Anaclet II (Pietro Pierleoni) est antipape du à sa mort, le . Son rival est le papeInnocent II.
Biographie
À la mort d'Honorius II, les cardinaux se scindent en deux factions qui se choisissent chacune un pape :
le premier groupe, d'origine française, vient de créer l'ordre du Temple au concile de Troyes. Il opte pour le cardinal Grégoire, qui devient Innocent II ;
le second groupe, d'origine romaine, élit Pierre de Léon sous le nom d'Anaclet II. Celui-ci appartient à une famille issue d'un Juif converti, les Pierleoni[1].
Le roi franc Louis VI le Gros n'accepte pas cette situation. Il convoque les évêques de son royaume à Étampes, afin de juger lequel des deux papes est le bon sur le plan canonique. Il fait aussi venir Bernard de Clairvaux, alors au sommet de sa gloire. Celui-ci vient de participer au concile de Troyes, où fut rédigée la règle de l'ordre du Temple[2]. C'est Bernard qui décide de la chose devant les évêques français : il juge qu'Innocent II est canonique. Il n'hésite pas à se rendre ensuite auprès des puissants seigneurs de l'époque pour faire valoir son candidat. Il emporte l'adhésion du roi d'Angleterre, mais rencontre des difficultés avec d'autres, dont le duc d'Aquitaine.
Innocent II, reconnu par le roi de France, fait rapidement convoquer les évêques au concile de Reims, qui commence le . À l'issue de celui-ci, Innocent II est solennellement approuvé, tandis qu'Anaclet se voit excommunié[3].
De son côté, Anaclet II est soutenu par les Normands de Sicile et, par l'intermédiaire de son légat des Gaules Girard II d'Angoulême, fait pression sur le clergé français, mais il se heurte rapidement à une forte opposition, notamment à celle de Bernard de Clairvaux, qui lui reproche de ne pas avoir fait une conversion sincère. Bernard, qui, pendant la deuxième croisade, s'opposera au massacre des « Juifs perfides »[4], c'est-à-dire « déicides », souhaitant à ceux ci « non pas votre mort mais que vous soyez convertis et viviez »[5] sans quoi « ils subissent alors de justes peines pour un si grand forfait »[6], écrit qu'il considère comme une injure que « la race juive puisse occuper le siège de saint Pierre[7] ».
↑Œuvres de saint Bernard, édition des bénédictins de 1690, diocèse de Lyon.
↑B. de Fontaine, « Ad Henricum moguntinum archiepiscopum », 1146, cité in A. L. Charpentier, Œuvres complètes de Saint Bernard, t. II, p. 3, Librairie Louis Vivès, Paris, 1866.
↑B. de Fontaine, « Ad orientalis Franciae clerum et populum », cité in J. Mabillon, Sancti Bernardi abbatis Clarae-Vallensis opera omnia, vol. I, p. 662, Apud Gaume Fratres, Paris, 1839.
↑B. de Fontaine, « Ad orientalis Franciae clerum et populum », cité in J. Mabillon, Sancti Bernardi abbatis Clarae-Vallensis opera omnia, vol. I, p. 663, Apud Gaume Fratres, Paris, 1839.
↑Pierre Aubé, Saint Bernard de Clairvaux, Fayard, 2003, p. 227.