Concerto pour piano en mi bémol majeur de Beethoven
Le Concerto pour piano en mi bémol majeur, WoO 4 est une des premières œuvres de Beethoven et son premier concerto, d'où parfois son appellation de « Concerto pour piano no 0 ». Il fut certainement écrit avant son premier voyage à Vienne de 1787, probablement vers la fin 1784 ou début 1785 – à 13 ou 14 ans donc. L'œuvre fut peut-être composée pour le nouveau prince-électeur de CologneMaximilien François qui, moins de trois semaines après son avènement, accordait le premier traitement de Beethoven: 150 florins par an.
La partition
La partition originale, pour autant qu'elle ait jamais existé, est perdue. Seule subsiste une copie manuscrite de la partie de piano avec des annotations et une réduction pour piano des tutti de l'orchestre de la main même de Beethoven[1]. La page de titre porte une note, probablement de la main du père de Beethoven: « un Concert pour le clavecin ou fortepiano composé par Louis van Beethoven age [sic] de douze ans »[2]. Les annotations de Beethoven montrent d'une part que l'instrument soliste est bien un pianoforte : multitude de p et de f ainsi que quelques cres.; d'autre part que l'orchestre était composé de deux flûtes, deux cors et les cordes.
Cette copie fut retrouvée parmi les documents de Beethoven après sa mort et firent partie de la vente aux enchères organisée en 1828[3]. Jusqu'en 1890, ce manuscrit fut conservé par l'éditeur Artaria à Vienne jusqu'à sa redécouverte par le musicologue autrichien Guido Adler (1855-1941) qui le publie avec une introduction critique chez Breitkopf & Härtel en 1888[4]. Le manuscrit est alors acquis par la Königliche Bibliothek de Berlin en 1901 et est aujourd'hui conservé à la Staatsbibliothek zu Berlin-Preussischer Kulturbesitz.
En termes de langage musical, le concerto reflète les tendances stylistiques qui étaient familières au jeune compositeur à la cour de Bonn et qu'il avait apprises de ses professeurs, c'est-à-dire le classicisme de l'Allemagne du Nord et de l'Italie. Beethoven n'avait sans doute, à cette époque, pas connaissance des premiers concertos viennois de Mozart mais bien de ceux de la famille Bach.
L'œuvre est en trois mouvements de longueur relativement égale:
Allegro moderato
Larghetto
Rondo allegretto
Durée d'exécution : environ 33 minutes.
Les reconstructions
Ce n'est qu'en 1934 que le musicologue suisse Willy Hess orchestra le troisième mouvement qui fut joué par le pianiste Walter Frey accompagné par l'Orchestre de la Radio d'Oslo. En 1943, Hess compléta les deux premiers mouvements et le concerto complet fut créé par Edwin Fischer au Festival de Potsdam le . Hess décrivit son travail comme la ré-orchestration « des interludes orchestraux à partir des indications instrumentales qui, fort heureusement, sont très précises et détaillées. Par ailleurs, un accompagnement orchestral, basé sur les motifs existants, a dû être composé de novo, et les deux premiers mouvements durent recevoir une cadence ». La reconstitution de Hess prend beaucoup de libertés (la fin des deuxième et troisième mouvements surtout) et est conforme à la manière dont on interprétait Beethoven dans les années 1930. Elle élude également certaines opportunités au regard du développement thématique implicite, particulièrement dans le premier mouvement.
Depuis la version de Hess, de nombreux musiciens ont proposé des reconstructions alternatives.
Discographie
La partition restante est injouable telle quelle. Plusieurs musiciens ont reconstitué la partie orchestrale à partir des notes de Beethoven.