Dans le nom hongroisFejtőFerenc, le nom de famille précède le prénom, mais cet article utilise l’ordre habituel en français FerencFejtő, où le prénom précède le nom.
Il est le fils d’un libraire et imprimeur de province d'orientation politique libérale : il dédiera un de ses livres[6] « A la mémoire de mon père, qui fut libéral, franc-maçon et loyal citoyen de la monarchie austro-hongroise ». Son père est de confession juive, mais il est élevé par une mère adoptive chrétienne[7]. Il est donc influencé à la fois par le judaïsme et par le christianisme.
Après la dislocation de l'empire austro-hongrois en 1918, sa famille se retrouve dispersée dans plusieurs pays : il a des parents à Zagreb (Yougoslavie), à Trieste (Italie), à Prague (Tchécoslovaquie). Lui-même se considère comme hongrois, sans renier l'identité juive de ses ancêtres ni le christianisme catholique auquel il se convertira[7], tout en se réclamant de l’héritage culturel d’une Europe centrale multinationale et multiconfessionnelle.
Il fait des études littéraires à l'université de Pécs, puis à l'université de Budapest[8], où il côtoie des Slaves, des Allemands, des Italiens. Il se lance dans l'action politique : en 1932, il est condamné à un an de prison pour avoir organisé un cercle universitaire d'études marxistes ; puis il adhère en 1934 au Parti social-démocrate de Hongrie et devient un contributeur actif au quotidien Népszava et à la revue du parti Szocializmus.
Il a eu deux enfants : Charles, né de son union avec Rose Hilmayer-Fejtő, et Andrea. Son petit-fils est le comédien-illustrateur, Raphaël Fejtö[réf. nécessaire]. Ses autres petits enfants sont Kalyane et Sorey Fejtő.
Carrière
Un an plus tard, en 1935, il fonde avec le poète Attila József et l'écrivain Pál Ignotus, une revue littéraire antifasciste et antistalinienne Szép Szó. Il y publie des textes de Jean-Paul Sartre, Emmanuel Mounier, Jacques Maritain. Son engagement politique et ses publications le font mal voir du pouvoir en place en Hongrie, le régime fascisant de Horthy : il est condamné à six mois de prison pour un article dénonçant la politique pro-allemande du gouvernement. Pour éviter la prison, il choisit en 1938 de s'exiler en France.
En 1945, François Fejtő dirige le bureau de presse de l'ambassade de Hongrie à Paris, il en démissionne à la suite de la condamnation en 1949 de László Rajk, un ami de jeunesse. Il rompt alors tout lien avec la Hongrie. Ce n'est qu'en 1989 qu'il retournera dans son pays natal à l'occasion des obsèques nationales d'Imre Nagy, un des héros malheureux de l'insurrection de 1956.
En 1949 la France lui accorde le statut de réfugié politique et il entre à l'Agence France-Presse[8], où il travaille jusqu'en 1979 comme commentateur des événements des pays de l'Est.
La publication en 1952 de L'Histoire des démocraties populaires, un livre traduit dans dix-sept langues et plusieurs fois réédité, lui vaut les attaques violentes des émigrés de droite mais aussi des attaques (moins violentes) de la part d'intellectuels proches du PCF[9]. Son livre est généralement loué par les analystes indépendants comme Jean Boulouis[10] ou Bernard Carantino[9].
En 1955, il obtient la nationalité française par naturalisation.
François Fejtő a consacré l'essentiel de sa carrière journalistique à l'étude des régimes est-européens, dont il a observé en tant que témoin la naissance, les progrès, le déclin et la chute.
Il tente, dès les années 1950, d'arracher les intellectuels français à leur « sommeil dogmatique » en dénonçant les crimes du stalinisme au moment des grands procès de Moscou : « À vrai dire, je n'ai jamais compris pourquoi tant d'écrivains français s'obstinent à prendre des positions politiques, sans chercher à s'informer préalablement des faits. »
Le château de Fehérvárcsurgó, près de Székesfehérvár, abrite ses archives (livres, articles, coupures de presses, documents personnels) en plusieurs langues. Depuis dix ans, des étudiants, principalement français, viennent tous les étés en classer une partie.
Publications (liste partielle)
Ouvrages
Heinrich Heine. Biographie, Éd. Maréchal, 1946; réédition Olivier Orban, 1981
Introduction, conclusion et 1848 en Hongrie, dans: 1848 dans le monde. Le printemps des peuples, Éd. de Minuit, 1948
↑ a et bBernard Carantino, « François Fejtö. Histoire des démocraties populaires », Politique étrangère, vol. 19, no 6, , p. 526-527 (lire en ligne).
↑Jean Boulouis, « Fejto (François) - Histoire des démocraties populaires », Revue française de science politique, vol. 5, no 1, , p. 189-192 (lire en ligne).