FaustFaust est à la fois un personnage historique (Georg Faust) ayant vécu en Allemagne dans la première moitié du XVIe siècle — le protagoniste (rebaptisé Johann Faust) d'un récit fabuleux et édifiant qui parut à Francfort en 1587 et obtint un succès considérable dans le monde germanique et en Europe, non sans susciter la curiosité et les interrogations des lettrés — et la figure d'un mythe moderne illustré en premier lieu par Goethe. La plus célèbre des versions de la légende, celle que, sur la base du Faustbuch de 1587, Goethe élabora dans ses deux Faust successifs (1808 et 1832), raconte le destin d'un savant nommé Johann Faust. Celui-ci, déçu par l'aporie à laquelle le condamne sa science, se tourne vers le diable, qui charge alors un de ses Esprits, nommé Méphistophélès chez Goethe, de lui transmettre sa proposition : le démon promet à Faust, si celui-ci donne son accord par un pacte écrit, une seconde vie, où il pourra posséder toutes les connaissances, mais aussi accéder à tous les plaisirs sensibles ; après quoi il laissera son âme à la disposition du diable. Dans la plupart des versions populaires du récit, l’âme de Faust est damnée après sa mort, qui suit une longue période (24 ans, précisent certains textes) durant laquelle le démon a exaucé la plupart de ses vœux. OriginesLa préhistoire de la légende de Faust se situe dans l'antiquité gréco-latine. On en trouve les premiers linéaments avec le personnage néotestamentaire (Actes des Apôtres, 8, 9-24) et surtout hagiographique (Actus Petri cum Simone, BHL 6656 ; « roman pseudo-clémentin » [1]) de Simon le Magicien[2], puis, aux IVe – Ve siècles, avec la figure déjà fortement légendaire de Cyprien, le magicien repenti qui devient évêque et martyr[3]. Il est clair que le souvenir de Simon le Magicien hantait l'esprit des hommes du XVIe siècle qui parlèrent du Georg Faust historique. Toutefois, le personnage fictif de Johann Faust, même s'il conserve des traits « simoniens », a pour caractéristique fondamentale un très explicite pacte diabolique couché par écrit qui est absent de la légende de Simon, mais figure dans deux récits hagiographiques byzantins des VIe – VIIe siècles et leurs dérivés latins ou vernaculaires. Le premier de ces deux contes pieux, le « Récit d'Helladius » [BHG 253], se trouve dans la Vie de saint Basile du pseudo-Amphiloque d'Iconium, peut-être composée au VIe siècle. On y voit le serviteur du noble Protérius tomber amoureux de la fille de son maître et, pour la séduire, s'adresser à un démon, lequel lui fait signer un pacte où il renie le Christ ; la manœuvre manque de peu de réussir, mais la jeune fille, dans un sursaut, a recours au saint évêque Basile. Celui-ci parvient à vaincre le démon et à exorciser le serviteur de Protérius ; il récupère et déchire le contrat. Le serviteur fait pénitence et la jeune fille devient religieuse[4]. Le second proto-récit grec, la Pénitence de Théophile, est une légende mariale ayant pour héros un nommé Théophile, économe de l'église d'Adana. Clerc consciencieux, Théophile est calomnié par des envieux ; son évêque, crédule, le révoque. Dans son amertume, l'ex-économe s'adresse à un Juif, qui le met alors en rapport avec « son maître » Satan. Le diable promet à Théophile qu'il lui fera obtenir ce qu'il veut, à la condition qu'il écrive et signe un document où il renie le Christ et la Vierge Marie. Théophile accepte le marché et signe le contrat. Mais il est bientôt saisi de remords. Il se lamente et jeûne quarante jours, puis se rend à l'église de la Théotokos, où il prie et implore la Mère de Dieu. Celle-ci agrée sa prière et obtient de son Fils qu'il pardonne au renégat repentant. À son réveil, Théophile découvre, posé sur sa poitrine, le document maudit. Il va trouver l'évêque, lui raconte tout et lui montre le contrat. L'évêque prononce devant ses ouailles un sermon sur l'édifiante aventure, et il brûle, sous les yeux de tous, le texte infernal. Théophile fait pénitence et bientôt rend pieusement son âme au Seigneur, après avoir légué tous ses biens à l'Église. La version longue [BHG 1320-1321] de la Pénitence de Théophile[5], qui date peut-être du milieu du VIIe siècle et dont le rédacteur se donne le nom d'Eutychianos, se dit originaire d'Adana et se présente mensongèrement comme contemporain des faits, fut traduite en latin, et cette version latine fut à son tour adaptée en français, d'abord par Gautier de Coinci dans ses Miracles de Notre Dame (premier tiers du XIIIe siècle), puis par Rutebeuf dans Le Miracle de Théophile (rédigé vers 1260), avant d'être l'objet d'une nouvelle adaptation latine dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine[6]. Le vrai Faust, prénommé GeorgLa première phase moderne de l'histoire de Faust, déjà centrée sur un personnage qui porte ce nom, consiste en un ensemble de récits et de témoignages plus ou moins dignes de foi concernant un célèbre diseur de bonne aventure, astrologue et magicien allemand, Georg Faust[7], né à Knittlingen vers 1480 et mort vers 1540 à Staufen im Breisgau. C'était de son vivant même un personnage extrêmement controversé. Tour à tour savant, précepteur, devin, astrologue, jeteur de sorts et nécromancien, ce charlatan itinérant, auquel on prêtait, apparemment avec raison, des moeurs infâmes, fit sur une partie de ses contemporains une forte impression, mais fut honni par les autres pour ses prestiges diaboliques et son immoralité. Son souvenir se confondit bientôt avec celui du médecin et alchimiste suisse Paracelse : les deux personnages finirent par ne faire plus qu'un dans l'imagination populaire[8]. Johannes Manlius, citant dans ses Locorum communium collectanea (1563) les propos de son ancien maître Melanchthon, rapporte que Georg Faust étudia la magie à l'université de Cracovie à une époque où cette discipline y était encore enseignée[9]. Cette affirmation concorde avec le portrait que brosse du personnage, dès 1507, le savant abbé Trithemius dans une lettre [10] : Faust (qu'il appelle Georgius Sabellicus alias Faustus Junior) pratique la magie noire et rédige sur les miracles de Jésus-Christ des opuscules dans lesquels il affirme qu'il pourrait, s’il le voulait, en faire autant[11]. Ayant été dénoncé par Luther et Melanchthon, qui voyaient en lui un sorcier au service du démon [12], Georg Faust aurait été incité par ses proches à se tourner vers l'enseignement. C'est ainsi qu'il devint maître d'école à Kreuznach. Mais là, toujours selon Trithemius (le fait aurait donc eu lieu au plus tard en 1507), il fut surpris au moment où il se livrait à « un type de fornication absolument abominable » (nefandissimo fornicationis genere) sur la personne d'un des enfants qui lui étaient confiés, et ne dut son salut qu'à une fuite éperdue[13]. En , on retrouve Faust à Leipzig, dans l'auberge d'Auerbach, à califourchon sur un tonneau, dans un épisode héroï-comique immortalisé par une peinture sur bois accompagnée de six vers narrant ce haut fait[14]. Le 19 juin 1528, le conseil municipal d'Ingolstadt ordonne à Georg Faust d'aller dépenser son argent ailleurs (et lui demande, par prudence, de s'engager à ne pas tirer vengeance de cette expulsion)[15]. Le 10 mai 1532, le conseil municipal de Nuremberg, à son tour, refuse l'accès de la cité au « Docteur Faust, grand sodomite et nécromant »[16]. Il est probable que Faust se rendit alors, en compagnie du célèbre médecin, alchimiste et philosophe Heinrich Cornelius Agrippa (1486-1535), auprès de l'évêque de Cologne, Hermann von Wied, qui était alors tenté par le luthéranisme[17]. Il y serait resté de 1532 à 1534. En 1534, l'aventurier allemand Philipp von Hutten, sur le point de partir explorer une région du Venezuela, demanda à Georg Faust de lui prédire l'avenir. Six ans plus tard, von Hutten écrit à son frère Moritz que tout s'est passé exactement comme Faust l’avait prédit[18]. Nous retrouvons la trace de Georg Faust en juin 1535, où il prédit que la ville de Münster, occupée par les Anabaptistes, sera reprise la nuit-même par son évêque et les princes de l'Empire qui l'assistaient. La nuit venue, effectivement, l'évêque François et ses alliés surgissent, Münster est repris, et les chefs des révoltés sont livrés au supplice[19]. Georg Faust mourut à une date mal déterminée, vers 1540-1541 ou selon d'autres en 1537 ou 1538. La Zimmerische Chronik (datée de 1564-1566) situe sa mort à Staufen im Breisgau[20]. Pour le pasteur bâlois Johannes Gast († 1572), Johann Manlius et la Zimmerische Chronik, il mourut comme un misérable qu'il était, tué par le diable. Manlius[21] dit qu'il fut trouvé mort un matin, sur le plancher de la chambre d'auberge où il logeait, dans le duché de Wurtemberg : il gisait près de son lit, la tête tournée à l'envers (détail en partie confirmé par Gast)[22]. On a récemment émis l'hypothèse que Georg Faust périt en réalité dans une explosion survenue au cours d'une de ses expériences, dans la chambre qu'il louait[23]. Le premier développement légendaire : la Chronique d'ErfurtRédigée par Wolf Wambach entre 1550 et 1580 (et publiée par Zacharias Hogel, 1611-1676), la Chronique d'Erfurt traite du personnage de Georg Faust en le dotant déjà de traits fantastiques. Elle est le premier écrit à lui prêter un pacte avec le diable : cet élément ne sera plus jamais dissocié de la légende de Faust (Georg ou Johann) et en deviendra même le trait fondamental. La Chronique d'Erfurt ne se borne pas à introduire le thème du pacte avec le démon. Elle transforme Faust en savant humaniste utilisant ses pouvoirs magiques pour ressusciter l'héritage antique. L'astrologue réussit, par la puissance de son verbe, à obtenir la chaire de grec à l'université d'Erfurt. Là, pour mieux expliquer Homère, il fait apparaître (peut-être à l'aide d'une lanterne magique)[24], devant ses étudiants stupéfaits, les héros de Troie, notamment la belle Hélène, et des monstres de la mythologie, comme le cyclope Polyphème, lequel, avant de disparaître, tente de dévorer une paire d'étudiants épouvantés[25]. C'est à Erfurt que Georg Faust aurait déclaré au religieux franciscain Konrad Klinge : « Je suis allé plus loin que vous ne le pensez et j’ai fait, avec mon propre sang, une promesse au démon : celle d'être à lui dans l'éternité, corps et âme »[26]. Les Histoires de Faust transcrites à Nuremberg par Rosshirt (1570-1575)Entre 1570 environ et 1575, le maître d'école Christoph Rosshirt rédigea sous forme manuscrite[27], en ornant son texte de 59 illustrations de sa main, une série de Faust-Geschichten (« Histoires de Faust ») que, nous dit-il, il avait entendu raconter à Nuremberg où il enseignait. Il s'agit de quatre récits (ou six, puisque les deux premiers ont une version courte et une version longue) narrant la vie et la mort du charlatan Georg Faust, et les prestiges qu'il accomplit grâce à l'aide du diable, avec lequel il avait conclu un pacte. Le diable n'est nommé ici que trois fois, et il n'est fait mention d'aucun démon intermédiaire portant un nom particulier. L'ouvrage est exempt de tout propos théologique[28]. Le Johann Faust du Faust manuscrit de Wolfenbüttel (entre 1572 et 1585)Un écrivain anonyme de la région de Nuremberg copia, entre 1572 et 1585, dans un manuscrit conservé à Wolfenbüttel, une volumineuse collection d'histoires faustiennes qui seront largement reproduites dans le Faustbuch imprimé à Francfort en 1587. L'écrit est intitulé Historia und Geschicht Doctor Johannis Fausti des Zauberers[29]. Il s'agit du plus ancien traitement nouvellistique de Faust, dont le prénom historique Georg est maintenant changé en Johann (modification définitive). Tous les ingrédients du Faustbuch de 1587 s'y trouvent : sorcellerie, pacte avec le diable, démon nommé Méphostophilès, mort terrible etc. Le Johann Faust du manuscrit de Wolfenbüttel (et donc celui de son dérivé le Faustbuch de 1587) n'a presque plus rien à voir avec son modèle historique Georg Faust. La légende, en quarante-cinq ans, a fait son travail. Le Faust (Johann) du Faustbuch de 1587En 1587 paraît à Francfort-sur-le-Main, à l'occasion de la foire d'automne, un écrit anonyme intitulé Historia von D. Johann Fausten[30]. L'ouvrage sort des presses de Johann Spies ; il comporte trois parties et compte 227 pages de petit format. La dédicace expose la nécessité de reprendre cette légende, qu'on raconte partout, et d'en faire « un récit en règle », « afin de mettre en garde toute la chrétienté ». Le récit suit de très près le canevas et le style du manuscrit de Wolfenbüttel. La Préface au lecteur chrétien invite à se défier du diable et de la magie. André Dabezies résume ainsi le Faustbuch de 1587 (Le mythe de Faust, 1990, p. 19-21) : Première partie : la formation et le (premier) pacte. Fils de pieux paysans, Faust fait de brillantes études à Wittenberg, mais abandonne la théologie pour mener une vie déréglée et s'adonner à la magie, à l'astrologie et la médecine (chap. 1). Il invoque le diable dans la forêt, puis dans sa chambre, lui soumet ses requêtes, accepte les exigences du démon (2-4), rédige le pacte et le remet à Méphostophilès (6-8). Celui-ci défère à tous ses désirs (9), mais lui refuse le mariage et le pousse à la luxure (10). [Questions sur le diable et l'enfer] Faust interroge le démon sur les anges, l'enfer, les anges déchus, la puissance du diable, la forme de l'enfer (11-16). Faust se sent ébranlé et perplexe, car l'autre répond en citant la Bible et les manuels de théologie, ajoutant que, s'il pouvait, il ferait tout pour regagner la grâce de Dieu. Mais il s'impatiente et persuade Faust que c'est trop tard pour lui (17). Deuxième partie : carrière et voyages. Devenu un astrologue réputé, Faust interroge son démon sur les saisons, le ciel, la création (que le diable nie) (18-22) ; il se fait présenter les démons, descend lui-même en enfer (23-24), puis monte jusqu'aux étoiles (25), enfin voyage dans toute l'Europe, y compris à Rome et à Constantinople, où il se joue du pape et du sultan, jusqu'au Paradis perdu (26-27) ; il discourt des comètes, des étoiles, des « esprits élémentaires », du tonnerre (28-32). Troisième partie : prestiges divers et lamentable mort. Faust fait apparaître Alexandre devant Charles Quint (33), se livre à des facéties, emmène trois nobles amis dans les airs sur son manteau (34-37), soutire de l'argent aux uns et use de sa magie pour flatter les autres (38-44), procure à ses amis festins, beuveries et carnaval (44-48), fait apparaître Hélène aux étudiants (49), sermonne un paysan (50) et fait périr un magicien (51). Un bon vieillard, voisin de Faust, le convainc de se repentir (52), mais soudain Méphostophilès apparaît, l'en dissuade par la peur, et le magicien doit rédiger un second pacte (53). D'autres tours et farces sont racontés (54-58). La 23e année du pacte, Faust demande au diable de lui ramener Hélène, qui devient sa concubine et lui donne un fils, Justus Faustus (59). La 24e et dernière année du pacte, Faust laisse ses biens, ses pouvoirs et un « esprit » à son jeune serviteur Wagner (60-61), puis, plein d'angoisse à la pensée de sa fin prochaine, se lamente douloureusement (62-66), sous les railleries du démon (65). Il invite collègues et étudiants à un repas (67) et leur fait connaître son pacte, sa mort prochaine et ses remords. Après une nuit pleine d'affreux bruits et sifflements et d'appels au secours de Faust, on retrouve au matin son corps déchiqueté par le diable. Moralité : il faut se défier du Malin et adorer Dieu (68). Quelques-uns ont pensé que le Johann Faust du Faustbuch devait être identifié à Johann Fust de Mayence (vers 1400-1466), un des inventeurs de l'imprimerie, dont la vie aurait été défigurée par les contes populaires[31]. Cette thèse ne semble plus avoir d'adeptes aujourd'hui. Les premiers avatars de Johann FaustLe Faustbuch de 1587 fut traduit en anglais au plus tard en 1589, date à laquelle Christopher Marlowe rédigea, sur la base de cette traduction, sa Tragique Histoire du docteur Faust, qui ne fut publiée qu'en 1604, à Londres. Marlowe situa l'action de sa pièce à Wittemberg. Son texte fut, deux siècles plus tard, étudiée par Goethe. Mais dans l'intervalle, le Faustbuch de 1587 avait déjà été adapté plusieurs fois. Une traduction française due à Pierre Victor Palma Cayet et intitulée Histoire prodigieuse et lamentable de J. Faust, grand magicien et enchanteur, parut en 1598 et connut 14 éditions jusqu'en 1674 [32]. En 1599 fut imprimé à Hambourg un volumineux ouvrage (671 pages) de Georg Rudolf Widmann au titre éloquent, dont on peut traduire ainsi la forme qu'il prit dans l'édition de Nuremberg de 1674 : L'exécrable vie et l'effroyable fin du tristement célèbre maître de magie noire Johann Faust [33]. Ce livre narre à peu près les mêmes aventures que le Faustbuch de 1587, mais dans un esprit clairement luthérien. Faust y ressemble, commente Adolphe Bossert, « à une personnification de la Contre-Réforme »[34]. Johann Georg Neumann (1661-1709) publia à l'âge de vingt-deux ans une curieuse dissertation sur Faust, intitulée Disquisitio historica de Fausto praestigiatore [« Recherche historique sur le charlatan Faust »] (Wittenberg, Matthias Henckel, 1683). Cette monographie eut un grand succès et fut réimprimée en 1693, 1711, 1742 et 1746[35]. Le premier Faust de Goethe (1808)Faust est un alchimiste qui, depuis son plus jeune âge, aspire à posséder la connaissance universelle et à percer les secrets de l'univers. Il met tout en œuvre pour atteindre son but mais n'y parvient pas. Le voici au bord du suicide, convaincu d'avoir perdu son temps et sa vie. En dernier recours, il sollicite l'aide de Méphistophélès, lequel lui propose alors un marché : il réalisera tous ses désirs en échange de son âme dès que Faust se dira satisfait et heureux, dans un délai de 24 ans. L'alchimiste accepte. Faust est toujours insatisfait. Méphistophélès lui fait alors rencontrer une jeune fille nommée Marguerite (Margarete ou Gretchen, son diminutif allemand). Faust tombe sincèrement amoureux de Marguerite, elle-même follement éprise de lui (Marguerite au rouet / Le roi de Thulé). Un après-midi, Faust demande à Marguerite de lui ouvrir la porte de sa chambre le soir. Pour cela, elle devra verser un somnifère dans le potage de sa mère pour qu'elle n'entende rien. Mais la mère de Marguerite meurt à cause du somnifère. Le frère de Marguerite rencontre Faust au moment où il saute par la fenêtre de la chambre de sa sœur. Pour venger l'honneur de la famille, il affronte en duel Faust, qui le tue avec l'aide de Méphistophélès. Faust doit donc fuir la ville et laisse Marguerite seule au monde, enceinte et cible des ragots de la ville. Elle aura un enfant qu'elle ira noyer. Elle est emprisonnée et condamnée à mort pour infanticide. Faust l'apprend, s'indigne et voudrait la sauver, mais elle ne veut plus le suivre. Méphistophélès emmène Faust hors de la prison de Marguerite en disant « Elle est jugée » (« sie ist gerichtet ») mais une voix du ciel dit « Elle est sauvée » (« sie ist gerettet »). Ainsi s'achève la première partie du Faust de Goethe. GretchenfrageContrairement à Faust, Marguerite (Gretchen) est croyante, et elle n'acceptera de se marier qu'à la condition que Faust ait la foi. Elle lui pose la question, restée célèbre en Allemagne : « Nun sag, wie hast du's mit der Religion ? », qui signifie, littéralement, « Eh bien, dis-moi, comment fais-tu avec la religion ? ». Faust évite de répondre à la question, car cela le gêne. Une Gretchenfrage[36] est donc une question à laquelle on est gêné de répondre. Le second Faust de Goethe (1832, posthume)Dans le second Faust, celui-ci rencontre le souverain, puis épouse Hélène de Troie. Ensemble, ils ont Euphorion et Faust fait fructifier un lopin de terre « arraché à la mer ». À la fin, Méphistophélès veut, conformément au pacte, prendre l'âme de Faust. Mais celui-ci n'est pas damné : il échappe à l'enfer grâce aux prières de Marguerite. Le dernier vers de cette seconde partie de Faust conclut « l'éternel féminin nous élève » (« das Ewig-Weibliche zieht uns hinan »[37]. Le Faust de Lenau (1836)Le poème dramatique Faust, que l'Autrichien Nikolaus Niembsch von Strehlenau, dit Nikolaus Lenau (1802-1850), publia en 1836 en réaction aux second Faust de Goethe et à la rédemption finale de son héros, met en scène un homme à la recherche de l'absolu mais qui n'aboutit qu'au désespoir. Sa quête insatisfaite le conduit à un état d'inquiétude douloureuse qui fait de lui la proie facile de Méphistophélès, lui aussi un orgueilleux révolté. Méphisto sépare Faust du « Christ », c'est-à-dire des croyances théistes, puis de la « nature », c'est-à-dire du panthéisme (L. Roustan, Lenau et son temps, 1898, p. 155). Le compositeur Philippe Fénelon, pour sa part, commente ainsi l'ouvrage de Lenau : « Les scènes de la vie du héros expriment le tragique de la destinée. Composition baroque et morcelée, cette œuvre de contrastes tente d'exprimer les contradictions des êtres. Elle articule les thèmes faustiens : la nature ne livre pas ses secrets, la science est vaine, la religion ne répond à rien, la sensualité est éphémère, la vie familiale est insipide, l’art n’apporte qu’un semblant de satisfaction… Refusant tout compromis, sceptique et désabusé, Faust rompt avec l’ordre établi pour échapper au doute et se laisse convaincre par un Méphistophélès brutal, ironique et condescendant, qu’il atteindra son but en lui livrant son âme. Son errance et ses visions ne sont pourtant que la fuite en avant d’un rêve cynique qui le mène d’échec en échec. C’est Georges – L’Homme –, conscience de Faust, qui lui apporte la clé en lui faisant découvrir que la liberté désirée est en chacun de nous et qu’il est vain de la chercher ailleurs. Cette révélation de l’homme libre entraîne le rebelle vers sa destruction. Ses aventures douloureuses n’ont été que l’histoire d’un sursis ». Dans les arts et la culture populaireEn musiqueOpéras et musique symphoniqueLa légende de Faust a inspiré plusieurs opéras et d'autres ouvrages musicaux majeurs :
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En littératureRomanPar ordre chronologique :
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FilmographieAu cinéma
Iconographie
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
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