Katmandou[2] (en népalais : काठमाडौं (kāṭhamāḍauṁ), काठमान्डु (kāṭhamānḍu), en nepalbhasha : येंदेय् (yēndēy)), très rarement orthographiée Kathmandou, Kathmandu ou Katmandu, parfois appelée Kantipur du nom de l'ancienne cité-État[3], ou encore Yen — notamment par les Newars —, est la capitale politique et religieuse du Népal dont elle est également la plus grande ville ainsi que le chef-lieu du district du même nom. Les premiers habitants de Katmandou étaient des Newars et parlaient le nepâlbhâsa, qui reste couramment utilisé par la population de la ville.
La ville s'élève à 1 400 mètres d'altitude au confluent de deux rivières : la Bagmati et la Bishnumati. Elle est entourée d'une couronne de montagnes de taille moyenne (de 3 000 mètres au maximum) dans les contreforts de l'Himalaya ; ce qui explique qu'on parle de la vallée de Katmandou (administrativement connue sous le nom de zone de la Bagmati, « Bagmati anchal ») qui comprend aussi Patan et Bhaktapur et est peuplée d'environ 1,5 million d'habitants.
La ville eut, en Europe, une période de grande célébrité. Dans les années 1960, elle était la destination favorite des hippies qui faisaient la route de Katmandou.
Selon les chroniques locales, la ville de Katmandou aurait été fondée au Xe siècle par le roi Gunakamadeva.
La structure actuelle de la ville remonte au XVIe siècle.
Histoire
La vallée de Katmandou a peut-être été habitée dès l'an 900 avant Jésus-Christ mais les plus vieux objets trouvés à ce jour dans la vallée datent d'une centaine d'années avant Jésus-Christ. La plus ancienne inscription connue est datée de 185 ap. J.-C. Le plus vieux bâtiment au creux de cette vallée daté avec certitude remonte à presque mille ans. On dit qu'au VIe siècle av. J.-C., le Bouddha et ses disciples auraient passé du temps dans la région actuelle de Patan, bien qu'il n'y ait aucune preuve de cela. Quatre stûpas autour de la ville de Patan auraient été érigés par Charumati, fille d'Ashoka le Grand, roi Maurya, au IIIe siècle av. J.-C., d'après l'ancienne histoire présente dans la vallée. Comme pour les légendes sur la venue du Bouddha, il n'y a aucune preuve affirmant la visite d'Ashoka mais les quatre stupas de Patan datent probablement de ce siècle.
Les Kirats sont les premiers souverains connus de la vallée de Katmandou. Les vestiges de leur palais seraient à Patan près de Hiranyavarna Mahavihara (appelé « Patukodon »). La dynastie Licchavi dont les plus anciennes inscriptions datent d'avant l'an 464 succéda aux Kirats ; elle avait des liens étroits avec la dynastie indienne Gupta.
Depuis le XIIe siècle, la dynastie Malla régnait sur Kantipur. Au XVIIe siècle, Prithvi Narayan Shah conquit la vallée, installa la dynastie Shah et unifia le royaume du Népal. Aujourd'hui, à Katmandou, la plupart de l'ancienne architecture date de l'ère Malla.
La ville de Katmandou est nommée ainsi d'après un édifice situé à Durbar Square appelé Kaasthamandap d'après le sanskrit, Kaasth (काष्ठ), « bois » et Mandap (मंडप/मण्डप), « refuge abrité ». Cet unique temple connu aussi sous le nom de Maru Satal, fut construit en 1596 par le roi Laxmi Narsingh Malla. L'édifice entier ne contient ni clou en fer, ni aucun support. Il est entièrement construit en bois. La légende veut que le bois utilisé pour sa construction ne provienne que d'un seul arbre.
Géographie
La vallée de Katmandou est composée de trois villes principales, Katmandou elle-même, Patan et Bhaktapur. Patan et Katmandou se confondent, uniquement séparées par la rivière Bagmati, tandis que Bhaktapur s'élève plus près des contreforts à l'est.
Katmandou elle-même est le lieu de résidence de la plupart des bureaux gouvernementaux, des ambassades, des maisons de corporation et de l'ancien palais royal de Narayanhiti. Ce dernier est un large bâtiment à l'est de Thamel le sanctuaire touristique du pays et à la tête de Durbar Marg, une rue remplie de magasins très différents.
Thamel est constitué de deux rues parallèles juste à l'ouest du palais. C'est l'emplacement de différentes résidences appartenant à différentes célébrités.
La plupart des rues de Katmandou ont des noms en langue népalaise (le nepâlbhâshâ), affirmant son appartenance à la riche culture newarie et à l'héritage qui en est resté.
La « vieille ville » est remarquable pour ses nombreux temples et pour ses palais bouddhistes et hindous dont la plupart remontent au XVIIe siècle. Beaucoup de ces monuments ont été endommagés par les séismes et par la pollution.
Population
Évolution démographique
Depuis 1971, l'évolution démographique de Katmandou a été (en milliers d’habitants)[4] :
Évolution démographique (ligne 1)
1971
1981
1991
2001
2006
150 402
235 160
421 258
671 846
777 795
Évolution démographique (ligne 2)
2011
2020
-
-
-
975 453
985 000
-
-
-
Histogramme de l'évolution démographique de Katmandou
Histogramme
1971
150 402
1981
235 160
1991
421 258
2001
671 846
2006
777 795
2011
975 453
2020
985 000
Langues
Népali (62 %)
Néwari (19 %)
Tamang (6 %)
Maïthili (3 %)
Gurung (2 %)
Magar (2 %)
Autres (6 %)
Depuis le recensement de 2011, le népalais est la langue maternelle la plus répandue à Katmandou, avec 62 % de la population la parlant comme langue maternelle.
Le néwari est parlé par 19 % des habitants, et les autres langues parlées dans la ville comprennent le tamang(en) (6 %), maïthili (3 %) , bhodjpouri (2%), gurung(en) (2%), magar (2%) et sherpa (1 %) comme langue maternelle. L'anglais est également parlé par de nombreux Népalais[5].
Groupes ethniques
Néwars (24,7 %)
Bahuns (24,5 %)
Chhetris (18 %)
Tamangs (7,8 %)
Magars (3,8 %)
Autres (21,2 %)
Le groupe ethnique le plus important est celui des Newars, dont les différents sous-groupes représentent 24,7 % de la population.
Les Bahuns (caste des brahmanes), également connus sous le nom Khas Brahmin, sont en nombre presque égal, représentant 24,5 % de la population. Ils font partie de la communauté Khas(en) au sens large, tout comme les Chhetris (caste des kshatriyas), le troisième groupe en importance, qui représente 18 % de la population.
Les autres groupes de Katmandou sont les Janajatis, comprenant les Tamangs (7,8 %), les Magars (3,8 %), les Gurungs (2,6 %) et les Rais (2,1 %). Les musulmans népalais représentent 1,8 % de la population.
Plus récemment, d'autres groupes madeshi(en) du Teraï sont venus représenter une proportion importante de la population de la ville, et l'on compte environ 12 000 Marwadis(en), principalement des marchands.
Patrimoine
La vallée de Katmandou abrite sept sites appartenant au patrimoine mondial de l'UNESCO : le centre-ville des trois anciennes capitales royales : Katmandou Hanuman Dhoka, Patan et Bhaktapur ; les deux plus importants stûpas bouddhistes : Swayambhunath et Boudhanath et deux fameux tombeaux hindous : le temple de Pashupatinath et Changu Narayan. Depuis 2003, le site est considéré comme « en danger » par l'UNESCO, à cause de l'inquiétude de la perte continue d'authenticité et de la valeur universelle exceptionnelle de la propriété culturelle.
La tour Bhimsen à Sundhara (détruite par le tremblement de terre du )
La porte des martyrs, à Tundikhel, hommage aux quatre hommes qui, au prix de leur vie, s’opposèrent au régime dictatorial de la dynastie des Rânâ.
Depuis les années 1960, Katmandou est populaire auprès des touristes occidentaux. À l'époque, elle était l'étape ultime de la « route de Katmandou ». Beaucoup de hippies s'installaient alors à Freak Street ou dans le quartier environnant (Jochhen Tole). Depuis les années 2000, c'est surtout le trek et la culture népalaise qui attirent les touristes.
Trois routes partent de Katmandou ; l'autoroute Tribhuvan (vers le Sud) et la route Prithvi (vers l'Ouest) sortent toutes deux de la vallée par l'ouest. La bifurcation de Naubise (20 km de Katmandou) les sépare. La route 'Araniko' part vers le nord. Une quatrième, l'autoroute BP, est en construction et se dirigera vers l'est.
Administration
La ville est divisée en 35 quartiers répartis sur 5 secteurs géographiques :
Secteur Central : quartiers 1, 5, 11, 31, 32 et 33.
Secteur est : quartiers 6, 7, 8, 9, 10, 34 et 35.
Secteur nord : quartiers 2, 3, 4, 16 et 29.
Cœur de la ville : quartiers 17, 18, 19, 24, 25, 26, 27, 28, 30, 12, 20, 21, 22 et 23. C'est le secteur le plus densément peuplé. Il regroupe l'essentiel des monuments historiques et culturels de la ville.
Secteur ouest : quartiers 13, 14 et 15.
Environnement
Pollution atmosphérique
La métropole urbaine de Katmandou souffre d'une dangereuse augmentation de la pollution atmosphérique. L'Himalaya, au nord, et le Mahabharat(en), au sud, forment une barrière autour de la vallée de Katmandou qui empêche la dispersion de l'air pollué hors de la vallée. Les pics de pollution saisonniers présentent des valeurs voisines des zones industrielles des autres nations.
La situation géographique de Katmandou influence les concentrations de pollution aérienne particulièrement durant les mois d'hiver pendant lesquels les circulations d'air de montagne et de vallée affectent le mouvement de la pollution aérienne[pas clair]. Pendant l'hiver, la pollution aérienne est emportée hors de la vallée de Katmandou pendant le jour pour ensuite retourner dans la vallée la nuit à cause des brises de montagne. Cela a pour effet un niveau très élevé de particules polluantes suspendues pendant la nuit.
À présent[Quand ?], à Katmandou, le niveau de PM 10 (particules qui mesurent dix micromètres et peuvent entrer facilement dans le corps humain par inhalation) est en moyenne de 148 microgrammes par mètre cube voire de 198 µg dans le quartier d'affaires de Katmandou. C'est bien plus haut que la norme de tolérance internationale qui est autour de 72 microgrammes par mètre cube.
Katmandou a vu son niveau de PM 10 tripler durant la dernière décennie. Pendant les mois d'hiver, le niveau de pollution est désormais comparable à certaines des villes les plus polluées du monde.
La pollution de Katmandou est similaire à celle de Séoul au début des années 1980 lors de l'industrialisation rapide de la Corée du Sud. Mais contrairement à Séoul, le Népal n'a jamais eu de véritable industrialisation et souffre même d'une extrême pauvreté à laquelle se sont ajoutés des troubles sociaux.
À Katmandou, les sources majeures de pollution aérienne sont les émissions de véhicules et les effluves des nombreux fours à brique illégaux dispersés à travers la vallée.
Selon l'Environmental Performance Index de l'Université Yale, le Népal est considéré en 2014 comme le deuxième pays le plus pollué de la planète derrière le Bangladesh[6].
Risque sismique
La ville et sa vallée se situent dans une zone d'intense activité sismique, à la limite entre la plaque indienne et la plaque eurasienne. Les constructions ne sont cependant pas prévues pour résister aux fortes accélérations provoquées par les importants séismes caractérisant cette région[7].
La ville a terriblement souffert de plusieurs tremblements de terre en 1934 et en avril et mai 2015[8]. Ces deux événements ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes, et la ruine de nombreux immeubles, dont celle de bâtiments historiques[9].
Kathmandu est le titre de plusieurs chansons : de Cat Stevens sur son album Mona Bone Jakon (1970), de Bob Seger sur son album Beautiful Loser (1975) et du groupe Krematorij sur leur album Three Springs (2000). Fito Páez a aussi composé une chanson sur Katmandou intitulée Tráfico por Katmandú (« Trafic à Katmandou » en français).
Katmandou 1969 est un double CD édité en 2009 par Frémeaux & Associés (Grand prix de l’Académie Charles-Cros). Il s'agit de l'enregistrement d'un voyage musical effectué par le journaliste François Jouffa lors de la fête Indra Jatra(en) de la petite Déesse vivante en . Ce coffret comprend des témoignages musicaux et parlés d'époque comme celui du jeune consul de France confronté au problème des drogues consommées par les beatniks et hippies. Ces musiques, déjà sorties sur un 33 tours Vogue en 1970, avaient influencé[réf. nécessaire]Jimmy Page et Robert Plant, guitariste et chanteur de Led Zeppelin, quand ils composèrent Kashmir, un des premiers morceaux de la world music pop.
(en) Shaphalya Amatya, Monument conservation in Nepal : my experience with the world heritage sites of Kathmandu valley, Vajra Publications in association with Eco Himal, Kathmandu, 2007, 257 p. (ISBN978-9937-506-01-4)
(en) Heather Hindman, Mediating the global : expatria's forms and consequences in Kathmandu, Stanford University Press, Berkeley, 2013, 277 p. (ISBN978-0-8047-8651-5)
Annick Hollé, Cité des dieux, ville des hommes : organisations spatiales, morphologies urbaines et correspondances sociales à Katmandou, Népal, Université Paris 1, 1997, 550 p. (thèse de Géographie)
Annick Hollé (texte) et Jacques Raymond (phot.), Katmandou, la ville aux mille visages, Éditions de La Flandonnière, 2010, 144 p. (ISBN978-2918098089)
(en) Mark Liechty, Out here in Kathmandu : modernity on the global periphery, Martin Chautari Press, Kathmandu, 2010, 402 p. (ISBN978-993-781946-6)
(en) Anne M. Rademacher, Reigning the river : urban ecologies and political transformation in Kathmandu, Duke University Press, Durham, London, 2011, 245 p. (ISBN978-0-8223-5080-4)
Patricia Roberts (texte) et Thomas L. Kelly (phot.), Katmandou : la cité aux confins du monde, La Bibliothèque des arts, Paris, Lausanne, 1989, 197 p. (ISBN2-85047-040-6)
(en) Jean-Christophe Ryckmans, The street children of Kathmandu : study, approaches, and comments on the daily life of street-based children of the Nepalese capital, CPCS NGO (Nepal) and CPCS INT (Belgium), Kathmandu, 2007, 176 p. (ISBN978-99946-2-383-9)
Filmographie
(en) A small light, film de Julia Yezbick, The Royal Anthropological Institute, London, 2004, 32 min (DVD)