Craonne se prononce /krɑn/, et non /Krɑon/ »[1]. La prononciation fautive /krɑon/ s'est développée avec la Chanson de Craonne, où deux syllabes sont nécessaires.
Ses habitants sont appelés les Craonnais (pron. : /kranais/)[2].
Géographie
Localisation
Craonne est à mi-chemin entre Laon et Reims (à environ une trentaine de kilomètres par la route de chacune de ces villes).
Le village avant 1914 avait une forme triangulaire correspondant aux trois rues principales et il s'étendait sur les pentes du plateau du Chemin des Dames, prenant à cet endroit le nom de « plateau de Craonne ». Le nouveau village a été installé dans la vallée, au sud-ouest de l'ancien village.
La commune se trouve à 18,5 km au sud-est de la ville préfecture, Laon[3], à 118,7 km au sud-est d'Amiens[4], à 26,8 km au nord-ouest de Reims[5], et à 122,9 km au nord-est de la capitale, Paris[6].
la route départementale D 18CD (le « Chemin des Dames »), traversant le nord du territoire de Craonne d'ouest en est ;
la route départementale D 19, traversant l'est du territoire de Craonne du nord au sud.
Transports en commun
La gare la plus proche est celle de Guignicourt située à 17 km à l'est de Craonne. Cette gare est desservie par les trains du réseau régional TER Hauts-de-France et permet d'accéder aux gares de Laon ou de Reims en 20 minutes environ[7].
Hydrographie
Réseau hydrographique
La commune est située dans le bassin Seine-Normandie. Elle est drainée par l'Ailette, le ruisseau de Beaurepaire[8] et le cours d'eau 10 de la commune de Bouconville-Vauclair[9],[10],[Carte 1].
L'Ailette, d'une longueur de 59 km, prend sa source dans la commune de Sainte-Croix et se jette dans l'Oise (rive gauche) à Quierzy, après avoir traversé 36 communes[11].
Un plan d'eau complète le réseau hydrographique : le plan d'eau des Chevreux, d'une superficie totale de 0,7 ha (0,6 ha sur la commune)[Carte 1],[12].
Gestion et qualité des eaux
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Aisne Vesle Suippe ». Ce document de planification, dont le territoire s'étend sur 3 096 km2 répartis sur trois départements (Aisne, Marne et Ardennes) et deux régions (Champagne-Ardenne et Picardie), a été approuvé le 16 décembre 2013. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le Syndicat d'aménagement des bassins Aisne Vesle Suippe (SIABAVES)[13].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,4 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 15,6 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 724 mm, avec 12,3 jours de précipitations en janvier et 8,4 jours en juillet[14]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Martigny-Courpierre à 10 km à vol d'oiseau[16], est de 10,7 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 734,4 mm[17],[18]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[19].
Urbanisme
Typologie
Au , Craonne est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[20].
Elle est située hors unité urbaine[21]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Reims, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[21]. Cette aire, qui regroupe 294 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[22],[23].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (62,1 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (62,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (61,4 %), terres arables (23,5 %), zones agricoles hétérogènes (14,4 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (0,6 %)[24].
L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Grauhenna (IXe siècle) ; Croona (906) ; Crauna ; Craunna (911) ; Craubena (vers 991) ; Creunna (1090) ; Croana (1112) ; Chroonia (1145) ; Crauenna (1154) ; Villa de Craonna (1230) ; Craule-en-Laonnois (1359) ; Cranne (1651)[25].
Le nom serait issu du celtique Craon, « pierre », évoquant ainsi les carrières de calcaire du plateau.
La culture du raisin et du vin est très ancienne à Craonne. Les habitants payaient au prieur de Saint-Marcoul la dime du vin qui était un vingtième de leur récolte[réf. nécessaire].
Craonne au XIXe siècle
Le village de Craonne entre dans l'histoire nationale en 1814. C'est là que Napoléon Ier remporte une de ses dernières victoires : il parvient à repousser les troupes russes et prussiennes lors de la campagne de France. Cette bataille, lors de laquelle ont été engagées les Marie-Louise, fut particulièrement meurtrière : on compta 5 400 morts ou blessés.
Au XIXe siècle, le village situé sur les pentes du plateau du Chemin des Dames se consacre à l'agriculture et à la viticulture. Avec l'arrivée du train, les villageois délaissent la vigne pour se consacrer au maraîchage.
Sur le haut plateau surplombant la colline se trouvait un saloon américain appelé la Californie créé par Henry Vasnier associé des champagnes Pommery. En sus d'un service d'hôtellerie, d'un zoo, et d'un jardin exotique de plantes amérindiennes, l'endroit était connu pour être une maison de plaisir fréquentée par la bourgeoisie rémoise. Par la suite, le plateau prendra le nom de plateau de Californie[26]. Il est encore possible de découvrir des plantes exotiques ayant survécu à la Première Guerre mondiale.
Craonne lors de la Première Guerre mondiale
Le , la 5e armée française installe son quartier général juste à côté de la commune de Craonne, au château d'Hédouville, à Pontavert.
Le château de Craonne appartenait également à la famille de Hédouville, qui y installa un hôpital pour les blessés de guerre, avec des annexes dans certaines de ses autres propriétés de Craonne et de Corbeny.
Avec l'offensive Nivelle, le village fut entièrement rasé au printemps 1917 par les bombardements massifs : cinq millions d'obus sont tombés sur le Chemin des Dames entre le et . Les combats y sont terribles lors de cette offensive : la 1re division d'infanterie qui monte à l'assaut se trouve bloquée au niveau des caves de Craonne. Puis le , une seconde offensive est lancée par la 36e division d'infanterie qui aboutit à la reprise de Craonne et à la progression sur le plateau de Californie[27]. Après l'échec de cette offensive et les pertes graves subies, des pertes de plus de 130 000 hommes en dix jours, l'armée française doit faire face à de nombreux actes d'insoumission concernant plus de 150 unités : on parle alors de mutineries. La Chanson de Craonne associe le village à ces insoumissions et au pacifisme.
François Flameng, peintre officiel des armées françaises, a réalisé de nombreux croquis et dessins des événements sanglants qui s'y déroulèrent, et qui ont été publiés dans la revue L'Illustration.
La reconstruction
Après la guerre, la reconstruction du nouveau village se fit en contrebas du plateau de Californie, dans la plaine, sur un espace plus propice à une agriculture moderne. L'ancien village était situé en zone rouge, le village devait donc disparaître. En 1931, il a été recouvert par l'arborétum offert par la Suède ainsi que par des jardins de la paix[28]. C'est la ténacité de quelques villageois revenus à Craonne qui oblige les responsables politiques à reconstruire un village.
Retraitée de l'enseignement Réélue pour le mandat 2020-2026,[39],[40]
Services publics
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Population et société
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[41]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[42].
En 2021, la commune comptait 83 habitants[Note 3], en évolution de +3,75 % par rapport à 2015 (Aisne : −2,08 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Sur le plateau de Californie, se dressait Ils n'ont pas choisi leur sépulture, une œuvre monumentale de 1,6 tonne et quatre mètres de hauteur du sculpteur Haïm Kern, érigée à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'armistice de 1918 et inaugurée le par Lionel Jospin, alors premier ministre. Le son vol est constaté[50], seul son socle restant sur le site. Re-créée elle est inaugurée par François Hollande à la Caverne du Dragon le 17 avril 2017.
Entre le plateau de Californie et la Caverne du Dragon, sur le point le plus élevé du plateau, se trouvait un moulin, qui servit d'observatoire à Napoléon Ier, pour suivre et diriger les opérations de la bataille de Craonne le . La tour n'existe plus, tout comme le monument érigé en souvenir de la bataille, qui furent détruits pendant la Première Guerre mondiale. À sa place aujourd'hui une statue en pierre de l'Empereur, érigée par le comité de tourisme et l'union des St. de l'Aisne[Quoi ?] et inaugurée le par M. Michel Poniatowski, ministre d'État, ministre de l'Intérieur.
D'or au pal d'azur chargé d'une grappe de raisin surmonté d'une couronne et soutenue d'une gerbe de blé, le tout du champ, le pal accosté de deux épées de gueules chargées chacune d'un écusson de sinople, portant à dextre la date 1814 d'or et à senestre la date de 1914 du même[51].
Dans son discours du à Craonne, le Premier ministre de l'époque Lionel Jospin a souhaité que les soldats « fusillés pour l'exemple », « épuisés par des attaques condamnées à l'avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond », qui « refusèrent d'être des sacrifiés », victimes « d'une discipline dont la rigueur n'avait d'égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale »[52]. Dans le contexte de cohabitation, cette initiative fut critiquée par le président de la RépubliqueJacques Chirac[réf. nécessaire].
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Almanach historique administratif et commercial de la Marne de l'Aisne et des Ardennes, Matot-Braine, Reims, 1878, p241.
↑Almanach historique administratif et commercial de la Marne de l'Aisne et des Ardennes, Matot-Braine, Reims, 1879, p223.
↑« Retour sur ces communes qui ont créé la surprise lors des municipales : Plusieurs figures du Laonnois ont été reléguées au rang de l'opposition. Dans ces communes, le verdict des urnes a créé la surprise. Entre déception et incompréhension », L'Union, (lire en ligne)« À Craonne, Noël Genteur n'a pas obtenu suffisamment de voix pour être élu. Maire sortant, il n'obtient que 43,42 % des suffrages exprimés ».
↑« Portrait. À Craonne, Noël Genteur, veilleur de mémoire sur le Chemin des Dames : Maire de Craonne pendant plus de 12 ans, Noël Genteur a toujours milité pour la reconnaissance du chemin des Dames. Il était aux côtés de Lionel Jospin en 1998 lorsque le Premier ministre avait déclaré que les fusillés pour l'exemple -les mutins- "réintégraient pleinement notre mémoire nationale". », France 3 Hauts-de-France, 13/4/2017 mis à jour le 12/6/2020 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Geneviève Hermet, maire de Craonne, incertaine de repartir pour un second mandat : Craonne Devenue maire en 2017, Geneviève Hermet n'a encore rien décidé quant à son avenir de première magistrate », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Craonne 02160 », Résultats aux municipales 2020, sur lemonde.fr (consulté le ).