Jean-Charles Frontier est un artiste peintre né à Paris en 1701 et mort à Lyon en 1763. Il a peint des tableaux religieux et d’histoire, des portraits et des paysages.
Biographie
Formation
Il est l'élève de Claude Guy Hallé (1652-1736) – un des artistes ayant œuvré, en tant que peintre de Louis XIV, à Versailles, Trianon et Meudon.
Il remporte le grand prix de peinture de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1728 avec son tableau, désormais perdu, Ezéchias extirpant l’idolâtrie de son royaume et rétablissant le culte du vrai Dieu.
Il reçoit le son brevet d’élève et y entre le . Il est accueilli avec beaucoup de bienveillance par le directeur de l’époque, Nicolas Vleughels (1633-1737). Ce dernier parla de lui au surintendant des Bâtiments du Roi, le duc d’Antin (1665-1736), en ces termes précis : « Frontier pourra devenir un bon sujet, je vis dernièrement une pensée de lui, qui promet ; nous aurons dans la suite l’œil sur l’exécution, et je ferai mon possible pour qu’il profite du talent que la nature lui a donné. Je lui montrerai plus que je ne peux faire ; mais on dit toujours, et on voit, mieux qu’on ne peut exécuter. »
À Rome il fréquente Pierre Charles Trémolières (1703-1739), Gabriel Blanchet (1701-1772), Jean-Baptiste Pierre (1714-1789), Noël Hallé (1711-1781) et Jean-François de Troy (1679-1752), et se lie particulièrement d’amitié avec Pierre Subleyras (1699-1749). Il rendra hommage à ce dernier dans une de ses œuvres, un tableau allégorique, La Religion – désormais perdu. Cette œuvre, peinte à la demande du duc de Saint-Aignan (1684-1776), ambassadeur de France à Rome, a pour pendant La Justice Divine[1]. Nicolas Vleughels, en voyant le dessin préparatoire de l’œuvre, estima que l’œuvre finale deviendrait sûrement « une grande chose ».
Entrée à l'Académie.
En 1739 il quitte Rome, rentre en France. On suppose que sur le chemin pour Paris, Frontier s’arrête à Lyon et y rencontre des commanditaires, qui le solliciteront quelques années plus tard[2].
À Lyon, il réalise des œuvres comme Moïse et le serpent d’Airain en 1743 pour l'église Sainte-Croix de Lyon, désormais exposé à l’église Sainte-Blandine de la même ville. La Nativité du Christ, de 1745, peinte pour la Chartreuse de Lyon[Laquelle ?][3], est aujourd’hui au Musée de Grenoble. Ses autres commandes lyonnaises sont difficilement datables. On compte parmi elles un cycle de six tableaux pour les Prémontrés de la Croix-Rousse – dont la localisation est aujourd’hui inconnue – ainsi qu’un David jouant de la Harpe pour Saint-Antoine[Lequel ?] et des dessus de portes allégoriques pour l’Hôtel-Dieu.
Il est sollicité par l’abbé Lacroix-Laval, grand vicaire du diocèse de Lyon, qui a depuis plusieurs années le projet d’y instituer une académie de dessin dont veut lui en confier la direction. Il s’installe définitivement à Lyon en 1756 et l'école ouvre ses portes en , avec les encouragements du marquis de Marigny (1727-1781), directeur des Bâtiments du Roi, et du duc de Villeroy (1695-1766), gouverneur du Lyonnais. Il y dirige une équipe de professeurs dont font partie le portraitiste Donat Nonnotte (1708-1785) et le sculpteur Antoine-Michel Perrache (1726-1779).
Ses premiers tableaux connus du monde artistique de l’époque sont principalement des copies de Raphaël (1483-1520), mais aussi de Giovanni Bellini (1425-1513). Ces références font très rarement offices d’influences majeures dans la peinture de ses contemporains, la tendance, n’étant pas aux peintres dits « primitifs ».
Daphnis et Chloé et Vulcain enchaînant Prométhée sont les deux seuls tableaux connus de l’artiste où est représenté un sujet mythologique.
Violonneux itinérant, huile sur bois, 19 × 12,5 cm, 1736 - ensuite gravé par Masquelier (BSHAF 1969).
Daphnis et Chloé, 1749, huile sur toile, 97 × 145 cm, coll. privée.
La Samaritaine, huile sur toile, 330 × 182 cm, 1752, église de Talcy, propriété de la commune; cadre Louis XV en bois sculpté, XVIIIe siècle ; classé au titre objet le 30/10/1914[5].
Antiochos et Stratonice, pastel, 24 × 29,7 cm, s.d.
Le Sacrifice de Salomon à Ashtoreth, pastel, 30 × 40 cm, s.d.
Moïse et le serpent d'airain, huile sur toile, 52 × 30 cm, legs d'Albert Pomme de Mirimonde à la RMN, affecté au musée de Gray (Haute-Saône), musée Baron-Martin.
Moise et le Serpent d'Airain (1743) Lyon, Église Saint-Pierre-des-Terreaux
Daphnis et Chloé, huile sur toile, 97 × 145 cm, signée et datée sur le rocher : Frontier, 1749. Estimée entre 12 000 et 15 000 €.
Antiochus et Stratonica, noir et blanc fait à la craie sur du papier bleu, 240 × 297 mm. Estimée entre 1 000 et 2 000 $.
La Chute des Géants, avec inscriptions JOUVENET (sur le montage), fait à la craie rouge et blanche, sur papier brun clair, 470 × 312 mm. Estimée entre 1 200 et 1 800 €.
Nature morte aux fleurs et aux fruits, huile sur toile, 64,5 × 81 cm. Estimée entre 500 et 800 €.
Citations
« Frontier mérite une meilleure appréciation parmi sa génération, qui comprend un des groupes d’artistes les plus flamboyants jamais connues en France ». (Pierre Rosenberg, Jean-Charles Frontier: Drawings in Düsseldorf, in Master Drawings, no 4, 2003)
Notes et références
↑Conservé au Musée Thomas-Henry de Cherbourg, inv. 835. 148
↑Supposition de Pierre Rosenberg, Jean-Charles Frontier : Drawings in Düsseldorf, in Master Drawings, no 4, 2003
↑La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez ou pour celle de Sylve-Benoîte (Isère)
Auguste Jal, « Frontier (Jean-Charles) ?1701-1753 », dans Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques d'après des documents historiques inédits, Paris, Henri Plon imprimeur-éditeur, , 2e éd. (lire en ligne), p. 623
Natalis Rondot, « 885. Jean-Charles Frontier (1701-1763) », dans Les peintres de Lyon du quatorzième au dix-huitième siècle, Paris, Typographie E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 186
Schaar, Graf, 1969, no 125
Ministère de la Culture et de la Communication Éditions de la Réunion des musées nationaux Paris, 1987
Archives départementales de Lyon, 17 no 82
L’Académie : Brève histoire administrative de l’École, p. 74
Jullian René, Les villes d’art célèbres, Paris : Librairie Renouard, H. Laurens, 1960
Christie’s, Old Master Drawings Part II, New York, Rockefeller Center, 29 January 2015
Gilbert Gardes, Le voyage de Lyon ; Regards sur la ville, Lyon : Horvath, 1993
Abbé J.B. Vanel, Histoire des églises et chapelles de Lyon, Lyon, 1908
Pierre Rosenberg, Jean-Charles Frontier: Drawings in Düsseldorf, in Master Drawings, no 4, 2003
J. Messelet, Frontier, in Les peintres français du XVIIIe s., Paris, 1930