Céto est la fille de Pontos et de Gaia[1]. Unie à son frère Phorcys, Céto engendre de nombreux monstres marins. La Théogonie d'Hésiode leur donne comme enfants Échidna, les Gorgones (Sthéno, Euryale et Méduse), les Grées (Ényo et Pemphrédo — Dino n'est pas citée par Hésiode), ainsi que Ladon, le « Dragon des Hespérides » (certains auteurs le donnent fils d'Échidna et de Typhon)[réf. nécessaire]. De plus, Céto a mis au monde les Hespérides elles-mêmes[1].
Envoyé par Poséidon, ce « monstre marin » (θαλάσσιον κῆτος / thalássion kêtos) doit dévorer la princesse Andromède exposée en sacrifice après que sa mère Cassiopée a dit qu'elle est plus belle que les Néréides, chéries de Poséidon[2]. Persée tue le monstre et sauve Andromède.
Pline l'Ancien mentionne un culte de la « légendaire Céto » à Joppé — l'actuelle Jaffa — dans une seule référence, indiquant qu'on y trouve les restes des chaînes d'Andromède[3]. S. Safrai et M. Stern proposent deux hypothèses pour expliquer la mention d'un culte de Céto à Joppa chez Pline : ce culte était en réalité voué au monstre de l'histoire d'Andromède qu'un habitant de Joppé aurait établi sous le nom de Céto, et concernait une autre divinité, cetos ou Dercéto, dont le nom a été déformé[4].
Laomédon et le monstre marin
Plus loin dans la Bibliothèque est racontée l'histoire (figurant également dans la Bibliothèque historique de Diodore) de Laomédon qui, après avoir froissé Apollon et Poséidon, fut forcé de sacrifier sa fille à un monstre marin (kêtos)[5], qui venait enlever les hommes jusque dans les champs[6]. Mentionnant cette vengeance des dieux contre Laomédon, Ovide identifie Céto à une inondation[7]. D'autres auteurs, comme Valérius Flaccus, y joignent un bruit de tremblement de terre[8]. Ces deux éléments suggérant un tsunami.
Selon Apollodore, le monstre fut finalement tué par Héraclès[9],[10]. Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos de Samos, le monstre Céto, qu'il dit s'appeler aussi Céton, était un roi puissant qui, grâce à ses navires, soumettait toutes les côtes de l'Asie mineure, dont notamment la ville de Troie qui lui devait un tribut appelé dasmos. À cette époque, l'argent n'existait pas — aussi payait-on le tribu en nature, avec des chevaux, des bœufs, ou des jeunes filles. Si le tribut n'était pas payé, il dévastait la région. Héraclès et ses hommes armés passèrent dans la région alors que Céto débarquait et marchait contre Troie ; Laomédon engagea les soldats grecs qui aux côtés des siens luttèrent et tuèrent Céto et ses hommes[11].
Autres mentions et représentations
Céto est décrite (par exemple dans l’Odyssée, d'Homère) comme un horrible monstre marin femelle, ayant l'apparence d'une immense créature tenant à la fois de la baleine, de l'orque, du requin, de la raie et du dragon[13]. Elle pouvait prendre à loisir la forme d'une seule de ces cinq créatures ou de toutes en même temps[14],[15],[16].
Aristarque de Samothrace, rapporté par Eustathe de Thessalonique, parle du mythe d'un peuple peu connu auquel Homère fait référence[17] dans l’Odyssée : les Cétéens, dont on apprend qu'ils étaient présents dans les combats durant la guerre de Troie aux côtés d'Eurypyle, un mysien allié de ses voisins Troyens. Ces Cétéens tombent ainsi à la guerre alors qu'ils étaient venus épouser des femmes troyennes. Ce peuple aurait un mythe selon lequel on associe la mort à un « gros poisson », — sens de base du mot grec κῆτος / kêtos qui désigne tout grand animal aquatique, comme des baleines, des cétacés[18] — en raison du grand deuil dans lequel on se noie à la disparition d'un proche[19].
Monstre marin dans d'autres légendes
Bible hébraïque
Le Livre de Jonas (2:1) parle de dag gadol (דג גדול) qui peut se traduire de manière littérale par « grand poisson ». La Septante a traduit cette phrase en grec par μέγα κῆτος / méga kêtos. Jérôme de Stridon, dans la Vulgate, traduit plus tard ces termes en latin par piscis grandis (« grand poisson »). Cependant, dans l’Évangile selon Matthieu (12:40), il traduit le mot kêtos en cetus.
Dans le chapitre II, III, 3, Explication du bruit écouté par Gilliatt, du roman Les travailleurs de la mer, Victor Hugo désigne l'océan en ces termes : « La navigation tient tête à un monstre unique. Toute la mer est la même hydre. Les vagues couvrent la mer d'une sorte de peau de poisson. Océan, c'est Ceto ».
2008 à 2012 : dans le manga Beyblade: Metal Masters, une membre de l'équipe européenne a une toupie appelée « White Grand Cetus », et un de ses coéquipiers a une toupie appelée « Blue Grand Cetus ».
Annexes
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ceto » (voir la liste des auteurs).
Baeijens, Vanessa, and Cécile Evers. L’évolution iconographique du Kétos : de l’art grec à l’art paléochrétien. Université libre de Bruxelles, 2007. Print.
↑Pour Céto en tant que nom transféré, voir la traduction par H. Rackham de Loeb[réf. incomplète] ; pour les modifications volontaires du nom, voir The Jewish people in the first century. Historical geography, political history, social, cultural and religious life and institutions. Ed. par S. Safrai et M. Stern en coopération avec D. Flusser et W. C. van Unnik, Vol II, p. 1081, ainsi que la traduction par C.H. Oldfather de Pline (Derceto).
↑« Ποσειδῶν δὲ κῆτος ἀναφερόμενον ὑπὸ πλημμυρίδος, ὃ τοὺς ἐν τῷ πεδίῳ συνήρπαζεν ἀνθρώπους » ; « Neptune, par un débordement de la mer, y jeta un monstre marin qui enlevait les hommes dans les champs » - Pseudo-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne].
↑Eustathe de Thessalonique, Commentaires sur l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, folio 1697 (vers 520 du chant 11 de l’Odyssée). Voir (grc) Eustathe de Thessalonique, Stallbaum, Gottfried, (la) Commentarii ad Homeri Odysseam [« Commentaires sur l'Odyssée d'Homère »], t. 1, Leipzig, Weigel, , 460 p. (lire en ligne), p. 431-432 (folio 1697).