Les parents de Fatih Akin sont des immigrés turcs, originaires de la région de Trabzon, qui se sont installés en Allemagne au milieu des années 1960. Son père arrive en 1965 et travaille dans une entreprise de nettoyage de tapis. Sa mère, institutrice en Turquie, le suit trois ans plus tard. Elle travaille d'abord comme femme de ménage, avant de repasser un concours d'institutrice en Allemagne pour travailler dans une école primaire.
Fatih Akin grandit dans un quartier multiculturel d'Altona, à Hambourg. Il a un frère, Cem Akin, de trois ans son aîné, à qui il confie souvent des rôles dans ses films (notamment celui du frère de Sibel dans Head-On).
Son intérêt précoce pour le cinéma est entre autres éveillé par le projecteur Super 8 de son cousin, avec lequel ils passent notamment une bobine de quinze minutes de La Fureur de vaincre avec Bruce Lee. Il dit avoir été durablement impressionné par le visionnage de cette pellicule, et son rembobinage à l'envers, qu'il finissait par connaître par cœur[1],[2]. À l'école, Fatih Akin joue dans des pièces de théâtre, tourne des petits essais avec la caméra du club du lycée et commence à écrire des nouvelles et des scénarios.
Carrière cinématographique
Fin 1993, alors qu'il effectue sa dernière année de lycée, Fatih Akin envoie le scénario de L'Engrenage à la société de production hambourgeoise Wüste Film[2]. À l'époque, il se croit trop jeune pour la réalisation et pense plutôt devenir acteur[3]. Il compte y parvenir en écrivant un scénario et en jouant le premier rôle, un peu comme l'avait fait Sylvester Stallone avec le film Rocky[1].
Les producteurs sont intéressés par le scénario et l'enthousiasme du lycéen[3]. Ils lui conseillent de présenter sa candidature à l'école des beaux-arts de Hambourg, la Hochschule für bildende Künste, qui lui apportera une formation théorique sur le cinéma. En parallèle, la société de production projette de lui permettre de réaliser un premier court-métrage, et il obtient aussi divers petits emplois sur des tournages, ainsi que des petits rôles dans des productions télévisées.
Ses deux premiers courts métrages, Sensin - du bist es! (1995) et Getürkt[4] (1996), dans lesquels il joue aussi le premier rôle, sont couronnés par quatre récompenses.
En 1998, il achève son premier long métrage, L'Engrenage (Kurz und schmerzlos), qui est positivement remarqué en Allemagne, et remporte des prix dans divers petits festivals européens.
En 2000 sort son second long métrage, le road-movie européen Julie en juillet (Im Juli), avec Moritz Bleibtreu dans le rôle principal.
L'immigration est un thème cher à Fatih Akin, qu'il traite dans ses films suivants. Dans le cadre d'une série documentaire sur l'Allemagne, Denk ich an Deutschland, il tourne un documentaire autobiographique intitulé Wir haben vergessen zurückzukehren[5] (2001).
Il réalise Solino (2002), l'histoire de deux frères italiens immigrés avec leurs parents en Allemagne. Il coécrit le scénario de Kebab Connection (2005).
Fatih Akin considère les films Head-On et De l'autre côté comme faisant partie d'une trilogie sur l'amour, la mort et le mal. Il achève cette trilogie avec le film The Cut, sorti fin 2014.
Fatih Akin est marié depuis 2004 avec Monique Obermüller, qu'il a rencontrée dans les années 1990 et qui a fait quelques apparitions dans ses films. Elle s'est occupée aussi du casting des films Soul Kitchen et De l'autre côté. Ils ont un fils, né en 2005.
Stavroula Kefallonitis, « La langue de l'identité en question chez Hérodote d'Halicarnasse, Petros Markaris et Fatih Akin », dans Y. Clavaron, J. Dutel et C. Lévy (éds), L'Étrangeté des langues, Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne, p. 35-45.