L'attentat de la rue Victor-Hugo à Lyon est une attaque à la bombe survenue le . Mohamed Hichem Medjoub dépose un sac ou un colis explosif contenant des vis, des clous et des boulons devant un commerce de cette artère piétonne proche de la place Bellecour. L'explosion fait, selon les sources, 14 victimes toutes légèrement blessées.
Mohamed Hichem Medjoub, auteur de l'attentat, est arrêté le . Deux jours plus tard, celui-ci avoue son acte ainsi que son allégeance au calife de l'État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi.
À 17 h 40, le colis explose et fait, selon un premier bilan, 13 blessés légers dont 8 femmes, 4 hommes et une enfant de 8 ans[2] (ou 10 ans selon d'autres sources[3]), et les sources font ultérieurement état d'un quatorzième blessé[4]. Le colis composé de boulons et de vis ne cause pas de dégâts considérables mais des petits projectiles sont projetés sur les vitrines des commerces aux alentours.
11 des 13 blessés sont évacués vers les hôpitaux pour subir des interventions chirurgicales afin de retirer les objets en fer ainsi que les éclats de verre incrustés dans leurs membres. Le quartier d'Ainay, où l'attentat a eu lieu, est bouclé par la suite ; devant l'absence de danger immédiat à la suite du passage des démineurs, la rue Victor-Hugo et les immeubles aux abords immédiats du lieu de l'explosion ne sont cependant pas évacués.
Près de 300 fonctionnaires participent à l'enquête jour et nuit dès vendredi soir (DGSI, DCPJ et PTS)[5]. Ce sont les images prises par les caméras de la ville et un témoignage qui permettent de retrouver la trace du suspect : alors que les enquêteurs peuvent le suivre jusqu'aux quais du Rhône avant de le perdre, l'appel à témoin permet de situer son passage vers le musée des Confluences[5]. L'étude des vidéos du quartier permet de le suivre à nouveau jusqu'à Oullins, où des images plus précises permettent dimanche après-midi de l'identifier[5]. À partir du secteur d'habitation, les enquêteurs réussissent à retracer les achats des composants de la bombe, et localiser le domicile du poseur[5].
Le , le suspect est toujours recherché. L'ADN retrouvé sur le sac qui a servi à dissimuler la bombe n'est pas répertorié au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG)[6]. L'explosif utilisé est identifié comme du TATP, un puissant explosif artisanal.
Quatre[7] personnes de nationalité algérienne[8] (l'auteur, son père[7], sa mère et un lycéen majeur[8]) sont appréhendées le dans le cadre de l'enquête[8]. Une autre personne est également entendue en audition libre[7]. L'identité du principal suspect est révélée ultérieurement : Mohamed Hichem Medjoub[9].
Une perquisition a lieu le dans une résidence située dans un quartier populaire d'Oullins[10]. Le Parisien et Le Progrès révèlent l'identité partielle du principal suspect : Mohamed Hichem M.[11]. Il aurait été repéré grâce à ses commandes de produits chimiques nécessaires à la fabrication du TATP sur Internet[12]. En outre, le vélo avec lequel la bombe a été déposée est retrouvé à son domicile[13]. Le 28 mai 2019, le procureur de la République Rémy Heitz rappelle que « l’enquête ouverte à la suite des faits commis à Lyon vendredi soir est couverte par le secret et [...] qu’il est le seul à pouvoir rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure » après la communication à la presse par le ministre de l'intérieur Christophe Castaner et son prédécesseur Gérard Collomb qui ont annoncé des interpellations et gardes à vues avant qu'elles ne soient effectives[14]. Le 28 mai, les analyses ADN montrent que c'est celui du principal suspect qui avait été retrouvé sur le sac qui avait servi à dissimuler la bombe[13]. Dans la soirée, il est transféré dans les locaux de la sous-direction anti-terroriste à Levallois-Perret où il avoue le lendemain être l'auteur de l'attentat et avoir prêté allégeance au calife de l'Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi[15]. Son ordinateur a par ailleurs révélé des contacts avec le groupe terroriste[16]. L'auteur a délibérément agi à l'avant-veille des élections européennes afin de « faire monter le vote populiste et raciste [...] pour pousser les musulmans à la révolte »[17].
Le , les gardes à vues des autres membres de sa famille sont levées, aucun élément n'étant retenu contre eux[18].
Le Président de la République, Emmanuel Macron, déclare lors d'une interview : « Il y a eu une attaque à Lyon. Il ne m’appartient pas d’en faire le bilan, mais a priori, aujourd’hui, à ce stade, il n’y a pas de victime. Il y a des blessés, donc je veux avoir évidemment une pensée pour les blessés, leurs familles. »[19]
Le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, publie sur le réseau social Twitter : « Émotion après l'explosion au cœur de Lyon. Nous attendons des informations précises. De tout coeur avec les blessés. Merci aux secours et aux forces de l'ordre si rapidement mobilisées. »[19]
Le maire de Lyon, Gérard Collomb, a adressé sa profonde sympathie aux victimes de l'attentat et se dit surpris et ému qu'un tel acte puisse être commis dans le centre-ville de Lyon[20].
L'attentat s'étant déroulé en pleine campagne pour les élections européennes, de nombreux candidats apporteront leur soutien aux Lyonnais et aux victimes dans des allocutions télévisées ou des communiqués publiés sur les réseaux sociaux[19].
Mohamed Hichem Medjoub est un citoyen algérien arrivé en France en avec un visa touristique valable 90 jours[18]. Il est issu d'un milieu favorisé, avec un père expert-comptable et une mère ingénieur. Ceux-ci disent avoir quitté l'Algérie en raison de la corruption, dans les années 2010 avant d'insister pour que leur fils les rejoigne[21]. Il se pré-inscrit à l'école d'informatique Epitech mais se voit refuser un titre de séjour le du même mois : il se désinscrit aussitôt sans y avoir jamais mis les pieds[22]. Il continue alors à vivre sur le territoire français en situation irrégulière, restant inconnu des services de police et de gendarmerie[18].
Durant les premiers mois de sa détention provisoire à la prison de la Santé, Mohamed Hichem Medjoub adopte un comportement agressif. Il est notamment impliqué dans le savonnage du sol d'entrée de sa cellule pour faire tomber les surveillants ainsi que dans une tentative d'attentat aux excréments contre ces derniers[23].
Lors de ses auditions, il affirme ne pas avoir voulu faire de victime mais créer la panique pour faire monter l'extrême droite aux élections européennes prévues deux jours après[24].
En détention, il ne dissimule pas ses convictions religieuses et ne cesse de répéter son allégeance à Daech. Il y affiche un comportement particulièrement violent et prosélyte et va jusqu'à annoncer à plusieurs reprises de nouveaux attentats à sa sortie[21]. Les enquêteurs en débloquant son disque dur ont trouvé de nombreuses revues djihadistes, des vidéos de propagande et des notices de fabrication d'explosifs, d'armes à feu en 3D, de bombes au chlore ou à la ricine, ainsi qu’un « tuto spécial juste pour tuer les juifs » ou encore cette encyclopédie des poisons en 33 pages[21].
Les deux experts psychiatres l'ayant examiné n'ont pas relevé d'altération du comportement, mais souligné son imprégnation idéologique[21].
Suites judiciaires
Cette section est liée à une affaire judiciaireen cours (janvier 2024). Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut manquer de recul. N'hésitez pas à participer à l'écriture de synthèse de manière neutre et objective, en citant vos sources. N'oubliez pas que, dans nombre de systèmes judiciaires, toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement établie. Affaire judiciaire en cours
Le 12 janvier 2024, Mohamed Hichem Medjoub est renvoyé devant la Cour d'assises spéciale pour tentatives d'assassinats et pour infraction à la législation sur les explosifs, en relation avec une entreprise terroriste[24],[25]. Le procès est prévu pour avoir lieu en avril 2025 devant la cour d’assises spéciale de Paris[26].
Références
↑Jean-Michel Décugis et Jérémie Pham-Lê, « Explosion à Lyon : les déclarations ambigües du «terroriste à vélo» », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Attentat à la bombe à Lyon : les assises pour le djihadiste qui voulait faire gagner l’extrême droite aux élections européennes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )