Il est le fils aîné du maréchal de Ligne et de Françoise de Liechtenstein. Après des études à l'école d'artillerie de Strasbourg, il part pour Vienne, où il devient lieutenant dans le corps du génie autrichien[1].
Son père ayant pris une centaine de souscriptions pour financer le projet, il est admis à bord du ballon Le Flesselles. Cette montgolfière des frères Montgolfier effectue à Lyon, le 19 janvier 1784, le troisième vol habité de l'histoire de l'aviation. Après quinze minutes de vol, le ballon se déchire et s'écrase sans gravité[2]. La même année, il participe à une nouvelle expérience à Mons.
Avant la Guerre russo-turque de 1787-1792, il s'engage comme aide de camp dans l'Infanterie-Ligne, afin de pouvoir combattre aux côtés de son père. À cette époque, son frère Louis de Ligne sert sous les armes en France, sans que cela ne provoque de tension. Charles réussit à prendre la ville fortifiée serbe de Šabac avec ses travaux d'ingénierie, en 1788, sous les yeux de l'empereur Joseph II, qui le distingue sur le champ de bataille et le promeut lieutenant-colonel. Il combat ensuite au premier rang à Belgrade. Après le retrait des Autrichiens, la prise d'Izmaïl lui vaut une lettre de remerciements et une grande distinction de la part de la tsarine Catherine la Grande. Son père commémore alors ses faits d'armes en faisant ériger un obélisque de marbre blanc de quinze mètres de haut dans le jardin à l'anglaise de son château de Belœil. Un monument similaire est également construit à Fort Josefov près de Jaroměř.
En 1792, il est tué au combat lors d'une action offensive à La Croix-aux-Bois contre les troupes de Chazot avec quarante hussards. Un coup de mitraille d'un canon l'atteint en pleine tête et lui emporte la main droite[3]. Cette mort est mentionnée par Jules Verne dans le chapitre XXI de son roman Le Chemin de France[4]. Son père, qui apprend la nouvelle plus d'une semaine après par le maréchal Lacy, sombre dans une dépression, qu'il partage avec Giacomo Casanova.
Dans son dernier testament, Charles accorde une attention particulière à son groupe d'amis viennois, les Indissolubles, qui comprend le prince Józef Poniatowski et d'autres aristocrates[5]. Il accorde un legs à chaque membre et il fait ériger à Belœil un temple de l'amitié, dans lequel son buste est entouré par les portraits des Inséparables[6].
Selon son testament, sa collection d'art est vendue en faveur de sa fille illégitime Christine et de son fils adoptif Norokos, un garçon turc d'Izmajil. Outre plusieurs vases et objets chinois, il s'agit principalement de 14 000 dessins et estampes. L'acheteur est Albert de Saxe-Teschen. La collection se trouve à l'Albertina à Vienne.
Par ailleurs, Charles de Ligne laisse de sa propre main trente-six eaux-fortes[8].
Notes et références
↑Andrée Scufflaire, Charles-Antoine, prince héréditaire de Ligne (1792), et la pairie de Baudour en Hainaut (1779-1794), in: Archives et Bibliothèques de Belgique, 1990, p. 485-502
↑Fulgence Marion, Les ballons et les voyages aériens, Paris, Hachette, 1881, p. 106
↑Georges Englebert, La mort du prince Charles-Antoine de Ligne à la Croix-au-Bois en Champagne (14 septembre 1792), in: Nouvelles Annales, 1995, p. 193-206 et 1996, p. 93-101
↑Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 2 : F-M, éditions Paganel, 2021, p. 236
↑Roland Mortier, La dernière lettre du prince Charles de Ligne, in: Nouvelles Annales Prince de Ligne, 1996, p. 209-212
↑Rebecca Gates-Coon, Anglophilia and Sensibility in Late Eighteenth-Century Vienna: Prince Charles Antoine de Ligne's Testament and the Indissolubles, in: Austrian History Yearbook, 2020, p. 114-133.
↑« www.swisscastles.ch », Château d'Oron : La vie d'une princesse (suite) (consulté le )
↑Xavier Duquenne, Le prince Charles de Ligne graveur (1759-1792), in: In Monte Artium, 2009, p. 105-130
Bibliographie
Adam Bartsch, Catalogue raisonné des dessins originaux des plus grands maîtres anciens et modernes, qui faisaient partie du cabinet de feu le prince Charles de Ligne, 1794
Jean-François Soubiran, Biographie de feu son altesse le prince Charles de Ligne, colonel du corps de génie aux armées de sa majesté l'empereur et roi, chevalier de la croix militaire de Marie Thérése, commandeur de l'Ordre militaire de saint George de Russie, 1807