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Construit au XVIe siècle par un architecte dont le nom est inconnu, le château de Grosbois semble influencé par les créations de Jacques Androuet du Cerceau[1].
De plan en U, il comporte dans sa partie centrale un corps principal incurvé en exèdre, cantonné de pavillons de même hauteur et flanqué de deux ailes plus basses en retour d'équerre.
Le château est édifié sur une plate-forme rectangulaire entourée de fossés autrefois en eau ; on y accède par trois passerelles.
En 1597, Nicolas de Harlay fait édifier, par Florent Fournier, entrepreneur à Paris, le corps de logis central de l'actuel château [2], qu'agrandira ensuite son gendre le baron Nicolas Harlay de Sancy, d'une illustre famille de magistrats dévouée à la monarchie ; c'est ce richissime surintendant des Finances et des Bâtiments du roi qui acquit et donna son nom au célèbre diamant qui passera ensuite à la Couronne de France.
Au XVIIe siècle, le domaine est donc passé aux Harlay, dont Achille (1536-1616), premier président au Parlement. « Des yeux beaux, parlants, perçants, qui étaient pour (le) faire rentrer sous terre, au reste sans foi ni loi, sans âme et sans Dieu » (Saint-Simon), aux mots célèbres pour leur férocité ; méprisant et détestant son fils Christophe, à Grosbois, il ne communiquait avec lui que par des billets cachetés portés par les laquais.
En 1616, le château inachevé fut vendu à Charles de Valois (1573-1650), « bien fait, brave et spirituel »[3], comte d'Auvergne puis duc d'Angoulême (1619), fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, héros du siège de La Rochelle. Septuagénaire, c'est pour son remariage avec Françoise de Nargonne (23 ans) qu'il commanda au graveur Abraham Bosse un décor mural pour la chambre dite d'honneur du château, sous la forme de grandes compositions montrant la cérémonie sous un plafond « à La française » peint de cartouches ornés du chiffre nuptial. Ce décor fut fortuitement redécouvert en 1910 sous plusieurs couches de papier peint. L'attribution des peintures murales à Horace Le Blanc[4] fait débat parmi les spécialistes[5].
À sa mort, Grosbois passe à sa petite-fille la maréchale de Luxembourg, qui le vend en 1718 à Samuel-Jacques Bernard (1686-1753), fils du financier Samuel Bernard, qui notamment fit poser les boiseries du salon Régence.
En 1804, après son arrestation pour conspiration, Moreau doit s'exiler aux États-Unis[7] ; Napoléon Ier lui rachète le château par l'intermédiaire du ministre Fouché, qui le rétrocèdera la même année ou en 1805 au maréchal Berthier[8].
Berthier modifie à grands frais l'intérieur du château, crée la bibliothèque, la « galerie des Batailles » où sont peintes en huit grandes toiles celles auxquelles il a participé, encadrées des bustes de ses compagnons maréchaux d'Empire (état conservé en 1963[3],[8]), le salon de l'Empereur ou salon Jaune, le salon des Huissiers, commande du mobilier à l'ébéniste Bellangé et fait construire les deux pavillons et la grille d'entrée sur la route.
Il posséda à Grosbois deux grandes toiles en pendant, Chiens attaquant un cerf et Chiens attaquant un sanglier d'Oudry, qui furent offertes en 1725 par Louis XV au prince de Condé pour son château de Chantilly et avaient disparu depuis leur saisie en 1794. Nommé Grand Veneur par l'Empereur, il agrandit le domaine pour en faire la plus belle « chasse » de l'Empire, rivalisant avec celle de Fontainebleau - ayant pu compter jusqu'à 5 600 pièces de gibier - et y donne des fêtes grandioses.
Dans la nuit du 23 au 24 avril 1814, le château abrita le roi de Rome, emmené à Vienne par sa mère l'impératrice Marie-Louise, puis Berthier rejoignit sa femme et son beau-père dans son château de Bamberg (Bavière) où, après avoir assisté au passage des troupes russes vers la France le , il sera trouvé mort défenestré.
Le château est ensuite occupé par son épouse et son fils, Napoléon Alexandre Berthier (1810-1887), 2e prince de Wagram, qui font aménager la bibliothèque, qui regroupe plus de 3 000 ouvrages.
Son petit-fils, Alexandre Berthier de Wagram, fut un grand collectionneur entre autres d'art moderne[9]. Le domaine passe ensuite à son fils, Louis Marie Philippe Alexandre Berthier (1883-1918), qui cède le château la veille de partir pour le front en juillet 1914 à sa sœur, Élisabeth Berthier de Wagram (1885-1960) qui épouse Henri de La Tour d'Auvergne-Lauraguais (1876–1914), petit-fils de Henri de La Tour d'Auvergne-Lauraguais. Le patrimoine passe par la suite à l'un de leurs neveux, Godefroy de La Tour d'Auvergne-Lauraguais.
Vers 1930, dans le cadre du réaménagement de l'intérieur du château par les membres de la famille La Tour d'Auvergne-Lauraguais, l'ébénisteEugène Printz conçut le mobilier d'une « salle d'habillage » moderniste en alliage d'aluminium comprenant une coiffeuse et son siège (reproduits une seule fois), qui furent exposés au Salon des artistes décorateurs de Paris de cette même année et firent partie ensuite de la collection du décorateur Serge Royaux.
Le château bénéficie de multiples protections au titre des monuments historiques[12] : une inscription en 1933 pour le château, un classement en 1948 pour les façades et toitures du château, les communs, la grille d'entrée, les pavillons et le parc[13], une inscription en 1964 pour les façades et toitures des communs.
↑Catherine de La Guette et Célestin Moreau (éditeur scientifique), « Mémoires de Madame de La Guette », dans Mémoires de Madame de La Guette, P. Jannet, 1856 [1681] (lire en ligne)
↑ abc et dLaurent Louët, « Au château de Grosbois, dans l'arrière-cour dorée du Prix d'Amérique », Le Figaro, 29-30 janvier 2022, p. 15 (lire en ligne).
↑René Gimpel, Journal d'un collectionneur marchand de tableaux, Calmann-Lévy, 1963, carnet du 30 août 1928, p. 393.
Claude Frégnac, Merveilles des châteaux d'Ile-de-France (Hachette, 1963, pp, 244 à 250 ill. de photographies montrant entre autres la salle à manger, le « salon Jaune » avec meubles de Jacob, buste de Napoléon Ier et portraits des princesses de Wagram du Second Empire, et la galerie des Batailles) ;
Alain Pagès, « Musée de Grosbois. Hommes et chevaux réunis dans une même saga, celle du Trot », dans In Situ, revue des patrimoines, no 18, 2012 (lire en ligne)