Ces pots-de-vin auraient servi à financer illégalement des campagnes électorales, mais ont aussi pu être versé directement aux dirigeants[3]. L'entreprise obtenait en échange un accès privilégié et sur-facturé aux marchés publics, ainsi qu'une législation favorable à ses activités.
Contexte
L'entreprise Odebrecht est une entreprise de BTPbrésilienne fondée dans les années 1940. Elle employait 168 000 personnes dans 28 pays en 2015, pour un chiffre d'affaires de 40 milliards de dollars[4].
En 2008, Marcello Odebrecht, petit-fils du fondateur de l'entreprise Odebrecht[5], prend les rênes de l'entreprise familiale[6]. Il construit un véritable « département des pots-de-vin » afin d'obtenir un accès privilégié aux marchés publics de plusieurs pays. Les procureurs helvétiques estiment que pour chaque dollar versé, Odebrecht recevait quatre dollars de bénéfice[7].
En , la police brésilienne arrête Marcello Odebrecht dans sa résidence de São Paulo[1]. Il est condamné à 19 ans de prison pour blanchiment d’argent, association criminelle et corruption active. Il avait versé plus de 63 millions de dollars à d'anciens directeurs de Petrobras[8].
Après huit mois de négociations avec la justice, il accepte de dénoncer les bénéficiaires de pots-de-vin, et sa peine est réduite à dix ans[5]. L'ancien président du Brésil Lula, le président de l'époque Michel Temer ainsi que plus de 240 personnalités politiques sont mises en cause. Soixante-dix-sept cadres d'Odebrecht collaborent avec la justice[5].
En 2017, des journalistes, en collaboration avec l'ONG Transparency International, ouvrent un site web pour recenser toutes les données liées à l'opération Lava Jato et l'affaire Odebrecht[9].
En 2015, de nombreuses manifestations ont lieu pour demander la destitution de Dilma Roussef, alors présidente du Brésil. Les manifestants l'accusent d'être complice du système de corruption brésilien[11], même s'il semble qu'elle n'y ait tiré aucun revenu personnel[12].
L'entreprise Odebrecht aurait été condamnée en 2016 à verser plus de deux milliards de dollars (80 % de 2,6 milliards) d'amende aux autorités brésiliennes[13]. Une autre source indique plutôt 700 millions de dollars[14].
Argentine
Colombie
Des soupçons pèsent sur le financement de la campagne de 2014 du président Juan Manuel Santos[2].
Son principal adversaire au cours de cette même campagne, Óscar Iván Zuluaga, est officiellement accusé en juin 2023 par la justice colombienne d'avoir reçu 1,6 million de dollars de la multinationale[15].
République dominicaine
Odebrecht a avoué avoir distribué pour 92 millions de dollars de pots-de-vin[10].
Le , des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Saint Domingues pour réclamer la fin de l'impunité des fonctionnaires dominicains et des dirigeants locaux d'Odebrecht[16].
La campagne électorale de Danilo Medina, président de 2012 à 2020, aurait été en partie financée par Odebrecht. Le principal stratège électoral de la campagne est condamné en mars 2017 à huit ans de prison au Brésil pour corruption, ayant été l’un des intermédiaires chargés de la distribution des pots-de-vin d’Odebrecht[17].
Le vice-président Jorge Glas a été condamné a six ans de prison en pour avoir perçu 13,5 millions de dollars de pots-de-vin d'Odebrecht[10] dans une enquête dirigée par Diana Salazar Méndez[18].
Guatemala
Mexique
Emilio Lozoya, ancien directeur de la compagnie pétrolière d'état Pemex et ami proche du président Enrique Pena Nieto, était la cible d'une enquête lié à Odebrecht en 2017[2].
Panama
Deux fils et trois anciens ministres de l'ancien président Ricardo Martinelli (2009-2014) ont été inculpés[10].
Ricardo Martinelli et son successeur, Juan Carlos Varela (2014-2019), sont tous deux inculpés en juillet 2020[19].
L'entreprise a été condamnée à verser 59 millions de dollars au Panama[16].
Le , le parquet péruvien demande l'arrestation de l'ancien président du PérouAlejandro Toledo qui aurait reçu vingt millions de dollars (dont onze millions pour lui-même) de la société Odebrecht, dans le cadre d'un contrat portant sur la construction de l'autoroute interocéanique reliant le Brésil au Pérou[21],[22].
En , l'ancien président Péruvien Ollanta Humala est placé en détention provisoire car soupçonné d'avoir reçu trois millions de dollars d'Odebrecht dans le cadre de sa campagne présidentielle[23].
Le , le président PéruvienPedro Pablo Kuczynski est le premier président d'Amérique latine à démissionner[24], après que l'entreprise Odebrecht a reconnu avoir payé près de 5 millions de dollars à des entreprises de conseil liées directement à lui, alors qu'il était ministre. Il avait échappé à une motion de censure du Congrès en [25]. Il est placé en détention préliminaire le dans le cadre de cette même affaire[25].
Le , le procureur général du Pérou aurait destitué deux procureurs enquêtant depuis six mois sur l'affaire Odebrecht[26].
Le , l'ancien président du PérouAlan Garcia, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt dans le cadre de cette affaire, se suicide d'une balle dans la tête[27].
Emilio Odebrecht a déclaré qu'il traitait directement avec le président angolais José Eduardo dos Santos depuis 1984[30]. Il n'est toutefois pas fait mention de corruption.