Alexandre Angeli (, Piedicroce - , Marseille) est un haut fonctionnaire français.
Préfet de plusieurs départements durant sa carrière, il est surtout connu pour avoir été préfet du Rhône et de la région de Lyon durant le régime de Vichy à la Libération, il est jugé et condamné pour Collaboration.
Biographie
Alexandre Benoît Joseph Angeli est le fils d'un receveur des postes. Il monte à Paris pour étudier le droit et devient avocat de la Cour d'appel de Paris en 1907[2]. Il est docteur en droit[3].
Premiers postes
Deux ans plus tard, en 1909, il s'engage dans la voie administrative et devient chef de cabinet du préfet du Gers, avant de rejoindre, au même poste, l'Aude, puis l'Aisne. En 1914, il devient sous-préfet de Boussac, dans la Creuse[2].
En 1917, il reprend sa carrière administrative en devenant secrétaire général de la préfecture de Dordogne. Il est ensuite sous-préfet d'Issoudun puis de Charolles. En 1920, il intègre le cabinet du sous-secrétaire d'État à l'Intérieur[2].
En 1932, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[4].
Lors de la Bataille de France, alors qu'il est préfet du Finistère, il organise les préparatifs visant à accueillir le gouvernement français à Quimper dans le cadre du projet défensif de réduit breton[5].
D'abord préfet du Rhône, puis préfet régional, il n'est apprécié ni des Allemands, ni des Résistants, et suit avec une grande complaisance l'ensemble des ordres du gouvernement. Ainsi, il entre en conflit ouvert avec le cardinal Gerlier qui soutenait les mouvements de solidarité juif, protestant et catholique ayant sauvé 108 enfants juifs lors de la rafle du 26 août 1942 (camp de Venissieux), puis disséminé ceux-ci dans différents abris. Venu réclamer les enfants pour terminer les opérations de déportation, il se vit rétorquer par le cardinal : « vous n’aurez pas les enfants ». La Résistance distribua immédiatement un tract pour rendre publique l’opposition entre le préfet et l’archevêché[6]. Il met en résidence surveillée le révérend père Chaillet[7], partie prenante du sauvetage et qui s’était indigné publiquement : « II faut crier au monde ignorant notre dégoût et notre indignation qu’on puisse prodiguer sur notre sol pareille chasse homme »[8]. Il rend compte à Vichy dans son rapport du mois d’août 1942 : « L’attitude des dirigeants de l’Association se refusant même après la décision ministérielle à donner l’adresse des enfants, mettant ainsi en échec, sous prétexte d’obligation morale, la volonté du gouvernement, demandait un acte d’autorité. Je l’ai accompli »[7].
Ultérieurement, il déplait aux occupants en protestant officiellement contre l'invasion de [2].
En , les autorités allemandes exigent son renvoi, qu'ils obtiennent peu après. Il est remplacé par Édouard Bonnefoy. Admis à la retraite le , il est nommé préfet honoraire le 22[9].
Parti à Aix-en-Provence, il est blessé par hasard lors de la Libération et est arrêté pour Collaboration[10].
Lors de son procès, il est accusé de Collaboration, d'arrestation politiques et de marché noir. Mais il obtient également des témoignages positifs, soulignant qu'il avait tenté de résister aux Allemands. Le procureur réclame néanmoins la peine de mort, ce à quoi il est condamné le , pour les chefs d'accusation de trahison et d'intelligence avec l'ennemi. Il est révoqué sans pension le et sa nomination comme préfet honoraire est annulée le [9].
Son jugement est cassé et il est rejugé à Paris le et condamné définitivement à quatre années de prison et à la privation des droits civiques[10].
↑Laborie Pierre, « 1942 et le sort des Juifs : quel tournant dans l'opinion ? », Annales. Economies, sociétés, civilisations, vol. 48e année, N. 3, , p. 661 et note de bas de page 18 (lire en ligne)
↑Henry Coston (préf. Philippe Randa), L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », (ISBN2-913044-47-6), p. 11 — première édition en 1987.