L'abri Anton est situé à environ 60 km de la côte méditerranéenne, au pied d'une falaise de 25 m de haut, sur la rive droite de la rivière Mula(es), un affluent de la Segura. Il se trouve sur la rive actuelle du lac de retenue de Cierva[1],[2].
Historique
Les premières fouilles, en 1991, ont mis au jour les traces d’une occupation humaine préhistorique. Lors de nouvelles fouilles en 2007 et 2008, un coquillage coloré artificiellement a été découvert.
Description
L'abri Anton est un grand abri sous roche creusé par la rivière Mula. Il présente une séquence stratigraphique moustérienne de plus de 4 mètres d'épaisseur, constituée de sédiments déposés par la rivière. Les vestiges archéologiques sont toutefois peu nombreux avant d'arriver à la couche supérieure, ce qui reflète une occupation humaine probablement sporadique.
Datation
La couche la plus haute (niveau I-k) a été datée en 2010 par le chercheur portugais João Zilhão, par datation par le carbone 14 de charbons de bois, de 37,4 ka calibrés avant le présent (calAP)[3].
Selon une autre datation réalisée en 2017 par João Zilhão, la couche I-k est âgée de 37,1 ka calAP tout au plus, ce qui fait de l'abri Anton l'un des sites connus les plus récents à avoir livré des traces de l'Homme de Néandertal[4].
On a trouvé dans la couche I-k de l'abri Anton un coquillage de pecten, perforé d'un trou de 6 mm de diamètre, coloré sur sa face externe avec un pigment orange, mélange de goethite jaune et d'hématite rouge, tandis que sa face interne portait sa couleur rouge naturelle. Ce coquillage a dû être rapporté de la côte, éloignée d'environ 60 km[3].
Analyse
João Zilhão et son équipe ont interprété le coquillage coloré comme un probable ornement corporel, et donc comme la trace d'un usage « esthétique et probablement symbolique ». Cette découverte et une autre similaire faite à l'abri des Avions(es), aussi dans la région de Murcie, ont conduit João Zilhão et son équipe à suggérer en 2010 l'existence d'une pensée symbolique chez l'Homme de Néandertal, comparable à celle d'Homo sapiens[3].
(en) Michael Balter, « Neandertal Jewelry Shows Their Symbolic Smarts », Science, vol. 327, , p. 255-256 (lire en ligne)
(en) João Zilhão, Diego E. Angelucci, Ernestina Badal-García, F. D'Errico, F. Daniel, L. Dayet, K. Douka, T. F. G. Higham, M. J. Martínez-Sánchez et R. Montes-Bernárdez, « Symbolic Use of Marine Shells and Mineral Pigments by Iberian Neandertals », Proceedings of the National Academy of Sciences USA, vol. 107, , p. 1023-1028 (lire en ligne).
(en) João Zilhão, Daniela Anesin, Thierry Aubry, Ernestina Badal, Dan Cabanes, Martin Kehl, Nicole Klasen, Armando Lucena, Ignacio Martín-Lerma et Susana Martínez, « Precise dating of the Middle-to-Upper Paleolithic transition in Murcia (Spain) supports late Neandertal persistence in Iberia », Heliyon, vol. 3, no 11, (lire en ligne).