Jean-Auguste-Gustave Binet, dit Binet-Valmer, né le à Genève et mort le à Paris, est un écrivainfranco-suisse, actif dans les milieux d'anciens combattants de droite dans les années 1920.
Biographie
L'écrivain et le journaliste
Jean Auguste Gustave Binet de Valmer, qui signe Binet-Valmer, naît en 1875 à Genève, en Suisse, d'une famille de protestants réfugiés dans ce pays après la révocation de l'Édit de Nantes[1]. Son père est médecin et lui-même étudie la médecine et se fixe à Paris où il est externe des hôpitaux en 1898[2]. Cependant il se consacre bientôt à la littérature, publie des romans à partir de 1900 et fonde en 1901 la revue La Renaissance latine[3]. Très prolifique, surtout des années 1910 aux années 1930, il publie de nombreux romans de mœurs. Certains, comme Lucien, traitent de l'homosexualité. Il fait paraître certains de ses romans dans la revue les Œuvres libres. Il collabore au quotidien Comœdia en tant que critique littéraire, au quotidien Le Journal, de 1911 à sa mort; il y publie des romans et de nombreux contes. Il obtient la croix de la Légion d'honneur en mai 1914 à titre étranger, puis il est promu officier en 1920, sur la proposition du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts[4].
Il est le secrétaire avant et après guerre du cercle Hoche, où des personnalités pratiquent l'escrime[5].
L'ancien combattant de droite
Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, il se fait naturaliser français et s'engage dans l'armée, à 39 ans, sous les ordres du général de Trentinian. Simple soldat aux débuts des hostilités, il est promu sous-lieutenant en 1915[6]. Il commande une section de chars en 1917. Il est blessé trois fois, cité quatre fois, ce qui favorise sa promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur en janvier 1920[7].
En 1919, ce patriote à la manière de Paul Déroulède[8], cocardier, fonde une association d'anciens combattants nationalistes, la Ligue des chefs de section, très anticommuniste et qui prône le culte de l'héroïsme guerrier. Avec d'autres, il appuie la campagne de presse menée dans L'Intransigeant et Le Journal par le député André Paisant exigeant que les anciens combattants soient honorés le 11 novembre 1920 par l'intermédiaire du soldat inconnu, alors que le gouvernement prévoyait de faire entrer le cœur de Gambetta au Panthéon, au cours d'une cérémonie couplant les 50 ans de la République et la commémoration de la victoire de 1918, et, avec le poète Gabriel Boissy, il aurait été jusqu'à menacer de saboter la cérémonie officielle[9]. Il est aussi l'un des organisateurs du lieu de mémoire de la clairière de Rethondes où fut signé l'armistice de 1918; il rédige le texte patriotique inscrit sur la dalle, que les Allemands brisèrent en 1940: « Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l'empire allemand vaincu par les peuples libres qu'il prétendait asservir »[10]. C'est lui qui, en outre, aurait inventé le nom de chambre bleu-horizon pour désigner l'assemblée du Bloc national[11]. En 1922, il engage comme secrétaire un jeune Belge qui débarque à Paris : Georges Simenon[12]. Il préside la Ligue jusqu'en 1929. Il entre en 1924 au comité directeur de la vieille Ligue des patriotes[13]. Il a aussi milité pour l'érection de la statue de Joffre en 1939[14].
Il est vice-président du comité de la Flamme (du soldat inconnu), et porte-drapeau[15]. Il est aussi membre de l'Association des décorés au péril de leur vie, et membre des Croix-de-feu, dès ses débuts[16]
À partir de 1929, il se rallie publiquement à l'Action française, dont il était proche auparavant[17]: il adhère aux Camelots du roi[18], entre au comité de l'association Marius Plateau (anciens combattants d'Action française)[19], accepte de Maxime Real del Sarte la présidence des Compagnons de Jeanne d'Arc[20]. En 1931, Binet-Valmer intervient aux côtés des Camelots du roi contre une réunion pacifiste tenue à Paris[21]. Il prend part à la Crise du 6 février 1934. Il est l'un des orateurs à un meeting du Front national (années 1930) contre les sanctions à l'égard de l'Italie en 1935[22]. Il se trouve dans les locaux de l'Action française lorsqu'ils sont perquisitionnés en février 1936, en vue de la dissolution de la ligue royaliste[23]. Il prend parti comme l'Action française contre le dirigeant du Parti social français en 1937, le colonel François de La Rocque[24]. Un témoignage sur les coulisses de la ligue d'AF souligne son alcoolisme[25].
Rémy Cazals et Patrick Cabanel, « Jean Auguste Gustave Binet, dit Binet-Valmer », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 305-306 (ISBN978-2846211901)
↑Charlotte Montard, Quatre années à l'Action française, Les Editions Lori, 1931, p. 90. Le président de la ligue, le colonel de Vésins, ne l'apprécie pas: « Je n'aime pas beaucoup ce protestant suisse qui joue au patriote français » (p. 90), L'Œil de Paris pénètre partout, 25 décembre 1931, "Sur Binet-Valmer"