Son gouvernement est annoncé le 15 février. Malgré l'attribution de plusieurs ministères à des membres d'Ennahdha, le parti annonce son intention de ne pas voter la confiance au gouvernement, du fait de la non participation d'Au cœur de la Tunisie et de la Coalition de la dignité, et en demandant la formation d'un gouvernement d'union nationale qui regroupe tout le monde « à l'exception de ceux qui s'excluent eux-mêmes »[4]. En parallèle, la commission mixte de l'assemblée adopte un projet de modification de la loi électorale imposant un seuil électoral de 5 % aux législatives. Ce projet contesté pour l'avantage qu'il fournit aux partis les plus importants leur permettrait de s'engager plus facilement vers des élections anticipées[5]. Kaïs Saïed annonce deux jours plus tard qu'à défaut d'une approbation du gouvernement présenté, il procédera à la dissolution de l'assemblée le 15 mars. Le président exclut ainsi les autres voies préconisées par Ennahdha d'une démission de Fakhfakh ou encore du vote d'une motion de censure contre le gouvernement sortant de Youssef Chahed, estimant que cette dernière option est inconstitutionnelle puisque le gouvernement expédie les affaires courantes[6]. Une version légèrement modifiée du gouvernement, sans la participation d'Au cœur de la Tunisie et de la Coalition de la dignité qui refusent d'y participer, est annoncée le 19 février[7] ; Ennahdha, voyant la non volonté de ces derniers de ne pas participer au gouvernement, accepte de voter la confiance[8].
Elyes Fakhfakh démissionne le à la demande du président de la République (ce qui permet à ce dernier de choisir son successeur)[12], après le dépôt d'une motion de censure par 105 députés, membres notamment d'Ennahdha — qui lui a retiré sa confiance la veille[13] — et d'Au cœur de la Tunisie[14]. Lors des jours précédents, Fakhfakh avait tenté de remplacer les ministres membres d'Ennahdha[15], alors que le chef du gouvernement était sous le coup d'accusations de conflits d'intérêts[16]. Par ailleurs, alors que la Constitution permet au chef du gouvernement de remanier son gouvernement, le règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple exige un vote de confiance pour les nouveaux membres du gouvernement[17]. Pour remplacer Fakhfakh, en l'absence de Cour constitutionnelle, alors que la Constitution est floue, il y a désaccord pour savoir si le prochain chef du gouvernement doit être désigné par le parti majoritaire ou par le président de la République[18]. La présidence annonce cependant que le président de la République nommera un nouveau chef du gouvernement dans les dix jours[19]. Le soir même, Fakhfakh limoge les ministres membres d'Ennahdha et confie leurs portefeuilles à des intérimaires[20].
Le gouvernement compte six femmes sur 32 membres : Thouraya Jeribi Khémiri, première femme à occuper la fonction de ministre de la Justice, Chiraz Latiri, ministre des Affaires culturelles, Asma Shiri, ministre de la Femme, de l'Enfance et des Seniors et porte-parole du gouvernement, Lobna Jribi, ministre auprès du chef du gouvernement chargée des Grands projets nationaux, Selma Ennaifer, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires étrangères, et Akissa Bahri, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture chargé des Ressources hydrauliques.
Notes et références
↑« La Tunisie dans l'incertitude après le rejet du gouvernement par le Parlement », Le Monde, (ISSN0395-2037, lire en ligne, consulté le ).