Leïla Bekhti est née au sein d'une famille algérienne, originaire de Sidi Bel Abbès[2] dans l'Ouest de l'Algérie, qui s'installe dans la région parisienne. Née à Issy-les-Moulineaux, Leïla Bekhti grandit à Bagneux[3]. Elle est la benjamine de trois enfants[4]. Alors qu'elle est lycéenne, elle achète régulièrement le magazine Casting, mais elle a alors pour seule intention de s'amuser à regarder si des annonces peuvent lui correspondre, sans engager aucune démarche à chaque fois que c'est le cas[5]. Après un baccalauréat littéraire (option « théâtre »)[4] obtenu au lycée Maurice-Genevoix de Montrouge, elle s'inscrit sans conviction dans une faculté et suit dans ce cadre une formation sur l'art-thérapie[5]. Elle suit aussi pendant six mois des cours de théâtre au sein d'une école à Paris, sans véritable assiduité[4]. Tout en effectuant divers petits boulots pour payer ses cours, dont celui de vendeuse dans une boutique de vêtements appartenant à son frère à Orléans[4],[5], elle intègre ensuite l'école Stéphane-Gildas à Paris, puis le cours de Bérengère Basty à l'Art'aire Studio[4].
Carrière
Débuts et ascension rapide (2005-2009)
En 2005, poussée par des amis[5],[3], elle se rend au casting de Sheitan, film de Kim Chapiron avec Vincent Cassel (également producteur du film), et y obtient un des rôles principaux, celui de Yasmine, une jeune femme n'ayant pas froid aux yeux[3]. Sorti en salles le , le film, thriller français aux frontières du film d'horreur, est interdit aux moins de seize ans et reste treize semaines à l'affiche, réalisant près de trois cent mille entrées[6].
La même année, elle interprète, sous la direction d'Alain Tasma, le rôle de Leïla dans le téléfilm Harkis, avec Smaïn dans le rôle de son père. Elle en profite pour se plonger dans cette période trouble de l'histoire algérienne, renouant avec les origines de sa famille, dont plusieurs membres, notamment son grand-père, ont combattu dans les rangs du FLN[3].
Au cinéma, elle décroche successivement le rôle de Zarka dans Paris je t'aime (fragment Quais de Seine, réalisé par Gurinder Chadha) et celui de Mounia dans Mauvaise Foi, le premier film de Roschdy Zem[7] où elle interprète la sœur de celui-ci. À la télévision, elle enchaîne coup sur coup le rôle de Djamila dans un épisode de la série Madame le Proviseur et celui de Valli Devailly dans la série Les Tricheurs, créée par Claude Scasso, à laquelle elle participe jusqu'en 2009, aux côtés de Pascal Légitimus et de Sara Martins.
En 2008, deux seconds rôles vont contribuer à accroître sa visibilité : celui de la fille du fellagha dans L'Instinct de mort, de Jean-François Richet, et surtout celui de Djamila dans le film Un prophète de Jacques Audiard. Ce dernier film, qui remporte neuf césars[10], vaut à celle qui tient le seul rôle féminin du casting sa première montée des marches lors du Festival de Cannes 2009, où le film obtient le grand prix du Jury[11].
En 2009, elle est membre du jury des courts métrages lors du Festival international du film fantastique de Gérardmer 2009.
La même année, outre un troisième volet de la série Les Tricheurs, son interprétation de Myriam dans Le Choix de Myriam, une mini-série en deux épisodes de Malik Chibane (avec Mehdi Nebbou et Anémone) qui narre, sur fond de saga familiale[15], l'arrivée en France de la première génération d'immigrés algériens[16], est saluée des deux côtés de la Méditerranée[réf. souhaitée]. Encore une fois, comme dans Harkis, ce rôle d'une mère courageuse[17] la renvoie vers l'histoire de sa propre famille, et vers des origines dont elle se dit fière, même si elle réfute à l'avance l'idée d'être réduite à « l'Arabe de service »[18].
Consécration et tête d'affiche (2009-2012)
Mais 2009 est surtout l'année de sa rencontre, sur le grand écran, avec Géraldine Nakache. La comédienne, qui a repéré sa prestation de footballeuse impétueuse[19] dans Mauvaise Foi, lui propose le rôle de Lila dans Tout ce qui brille, son premier long-métrage (coréalisé avec Hervé Mimran, rencontré sur le tournage de Comme t'y es belle !, de Lisa Azuelos), dont une première ébauche a été tournée en 2007 sous la forme d'un court métrage intitulé Mind the gap. Sorti le , le film, loué par une partie de la profession[20], obtient très vite un vrai succès public[21] mais aussi critique[22], réalisant plus d'1,3 million d'entrées[23] et vaut à Leïla d'obtenir le Swann d’Or de la révélation féminine 2010 au Festival du film de Cabourg[24].
Elle enchaîne avec sa première série télévisée, tournant les huit épisodes de Jour polaire[41]. Cette production franco-suédoise lui permet de jouer un personnage complexe, celui de la policière Kahina Zadi, écrit spécifiquement pour elle : « Ce n'est pas de jouer la Beurette de service qui m'a plu, mais l'intelligence de parler avec nuance de ses origines[42] ».
Elle fera ensuite une pause pour terminer sa grossesse, et accoucher de son premier enfant au milieu de l'année 2017[43]. Mais elle reprend rapidement le chemin des plateaux de tournage. L'année suivante, elle est ainsi à l'affiche de quatre films.
Entre-temps, elle tient un second rôle dans son premier film américain, Opération Beyrouth, porté par le tandem Jon Hamm / Rosamund Pike, et qui reçoit d'excellentes critiques au Festival de Sundance 2018.
Enfin, son quatrième et dernier film cette année-là est la comédie dramatique Un homme pressé, qui marque ses retrouvailles avec le co-réalisateur de Tout ce qui brille, Hervé Mimran. Elle en partage l'affiche avec Fabrice Luchini[46].
En , lors d'une de ses rares prises de position politiques, elle publie sur son compte Instagram une lettre manuscrite[50] après une polémique sur les mères voilées accompagnant les sorties scolaires. Elle se dit « effarée par la haine et le rejet de l'autre qui se propagent dans la société. Je ne veux plus que les femmes soient rejetées parce qu'elles portent un voile ou non [...]. Je n'ai pas forcément la solution. On pourra me taxer de naïveté, mais n'en déplaise aux porteurs de haine, la voix du vivre-ensemble existe. À nous de la propager »[51].
En 2010, Leïla Bekhti épouse l'acteur franco-algérien Tahar Rahim - rencontré en 2007 sur le tournage du film Un prophète[55],[56]. Le , elle donne naissance à leur premier enfant, un garçon prénommé Souleiman[57]. En , elle annonce sa deuxième grossesse[58]. Elle accouche prématurément de leur fille en [59]. Moins d'un an plus tard, elle donne naissance à leur troisième enfant[60]. En , elle annonce avoir donné naissance à un quatrième enfant[61].
Elle est voisine et amie d'Adèle Exarchopoulos[62], qu'elle soutient en tant que mère célibataire, et leurs fils respectifs sont aussi proches[63].