BroussinUn broussin (dérivé du latin bruscum, provenant de la racine bhrus « se gonfler ») ou brogne ou loupe est une excroissance du bois épicormique. Dans son sens restreint, il est constitué d'un amas de bourgeons, de poils, de picots et de gourmands juxtaposés, pouvant former une plus ou moins grosse protubérance sur l'écorce. Il est formé à la suite d'un stress biotique ou abiotique (abroutissements répétés, émondages…)[1]. Dans un sens plus large, il désigne des excroissances du tronc ou des branches constituées de matière ligneuse, généralement de forme globuleuse. Un arbre couvert de broussins, ou arbre brogneux, est normalement déclassé en bois de charpente, sauf quand, de grande taille, les anomalies qu'il présente permettent de l'employer en ébénisterie. Cette excroissance ligneuse tumorale de forme irrégulière mais souvent en forme de bosse, à surface hérissée d'aspérités, est une masse de bois dans laquelle il y a autant de nœuds que de bourgeons primitifs. Elle apparait sur le tronc ou sur les branches de certains arbres : broussin d'érable, d'orme, de buis, loupe d'amboyne, etc. Les broussins situés près du sol peuvent se transformer en racines mais ce sont aussi souvent des points d’entrée pour les insectes foreurs et autres parasites. Généralement provoqués par un obstacle à la circulation de la sève (ordinairement la gelée), ils constituent une zone de réserve de sucres destinée à alimenter les réitérats[2]. LégendeComme les balais de sorcière, les broussins sont associés à la légende des sorcières utilisant comme monture des manches à balais à leur retour du sabbat (assemblée se déroulant dans un endroit retiré et sombre, souvent dans les bois appréciés pour leurs grands arbres protecteurs). Surprises par le jour au cours de leur chevauchée céleste ou fatiguées, elle se seraient reposées sur les arbres porteurs de broussins qui leur auraient servi de siège[3]. Confusions ou synonymies ?Les usages concernant les appellations de broussin et loupe ne sont pas fixés. Cette excroissance irrégulière anormale, qualifiée abusivement de « cancer végétal[2] », est parfois confondue avec la « loupe », ou quelquefois avec le « chancre », surtout dans le langage courant, aussi bien France[4],[5] qu'au Canada[6] et en Belgique[7] où loupe et broussin sont souvent considérés comme des synonymes. Le Grand dictionnaire terminologique précise « Bien que de nombreux auteurs considèrent que loupe, broussin et brogne sont synonymes, certains attribuent aux termes broussin et brogne le sens plus particulier d'« excroissance dont la surface est irrégulière et hérissée d'aspérités, et qui est constituée d'un amas de rameaux ou de bourgeons »[6]. Dans ce sens, le broussin est donc une protubérance formant des aspérités, et dont la soudure des éléments épicormiques entraîne la formation d'un bois à fibres enchevêtrées[8]. Le terme peut selon les locuteurs englober aussi d'autres sortes d'anomalies végétales, telle que l'excroissance apparaissant sur les souches de bruyère arborescente[9],[10]. Le chancre est une maladie causée par une bactérie ou un champignon qui provoque des boursouflures, des craquelures et des décollements de l’écorce. La loupe est une excroissance plus régulière du tronc qui possède une écorce rugueuse plus lisse et une structure veinée riche en coloris. La loupe est un tissu tumoral issu de la prolifération locale des cellules de cambium chargées de la fabrication du bois sous l’influence d'un stress (blessures, piqûres d'insectes, attaques de bactéries ou de champignons parasites). Loupes et broussins mettent rarement la vie de l’arbre en danger, contrairement au chancre[8]. Plus rarement, la ronce de bois peut être confondue avec la loupe car toutes deux sont utilisées en placage, mais les motifs sont différents, la ronce n'étant pas une excroissance, mais un enchevêtrement des fibres de bois, rencontrée généralement dans la partie basse de bois noueux[11]. Galerie
Troncs en hélice
— Daubenton, « Observations sur l’organisation des tumeurs, des excroissances, des broussins et des loupes du tronc et des branches des arbres », Mémoires d’agriculture (trimestre de printemps 1786) – pp. 65-66 Notes et références
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