Inspiré par l'attaque du train postal Glasgow-Londres, ce film de casse comique met en scène plusieurs groupes de malfrats, dont un génie du crime surnommé « le Cerveau », auteur fictif de l'attaque du Glasgow-Londres, tentant de dérober les fonds des nations de l'OTAN, au moment de leur transfert de Paris à Bruxelles, lorsque son siège a été déplacé de la capitale française à la capitale belge. En tête de la distribution figurent le Britannique David Niven, les Français Jean-Paul Belmondo et Bourvil et l'Américain Eli Wallach.
À sa sortie, Le Cerveau attire plus de 5 millions de spectateurs dans les salles, c'est un gros succès commercial, néanmoins en deçà de ceux du Corniaud et de La Grande Vadrouille, à la déception des producteurs.
Synopsis
Deux compères, Anatole et Arthur, prévoient un « coup fabuleux » : l'attaque d'un train spécial transportant de Paris à Bruxelles les fonds secrets des nations de l'OTAN, lors du déménagement du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe en 1967. Une autre bande est sur le coup, celle qui réalisa la fameuse attaque du train postal Glasgow-Londres, sous les ordres du Cerveau, un homme dont la tête est si lourde que, sous le coup d'une émotion, il est incapable de la maintenir droite. Cette dernière bande est associée à la mafia sicilienne...
Le scénario du Cerveau, co-écrit par Gérard Oury, Danièle Thompson et Marcel Jullian, s'appuie sur deux événements réels, l'attaque du train postal Glasgow-Londres, d'une part, et le déménagement de l'OTAN à la suite de la sortie de la France de l'organisation, d'autre part. Selon Oury, « L'idée de base était d'intégrer deux nigauds dans un « remake » du vol du train postal fait par des spécialistes[1]. »
Le Cerveau demeure le dernier film de Bourvil ayant été réalisé par Gérard Oury ; l'acteur aurait dû tourner dans le film suivant du réalisateur, La Folie des grandeurs, mais décède d'un cancer des os en 1970. Le film marque également la seconde collaboration entre Jean-Paul Belmondo et Bourvil qui, dix ans auparavant, s'étaient côtoyés dans Un drôle de dimanche.
Prévu pour le printemps 1968, le tournage se voit retardé en raison des grèves et révoltes de mai 1968, qui rendent impossible les tournages et freinent tous les projets de films en cours[7]. L'ensemble des producteurs français redoute ces événements car « une clause résolutoire à leurs contrats d'assurances prévoit le non-règlement des sinistres en cas de grève, guerres ou révolutions »[8]. Avec deux mois de retard, le tournage débute le [7]. Les mauvaises conditions météo en Normandie, où a lieu une partie des prises de vues, causent également de nouveaux dépassements[7].
Les moyens techniques déployés sont considérables : deux trains blindés, une dizaine de wagons (plus des kilomètres de voie ferrée) sont fournis par la SNCF, des voitures radio, des hélicoptères et une escouade de motards sont fournis par la gendarmerie, la réplique de la statue de la Liberté et différents véhicules sont fournis par la Régie Renault.
Lors du tournage, Bourvil est très affecté par la mort brutale d'un jeune chauffeur de production, Yves Ridard[9].
C'est la A1AA1A 68514 de la SNCF qui a été mise à disposition du film. Les ambiances ferroviaires sont assez fantaisistes pour qui s'y connaît un minimum. Ainsi la gare du Nord est en réalité la gare de l'Est, la signalisation de la voie unique est un mélange de signaux de double voie, voie d'évitement, travaux, cantons courts... qui font simplement office de décor. Enfin, la rupture d'attelage du train est un bel effet cinématographique, mais peu vraisemblable (les trains modernes sont équipés de freins automatiques).
Le pont sur lequel s'arrête le wagon contenant les fonds de l'OTAN est en réalité situé dans la vallée de la Conie, en Eure-et-Loir, sur le territoire de la commune de Péronville et sur la route départementale n° 110 reliant ce village à Villeneuve-sur-Conie (Loiret)[10].
La partie finale avec les ruines du château de nuit et les feux d'artifice a été tournée au château de Pontevès dominant Bargème, dans le Var.
La scène où l'on voit la statue manœuvrée maladroitement devant une église et défoncer la devanture d'un antiquaire a été tournée sur la place Barthélémy à Rouen ; l'église en arrière-plan est Saint-Maclou. Arthur et Anatole, conduits par le commissaire et son adjoint, sont arrivés par la rue Martainville, adjacente, passant devant ses maisons à colombage aujourd'hui restaurées.
La célèbre scène de la DS coupée en deux a été tournée sur le pont levant du sas Vétillard, rue Camille Desmoullins dans le port du Havre.
On voit à la fin du film, lors du générique, les tours sud et nord du World Trade Center, alors en construction depuis 1966.
Georges Delerue compose la bande originale du Cerveau, après avoir mis en musique Le crime ne paie pas (1962) et Le Corniaud (1965) pour Gérard Oury. Il crée notamment la chanson The Brain, titre pop chanté par The American Breed. Dans la scène mythique de la piscine, dans laquelle Sophia, sœur de Frankie, fait son apparition, la chanson est un succès italien de l'année 1966 : Cento Giorni de Caterina Caselli.
La musique qui accompagne les majorettes sur les quais du Havre ainsi qu'au début de la bande annonce est la marche The Washington Post, composée en 1889 par John Philip Sousa.
Dans son livre de souvenirs, le producteur Alain Poiré relate les exigences de David Niven concernant l'ordre des acteurs principaux sur les affiches. Dans un premier temps, David Niven accepte de n'apparaître qu'en troisième position (après Belmondo et Bourvil) sur les affiches à destination de la Suisse, de la France et de la Belgique. Pour le reste du monde, un autre affichage mentionne son nom en premier. Puis lors du tournage du film, l'acteur change d'avis et réclame la tête d'affiche pour la Suisse, son pays de résidence. Il menace la production de ne plus venir travailler s'il ne l'obtient pas. Furieux mais mis au pied du mur, Alain Poiré obtient l'accord de Bourvil et de J-P Belmondo pour modifier l'affichage[13].
Box-office
Le Cerveau est le deuxième plus gros succès au "box-office" français de 1969. Le Cerveau est le plus gros succès de Jean-Paul Belmondo au cinéma français, avec 5 547 305 entrées.
On peut voir l'affiche du film Le Cerveau à New York, intitulé The Brain, dans le premier film d'Arnold Schwarzenegger, Hercule à New York, de 1970 (scène finale sur le char dans les rues de New York devant le Radio City Music Hall). Le nom de Bourvil est imprimé « Bouvil », à côté des noms de Niven et d'Eli Wallach.
Anatole (Bourvil) sort du siège de l’entreprise de déménagement "Pampouille & fils", 256 rue des Pyrénées à Paris, au volant d’un camion de la société. L’image correspondante du film a vraiment été prise à cette adresse. Plusieurs produits dérivés de cette scène sont aujourd’hui sur le marché et sont ainsi un clin d’œil au film : tee-shirts, cartes postales, autocollants, etc.
Une affiche du film Yellow Submarine des Beatles, sorti au début du tournage, est visible au début du film lors des scènes se déroulant à Londres.
Un des gardes belges, à bord du wagon blindé, lit l'album de Tintin L'Affaire Tournesol.
Eli Wallach assure sa post-synchronisation en français en collaboration avec Roger Carel qui se charge de dire les phrases les plus difficiles à prononcer pour l'acteur américain[16].