Fils d'un militaire devenu diplomate et commissaire des guerres et d'une mère issue de la bonne bourgeoisie[1], les frères Faucher sont des jumeaux d'une parfaite ressemblance. Pour se faire reconnaitre, ils portent à leur boutonnière une fleur différente. Issus d'un milieu plutôt aisé, ils reçoivent une bonne éducation.
Le 11 juin 1790, leur élection en qualité de députés de la circonscription de Bazas est invalidée[3].
En 1791, César est élu président de l'administration et commandant des gardes nationales de La Réole. Constantin est commissaire du Roi, puis président de la municipalité du chef-lieu de ce district.
En 1793, acquis aux idées révolutionnaires, ils forment un corps franc d'infanterie, sous la désignation des « Enfants de La Réole », et reprennent leur carrière militaire contre les royalistes lors de la guerre de Vendée. Ils parcourent rapidement tous les grades, d'adjudant-général jusqu'à général de brigade — à titre provisoire —, le . Mais les nombreuses blessures reçues au combat les obligent à quitter le service.
Au moment de quitter l'armée, ils sont accusés de fédéralisme et de royalisme et traduits devant un tribunal révolutionnaire le . Condamnés à mort et conduits à l'échafaud, ils sont sauvés par le représentant du peupleJoseph Lequinio, qui obtient leur grâce et fait casser le jugement de condamnation à mort[2].
Ayant rejoint l'armée de Moselle de Kléber, ils demandent à être réformés.
César est nommé représentant par les électeurs de la Réole et Constantin maire de la même ville, puis, lors de l'état de siège du département de la Gironde, commandant des arrondissements de la Réole et de Bazas. En défendant La Réole, ils sont condamnés à mort par les Anglais, mais graciés sur l'intervention du maréchal Marmont[4].
La mort des frères Faucher
Le , sous le règne de Louis XVIII, le général Clausel ordonne aux frères Faucher de cesser leurs fonctions, le drapeau blanc venant d'être arboré à Bordeaux. Mais les frères Faucher, à La Réole, conservent le drapeau tricolore jusqu'au 23 juillet[5]. Des troubles surviennent à La Réole où un détachement des régiments coloniaux, composé d'une vingtaine de noirs originaires de Guadeloupe ou de Saint-Domingue commandés par le lieutenant mulâtreCasimir Duclos, déchire le drapeau blanc aux cris de « Vive Napoléon » et se livre à des pillages envers les royalistes. Des gardes nationaux, envoyés à La Réole, pourchassent les bonapartistes à la recherche des frères Faucher qui sont arrêtés et emprisonnés, avec une partie des insurgés ; les autres s'étant enfuis vers Marmande[6].
Les frères Faucher sont poursuivis pour avoir « conservé un commandement qui leur avait été retiré, excité à la guerre civile, comprimé par la force l'élan de fidélité au Roi et embauché rebelles et soldats en les engageant à rejoindre Florian[7], chef des partisans »[8].
Le , ils sont transférés des prisons de la Réole au fort du Hâ à Bordeaux, puis interrogés le 18 et le 19. Ils sont traduits le devant un conseil de guerre au sein du château Trompette. On leur refuse le délai nécessaire pour trouver un défenseur. Plusieurs avocats s'étant récusés, ils se défendent mutuellement.
Ils sont condamnés à mort sur la base des trois premiers chefs d'accusation. Le , le conseil de révision confirme le jugement qui est exécuté le lendemain, le à Bordeaux. Ils sont emmenés à pied depuis le Fort du Hâ, où ils sont emprisonnés, jusqu'à la pelouse de Plaisance près du cimetière de La Chartreuse, pour être fusillés. Ils meurent courageusement, César commandant le feu.
Les autres insurgés capturés à Agen sont jugés plus tard, les 18 et , devant la cour d'assises de Bordeaux. Parmi leurs chefs, ayant agi « sous l'influence des Frères Faucher », un seul est condamné à mort, les autres à des peines de travaux forcés, au bannissement ou à cinq ans d’emprisonnement[7].
Les frères Faucher, gravure de 1864.
Plaque commémorative apposée sur leur maison natale, 10 rue Lamar à La Réole.
Postérité
Sous la monarchie de Juillet, leur neveu, Casimir Faucher, publie un ouvrage en leur mémoire dénonçant un « assassinat juridique ».
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliothèque historique ou Recueil de matériaux pour servir à l'histoire du temps, vol. 6, Paris, Delaunay — Pélicier — Eymery, (lire en ligne), p. 169 et suiv. — Voir : « Procès des généraux César et Constantin Faucher, frères jumeaux de la Réole, condamnés à mort le 24 septembre 1815 par le premier conseil de guerre de la onzième division militaire ; jugement confirmé par celui de révision de 26 et exécuté le 27 à Bordeaux ; suivi de leur correspondance pendant leur détention au fort du Hâ. Pièces pour servir à la réhabilitation des frères Faucher ».
M. PH. Le Bas, France. Dictionnaire encyclopédique, t. septième, Paris, Firmin Didot Frères, (lire en ligne).
Casimir Faucher, Procès des frères Faucher, de La Réole, morts en 1815, victimes de la fureur des partis, Bordeaux et Paris, , 58 p. (lire en ligne).
Charles Dalbaret, Un assassinat juridique : Les Généraux Faucher ou les Jumeaux de La Réole fusillés à Bordeaux sous la Terreur blanche (1815), Collection XIX, , 370 p. (ISBN9782346104079, lire en ligne), réimpression de l'édition originale Charles Dalbare t, Assassinat juridique (1815) : Les généraux Faucher ou les jumeaux de La Réole fusillés à Bordeaux sous la terreur blanche, Paris, A. Bellier, , 351 p. (lire en ligne).
Philippe Lauzun, Florian et ses bandes de partisans en 1814 et 1815, Agen, Imprimerie Moderne, (lire en ligne).
Maurice Serval, « Autour d'un roman de Balzac : Une ténébreuse affaire », Revue d'Histoire littéraire de la France, vol. 29, no 4, , p. 480–481 (ISSN0035-2411, lire en ligne, consulté le ).
J. Lucas-Dubreton, « Les frères Faucher », Revue des Deux Mondes (1829-1971), , p. 589–603 (ISSN0035-1962, lire en ligne, consulté le ).
Pierre Bécamps, Deux victimes de la terreur blanche a Bordeaux, les généraux Cesar et Constantin Faucher, les jumeaux de la Réole, , 258 p.
↑ a et bPaul Marais, « Documents inédits sur la Révolution dans le département de la Gironde. Les frères Faucher, Laffon de Ladébat et leur correspondance », Revue Historique, vol. 43, no 2, , p. 321 (ISSN0035-3264, lire en ligne, consulté le ).
↑Charles-François Bouche, « Rapport sur l'élection de MM. César et Constantin de Faucher, lors de la séance du 11 juin 1790 », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 16, no 1, , p. 167–167 (lire en ligne, consulté le ).
↑Rougement & Decomberousse, Les jumeaux de la Réole, ou les frères Faucher, drame en 3 actes, Paris, Quoy, (lire en ligne).
↑Charles Dalbaret, Un assassinat juridique (1815). : Les généraux Faucher; ou, Les jumeaux de La Réole fusillés à Bordeaux sous la terreur blanche, A. Bellier & cie, (lire en ligne), p. 337-343