Les caractéristiques générales des crabes sont celles des Brachyura, les crabes classiques, ou des Anomura, avec des nuances pour chaque espèce.
Ils possèdent deux squelettes : un exosquelette (la carapace) qui protège la totalité de leur corps, et un squelette interne qui soutient leurs organes et supporte leurs muscles. Ces deux squelettes n'ayant pas la faculté de grandir de façon continue, les crabes doivent donc en changer périodiquement pour pouvoir se développer en taille[1].
Liste de crustacés appelés « crabes »
Liste alphabétique de noms vernaculaires attestés[2] en français. Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.
La plupart des crabes sont marins, mais il existe quelques crabes d'eau douce et des crabes terrestres, y compris des crabes arboricoles. Ils disposent tous de cinq paires de pattes (ou péréiopodes) dont la première est modifiée pour former une paire de pinces, aussi nommées chélipèdes, mais chez les Anomura cette cinquième paire de pattes est atrophiée et sert au nettoyage des branchies. Les crabes se nourrissent principalement de petits poissons et mollusques, ou de crustacés ; ils sont en outre nécrophages, ce qui leur confère un rôle important dans l'écologie des fonds marins.
Les yeux des crabes sont portés par des pédoncules oculaires, appendices qui permettent une vue multidirectionnelle. Ces derniers sont logés dans des orbites creuses à l'avant de la carapace.
Un dimorphisme sexuel peut être observé : les mâles ont généralement des pinces plus imposantes, et l'abdomen des femelles est plus large que celui des mâles.
Certaines espèces sont toxiques spécialement les crabes très colorés du groupe des Xanthidae[11].
Un certain nombre de groupes de crustacés (galathées, crabes royaux, pagures...), sans être directement apparentés aux crabes, en ont l'apparence : cette convergence évolutive porte le nom de carcinisation.
On estime les captures mondiales de crabes à 1,2 million de tonnes par an (données 2003). La pêche des crabes du Kamtchatka représente à elle seule environ 45 000 tonnes annuelles.
Il faut cependant souligner que le crabe étant un animal côtier très facile à capturer, ce chiffre ne tient pas compte de la pêche individuelle et de la pêche artisanale, surtout dans les pays pauvres, le crabe représentant une source de protéines très économique. Sur les côtes d'Afrique équatoriale, les enfants attrapent facilement les crabes bleus qu'ils font simplement rôtir à la braise.
La plupart des crabes se pêchent au casier. Dans certaines zones c'est même la seule forme autorisée, comme celle gérée par la CCFFMAR[12].
La fabrication des conserves de crabe est très réglementée pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la valeur de ce produit en fait un objet de fraude, puisque de la chair de poissons, moins onéreuse, peut être substituée au crabe (d'ailleurs, la plupart des législations n'acceptent sous l'appellation crabe que les Brachyura et les Lithodidae, ce qui est en un sens encore plus réducteur que l'acception de l'appellation vernaculaire). Les conserves de crabe peuvent contenir des matières indésirables comme des fragments de carapace ou de branchies, des viscères, du cartilage, des tendons de pattes ou une quantité anormale de liquide. D'autre part, comme tous les produits de la mer, ces produits peuvent s'avérer très toxiques en cas de mauvaise conservation. La conserve doit être conditionnée dans des récipients hermétiquement clos et doit avoir fait l'objet d'un traitement thermique suffisant pour en garantir la stérilité commerciale. Elle est conditionnée la plupart du temps avec des additifs mais doit être exempte de matières étrangères et pratiquement exempte de cristaux de struvite.
Utilité scientifique
De nombreuses recherches ont lieu sur des substances extraites des crabes, tel le chitosane avec ses applications en cosmétique, diététique et médecine, tel un biomatériau translucide riche en brome sur l'extrémité de leurs pattes ou leurs pinces et qui se révèle 1,5 fois plus dur que le verre acrylique et extrêmement résistant, d'où des applications industrielles potentielles[13].
Culture
Symbolique
Alors que le crabe est considéré durant l'Antiquité comme animal protecteur, sa réputation change au Moyen Âge, comme celle de l'ensemble des créatures marines. Il est même devenu maléfique, symbole des monstres marins marcheurs ; ce rejet est sûrement aggravé par ses habitudes nécrophages. Au contraire, en Asie, les espèces du genre Dorippe, sur la carapace desquelles on distingue un visage humain, sont très recherchées car, selon la légende, ils contiennent l'âme de guerriers défunts.
Le motif du crabe tenant dans ses pinces un papillon aux ailes éployées apparaît au revers d'une monnaie d'Auguste. Mais il est surtout connu à partir de la Renaissance comme illustration de la devise Festina lente[14].
Cancer vient du latin cancer, « crabe, écrevisse, chancre, cancer », apparenté au grec καρκίνος / karkínos, « écrevisse ». Ce nom aurait été donné par Hippocrate, parce que le cancer « a des veines étendues de tous côtés, de même que le crabe a des pieds »[15].
Terminologie
Le mot crabe, féminin jusqu'au XVIIIe siècle, serait emprunté par deux voies différentes : d'une part au moyen néerlandaiscrabbe au masculin, via le picardcrabo, crape et le walloncrâbe, masc. ; d'autre part au vieux norroiskrabbi au masculin, via le normandcrabe, crabbe, nom féminin[16]. À noter que la variation de genre ne se limite pas aux langues d'oïl : le néerlandais krab et le norvégienkrabbe sont admis au masculin ou au féminin. Crabe a remplacé chancre, issu du latin cancer.
Ces décapodes ont donné naissance à plusieurs expressions en français.
L'expression un panier de crabes désigne un groupe de personnes collaborant mais en se nuisant les uns les autres. Cette expression est apparue en France au milieu du XXe siècle.
L'expression marcher en crabe signifie se déplacer de côté.
↑(fr) Moussac, G. de, 1988. Le crabe girafe Ranina ranina aux Seychelles : biologie et exploitation. Seychelles Fishing Autority, Technical report, 1-26. Rapport
↑(en) Yung-Hsiang Tsaia, Ping-Ho Hob, Chiu-Chi Hwangc, Pai-An Hwangc, Chao-An Chengd et Deng-Fwu Hwang, « Tetrodotoxin in several species of xanthid crabs in southern Taiwan », Food Chemistry, vol. 95, no 2, , p. 205-212 (résumé)
↑« The Crab and the Butterfly: A Study in Animal Symbolism », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 17, 1/2 (1954), p. 47-86 (JSTOR 750132). Voir aussi Guy de Tervarent, Attributs et symboles dans l'art profane : dictionnaire d'un langage perdu (1450-1600), Droz, 1997, p. 168-169 (En ligne).