« Quand nous sommes arrivés à la gare de Birkenau dans la soirée du 15 avril [1944], nous sommes tous descendus des trains. Un S.S., qui était là demanda si quelqu'un parlait français et allemand. J'ai dit moi, car j'étais une autrichienne vivant en France et parlant les deux langues. Le S.S. me dit de demander à toutes les femmes leur âge, en particulier celles des trois derniers wagons. J'ai fait l'interprète, demandant à toutes les femmes des trois derniers wagons leur âge. C'est alors que j'ai réalisé qu'il y avait un groupe d'environ trente enfants dans le dernier wagon, accompagnés par plusieurs femmes. Ces enfants n'étaient pas avec leurs familles, mais un groupe d'enfants escortés. Le S.S. me dit demander aux escortes si elles étaient les parents de ces enfants. Elles ont toutes répondu, « Non, mais nous sommes pratiquement leurs mères adoptives ». J'ai traduis cette phrase en allemand, et le S.S. m'a dit de demander aux femmes si elles voulaient rester avec les enfants. J'ai alors demandé, « Voulez-vous rester avec ces enfants ? » Elles ont répondu : « Bien sûr ». Le S.S. leur dit alors d'embarquer sur les camions avec les enfants, ajoutant, « Vous arriverez là-bas plus rapidement ». Ils sont tous montés dans les camions, et je ne les ais plus revus[2],[3]. »
Au tribunal, Edith Klebinder parle avec émotion. Elle pensait à son arrivée à Auschwitz que c'était un camp de travail, sans réaliser que la grande majorité de ceux non-sélectionnés pour le travail était conduit directement aux chambres à gaz. Elle se demandait ce qu'il était advenu des enfants. Elle interroge plusieurs personnes, qui la regardent comme si elle était folle. Finalement, une femme lui dit : « Tu n'as pas vu les cheminées[9]. »