Alba D’Urbano (née le (69 ans) à Tivoli) est une artiste italienne résidant en Allemagne depuis 1984. Elle est titulaire, depuis 1995, d’une chaire à l’Académie des Arts Visuels de Leipzig (Hochschule für Grafik und Buchkunst).
Biographie
Alba D’Urbano est la deuxième d’une famille de trois enfants, avec comme père, Quirino D’Urbano tailleur de pierre, et comme mère Giuseppa Baldacci. Elle est née un an après la mort de son frère ainé. Afin de se soustraire à l’atmosphère familiale difficile, elle s’isole dans son monde à elle et dessine beaucoup. Après le baccalauréat, elle étudie la philosophie à l'université de Rome « La Sapienza » de 1974 à 1978.
Elle s’engage déjà politiquement au tout début de sa scolarité et poursuit cet engagement à l’université où elle participera entre autres à l’occupation de l’université en 1977. En tant qu’artiste, elle subit l’influence du mouvement de l’avant-garde de l’Italie de l’année 1970 qui est décrit par Klemens Gruber dans son ouvrage Die Zerstreute Avantgarde[1]. Ce mouvement cherchait à provoquer un changement de paradigme dans la relation entre l’art, la politique et la communication de masse. C’est dans ce climat qu’Alba D’Urbano produit des émissions expérimentales pour Radio Gulliver à Tivoli (selon le modèle de Radio Alice à Bologne et Radio Città Futura à Rome) et fonde un groupe féministe.
En 1979, en contradiction avec sa famille, elle commence des études d’art à l’Accademia di Belle Arti de Rome comme élève du Professeur Enzo Brunori. Ce fut une époque de travail en coopération avec d’autres artistes comme le compositeur Alessandro Cipriani[2] avec qui elle réalise des interventions artistiques en lieux publics et des films super-8. En 1984, elle déménage à Berlin-Ouest où elle poursuit ses études d’art plastique à l’Université des Arts (Universität der Künste). En 1989, élève de Wolfgang Ramsbott, elle entreprend un Master en création cinématographique expérimentale.
En 1990, elle obtient une bourse à l’Institut für Neue Medien de Frankfort (l’institut pour les nouveaux médias) sous la direction de Peter Weibel. C’est le moment où elle rencontre son futur, mari Nicolas Reichelt, avec qui elle réalise plusieurs projets multimédias[3]. Après l'obtention d'un poste d’enseignant à l’Université des Arts et du Design d’Offenbach (Hochschule für Gestaltung Offenbach am Main), elle se voit proposer la chaire d’infographie de l’Académie des Arts Visuels de Leipzig (Hochschule für Grafik und Buchkunst)[4] et depuis 1998, elle dirige les cours en Intermédia[5]. Entre 2003 et 2004, elle exerce pour une année scolaire à l’Université libre de Bolzano. Depuis 2000, elle conçoit et réalise dans le cadre de son activité d’enseignante, des expositions nationales et internationales sur des thèmes politiques et sociaux qui intègrent autant les méthodes orientées processus que les méthodes visant à réfléchir sur les médias. En parallèle de son travail personnel d’artiste, Alba d’Urbano collabore depuis 2000 sur des projets avec Tina Bara.
Œuvre
Dans les années 1980, l’intérêt artistique d’Alba D’Urbano se tourne vers la façon de percevoir la réalité qui subit un changement notable, influencée de plus en plus fortement par les médias de masse et la manipulation qu’ils opèrent sur le flot permanent des images virtuelles. Dès lors, la relation entre l’écriture et les nouveaux médias fut au centre de son travail artistique. Le milieu urbain qu’offrait Berlin-Ouest avec son « statut insulaire » et ses moyens de communication parfois fragiles fut le siège de ses premiers travaux vidéo : la série Nur die Augen, tournée à Checkpoint Charlie en 1985[6], et Kreis, der tournée à Ernst-Reuter-Platz en 1987. Pour l’installation vidéo de la série Berlin Kulturstadt Europas, elle tourna son regard sur les moyens de communication locaux pendant qu’elle travaillait en parallèle sur l’appauvrissement de la communication et la perte de l’écriture dans la série de tableaux Prometheus.
Dans les années 1990, Alba D’Urbano se tourne vers la création d’installations vidéo et installations interactives. Elle apporta une impulsion à ce moyen d’expression artistique, au travers d’une construction créative, complexe et expérimentale, consciente des problèmes qui lui sont liés. Par ses projets multimédias qui varient les supports comme L’esposizione impraticabile, 1992, 1996[7], Rosa Binaria, 1993–96[8], Hautnah[9] et Il sarto immortale (1995–98)[10], elle « sensibilise » l’observateur à la problématique des médias de masse sans créer de polémique et en cherchant à préserver la force esthétique de suggestion des différents médias.
Afin de contrecarrer la profusion d’images véhiculées par les médias, elle joue avec l’attente de l’observateur. Elle remplace les images par des chaines de signes illisibles et canalise l’attention de l’observateur sur le processus de génération d’images médiatiques. Elle gagna une renommée internationale plus particulièrement par les projets Hautnah[11] et Il Sarto Immortale[12], dans lesquels elle travaille des images numériques de son propre corps, qu’elle imprima sur de l’étoffe et transforma en vêtements qu’elle présenta dans des défilés de mannequins. Par l’alternance de vêtement et de nudité, elle cherchait à démasquer la commercialisation du corps féminin dans les médias et le marché de la mode. Dans le travail qu’Alba D’Urbano réalise en collaboration avec Tina Bara, qui est inspiré de positions féministes, le corps est présenté comme une matrice dans laquelle s’inscrit l’identité comme une construction culturelle et sociale. Dans ce contexte, pour les deux artistes, il s’agit encore du processus d’attribution de modes de comportements normatifs. Lors d’une série de projets multimédias comme Portraits Alba / Tina Ritratto[13] et Bellissima[14], les artistes se saisiront de matériel biographique. Le dernier thème traité est celui proposé par Tina Bara sur le thème du passé de l’Allemagne de l’Est. Par l’origine de Tina Bara qui est née et a grandi dans l’ex Allemagne de l’Est, les deux artistes se sont confrontées dans quelques travaux au thème du passé de la République démocratique allemande. La série de portraits Siegerehrungen en 2003[15] montre des sportives est-allemandes ; Covergirl et Wespen-Akte (2007 – 2009)[16] traite de ligues de femmes œuvrant pour la paix et dont Tina Bara fut membre.
Expositions personnelles (sélection)
1987 Ingranaggio/Interlocking avec Andrea Scrima. Karo Galerie Berlin
1991 Videoinstallationen avec Martin Figura. Shin Shin Galerie, Berlin
1996/97 Fotografie nach der Fotografie. Kunsthalle Krems; Städtische Galerie Erlangen; Museet for Fotokunst, Odense; Fotomuseum Winterthur; Finnish Museum of Photography, Helsinki; Institute of Contemporary Art, Philadelphia
1996/97 Inszenierung und Vergegenwärtigung. Kirche St. Martin, Accompagnant événement à la documenta X, Cassel
1998/99 Lingerie: eine Unterwelt. Museum Bellerive, Zürich
2002 Die zweite Haut - Kunst und Kleidung. Musée Bellerive, Zurich
2002 Der Akt in der Kunst des 20. Jahrhunderts. Kunsthalle in Emden
2003 now and forever – Beständigkeit und Moden in der Kunst. Luitpoldblock, Munich
2003 Bellissima. Galerie der HGB, Leipzig
2003 Through the Looking Glass: Women and Self-Representation in Contemporary Art. Palmer Museum of Art, Pennsylvania State University
2004 Annäherungen an das Glück. ACC Galerie, Weimar
2005/06 Pattern Language - Clothing as Communicator. Tuft University Art Gallery, Medford; Krannert Art Museum, University of Illinois Urbana-Champaign; University Art Museum, University of California Santa Barbara; Frederick R. Weisman Museum of Art, University of Minnesota, Minneapolis
2005/06 Elettroshock The video in Italy from the 70’s till today (1973-2006). China Central Academy of Fine Arts, Beijing, Guangdong Museum of Art, Guangzhou
2005/06 Eine Frage [nach] der Geste, Opera Leipzig
2007 Second Skin: Entry 2006. Museum of Contemporary Art, Taipei, Taiwan
2007 Transparent. Granary, Fiskars, Finlande
2008 Frauen bei Olympia. Frauenmuseum, Bonn
2008 Kunstwerke 36. Internationales Festival für Kunst und Technologie, Melbourne, Florida
2009/10 Das Böse ist ein Eichhörnchen. Cour de district Leipzig, Leipzig
2009/10 YOU_Ser: The Century of the Consumer, ZKM 10th anniversary. Santralistanbul, Istanbul
2009/10 Bewegte Welt – erzählte Zeit. Akademie der Künste, Berlin; Zentrum für zeitgenössische Kunst, Moscou; Museum für Gegenwartskunst, Kiev; Loftgalerie Etage, Saint-Pétersbourg, Sibirisches Zentrum für zeitgenössische Kunst, Novossibirsk, Almaty, Tachkent
2009/10 That Obscure Object of Desire. offiCina Gallery, Pékin
2009/10 Intimacy! Baden in der Kunst. Kunstmuseum Ahlen
2009/10 Agents and Provocateurs. MedienKunstVerein Dortmund
2011 Puzzle. Galerie für Zeitgenössische Kunst, Leipzig
2011 Morceaux Exquis. Espace Fondation EDF, Paris
2011 Wenn jemand eine Reise tut. Galerie für Zeitgenössische Kunst, Leipzig
2012 Viaggio in Italia, Exposition des élèves de Visual Arts de Leipzig et invités, Werkschauhalle, Spinnerei Leipzig
2012 Collection’s Show 2012, Part 1: Appropriation of the Present, Museum of Contemporary Art (GfzK), Leipzig
2013 Inside Out – Einblicke in Mode, Museum für Kunst und Gewerbe (Museum of Arts and Crafts), Hamburg
2013 INTIMATE (élèves de Intermedia class, HGB), Galerie Eigen+Art, Leipzig
2013 Cultural Clash Nomade (HGB Leipzig, HEAD Genève), in: Leipzig, Nordhausen, Francfort-sur-le-Main, Ludwigshafen, Strasbourg, Genève
2013 Subversive Design, Brighton Museum & Art Gallery (UK)
2014 Gyeongnam International Photography Festival, Art Center, Changwon (KR)
2014 Source, Nanjing University of the Arts, Nanjing (CN)
2014 Medialer Ausnahmezustand avec Tina Bara, Nationalmuseum Stettin (PL)
2015 Leipzig, Heldenstadt? avec Tina Bara, Goethe Institute Marseille (F)
2015 2.5.0. - Object is Meditation and Poetry avec Tina Bara, Grassi Museum, Leipzig
2015 IKONISCH/ ICONICO - Das Bild als Referenz, Medienkunst Lateinamerikas und Deutschlands avec Tina Bara, Goethe Institute Madrid (E)
2015 Desperate Housewives? Künstlerinnen räumen auf, Museum Kulturspeicher Würzburg
Travaux dans les collections publiques (sélection)
Michaela Völkel: Inszenierung. In: Wilhelm Hornbostel, Nils Jockel (éd.): Nackt. Die Ästhetik der Blöße, (catalogue de l'exposition), Prestel Verlag, Munich 2002.
Günter Meißner: Alba D'Urbano'. In: Günter Meißner (éd.), Allgemeines Künstlerlexikon, Band 31, pp. 181., Saur Verlag, Munich 2002.
Bernadette Wegenstein: Getting Under the Skin, or, How Faces Have Become Obsolete. In: Timothy Lenoir (éd.): Configurations, Vol. 10, Writing the Body into the Posthuman Technoscape, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2002.
Mark Hansen: Affect as medium, or the ‘digital-facial-image’. In: Journal of Visual Culture, Vol 2(2): pp. 205-228, SAGE Publications, London 2003.
Dieter Daniels, Alba D’Urbano: Utopie: Ursprung aller Medien. In: Andreas Broekman, *Rudolf Frieling (éd.): Bandbreite-Medien zwischen Kunst und Politik, Kulturverlag Kadmos Berlin 2004.
Petra Leutner: Oberflächen mit Körper. In: Christian Janecke (éd.): Haare Tragen, Böhlau Verlag, Cologne, 2004.
Alba D’Urbano/Tina Bara/Susanne Holschbach (éd.): Bellissima, catalogue de l'exposition, Hochschule für Grafik und Buchkunst, Leipzig, 2006.
Alexandra Kolossa: Die Anwesenheit der Abwesenden Alba D’Urbano – Eine Annäherung. In: Alba D’Urbano: Whoami: In ordine Sparso, Verlag für Moderne Kunst, Nuremberg, 2006.
Hubertus von Amelunxen: Einmal hören. Für Alba. In: Alba D'Urbano: Whoami: In ordine Sparso, Verlag für Moderne Kunst, Nuremberg, 2006.
Cora von Pape: Kunstkleider. Die Präsenz des Körpers in textilen Kunst-Objekten des 20. Jahrhunderts, Transcript-Verlag, Bielefeld, 2008.
Ingrid Loschek: Wann ist Mode? Strukturen, Strategien und Innovationen, Dietrich Reimer Verlag, Berlin, 2007.
Ingrid Loschek: When Clothes become Fashion. Design & Innovation Systems, Berg Publisher, Oxford, 2008.
Jorge Lozano: La Moda: sublime menor. In: Manuel Lucena Giraldo, Ignacio Gonzales Casasnovas (éd.): Amazonas y modelos: Universo femenino y cultura en el siglo XX, Instituto de Cultura, Fundacìon Mafre, Madrid, 2008.
Alba D’Urbano/Tina Bara (éd.): Eine Frage (nach) der Geste, catalogue de l'exposition Fotohof Salzburg Edition, Salzbourg, 2008.
Alba D’Urbano: Private Property: all you need... In: LIVRAISON T.11 Multiples et autres/and other Multiples (pp. 16–25), Rhinoceros, Strasbourg, 2008/2009.
Reuter, Jule: Tina Bara/Alba D’Urbano, Covergirl. In: Ralf Eppenede (éd.): Bewegte Welt – Erzählte Zeit 1989-2009, (catalogue de l'exposition), Goethe-Institute, Saint-Pétersbourg, 2009.
Océane Delleaux: Le Multiple et les «autres» multiples. Histoire d'une mutation artistique, Europe et Amérique du Nord (1984-2006), L’Harmattan, Paris, 2010.