L'AMX-10 P est conçu en remplacement de l'AMX-13 VCI, avec la capacité de franchir des coupures humides et de combattre dans un contexte de conflit NBC. Il est doté d'une mobilité comparable à celle du char AMX-30, pour appuyer ses déploiements.
Le blindé est développé au milieu des années 1960 par le GIAT, sur le site de l'AMX/APX au plateau de la Minière à Satory (Versailles). Il est fabriqué en série à partir de 1973 par l'Atelier de Construction de Roanne (ARE aujourd'hui Nexter Systems)[1], pour l'armée française, puis avec succès pour l'exportation.
Essais
Les premiers tests en condition de combat avec un équipage complet ont été réalisés en sur le terrain de manœuvres de Poigny-la-Forêt, appartenant au 501e régiment de chars de combat basé à l'époque à Rambouillet, aujourd'hui à Mourmelon-le-Grand. L'équipage du char Longumeau (AMX-13) du 5e escadron au 501 a été désigné pour effectuer ces tests. Chaque personnel a été équipé de capteurs cardiaques, pour étudier les réactions de l'organisme humain dans ce blindé.
Livraisons
Les livraisons à l'armée de terre française commencent en 1973. Un total de 1 810 engins sont produits jusqu’en 1994. Ils sont destinés en majorité aux régiments d'infanterie mécanisée; 14 en 1989 dont 13 rattachés à une division blindée[2] disposant de 54 AMX-10P se répartissant en : 36 véhicules de combat d’infanterie, 12 véhicules blindés chenillés porteurs de missiles antichar Milan, 4 véhicules blindés chenillés de commandement de compagnie, 2 véhicules blindés chenillés de transmissions régimentaires[3]. Les 6 divisions blindées « modèle 1984 » disposent de deux de ces régiments et d'un parc théorique de 114 véhicules de combat d'infanterie et autres variantes de type AMX-10 et de 24 véhicules antichar de type AMX-10 P MILAN[4]
Engagements
L'AMX-10 P est engagé à plusieurs reprises sur des théâtres extérieurs.
Il équipe le bataillon français de la KFOR engagé en 1999 au Kosovo[5].
Neuf exemplaires de ce blindé sont déployés en Côte-d'Ivoire en , pour appuyer la Force Licorne dans une démonstration de force[6].
L' AMX-10 P revalorisé est modernisé au niveau des moyens de commandement et communication avec un système d’information terminal et de navigation (SIT) et des postes radio de dernière génération. La mobilité est augmentée avec l'amélioration de la boîte de vitesses, l'installation d’une assistance au passage de vitesses et le renforcement des suspensions. La protection est revue avec des blindages en acier rapportés sur l'avant, les côtés et le toit, un fumigène large bande (système de défense rapprochée GALIX) et des moyens de détection et d'extinction rapides des incendies et explosions. L'armement reçoit un moyen de visée tout temps. Des kits d’installation sont implantés pour le missile Eryx, le lance-roquette AT4CS et le groupe de combat FÉLIN.
Cette version rénovée devait rester en service jusqu'au moins 2020, mais le retrait semble effectif en 2015[11].
La caisse blindée est formée de plaques d'aluminium corroyé et soudées. Elle est de forme rectangulaire, avec un glacis incliné et pointu. Un écran pare-vagues de forme rectangulaire recouvre la partie avant du glacis.
Le poste de pilotage est situé sur la gauche du glacis et comporte trois épiscopes, dont un adapté à la vision nocturne et une trappe d'accès. Le moteur est placé à sa droite, sous des grilles de refroidissement.
L'habitacle est situé en arrière et peut accueillir huit combattants ou diverses armes et munitions. L'accès s'effectue par l'arrière de la caisse, à l'aide d'une rampe relevable, percée de deux portes et de meurtrières. Des trappes sont présentes sur le toit du véhicule et permettent le tir pour les passagers.
Armement
La tourelle Toucan II[13] est située en position centre gauche. Elle est biplace, équipée de deux épiscopes (chef de bord et tireur) adaptés à la vision nocturne, d'une couronne de sept meurtrières d'observation et de deux trappes d'accès. Elle pointe en site de - 8° à + 50° et tourne sur 360°.
La tourelle porte un canon de 20 mm modèle F2 de calibre 20 mm à double alimentation (projectiles explosifs et perforants, sur bandes constituées de maillons détachables) produit par Nexter (anciennement GIAT), ainsi qu'une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm ANF 1 à canon lourd et quatre lance-pots fumigènes (DREB ou défense rapprochée d'engin blindé). Le canon-mitrailleur de 20 mm, d'une cadence de 700 coups/minute, a une portée maximale contre les blindés légers de 1 000 m, contre les aéronefs de 1 500 m, et contre le personnel de 2 000 m[14].
Huit-cents coups de 20 mm (dont moins d'une centaine de projectiles perforants) et deux mille cartouches pour la mitrailleuse (sous forme de bandes placées dans des caissettes métalliques) constituent la dotation standard.
Motorisation et train de roulement
Le moteur est un engin Hispano-Suiza HS 115 Diesel turbocompressé doté de deux réservoirs de carburant de 250 l. Il anime un train de roulement à chenilles, constitué sur chaque côté de la caisse de cinq galets porteurs, trois galets de support, un barbotin à l'avant et une poulie de renvoi à l'arrière. De fines plaques de blindage masquent les galets supports.
Les chenilles des AMX-10P déployés au Liban devaient être changées environ toutes les trois semaines[15].
Mobilité
Le véhicule se déplace à une vitesse maximale de 65 km/h sur route, passe des pentes de 60 %, des dévers de 30 %, des obstacles verticaux de 0,7 m et des coupures larges de 1,6 m. Il est amphibie et navigue en rivière à une vitesse maximale de 7 km/h, sous l'action d'hydropropulseurs. Il roule dans l'obscurité à l'aide d'un dispositif de vision nocturne et en ambiance NBC.
Versions
AMX 10 P : version de base (P pour personnel)
AMX 10 PH : version modifiée du P à partir de 1977 (emplacement des lance-pots fumigènes, compartiment NBC)
AMX 10 ECH : véhicule de dépannage équipé d'une petite grue sur le toit. Ce véhicule a été présenté pour la première fois lors de l'Exposition De Matériels D'armement Terrestre à Satory en 1977[17].
AMX 10 SAO : véhicule d'Observation d'artillerie conçu pour l'export.
AMX 10 THS : prototype équipé d'une transmission hydrostatique qui lui donnait une mobilité remarquable, resté à l'état de prototype.
AMX 10 AMB : version ambulance développée pour l'exportation.
AMX 10 TTB : prototype équipé d'une tourelle armée du canon Bofors de 40 mm.
AMX-10P 25 : prototype équipé d'une tourelle Dragar armée d'un canon 25 mm en 1983 (Au musée des blindés de Saumur, comme le THS, le SAO et le TTB).
Irak : 100 véhicules sont livrés entre 1981 et 1982[20]. Plusieurs AMX-10P font l'objet d'une rénovation en 2015 par les équipes techniques irakiennes[21].
↑Daniel Delporte, « LES DIVISIONS BLINDÉES », sur Entre réalité et prospective : L'armée de terre française en janvier 1989 (consulté le ).
↑www.ecpad.fr, Activités des militaires du Bataillon français de la KFOR au Kosovo à la fin de l’été 1999. Septembre 21, 2010 - 11:56, Patrouilles de militaires du 1er Régiment de Tirailleurs en AMX-10 P dans la région de Velika Reka. [1]
↑Côte d'Ivoire. Le calme avant la tempête, Le Télégramme, 30 octobre 2005 [2]
↑Finul : 900 soldats français et des armes lourdes envoyés d'ici mi-septembre, Le Monde, 29 août 2006 [3] ; Patrouille sur AMX 10 P au Sud Liban, www.defense.gouv.fr -[4]
↑Des VBCI au Liban, Laurent Lagneau, 23 septembre 2010 [5]
↑Projet de loi de finances pour 2008 : Défense - Equipement des forces, senat.fr [6]
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
AMX-10 P - Véhicule de combat, de transport et d'appui blindé. Nicolas P-Y, Blanchor O et Ludmann J, Edition Military-Photo-Report , 2018, 52 p. (ISBN9781388858773)
(en) Chris Bishop et Ian Drury, The encyclopedia of world military weapons, New York, Crescent Books Distributed by Crown Publishers, , 318 p. (ISBN978-0-517-65341-8), p. 76
René Lesavre et Michel de Launet (ingénieurs généraux), « Les armements de défense antiaérienne par canons et armes automatiques », COMHART t. 8-3 (Comité pour l’histoire de l’armement terrestre), ed. Centre des hautes études de l’armement Division Histoire de l’armement, Paris, 2007, 113 p.
Pierre Razoux, La guerre Iran-Irak, 1980-1988 : première guerre du Golfe, Paris, Perrin, , 616 p. (ISBN978-2-262-04355-1)