Par ailleurs, entre les Carpes et les Romains il y a aussi de nombreuses périodes de paix et de relations commerciales, comme en témoignent les nombreux objets retrouvés par l'archéologie (par exemple le camée trouvé en 2003 près de Chişinău, représentant l'empereur Constantin Ier : probablement un cadeau donné par l'empereur lors d'un accord de paix et de collaboration).
Influence tardive
Au IIIe siècle, les Carpes sont défaits par l'empereur romain Philippe l'Arabe en 247, aux côtés des Quades, un peuple germanique allié, mais ensuite ils contribuent avec les Goths à chasser les Romains hors de Dacie, puis, alliés ou non aux Goths (une incertitude demeure sur ce point) ils prennent le contrôle de toute la Dacie au nord du Danube, avant d'attaquer la province romaine de Mésie.
L'historien grec Zosime mentionne pour la dernière fois les Carpes en 381 sous le nom de « Carpodaces ». Les Carpes (ou une partie) ont probablement suivi les Wisigoths et d'autres peuples comme les Alains et les Taïfales dans l'Empire romain. Jusqu'où ? Les historiens, linguistes et ethnologues en débattent. Quoi qu'il en soit, les Carpes disparaissent des chroniques au IVe siècle, soit parce qu'ils se sont fondus parmi les Goths qu'ils auraient suivis en Italie et en Hispanie, soit parce qu'ils se sont installés dans les Balkans où ils compteraient, dans ce cas, parmi les ancêtres des Albanais — hypothèse avancée pour expliquer que l'albanais, langue satem comme l'illyrien, ait un important lexique commun avec les langues romanes orientales (aroumain et roumain), elles aussi satem alors que les autres langues romanes sont centum[1].
Ce peuple a laissé son nom aux montagnes Carpates (Carpaţi : en roumain, où la terminaison aţi est similaire à la terminaison ées en français, comme dans l'adjectif carpées formé à partir d'un substantif, et utilisé ici comme substantif adjectival).
↑Eqrem Çabej, Eric Hamp, Georgiev, Kortlandt, Walter Porzig, Sergent et d'autres linguistes considèrent, dans une perspective paléolinguistique ou phylogénétique, que le proto-albanais s'est formé sur un fond thraco-illyrien vers le VIe siècle, à l'intérieur des terres, subissant un début de romanisation encore sensible dans la langue moderne, tandis que les emprunts les plus anciens de l'albanais aux langues romanes proviennent du diasystème roman oriental et non de l'illyro-roman qui était la langue romane anciennement parlée en Illyrie après la disparition de l'illyrien (pendant l'occupation romaine, l'illyro-roman a remplacé l'illyrien à la manière du gallo-roman remplaçant le celtique en Gaule). Comme les lieux albanais ayant conservé leur appellation antique ont évolué selon des lois phonétiques propres aux langues slaves et que l'albanais a emprunté tout son vocabulaire maritime au latin et au grec, ces auteurs pensent que les ancêtres des Albanais ont vécu à l'est de l'actuelle Albanie et que les régions côtières de ce pays (thème de Dyrrhacheion) étaient initialement gréco-latines. De nos jours, l'existence, en albanais de mots empruntés au roman oriental balkanique, et en roumain de mots de substrat apparentés à des mots albanais, corrobore cette manière de voir.