtra un retour en force de la gauche», interview au quotidien Le Parisien de Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos le 11 juin 2022 [2]
↑"Législatives, J-1 : abstention, dernières tendances... pourquoi rien n’est joué", article d'analyse par Henri Vernet dans Le Parisien le 11 juin 2022 [3]
↑ abcd et e« Comment « Le Monde » attribue les nuances politiques aux candidats pour les législatives 2022 », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Législatives 2022 en direct : le conseil national du PS doit valider l’accord avec la LFI jeudi, Jean-Christophe Cambadélis appelle les socialistes à « le refuser » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
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↑ abcde et f"Législatives : à gauche, des dissidents PS anti Nupes peuvent-ils l’emporter ?" Sud Ouest avec AFP le 10/06/2022 [4]
↑« Législatives 2022 : entre résignation et rejet d’une alliance avec LFI, les députés socialistes feront campagne sur leur nom », Le Monde.fr, (lire en ligne)
↑ a et bArticle d'Aurore Laborie dans Libération le 14 juin 2022
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« Législatives 2022 : « Le Monde » met à disposition la liste des candidats et leur nuance politique en open data », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )