La devise olympique est la devise des Jeux olympiques modernes, composée depuis des quatre mots latins« Citius, Altius, Fortius – Communiter », dont la traduction officielle est « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble »[1].
La paternité de l'expression originelle est attribuée à Henri Didon, prêtredominicain[3],[4], proviseur du collège Albert-le-Grand d'Arcueil. En effet, le , lors d'un championnat de l'AAAG (Association athlétique Albert-le-Grand), il « a d'abord remis aux membres de l'Association un drapeau blanc et noir avec l'écusson du collège brodé au centre, et dans une éloquente allocution il a souhaité que ce drapeau les conduise “souvent à la victoire, à la lutte toujours”. Il a dit qu'il leur donnait pour devise ces trois mots qui sont le fondement et la raison d'être des sports athlétiques : citius, altius, fortius, “plus vite, plus haut, plus fort”. »[5],[6]
Pierre de Coubertin a fait la rencontre du père Henri Didon à l'occasion de l'organisation conjointe de jeux sportifs entre des adolescents de l'école publique et de l'école religieuse et c'est lors de cet évènement que le discours a été prononcé[7]. Les deux hommes deviennent très amis, le père dominicain devenant conseiller de Coubertin. Il est d'ailleurs présent aux Jeux olympiques d'Athènes en à la tête d'une délégation de ses élèves où il célèbre la première « messe olympique » de l'histoire devant 4 000 personnes.
Fait peu connu, Henri Didon a toutefois associé les mots dans un ordre différent : « Citius, fortius, altius »[8]. L'historien du sport Pierre Lagrue explique que ce prêtre donne à chacun de ces mots un sens spirituel, et altius est à comprendre comme une élévation de l'âme vers Dieu, résultant d'un travail sur l'esprit (symbolisé par citius) et le corps (symbolisé par fortius)[9]. Alors que la devise olympique est adoptée dans l'ordre défini par Henri Didon en , Pierre de Coubertin change l'ordre des mots eu égard à la neutralité laïque du sport[10],[11], après la mort de son ami[8].
Ces trois mots, Citius, Altius, Fortius, sont une invitation à donner le meilleur de soi-même et à vivre ce dépassement comme une victoire. Cheminer vers ses limites et tendre vers l'excellence ne veut pas nécessairement dire être le premier, et il faut rapprocher la devise olympique de cette autre phrase : « L'essentiel n'est pas de gagner mais de participer », principe repris à son compte par le baron Pierre de Coubertin à la suite du sermon d'Ethelbert Talbot(en), évêque de l'Église épiscopalienne des États-Unis dans le diocèse de Pennsylvanie(en), lors de la messe olympique des Jeux de Londres en rappelant en ces termes : « l'important, dans ces olympiades, c'est moins d'y gagner que d'y prendre part ».
Le , la 138e session du CIO réunie à Tokyo, quelques jours avant l'ouverture dans cette ville des XXXIIe Jeux d'été, approuve une modification de la devise olympique qui devient : « Citius, Altius, Fortius – Communiter ». Sa traduction dans les deux langues officielles du CIO est en français« Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble » et en anglais« Faster, Higher, Stronger – Together »[2],[1].
Polémique
La devise originale a été associée au culte de la performance et à la course au dopage[13], raison pour laquelle le CIO a décidé de rajouter le mot « communiter », issu du terme latincommunis signifiant « ensemble » en français. Selon plusieurs latinistes, dont les professeurs italiens Giorgio Piras et Mario De Nonno, le mot « communiter » est mal employé et constitue une erreur sémantique, car le concept d'agir ensemble n'est pas communiqué de façon approprié par « communis » ni par « communiter », ce à quoi De Nonno ajoute la suggestion de plutôt employer « una », signifiant « unis »[14],[15].
↑Cité par Simone Hoffmane (sous la dir. de Louis Girard), La carrière du père Didon, dominicain (–) (thèse de doctorat d'État ès lettres, Paris-IV, no 1985PA040011), , VI-1364 p. (SUDOC012870226), p. 926, elle-même citée par Lochmann 1998, p. 95.
↑Pour mieux connaitre l'histoire voir : Alain Arvin-Berod (préf. Juan Antonio Samaranch), Les Enfants d'Olympie : –, Paris, Cerf, coll. « L'histoire à vif », , 254 p. (ISBN2-204-05341-4) ; ou encore Jean-Luc Ferre, « Atlanta 96 », La Croix, , p. 19.
↑Christèle Dedebant, « Pierre de Coubertin : L'ombre et la flamme », Géo Histoire, no 73 « Jeux olympiques - Quand le sport rencontre l'histoire », , p. 32–41.
Michaela Lochmann, « Les fondements pédagogiques de la devise olympique „citius, altius, fortius” », dans Norbert Müller (dir.), Coubertin et l'Olympisme : Questions pour l'avenir, Le Havre, – (rapport du congrès à l'Université du Havre, – ), Lausanne, Comité international Pierre de Coubertin (CIPC), , 303 p. (ISBN3-88500-290-6, 2-9513212-0-1 et 0-9587079-5-2, lire en ligne), p. 92–99.