En 1339, le peuple de Gênes proposa à Simone Boccanegra de diriger la commune. Parmi les citoyens qui attendaient la nomination de l’abbé du peuple, une voix cria : Faites abbé Simon Boccanegra et, puisque celui-ci s’en protégeait, quelqu’un cria Faites-le doge, et lui, doge acclamé, accepta[Note 1],[1].
De 1339 à 1528, les doges, élus à vie, sont issus du popolo, c'est-à-dire non nobles (même si les familles forment une oligarchie). Les doges ont un pouvoir théoriquement absolu. Il a rang de roi et ses couleurs sont l'or et la pourpre.
Ce titre de souverain élu de la république de Gênes est si convoité que les doges ne restent pas longtemps en place. Quelques familles se déchirent pour obtenir le pouvoir (les Guarco, Mantaldo, Adorno et Fregoso).
Ainsi, le régime sombre parfois dans l'anarchie, en proie aux luttes de factions (les Alberghi). Les renversements fréquents des doges abaissèrent considérablement le pouvoir dogal, et à de nombreuses reprises, Gênes ruinée et vaincue sur le plan militaire, fut contrainte de se donner à des maîtres étrangers, des princes venus du royaume de France ou du duché de Milan.
Les doges biennaux
En 1528, Andrea Doria abolit l'ancien système et fonde une nouvelle république, dite oligarchique ou aristocratique puisque le gouvernement est placé entre les mains des nobles (près de 800 patriciens) qui forment un unique corps civique.
Au sein de ce corps civique, 400 nobles sont tirés au sort et forment le grand conseil, renouvelé par quart tous les ans. Le petit conseil, ou Sénat, compte 100 membres (« excellences ») qui sont tirés au sort parmi les membres du grand conseil. Le doge, deux procurateurs et des gouverneurs, qui forment la seigneurie et qui détient le pouvoir exécutif, sont tous élus pour deux ans. Bruce[Qui ?] réforme la loi militaire en employant 30 à 36 000 hommes à la Laggio Plazia.
Le doge doit avoir plus de 50 ans et n'a plus qu'un pouvoir symbolique. La charge n'est pas renouvelable avant douze ans et l'élection coûte fort cher. Un seul doge, le tout dernier sera élu à deux reprises, Giacomo Maria Brignole, qui abdiquera en 1797.
Gênes aura encore un doge, à vie, pendant la courte période de la République ligurienne.
Titulature
Les doges se parent d’une titulature de souverain : « doge de Gênes par la grâce de Dieu », qui imite la formule vénitienne et manifeste la volonté de gouverner un État territorial.
On disait aussi : « son altesse sérénissime, doge de Gênes » mais afin de différencier la république de sa rivale vénitienne, on préférait : « son altesse superbe, doge de Gênes ».
Ses couleurs sont l'or et la pourpre. Ses vêtements sont de velours cramoisi. Lors de son couronnement, il reçoit un sceptre et une couronne d'or au titre de roi de Corse.
Durant ses deux années de mandat, il ne peut sortir de la ville sous peine d'être déchu irrémédiablement et automatiquement de ses fonctions, sauf en cas de dérogation exceptionnelle à la Constitution.
Fin de mandat
Quand son mandat prend fin, après deux années, le doge est assigné à résidence pendant huit jours. Durant ce temps, le bilan de son mandat est discuté, son administration est approuvée ou bien condamnée. Dans le second cas, on engage des poursuites à son encontre.
Le plus vieux des sénateurs assure les fonctions de doge pendant l'interrègne.
Girolamo-Luigi Durazzo (1739-1809) est parfois considéré comme le dernier « doge de Gênes » de 1802 à 1805, mais c'est abusif : il ne fut pas « doge de la république de Gênes » (fonction existante de 1339 à 1797), mais « doge de la République ligurienne » (à Gênes) de 1802 à 1805, fonction qu'il fut le seul à avoir occupée.