Joseph L. Mankiewicz
Joseph Leo Mankiewicz [ˈ d͡ʒ o ʊ s ə f ˈ l i ː o ʊ ˈ m æ ŋ k ə w ɪ t͡s ] [ 1] , né le 11 février 1909 à Wilkes-Barre en Pennsylvanie et mort le 5 février 1993 à Mount Kisco (New York ), est un réalisateur , scénariste et producteur de cinéma américain .
Cinéaste de premier ordre, oscarisé à plusieurs reprises, Mankiewicz est l'auteur de films majeurs, tels que Ève , La Comtesse aux pieds nus ou encore Le Limier , particulièrement reconnus pour la qualité de leur scénario et leurs dialogues soignés. Il est également le frère d'Herman J. Mankiewicz , scénariste de Citizen Kane d’Orson Welles .
Biographie
Joseph Leo Mankiewicz[ 2] , [ 3] est le fils cadet[ 4] de Franz Mankiewicz et Johanna Blumenau[ 5] , immigrés juifs venus d'Allemagne . Après ses études secondaires à la Stuyvesant High School , il s'inscrit à l’université Columbia où il obtiendra son Bachelor of Arts en 1928 [ 5] . Puis, sur les conseils de son père, il part à Berlin pour parfaire son éducation. À Berlin il est correspondant du Chicago Tribune , parallèlement, il s’intéresse au théâtre et au cinéma et est embauché par l’UFA pour traduire les intertitres des films destinés au marché anglo-saxon. À la suite de l'émission d’un chèque sans provision[réf. nécessaire] , il quitte précipitamment Berlin pour Paris . En 1929 , son frère Herman [ 6] qui travaille comme scénariste (pour les Marx Brothers , pour Orson Welles avec Citizen Kane , etc. ) à la Paramount Pictures [ 7] lui suggère de rentrer le rejoindre. Joseph se voit chargé de la rédaction de sous-titres puis de scénarios pour des comédies simples (Skippy , 1931, nommé aux Oscars pour son scénario) et burlesques (pour W. C. Fields ).
Passant à la MGM il obtient une nouvelle nomination aux Oscars du scénario pour L’Ennemi public no 1 tourné par W.S. Van Dyke . Alors qu’il exprime le souhait de tourner lui-même ses scénarios, Louis B. Mayer le nomme producteur — il produisit entre autres Furie [ 8] de Fritz Lang , qui ne lui pardonna pas d’avoir procédé à des coupes, contre son avis, sur la fin du film.
En 1942 , il se brouille avec L. B. Mayer et rejoint la 20th Century Fox . C’est à ce moment que Lubitsch , victime d’une crise cardiaque et incapable de tourner, lui confie la tâche de réaliser un film qu’il devait faire : Le Château du dragon [ 9] (1946 ).
Mankiewicz rencontre ensuite le succès avec Chaînes conjugales [ 10] (1949 ), qui remporte les Oscars du scénario et de mise en scène . L’année suivante il réitère la performance, obtenant exactement les mêmes prix pour Ève [ 11] , qui remporte également l’Oscar du meilleur film .
En 1950 alors qu’il est président de la Screen Director Guild , Cecil B. DeMille profite d’une période où Mankiewicz est absent pour tenter une offensive pro-maccarthysme. À son retour, Mankiewicz s’oppose à la manœuvre et, soutenu par John Ford , repousse l’attaque.
En 1951 , après avoir tourné L’Affaire Cicéron [ 12] , il quitte la Fox et Los Angeles pour aller s’installer au calme sur la côte Est. En 1952 , il adapte le Jules César [ 13] de Shakespeare pour la MGM [ 14] avec Marlon Brando en vedette, et met en scène La Bohème de Giacomo Puccini pour le Metropolitan Opera . L'année suivante , il crée sa propre maison de production, Figaro Inc. , qui produisit l’année suivante La Comtesse aux pieds nus [ 15] . Les films suivants rencontrent moins de succès. Il faut attendre 1959 pour que Soudain l’été dernier , adaptation de la pièce de Tennessee Williams , le ramène à l’avant-scène. En 1960 , il est appelé en urgence pour sauver le tournage de Cléopâtre . Très réticent, il accepte la proposition en échange d’une grosse somme d’argent et du sauvetage de Figaro Inc. au bord du naufrage financier. Le tournage de ce péplum colossal l’accapare jusqu’en 1963. Son montage fut remanié par Zanuck et Mankiewicz renia le film. En 1967 sort Guêpier pour trois abeilles et en 1970 , un western, Le Reptile . En 1972 , il tourne son dernier film, Le Limier , dont la distribution se limite à deux acteurs, aux antipodes de Cléopâtre .
Il se retire ensuite, se consacrant à la lecture et se tenant en retrait de l’industrie cinématographique.
Il meurt des suites d'un infarctus le 5 février 1993 à 6 jours de son 84e anniversaire au Northern Westchester Hospital[ 16] de Mount Kisco [ 17] dans l’État de New York .
Il est enterré au cimetière Saint Matthew's Episcopal Churchyard de Bedford [ 5] (comté de Westchester dans l’État de New York ).
Joseph Mankiewicz s'est marié trois fois[ 18] :
Elizabeth Young (1934-1937), un fils, Eric.
L'actrice Rose Stradner (1913 -1958 ), deux fils, Tom et Christopher.
Rosemary Matthews (1962-1993), une fille, Alexandra.
Il obtient son étoile sur le Hollywood Walk of Fame le 8 février 1960 [ 19] .
Les archives de Joseph Mankiewicz sont déposées à la Bibliothèque Margaret Herrick Library [ 20] de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences [ 21] .
Réalisateur atypique[ 22] , [ 23] , [ 24] , [ 25] du panthéon américain, ses films se caractérisent par une quasi absence d’action, au sens hollywoodien du terme, et l’importance prépondérante des flashbacks , des dialogues[ 26] et des rapports entre les personnages. Ses têtes d’affiches couvrent le gotha de l’époque (Marlon Brando , Elizabeth Taylor , Bette Davis , Ava Gardner , Humphrey Bogart , Montgomery Clift , Gene Tierney , Vincent Price …) avec une prépondérance d’acteurs britanniques : George Sanders , Rex Harrison , Cary Grant , Richard Burton , Laurence Olivier , Michael Caine , James Mason , Maggie Smith …
Sa filmographie est relativement restreinte comparée à celle des autres grands noms du cinéma américain, mais peu de ses films sont passés inaperçus. Mankiewicz s’est même essayé au péplum (Cléopâtre [ 27] , [ 28] qui fut jusqu'en 1995 le film le plus cher jamais réalisé[ 29] , [ 30] ), à la comédie musicale (Blanches colombes et vilains messieurs [ 31] ) et au western (Le Reptile [ 32] ).
Filmographie
Réalisateur
Scénariste
Producteur
Acteur
Prix et récompenses
Notes et références
↑ Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API .
↑ Encyclopædia Universalis , « JOSEPH LEO MANKIEWICZ », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Joseph L. Mankiewicz - Cinémathèque française », sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Joseph Mankiewicz - Hollywood's Golden Age », sur www.hollywoodsgoldenage.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a b et c (en-US) « Joseph Leo Mankiewicz », sur Find a grave .
↑ (en) « Herman Mankiewicz | American writer », sur Encyclopedia Britannica (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) Mel Gussow , « The Sometimes Bumpy Ride Of Being Joseph Mankiewicz », The New York Times , 24 novembre 1992 (ISSN 0362-4331 , lire en ligne , consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) « Joseph L. Mankiewicz », sur Rotten Tomatoes (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ cinestranger , « JOSEPH L. MANKIEWICZ », sur ACTERIEUR DU CINEMA (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Critique de CHAÎNES CONJUGALES réalisé par Joseph L. Mankiewicz », sur Le Blog Du Cinéma , 7 décembre 2016 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a et b « All About Eve and A Little About Joseph L. Mankiewicz - The American Society of Cinematographers », sur ascmag.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a et b « L'Affaire Cicéron de Joseph L. Mankiewicz (1952) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Analyse : Jules César (Joseph L. Mankiewicz) », sur critikat.com - le site de critique de films , 15 janvier 2008 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a et b « Mankiewiecz adaptateur de Shakespeare », Études anglaises 2002/2 (Tome 55), pages 181 à 189 .
↑ « La Comtesse aux pieds nus (1954) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Hospital in New York | Northern Westchester Hospital, Mt Kisco NY », sur nwhc.net (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) Peter B. Flint , « Joseph L. Mankiewicz, Literate Skeptic of the Cinema, Dies at 83 », The New York Times , 6 février 1993 (ISSN 0362-4331 , lire en ligne , consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) « Joseph Leo Mankiewicz », sur geni_family_tree (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Joseph L. Mankiewicz | Hollywood Walk of Fame », sur www.walkoffame.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) « Margaret Herrick Library Digital Collections », sur digitalcollections.oscars.org (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) « Joseph L. Mankiewicz papers », sur oac.cdlib.org (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Dictionnaire du cinéma anglo-saxon|Faites vos jeux ! Rien ne va plus ! Le ludisme, dans l’œuvre de Joseph L. Mankiewicz », sur Dictionnaire du cinéma anglo-saxon (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) Kevin Jackson , « Fasten your seat belts », sur the Guardian , 7 décembre 2007 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Rétrospective Joseph Mankiewicz », sur Institut Louis Lumière , Rue du Film .
↑ Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr , « Joseph MANKIEWICZ fustige longuement les "producteurs" de cinéma », sur Ina.fr (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Joseph L. Mankiewicz », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Vanity Fair et Condé Nast Digital France , « Les 10 plaies de « Cléopâtre », l'éternel film maudit », sur Vanity Fair , 19 mai 2017 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) « 'Cleopatra': THR's 1963 Review », sur The Hollywood Reporter (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Les films les plus chers de l'histoire du cinéma : Pirates des Caraïbes 3, Cléopâtre, Titanic... », sur Premiere.fr , 24 juin 2014 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Noodles , « Quel est le film le plus cher de l’histoire du cinéma ? », sur Doc Ciné : Critiques et actualités du cinéma , 10 avril 2016 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a et b « Objectif Cinéma : BLANCHES COLOMBES ET VILAINS MESSIEURS De Joseph L. Mankiewicz », sur www.objectif-cinema.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ a et b « Ciné-club : Le reptile de Joseph L. Mankiewicz », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Mon Cinéma à Moi , « DRAGONWYCK (Le Château du dragon) – Joseph L. Mankiewicz (1946) », sur mon cinéma à moi , 8 mai 2017 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) Scott Nye , « Scott Reviews Joseph L. Mankiewicz's A Letter to Three Wives [Masters of Cinema Blu-ray Review] », sur CriterionCast , 30 juillet 2015 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Mondociné , « UN MARIAGE A BOSTON (critique) », sur Mondociné , 13 mars 2013 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « L'Aventure de Mme Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) Richard Brody , « Joseph L. Mankiewicz’s Rare “Escape” », The New Yorker , 14 octobre 2014 (ISSN 0028-792X , lire en ligne , consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Chaînes conjugales (1949) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « La Maison des étrangers de Joseph L. Mankiewicz (1949) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Objectif Cinéma : LA PORTE S’OUVRE De Joseph L. Mankiewicz », sur www.objectif-cinema.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) « DVD of the Week: People Will Talk », The New Yorker , 21 juillet 2010 (ISSN 0028-792X , lire en ligne , consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Joseph L. Mankiewicz Les choses dont on se souvient et les choses qu’on oublie », Cinepage n°166 , juin 2008 .
↑ (en-US) Bosley Crowther , « The Screen in Review; 'The Barefoot Contessa' Arrives at Capitol », The New York Times , 30 septembre 1954 (ISSN 0362-4331 , lire en ligne , consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-GB) « Guys and Dolls », sur The List , 15 décembre 2014 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Un américain bien tranquille (1958) de Joseph L. Mankiewicz », sur L'Oeil sur l'Ecran (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ admin , « Joseph L. Mankiewicz, Soudain l’été dernier | lelitteraire.com » (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en-US) Andre Soares , « Joseph L. Mankiewicz: 'Suddenly Last Summer' Screening Honors Four-Time Oscar Winner » (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ (en) Condé Nast , « When Liz Met Dick: The Making of Cleopatra », sur Vanity Fair (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Ciné-club : Guêpier pour trois abeilles de Joseph L. Mankiewicz », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « Prison walls do not a movie make - Cleveland Memory Project, CSU Library », sur www.clevelandmemory.org (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Justin , « Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste: Le Limier - Sleuth, Joseph L. Mankiewicz (1972) », sur Chroniques du Cinéphile Stakhanoviste , 29 décembre 2014 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ Stephanie FUZEAU , « Le limier (Arte) : pourquoi le thriller de Mankiewicz est-il culte ? », sur www.programme-tv.net , 28 mai 2018 (consulté le 5 avril 2019 ) .
↑ « ALL ABOUT EVE », sur Festival de Cannes (consulté le 5 avril 2019 ) .
Voir aussi
Bibliographie
Pascal Mérigeau , Mankiewicz , Paris, Éditions Denoël , 1993 , 412 p. (ISBN 2-207-24060-6 )
Patrick Brion , Joseph L. Mankiewicz : biographie, filmographie illustrée, analyse critique , Paris, éditions La Martinière , 2005 , 622 p. (ISBN 2-7324-3326-8 )
Vincent Amiel , Joseph L Mankiewicz et son double , Paris, Presses universitaires de France , coll. « Perspectives critiques », 2010 , 134 p. (ISBN 978-2-13-058150-5 )
Alice Ferney, Paradis conjugal , Édition Albin Michel 2008
Liens externes
Années 1920-1930
Années 1940-1950
Années 1960-1970
Années 1980-1990
Années 2000-2010
Années 2020-2030