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Effet Barnum

L'effet Barnum vient de l'homme de cirque Phineas Taylor Barnum, célèbre pour ses talents de manipulateur

L’effet Barnum, « effet Forer », « effet de validation subjective » ou « effet de validation personnelle », ou encore « effet puits », est un biais cognitif induisant toute personne à accepter une vague description de la personnalité comme s'appliquant spécifiquement à elle-même[1].

Origine du nom

En 1956, Paul E. Meehl invente le nom d'« effet Barnum » pour baptiser le biais cognitif théorisé quelques années plus tôt par le psychologue Bertram Forer[2]. Cette appellation s'appuie sur un article inédit du psychologue américain Donald G. Paterson[3] au sujet des « descriptions de la personnalité à la manière de P. T. Barnum », faisant référence au directeur de cirque Phineas Taylor Barnum[4].

Histoire

En 1948, le psychologue Bertram Forer soumet ses étudiants à un test de personnalité. Comme analyse personnalisée, il n'utilise pas les résultats du test, mais remet à chacun la même description construite à partir d'un recueil d'horoscopes[5] :

« Vous avez besoin d'être aimé et admiré, et pourtant vous êtes critique avec vous-même. Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser. Vous avez un potentiel considérable que vous n'avez pas encore utilisé à votre avantage. À l'extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à l'intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même. Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou fait ce qu'il fallait. Vous préférez une certaine dose de changement et de variété, et devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations. Vous vous flattez d'être un esprit indépendant ; et vous n'acceptez l'opinion d'autrui que dûment démontrée. Vous avez trouvé qu'il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres. Par moments vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu'à d'autres moments vous êtes introverti, circonspect et réservé. Certaines de vos aspirations tendent à être assez irréalistes[5]. »

Il demande ensuite à chaque étudiant de noter la pertinence de l'évaluation de sa personnalité sur une échelle de 0 (médiocre) à 5 (excellent). La moyenne a été de 4,26. Reconduite, l'expérience donne des résultats similaires[5].

Les psychologues Dickson et Kelly poursuivent ensuite les recherches sur cet effet, faisant notamment ressortir que l'évaluation de la pertinence augmente selon différents facteurs, notamment[6] :

  • la persuasion du sujet que l'analyse s'appliquait à lui seul ;
  • la reconnaissance par le sujet d'une autorité de l'évaluateur ;
  • la présence dans l'analyse de traits majoritairement positifs.

Henri Broch, qui le nomme « effet puits », le pratique sur ses étudiants en utilisant le texte suivant[7] :

« Vous avez besoin que les autres personnes vous aiment et vous admirent mais vous êtes tout de même apte à être critique envers vous même. Bien que vous ayez quelques faiblesses de caractère, vous êtes généralement capable de les compenser. Vous possédez de considérables capacités non employées que vous n'avez pas utilisées à votre avantage. Quelques-unes de vos aspirations ont tendance à être assez irréalistes. Discipliné et faisant preuve de self-control extérieurement, vous avez tendance à être soucieux et incertain intérieurement. Quelquefois vous avez même de sérieux doutes quant à savoir si vous avez pris la bonne décision. Vous préférez un petit peu de changement et de variété et êtes insatisfait lorsque vous êtes bloqué par des restrictions ou des limitations. Parfois vous êtes extraverti, affable et sociable alors que d'autres fois vous êtes introverti, prudent et réservé. Vous êtes également fier de vous-même en tant que penseur indépendant et n'acceptez pas les déclarations des autres sans preuve satisfaisante. Vous trouvez imprudent d'être trop franc en vous révélant vous-même aux autres. »

La détection d'un tel effet (et d'autres semblables) est pour lui une des armes majeures de la zététique, qui combat les pseudo-sciences[8].

Applications

L'effet Barnum peut s'appliquer notamment dans le cadre :

Notes et références

  1. Ciccotti 2008.
  2. Paul E. Meehl, « Wanted—A Good Cookbook », American Psychologist, 1956, 11, 263–272. #039 [lire en ligne].
  3. Paterson, D. G. Character reading at sight of Mr. X according to the system of Mr. P. T. Barnum (miméographe, non publié.)
  4. (en) « Barnum effect », sur Oxford Reference (DOI 10.1093/oi/authority.20110810104425651, consulté le )
  5. a b et c Forer 1949.
  6. Dickson et Kelly 1985.
  7. Georges Charpak et Henri Broch, Devenez sorciers, devenez savants, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-1093-0, lire en ligne).
  8. « épisode Pilote : Un peu de méthode (Introduction à la zététique) », sur la chaîne YouTube La Tronche en Biais (consulté le ).
  9. La phrase-clé « je vous ai compris » du discours du de Charles de Gaulle à Alger est un bon exemple. Sur le moment, le discours a donné un fort sentiment de soutien à tous ses auditeurs musulmans, européens et juifs qui ont fraternisé. Plus tard, certains historiens soulignent que la phrase était ambiguë.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Bertram R. Forer, « The fallacy of personal validation: A classroom demonstration of gullibility », Journal of Abnormal and Social Psychology, vol. 44,‎ , p. 118-123.
  • (en) R. E. Ulrich, T. J. Stachnik et S. R. Stainton, « Student acceptance of generalized personality interpretations », Psychological Reports (en), vol. 13,‎ , p. 831-834.
  • (en) D. H. Dickson et I. W. Kelly, « The 'Barnum Effect' in Personality Assessment: A Review of the Literature », Psychological Reports (en), vol. 57,‎ , p. 367-382.
  • Serge Ciccotti, « L’Effet Barnum », Revue électronique de psychologie sociale, no 2,‎ , p. 27-31 (lire en ligne [PDF]).

Liens externes

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