Kirill Sergueïevitch Stremooussov (en russe : Кирилл Сергеевич Стремоусов ; en ukrainien : Кирило Сергійович Стремоусов, Kyrylo Serhiïovytch Stremooussov), né le et mort le , est un homme politique et blogueurrusso-ukrainien.
Après son arrivée à Kherson, Kirill Stremooussov fonde l'agence de presse Tavria News[1] et part en voyage aux Amériques. Après son retour, il dirige des séminaires axés sur une approche mystique d'un mode de vie sain et devient adepte de la Conception de la sécurité publique (en russe : Концепция общественной безопасности), une secte conspirationnistepost-soviétique d'inspiration néo-païenne et néo-staliniste. En 2013, Stremooussov est l'un des organisateurs des « courses russes », qui doivent montrer à Kherson la « force de l'esprit russe »[2] ; en décembre de la même année, il fonde l'organisation « Pour le président », apportant un soutien explicite au président pro-russe Viktor Ianoukovitch[1].
Activités politiques et activisme
En , Kirill Stremooussov cofonde le Centre ukrainien d'autodéfense environnementale[3]. Dans les années suivantes, il se fait remarquer par plusieurs actions violentes : en , il agresse un policier[4],[5], puis, le , il participe à l'attaque d'un convoi de la Sécurité nationale d'Ukraine[5],[6]. Le de la même année, il tire sur un homme avec un pistolet non létal dans le raïon de Henitchesk[5],[7].
Outre ce militantisme violent, Kirill Stremooussov crée également la polémique en 2017 après s'être filmé en train de faire tourner sa fille de quatre mois autour de sa tête par ses jambes. Ce faisant, il indique qu'il peut entendre « craquer ses os ». Le journal indien The Financial Express qualifie Stremooussov de « sans cœur », soulignant son ignorance totale des cris du bébé[8].
Tout ceci ne l'empêche pas, le , d'être nommé à la tête de la branche khersonienne du Parti socialiste d'Ukraine[1]. En 2019, il est néanmoins exclu du parti, probablement en raison de son implication dans une fusillade contre la rédaction du journal Novy Den (Новый день). C'est donc sans étiquette qu'il se présente aux élections législatives ukrainiennes de 2019 dans la 82e circonscription, obtenant 1,74 % des voix[1].
Durant la crise du Covid-19, Kirill Stremooussov se met à promouvoir des théories du complot sur la pandémie[1]. Dans ses vidéos, il accuse les autorités de propager la maladie, évoque des « biolaboratoires américains en Ukraine » et exhorte les habitants à ne pas porter de masques et à ne pas respecter les restrictions sanitaires[3].
Le , il attaque le journaliste Dmytro Bahnenko, ce qui lui vaut une enquête judiciaire pour entrave au travail de la presse. En , la Sécurité nationale ukrainienne perquisitionne ses propriétés dans le cadre d'une procédure pénale visant à contrer les ingérences du FSB russe en Ukraine[1].
Lors des élections locales de 2020, il présente sa candidature, sans étiquette et sans succès, à la mairie de Kherson[9]. L'année suivante, il rejoint le parti pro-russe Derjava(en)[10].
Invasion russe de l'Ukraine en 2022
Après l'invasion de l'oblast de Kherson par l'armée russe, Kirill Stremooussov réaffirme ses positions pro-russes. Le , il participe avec d'autres militants pro-russes locaux à une réunion du « Comité de salut pour la paix et l'ordre », l'autorité suprême de collaboration avec l'occupant, dans les locaux de l'administration régionale de Kherson[11]. Le , le gouvernement ukrainien accuse Stremooussov de trahison pour son rôle dans cette réunion et entame des poursuites pénales contre lui[3],[12].
Le , Kirill Stremooussov est nommé vice-président (gouverneur) de l'administration militaro-civile de Kherson[13]. Stremooussov annonce qu'à partir de mai, la région changera sa monnaie pour le rouble russe. De plus, citant des rapports anonymes rapportant une discrimination contre les russophones, Stremooussov déclare que « la réintégration de la région de Kherson dans une Ukraine nazie est hors de question »[14]. Le , il annonce être prêt à demander officiellement au président Vladimir Poutine le rattachement de l'oblast de Kherson à la fédération de Russie, rejetant au passage toute perspective de création d'une « république populaire de Kherson » ou de référendums sur la question[15],[16],[17]. Après cette annonce, des tracts promettant une récompense de 500 000 hryvnias pour l'assassinat de Stremooussov commencent à être diffusés autour de Kherson[12],[18].
Le , Kirill Stremooussov présente un projet d'exportation de céréales de Kherson vers la Russie. Il travaille également à l'exportation de graines de tournesol[19].
Le , Stremooussov est sanctionné par l'Union européenne pour avoir soutenu et promu des politiques portant atteinte à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine[20],[21]. La Russie, de son côté, lui délivre un passeport le [22].
Durant la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kherson, le , Kirill Stremooussov exprime son mécontentement face à des « commandants incompétents » et reproche au ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir permis cette situation, ajoutant que beaucoup suggèrent que le ministre devrait « se tirer une balle »[23],[24].
Mort
Le , Kirill Stremooussov meurt à l'âge de 45 ans dans un accident de voiture près de Henitchesk, devenue de facto le centre de commandement de la Russie dans la région[25],[26]. Sa mort survient quelques heures avant l'annonce officielle du retrait de la Russie de la ville de Kherson[26]. Le président Vladimir Poutine lui décerne l'ordre du Courage à titre posthume[27].
↑ a et bWendell Steavenson et Marta Rodionova, « Collaborators, demonstrators, soldiers, spies: life under Russian occupation », The Economist, (lire en ligne, consulté le )
↑(en) Nataliya Vasilyeva, « Occupied Kherson will switch to Russian currency, puppet government says », The Telegraph, (ISSN0307-1235, lire en ligne, consulté le )