Emmanuel Petit fait ses premières armes dans sa Normandie natale dans le club de l'ES Arques-la-Bataille. Retenu logiquement dans la sélection minime de la Ligue de Normandie, il porte le numéro 10 de meneur de jeu mais doit évoluer comme libéro pour compenser la blessure d'un coéquipier. Il déclare plus tard : « Peut-être qu'en restant au milieu de terrain je ne me serais pas fait remarquer »[1].
AS Monaco
Petit rejoint le centre de formation de l'AS Monaco (ASM) en 1985 en cadet première année après avoir évolué avec l'équipe première de l'ES Coutances à seulement 13 ans. Il inscrit durant son unique saison
la bagatelle de 18 buts ainsi que 36 passes décisives. Ce qui fait de lui le plus jeune joueur à évoluer chez les seniors. De plus ces statistiques aussi précoces font grand bruit autant dans les médias français qu'étrangers. La BBC annonce même une somme de 4 millions de livres d'un grand club anglais. Ce qui est à l'époque une somme colossale. Cependant, il choisit d'intégrer à la surprise générale le centre de formation de l'AS Monaco. À son arrivée en cadet première année, il connaît un passage à vide et une adaptation délicate l'écartent dans un premier temps de l'équipe de France cadets. Un flottement de courte durée qui ne l'empêche pas de retrouver la sélection juniors. Le passage obligatoire par l'équipe réserve et la troisième division s'étant révélé positif, l'élève de Pierre Tournier, directeur du centre, est intégré dans l'effectif professionnel par Arsène Wenger. Les 1er et 15 mars 1989, il est sur le banc des remplaçants pour le match contre Galatasaray, en quart de finale de la Coupe des clubs champions européens 1988-1989[2],[3]. Le 18 mars 1989, alors que l'équipe première de l'ASM croule sous les blessés, Emmanuel Petit joue son premier match professionnel à Sochaux (victoire 2 à 1). Il joue ensuite à plusieurs postes en fonction des besoins. Pour la saison 1989-1990, Petit joue en tant que stagiaire pour la troisième saison consécutive. Il se stabilise pourtant dans l'équipe première, se fixe au poste de défenseur central, associé à Roger Mendy, et est remarqué par Michel Platini, sélectionneur de l'équipe de France[1].
En 1997, douze ans après être arrivé à Monaco, il remporte enfin le championnat aux côtés de Fabien Barthez et Sonny Anderson. Il décide alors de franchir un palier et quitte le championnat de France pour l'Angleterre, où son ancien mentor Arsène Wenger lui demande de le rejoindre à Arsenal.
Petit retrouve donc son ancien entraîneur, à Arsenal. Sa résurrection coïncide avec son arrivée en Angleterre. À Monaco, il évolue dans un rôle restreint match après match alors qu'il pense pouvoir apporter beaucoup plus. À Arsenal, il évolue au milieu de terrain avec un double rôle : défensif puis de premier relanceur voire de buteur. Sa première saison est récompensée par un doublé Cup-Premier League et lui permet d'être sélectionné pour participer à la Coupe du monde en France[4].
Fin de carrière
Petit s'engage avec le FC Barcelone à l'été 2000[5]. Avec d'autres joueurs étrangers, il est frappé d'ostracisme par un groupe de joueurs catalans[6].
En juin 2001, après seulement une saison à Barcelone, il retourne en Angleterre et signe un contrat de trois ans avec Chelsea[7]. Il se refait une santé chez les Blues, formant un duo de milieu défensif exceptionnel avec Frank Lampard. Rongé par des blessures au genou, il finira par rompre son contrat en 2004. Ayant subi une autre intervention chirurgicale, il décide finalement d'arrêter le football le , à l'âge de 34 ans[8].
En équipe de France
Alors qu'il s'impose à l'AS Monaco lors de la saison 1989-1990, Emmanuel Petit est remarqué par Michel Platini, sélectionneur de l'équipe de France[1]. Un an plus tard, grâce à une fulgurante adaptation, il obtient sa première sélection en équipe de France, le 15 août 1990, face à la Pologne (0-0)[9],[10]. Il obtient quelques autres sélections en équipe de France et fait partie des 20 retenus pour l'Euro 92 en Suède[11] mais ne disputera aucun des trois matchs[12].
Après la non-qualification de la France pour le Mondial 1994 et le fameux France-Bulgarie auquel il participe, Emmanuel Petit est retenu par Aimé Jacquet pour participer à la Coupe Kirin 1994 et joue contre l'Australie. Il doit ensuite attendre deux ans avant de faire son retour avec les Bleus lors d'un match amical contre la Grèce en février 1996[13]. Malgré ce retour, il n'est pas retenu pour l'Euro 1996. Pendant longtemps, les Français ont le sentiment qu'il peut apporter plus[4].
Auréolé d'un titre de champion d'Angleterre, il parvient à décrocher une place dans la sélection française pour la Coupe du monde 1998 grâce à sa polyvalence[14]. Il est la révélation française de ce Mondial. Titulaire de dernière minute, Petit s'épanouit tout au long de la compétition. Tactiquement, techniquement et physiquement au point, il n'a aucun déchet dans son jeu. Il inscrit même ses deux premiers buts en bleu durant la compétition[15]. Il marque son premier but lors du dernier match de groupe, face au Danemark à la 56e minute, en dehors de la surface de réparation, alors qu'il récupère le ballon après un corner, permettant ainsi à l'équipe de France de mener 2 buts à 1 puis de remporter sa troisième victoire en trois matches. Lors de la finale face au Brésil remportée par les Bleus, il tire le corner sur le premier but de Zinédine Zidane, et marque le 3e but (son 2e dans cette coupe du monde et le 1000e de l'Histoire de l'équipe de France) sur la dernière action du match, concertée avec Christophe Dugarry, lequel récupère le ballon à la suite d'un corner manqué du Brésil, et Patrick Vieira dans le temps additionnel. Après une passe décisive de Vieira, et alors que le gardien de but brésilien Cláudio Taffarel vient au devant de lui, il effectue une frappe en douceur et le ballon termine sa course dans le petit filet. Durant cette finale, il fut pour Aimé Jacquet « le meilleur ».
L'Euro 2000 sera plus compliqué pour lui. Titulaire sur les 2 premiers matchs, il perd sa place au profit de Patrick Vieira, jusqu'à la demi-finale où il effectue son retour à la faveur d'une tactique à 3 milieux récupérateurs. Il remporte toutefois la compétition avec les Bleus face à l'Italie en finale (qu'il ne dispute pas).
Il révèle lors d'une interview en juin 2020 qu'il était atteint de paludisme durant la compétition[16].
Après deux ans de matchs amicaux (l'équipe de France étant championne du monde en titre et donc directement qualifiée), il est appelé pour participer à la Coupe du monde 2002[17], où la France sera éliminée dès le premier tour.
Longtemps perturbé par des blessures durant la saison 2002-2003, Petit ne dispute que trois matchs avec les Bleus durant cet exercice. Alors que son retour avec Chelsea se fait progressivement en septembre 2003, le champion du monde 98 annonce sa retraite internationale, prenant son entourage à contre pied. Il critique à cette occasion la gestion des Bleus par Jacques Santini. Celui qui est alors le plus ancien des Bleus en activité s'arrête à 63 sélections et 6 buts internationaux[18].
Sa dernière sélection a eu lieu le 12 février 2003 contre la République tchèque (défaite 2-0). Pour l'anecdote, le gardien Ulrich Ramé honorera également sa dernière sélection au cours de ce match.
Le 8 septembre 2003, lors d'une interview au journal L'Équipe, il annonce prendre sa retraite internationale[19].
En mars 2008, il publie un livre intitulé À fleur de peau (coécrit avec Jérôme Le Fauconnier) dans lequel il s'en prend notamment à l'Olympique de Marseille (« Je pense que Monaco et Paris ont été privés de deux ou trois titres de champions à une époque où (Marseille) dominait les autres en appliquant des méthodes un peu troubles ») ainsi qu'à Zinédine Zidane (« Pour Zidane, on est différents. On n'a rien à se dire. On ne peut pas prétendre aider ceux qui en ont besoin tout en servant la cause des grands patrons qui réalisent des bénéfices records sans les redistribuer »)[20].
L'Équipe TV fait appel à lui pour l'Euro 2008. En 2008, il devient consultant pour France Télévisions où il participe à l'émission de pronostics sportifs Le Match des experts sur France 3 et commente les matchs de Cup anglaise, de Coupe de France et de Coupe de la Ligue. Il quitte les chaînes du service public en 2016[21]. Parallèlement, il est consultant pour les médias de L'Équipe : il tient une chronique sur le site internet, intervient après les matchs internationaux sur L'Équipe TV et est régulièrement présent sur le plateau de l'émission L'Équipe du Soir.
Pendant la Coupe du monde 2010, Emmanuel Petit co-anime avec le journaliste Laurent Luyat le plateau avant, à la mi-temps et à la fin de chaque match retransmis par France Télévisions.
Le 21 juin 2010, à la suite des affaires et rebondissements touchant l'équipe de France, il revient sur la problématique concernant Zinédine Zidane à l'occasion de son coup de tête porté sur le défenseur italien Marco Materazzi lors de la finale de la Coupe du monde 2006. Selon lui, le fait que ce geste ait été « excusé » par le Président de la République de l'époque, Jacques Chirac, ne peut avoir de répercussion positive sur l'attitude des joueurs de football, référence faite aux insultes proférées par Nicolas Anelka à l'encontre de Raymond Domenech à la mi-temps du match France - Mexique. Il quitte ensuite le plateau de France 2 passablement énervé par plusieurs éléments dont l'intervention de la ministre des sports, Roselyne Bachelot auprès des joueurs de l'équipe de France, estimant que tout ceci arrive trop tard.
Durant la Coupe du monde 2014, il est consultant pour la chaîne I24news où, avec Sidney Govou, il analyse les matches en plateau.
Il s'engage avec SFR Groupe peu avant l'Euro 2016. Pour cette compétition, il intervient sur RMC et BFM TV. Il collabore ensuite avec la nouvelle chaîne SFR Sport 1 qui dispose des droits de diffusion en France du championnat anglais[23]. Il participe notamment aux émissions Half Time sur SFR Sport 1 et Team Duga et Manu & Coach diffusées sur RMC.
Style de jeu
Jeune, Emmanuel Petit est repéré par l'AS Monaco comme libéro alors qu'il joue habituellement meneur de jeu. Lorsqu'il fait ses premiers pas avec l'équipe première de l'ASM, Petit joue à différents postes en fonction des besoins. En décembre 1989, il déclare que « c'est dans l'axe défensif central comme libéro ou stoppeur, ou à défaut comme milieu [qu'il est] le plus à l'aise ». Lors de la saison 1989-1990, Arsène Wenger le fixe à ce poste d'arrière central. Alors qu'il est associé à Roger Mendy, ses performances sont remarquées par Michel Platini, sélectionneur de l'équipe de France, qui lui prédit lui aussi un meilleur avenir au poste de stoppeur[1].
En décembre 1989, Arsène Wenger, son entraîneur à Monaco, déclare : « après avoir sondé ses possibilités, il en ressort que son avenir se situe en défense centrale. C'est là que s'expriment le mieux ses qualités : bon placement et sens tactique, relance précise de gaucher, vitesse de course intéressante et jeu de tête au-dessus de la moyenne »[1].
« On se souviendra longtemps de ses coups de gueule, mais plus encore de sa radieuse activité, patte gauche, au service de la collectivité. » (France Football, sur Emmanuel Petit, 20 décembre 2005)
« Les gens n'aiment pas Thierry Henry, affirme-t-il. En Angleterre, il a une statue. Cela veut dire beaucoup de choses. Il est adulé là-bas, ça vous dérange ? Alors regardez ailleurs. Cela me fatigue. Que peut-on reprocher à Thierry Henry ? Sa main contre l'Irlande ? Il a aidé à la qualification en Coupe du monde. La France est hypocrite et lâche. Parfois, je me dis qu'en ayant été envahis par les Allemands, on serait mieux dirigés aujourd'hui. »[28]
« Quand Brandão prend un mois de prison pour un coup de tête, Cahuzac est encore en liberté, Thévenoud siège toujours à l’Assemblée nationale. Et on ne parle que de ceux qui ont été pris la main dans le sac. »[27]
Sur Zinédine Zidane, son coéquipier en équipe nationale : « En équipe de France, on ne s'est pratiquement jamais parlé. Je ne cherche pas à l'égratigner. Je lui reproche de ne pas prendre position sur des sujets de société. Quand les banlieues brûlaient, un mec comme Thuram a eu le courage de parler, pas Zidane. Ce que je lui reproche surtout, c'est d'être trop proche des grands patrons français. »[31]
Sponsoring
Emmanuel Petit a souvent été sollicité par des marques pour être leur égérie ou apparaître dans des publicités. Après la Coupe du monde 1998, les retombées ont été immédiates. Opel fait appel au footballeur en septembre 1998 pour sa campagne Corsa[32]. Il figure également sur la jaquette française du jeu vidéo FIFA 2000[33]. C’est ensuite au tour de "Tuc" (les gâteaux) de solliciter Emmanuel Petit en 1999[34], d’ASSU 2000[35], puis de L’Oréal[36] et de Pepsi en 2002[37]. Le 31 mai 2016 Emmanuel Petit a signé un contrat avec la plateforme de trading en ligne UFX.com pour devenir l'ambassadeur de marque français de l'entreprise. Il apparaît dans les campagnes en ligne et télévisées d'UFX, Trader comme des Pros , aux côtés de l'ambassadeur de marque britannique et ancien joueur de rugby, Mike Tindall.
Emmanuel Petit s'est engagé aux côtés de la Fondation du Sport pour lutter contre l'obésité chez les jeunes. Plus précisément il a tourné dans un film court de "Bien Manger, C'est Bien Joué !" un programme d'éducation nutritionnelle et de sensibilisation à l'importance de l'activité physique pour les enfants et conçu par la Fondation du Sport.
Depuis décembre 2012, il est membre du conseil de surveillance du FC Rouen.
Emmanuel Petit est également le parrain de l'Association Huntington France, qui "œuvre pour soutenir les personnes touchées par la maladie de Huntington et leurs familles, informer le corps médical et paramédical, sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics, contribuer à la recherche. La maladie de Huntington est une maladie génétique neurodégénérative héréditaire pour laquelle il n’existe à ce jour aucun traitement curatif."[38]