Koons naît à York, en Pennsylvanie, de Henry et Gloria Koons. Son père était marchand de meubles et décorateur d'intérieur. Sa mère était couturière. Lorsque Jeff Koons a neuf ans, son père dépose de vieux tableaux copiés et signés par son fils dans la vitrine de son magasin afin d'attirer les visiteurs.
Lors de sa jeunesse, Jeff Koons travaille avec son père, fait du porte-à-porte pour vendre des rubans, des dentelles ou encore du papier cadeau, et vend du Coca-Cola sur un parcours de golf. Alors étudiant, il arrive à rencontrer Salvador Dalí, qu'il admire[3].
Débuts
Après des études au Maryland Institute College of Art(en) de Baltimore, Jeff Koons s'installe en 1976 à New York. Il travaille jusqu'en 1979 comme responsable du guichet des abonnements au Museum of Modern Art. Vendant des fonds de placements pour financer son train de vie, il bricole des expériences artistiques, créant ainsi sa première œuvre, The New, des appareils électroménagers accrochés à des néons. Il ne tarde pas à être repéré par le milieu artistique new-yorkais.
Ses débuts sont pourtant compliqués et, à court d'argent, il retourne chez ses parents, qui vivent désormais en Floride, et travaille un temps comme démarcheur politique.
Il revient à New York et réalise la série Equilibrium, présentée dans sa première exposition en 1985, dans la galerie éphémère International with Monument[3].
Il devient courtier en matières premières à Wall Street afin de financer sa production artistique[4].
Notoriété
Jeff Koons se fait connaître au milieu des années 1980 au sein d'une génération d'artistes qui ont exploré le sens de l'art à une époque où les médias étaient saturés. Il a créé un studio ressemblant à une usine dans un loft à SoHo à l'angle de Houston Street et de Broadway à New York, composé de plus de trente assistants. Chaque assistant était affecté à un aspect différent de la production de son travail, selon un mode similaire à celui de « l'Usine » d'Andy Warhol (remarquable car tout son travail est produit à l'aide d'une méthode connue sous le nom de fabrication d'art). Aujourd'hui, il possède une usine de 1 500 m2 près d'anciennes gares de triage à Chelsea, travaillant avec 90 à 120 assistants réguliers. Koons a mis au point un système de couleurs par numéros, afin que chacun de ses assistants puisse exécuter ses toiles et sculptures comme si elles avaient été réalisées d'une seule main.
Il a dit à propos de l'art : « Je pense que l'art vous emmène en dehors de vous-même, vous dépasse. Je crois que mon voyage a vraiment été de supprimer mon anxiété. C'est la clé. Plus vous pouvez supprimer l'anxiété, plus vous êtes libre de faire ce geste. Le dialogue est primordial avec l'artiste, mais ensuite il va vers l'extérieur et est partagé avec d'autres personnes. Et si l'angoisse disparaît, tout est si proche, tout est disponible, et c'est juste ce petit peu de confiance en soi, ou la confiance, que les gens doivent approfondir. »
Le succès lui ayant souri, ses œuvres sont désormais réalisées dans un atelier situé à Chelsea, avec plus de 100 assistants[5]. Il ne réalise aucune œuvre lui-même, mais impulse des idées qu'il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels.
L'art de Jeff Koons peut être considéré comme le point de rencontre entre plusieurs concepts : les ready-mades de Marcel Duchamp, les objets du quotidien démesurés de Claes Oldenburg, l'appropriation de l'objet plus qu'humain d'Arman et le pop art d'Andy Warhol ; l'artisanat d'art et l'imagerie populaire. L'iconographie qu'il utilise est un catalogue de la culture populaire, non seulement américaine, mais aussi mondiale.
Sa démarche s'inscrivant dans l'héritage du pop art, il s'approprie des objets et essaie de comprendre « pourquoi et comment des produits de consommation peuvent être glorifiés ». Tout au long de sa carrière, il a utilisé toutes sortes d'articles populaires, des aspirateurs et des ustensiles électroménagers enfermés dans des caisses de plexiglas et éclairés de néons d'abord, puis des ballons de basket en suspension dans des aquariums (grâce à l'aide du DrRichard Feynman, lauréat du prix Nobel de physique[5]), puis des bibelots rococo, des souvenirs de bazar (lapins gonflables, bergères ou petits cochons en sucre, Michael Jackson en porcelaine), enfin et surtout des jouets et des objets intimement liés à l'enfance.
En 2024, Elon Musk envoie 125 sculptures miniatures de Koons sur la Lune avec sa fusée Falcon 9[7].
Vie privée et famille
En 1991, Koons épouse l'actrice pornographique et femme politique Ilona Anna Staller, dite La Cicciolina, avec qui il réalise des œuvres provocatrices (Made in Heaven), notamment pornographiques, qui le font connaître du grand public mais qui essuient un échec auprès des élites artistiques, au point qu'il songera à détruire son travail, depuis revalorisé par la critique[3].
Le couple divorce en 1994, deux ans après la naissance de leur fils Ludwig. La séparation est marquée par de longues batailles juridiques, concernant notamment la garde de l'enfant, initialement donnée à Koons et plus tard transférée à la mère[8]. Il s'est engagé auprès du Centre international pour les enfants disparus et exploités et a permis la création du Koons Family Institute of International Law and Policy (ICMEC). Il a retrouvé sa fille Shannon, conçue lorsqu'il faisait ses études et qui avait été confiée à l'adoption.
En 2002, il épouse l'artiste Justine Wheeler, qui avait travaillé dans son atelier ; ils ont plusieurs enfants[3].
En 1999, il est soumis à un redressement fiscal de trois millions de dollars. Il doit également au fur et à mesure se séparer de plus de 70 collaborateurs. Sa cote a depuis fortement augmenté et il travaille avec des mécènes qui financent chaque nouvelle œuvre, celles-ci coûtant plusieurs millions de dollars à fabriquer.
Pour certains[précision nécessaire], « il est l'un des rares à avoir su dégager l'essentiel des courants avant-gardistes du siècle, notamment le pop art », mais c'est surtout un artiste cultivant le kitsch très apprécié par des milliardaires nouveaux riches (il a été l'artiste favori du financier américain Bernard Madoff).
Il débarque dans le monde de l'art avec ses premières œuvres datant de la fin des années 1970, début des années 1980, avec la série The News. Il arrive donc après les grands mouvements de la première moitié du XXe siècle, soit après le minimalisme, le pop art, ou encore Marcel Duchamp. Il se fait alors connaître grâce à une imagerie qui lui est propre : populaire, kitsch, froide, réalisées à partir de matériaux nobles comme le marbre, ou la porcelaine.
Sa production est très hétéroclite, et est constamment entre deux tensions ; elle traite toujours de deux opposés, ce qui rend ses œuvres à la fois kitsch et uniques, populaires et érudites, faciles et en même temps complexes. On peut qualifier son style de néo pop.
Kiepenkerl[10], acier inoxydable, 180 × 66 × 94 cm, édition de 3. 1987. Hirshhorn Museum's Sculpture Garden
Détail de Kiepenkerl.
Tulipes, acier inoxydable poli miroir avec revêtement de couleur transparent. 2,03 × 4,57 × 5,20 m. 5 versions, 1995-2004. Hanovre.
Jeff Koons a créé The 17th BMW Art Car qui a couru aux 24 Heures du Mans en 2010.
Jeff Koons utilise plusieurs techniques artistiques : l'installation, la photographie, la peinture, la sculpture sur tous matériaux (bois, marbre, verre, inox) jusqu'à la création assistée par ordinateur, sa technique de prédilection pour les peintures, qui sont ensuite mises en forme sur toile par ses assistants[5].
Il affirme essayer de faire de l'art pour le plus grand nombre et travailler toujours avec le souci de « traiter de choses avec lesquelles tout le monde peut créer un lien[11][réf. nécessaire]. »
Malgré la simplicité apparente de ses œuvres, Koons y met le plus grand soin, ses Balloon Dogs, par exemple, reproduisent le moindre plissement du ballon. Le temps de production d'une sculpture serait de près de trois ans[5].
L'une de ses créations, Split-Rocker, est une sculpture réalisée avec plus de 100 000 fleurs. Elle représente pour une moitié un Dino, pour une moitié un Pony, tous deux issus de l'imagerie de l'enfance. Elle a été acquise par François Pinault en 2001.
Considérée comme sa première rétrospective en France, l'exposition de 2008 regroupant 17 sculptures de Koons au château de Versailles est la première exposition ambitieuse d'un artiste américain contemporain organisée par le château. Le New York Times a rapporté que « plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant les portes du palais » lors d'une manifestation organisée par un groupe de droite inconnu et luttant pour la pureté artistique française. L'exposition a également été critiquée car 90% du financement de l'exposition, d'une valeur de 2,8 millions de dollars, provenait de mécènes privés, principalement François Pinault.
Koons a collaboré avec BMW et a décoré la 17eart car de la marque, une M3 courant dans la catégorie GT2 aux 24 Heures du Mans 2010. Cette décoration spéciale, réalisée à partir d'une impression numérisée sur vinyle recouverte de deux épaisseurs de film transparent de protection, a été dévoilée le au Centre Georges-Pompidou à Paris.
Il a participé à la création de la statue de Artpop (quatrième album de la chanteuse Lady Gaga), dévoilée le lors de la ArtRave.
Jeff Koons a été l'artiste vivant le plus cher aux enchères avec Balloon Flower (Magenta) vendu 12 921 250 £ (soit 16 343 000 € avec les frais de vente) par Christie's à Londres le [13], détrôné quelques mois plus tard par Lucian Freud, puis par David Hockney en 2018. Jeff Koons reprend la première place grâce à un Rabbit vendu 91,1 millions de dollars chez Chistie's New York le .
Il a été classé 54e artiste en produit de ventes aux enchères pour l'année 2008[14].
Koons considère qu'il n'est pas bon comme homme d'affaires : « Je préfère penser que je suis un très bon artiste[15]. »
En 2014, Jeff Koons est classé par le magazine ArtReview dans le top 10 du « Power 100 » (classement des cent personnalités les plus influentes du monde de l'art contemporain). Il passe de la 56e place à la 7e[16].
Jeff Koons a été condamné plusieurs fois pour plagiat : en 1992 pour sa sculpture String of Puppies (plagiat d’un cliché du photographe Art Rodgers) ; en 1993 pour avoir représenté Odie, un personnage de Garfield, dans Wild Boy and Puppy ; en 2017 pour la sculpture Naked (contrefaçon de la photo intitulée Enfants de Jean-François Bauret)[18],[6]...
En 2015, le photographe Mitchel Gray a déposé plainte pour plagiat d’une de ses affiches publicitaires[19].
En 2018, il est accusé d'avoir plagié une publicité de la marque Naf Naf[20],[21]. Le , il est définitivement condamné pour contrefaçon par la cour d’appel de Paris[6]. Selon l'arrêt rendu, sa sculpture intitulée « Fait d’hiver » reprend bien le visuel d’une publicité créée en 1985 pour la marque de vêtements « Naf-Naf », œuvre du photographe Franck Davidovici. La cour d'appel lui dénie par ailleurs le droit de se prévaloir de l’exception de parodie, « Fait d’hiver » ne constituant pas explicitement une manifestation d’humour ou une raillerie. Jeff Koons ne peut pas non plus invoquer la liberté d’expression artistique, dans la mesure où celle-ci suppose que l'œuvre originale soit connue du grand public et que ce dernier peut donc comprendre les raisons de la transformation artistique du visuel initialement commercial[6].
1991 : Made in Heaven, Galerie Max Hetzler, Cologne ; Sonnabend Gallery, New York ; GalerieLehmann, Lausanne (1992) ; Christophe Van de Weghe, Bruxelles (1992)
Jeff Koons Retrospective, San Francisco Museum of Modern Art (1992-93) ; Walker Art Center, Minneapolis (1993)
Puppy, Schloss Arolsen
1994 : Jeff Koons : A Survey 1981-1994, Anthony d’Offay Gallery, Londres
1995 : Puppy, Museum of Contemporary Art, Sydney
1997 :
Puppy, Guggenheim Museum, Bilbao
Jeff Koons, Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
1998 : Jeff Koons : Encased Works, Anthony d’Offay Gallery, Londres
1999 :
Easyfun, Sonnabend Gallery, New York.
Jeff Koons, A Millenium Celebration, Deste Foundation, Athènes (1999-2000)
Années 2000
2000 :
Easyfun-Ethereal, Deutsche Guggenheim, Berlin (2000-2001) ; Fruitmarket Gallery, Edimbourg (2001) ; Guggenheim Museum, Bilbao (2001-2002) ; 25e Biennale de SaoPaulo (2002) ; Guggenheim Museum, New York
Jeff Koons : Highlights of Twenty-Five Years, C&M Arts, New York
From Pop to Now : Selections from the Sonnabend Collection, The Tang Museum, Saratoga Springs, New York ; The Wexner Center for the Arts, Columbus, Ohio
Retrospektiv, exposition itinérante : Astrup Fearnley Museet for Moderne Kunst, Oslo ; Helsinki City Art Museum (catalogue)
2008 :
Jeff Koons - Celebration, Neue Nationalgalerie, Berlin ; 11 œuvres exposées au rez-de-chaussée de cette galerie berlinoise.
Koons Versailles 17 œuvres emblématiques de l'artiste prennent place dans les appartements et les jardins du château de Versailles[22], du 10 septembre 2008 au 4 janvier 2009.
La chanteuse américaine Lady Gaga fait une référence à Koons dans sa chanson Applause avec les paroles suivantes : « One second I'm a Koons then, suddenly the Koons is me! ». Il a également créé la sculpture de Lady Gaga qui apparaît notamment sur la pochette de son album Artpop.
Jeff Koons fait une courte apparition dans le film Harvey Milk, sorti en 2008. En perruque noire, il joue le rôle de l’ancien maire de San Francisco Art Agnos[25].
(fr + en) Bernard Blistène (commissaire) et Centre national d'art et de culture Georges Pompidou (Paris) (éd.), Jeff Koons, la rétrospective : le portfolio de l'exposition, Centre Pompidou, , 159 p., 22 cm (ISBN978-2-84426-687-3 et 2-84426-687-8)
(fr + en) Elena Geuna (curateur indépendant) (commissaire) et Émilie Girard (Directrice scientifique et des collections - Mucem) (éd.) (trad. Jean-François Allain et Charles Penwarden, préf. Jean-François Chougnet (président MUCEM), catalogue d'exposition), Jeff Koons : œuvres de la collection Pinault, Paris : Dilecta ; Marseille : MUCEUM Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, , 227 p., 27 cm (ISBN978-2-37372-124-9)
(fr + en) Scott Rothkopf (dir.), Bernard Blistène, António Damásio, Jeffrey Deitchet al., Jeff Koons, la rétrospective : catalogue de l'exposition, Paris, Centre Pompidou, 26 novembre 2014 - 27 avril 2015 ; New York, Whitney Museum of American Art, 27 juin - 19 octobre 2014 ; Bilbao, Guggenheim Museum Bilbao, 9 juin - 27 septembre 2015, Centre Pompidou, , 311 p., 31 cm (ISBN978-2-84426-686-6)
(fr + en) Scott Rothkopf (commissaire) et Centre national d'art et de culture Georges Pompidou (Paris) (Chronologie), Jeff Koons, la rétrospective : l'album de l'exposition de l'exposition, Centre Pompidou, , 59 p., 27 × 27 cm (ISBN978-2-84426-709-2)
(en) Robert Rosenblum, The Jeff Koons Handbook, Rizzoli International Publications, , 174 p., 22 × 29 cm (ISBN0847816966)
(en) David Sylvester et Robert Rosenblum (With an interview by David Sylvester and essay by Robert Rosenblum), Jeff Koons, easyfun - ethereal, Deutsche Guggenheim (Berlin), , 80 p., 22 × 29 cm (ISBN0-8109-6931-9)
↑(en) « The science behind the art of Jeff Koons », (explication du phénomène physique de lévitation apparente des œuvres Ball Total Equilibrium Tank), sur qz.com, (consulté le ).
↑« Jeff Koons condamné pour plagiat, l'art de l'appropriation contre la propriété intellectuelle », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) « Artist Jeff Koons sued for copyright infringement over gin ad photo », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
↑« Jeff Koons condamné pour le plagiat d’une publicité Naf-Naf », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) « Jeff Koons Is Found Guilty of Copying. Again. », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
↑Exposition sujette à beaucoup de controverses et de scandales divers, un descendant de Louis XIV, Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, intentant même un procès pour la faire interdire, fut débouté par la justice.