Né à Bourg-en-Bresse, Luc Jacquet passe sa jeunesse dans la partie jurassienne de l'Ain[1]. C'est dans cet environnement que naît progressivement sa passion pour la nature[1] : « J’ai commencé à me créer un monde, à lever le nez, à prendre plaisir à regarder, à écouter le chant des oiseaux »[2]. C'est aussi dans ce cadre qu'il s'habitue au froid et à la neige[3].
Écologue de formation[4], Luc Jacquet étudie à l'Université Lyon I, où il obtient une maîtrise de biologie animale en 1991[1] (plus précisément de biologie des organismes et des populations[5]), puis à l'université de Grenoble où il passe un DEA en gestion des milieux naturels montagnards en 1993[1]. Il se destine alors à un avenir de chercheur en comportement animal[3]. Il effectue de nombreux stages de terrain, travaillant notamment sur l'écologie aquatique, sur l'ornithologie ou encore sur une population de marmottes dans le massif de la Vanoise[5]. Il adopte déjà un tempérament qu'il décrit lui-même comme « touche-à-tout et vagabond »[5]. Selon lui, ses études scientifiques lui ont également permis d'acquérir une certaine rigueur qui lui sont nécessaires dans sa carrière de cinéaste[2].
C'est dans le cadre de ses études lyonnaises qu'il répond en 1992 à une annonce cherchant quelqu'un pour aller en Antarctique étudier des manchots empereurs[6] : « recherche biologiste n’ayant peur de rien, prêt à partir quatorze mois au bout du monde »[3]. Ce sont alors ses premiers contacts avec ce continent et ces animaux. C'est aussi pour lui l'occasion de faire une formation sur le 35 mm alors qu'il n'avait jamais utilisé une caméra[3]. Lors de cette mission ornithologique du CNRS, on lui confie ainsi le rôle de caméraman auprès du réalisateur suisse Hans-Ulrich Schlumpf pour le film documentaire Le Congrès des pingouins[1]. Cette expérience est décisive : Luc Jacquet décide de se consacrer aux films documentaires[2], se rendant compte que cela l'intéresse plus que la recherche[3].
Il travaille ainsi sur plusieurs documentaires, essentiellement animaliers et généralement en Antarctique ou dans les îles australes[2], en tant que chef opérateur. Il réalise ensuite ses propres documentaires, dont Le Léopard de mer : la part de l'ogre en 1999 et Des manchots et des hommes en 2004, tous deux primés dans plusieurs festivals. Au début des années 2000[1], il commence à développer son projet de long métrage cinématographique qui deviendra réalité lors de la sortie en 2005 de La Marche de l'empereur. Ce film connaît un succès mondial et reçoit de nombreuses récompenses, notamment l'Oscar du meilleur film documentaire, le , lors de la 78e cérémonie des Oscars à Hollywood.
En 2007, il sort son deuxième long métrage au cinéma, Le Renard et l'Enfant, une fiction largement tournée sur le plateau de Retord, dans la région naturelle et historique du Bugey, dans l'Ain[7]. L'histoire se base en partie sur un souvenir d'enfance de Luc Jacquet : sa rencontre avec un renard[7].
En 2010, il fonde l'association Wild-Touch[8], avec la volonté de donner une utilité concrète à sa notoriété internationale[4]. C'est dans le cadre de Wild-Touch qu'il commence, en août 2010, aux côtés du botaniste Francis Hallé, à tourner son nouveau projet, Il était une forêt (projet initialement intitulé C'était la forêt des pluies), un documentaire sur les forêts primaires[4]. En parallèle, il réfléchit aussi depuis 2008, aux côtés de Guillaume Laurant et François Royet[9], à un scénario de fiction en 3D sur l'art préhistorique, provisoirement intitulé La Fresque[10],[11], projet que la société de production Bonne Pioche annonce en phase de développement jusqu'en 2012[12] avant de le retirer de sa liste de projets[13].
En 2011, il s'engage aussi dans la création de Lumières Numériques, une société de restauration et de postproduction cinématographique[14], basée à Villeurbanne. Toujours en 2011, il est président du jury du 8eFestival international du film documentaire océanien[4]. En 2012, il est commissaire de l'exposition Animal pour la galerie Alice Mogabgab à Beyrouth[15],[16]. En , il participe à un débat de l'Université de la Terre à la Maison de l'UNESCO sur le thème « Les artistes : éclaireurs du monde de demain »[17].
Son troisième long métrage cinématographique, Il était une forêt, en collaboration avec le botaniste Francis Hallé, sort le , puis obtient une nomination au César du meilleur film documentaire en 2014. Luc Jacquet préside ensuite le jury de l'édition 2014 du Festival international du film Aventure et Découverte de Val-d'Isère[18]. La même année, Luc Jacquet réalise un court métrage, La Course à la vie (ou The Race for Life), pour la promotion de la vaccination des enfants, dans le cadre du projet The Art of Saving a Life mené par la fondation Bill-et-Melinda-Gates[19].
En , le Festival du cinéma d'environnement de Washington(en) organise une rétrospective de ses films ; Luc Jacquet vient alors présenter ses trois premiers longs métrages cinématographiques ainsi que les premières images de son quatrième, alors en cours de production[20]. Ce nouveau documentaire, La Glace et le Ciel, retrace la vie et le travail du climatologue Claude Lorius. Il est présenté pour la première fois en clôture du Festival de Cannes 2015[21] et sort ensuite le de la même année.
Il était une forêt et La Glace et le Ciel sont développés au sein de métaprojets de son association Wild-Touch, dans une démarche de « médiation du cinéma, de la science et de l'enseignement », avec le développement de projets pédagogiques sur les thèmes concernés[22]. Jacquet considère alors que, « en mettant les moyens du cinéma au service de la pédagogie », il fait « presque du cinéma militant »[22]. Il dit se sentir obligé d'utiliser de parler d'environnement et de l'avenir de la planète dans ses films : « En d’autres temps, j’aurais fait d’autres films. Mais je fais du cinéma d’acharnement, du cinéma politique, du cinéma qui n’a pas le choix[23]. Il crée, avec notamment les photographes Vincent Munier et Laurent Ballesta, l'exposition Antarctica, présentée au Musée des Confluences à Lyon du au [24] ». En , il sort un nouveau film sur les manchots, L'Empereur, parfois présenté comme une suite de La Marche de l'empereur.
Fin 2018, il collabore avec la marque de luxe Loro Piana et réalise Cashmere: the Origin of a Secret, un court métrage documentaire sur le cachemire publié en octobre 2019[26]. Cette œuvre est le premier chapitre d'une trilogie consacrée au savoir-faire et à la politique de la maison italienne.
En 2020, Luc Jacquet crée sa société de production Icebreaker[27], basée à Monaco[28]. Cette société de production est destinée à produire et financer des projets artistiques qui sensibilisent autour des enjeux environnementaux[29],[30]. Les projets d'Icebreaker s'orientent autour de quatre thèmes : les îles Galápagos[31],[32], la Sibérie, la grotte de Lascaux et le corail[33].
Filmographie
Sauf indication contraire ou complémentaire, les données de cette section sont issues du site IMDb[34] ou du site officiel de Luc Jacquet[35].
L'icône indique que le film en question a bénéficié d'une exploitation cinématographique hors festivals. Pour les autres titres, les situations sont très variées et parfois multiples : projections lors de festivals, diffusion télévisuelle, exploitation directe en vidéo...
Année (Première projection ou diffusion publique)
Titre (Mention du réalisateur s'il ne s'agit pas de Luc Jacquet seul)
Type(s) de film ou de production audiovisuelle = distribué au cinéma
La liste de distinctions suivante répertorie seulement celles qui concernent soit directement Luc Jacquet soit les films qu'il a réalisés dans leur ensemble. Les autres distinctions concernant d'autres personnes sont mentionnées dans les articles de chaque film.
Cosmic Angel Awards 2014 : Prix du jury et prix du public[40]
Deauville Green Awards 2014 : Grand Prix du meilleur documentaire[41]
Fête des jardiniers de Lude 2014 : Prix P.-J.-Redouté et prix du public pour l'ouvrage Il était une forêt publié en parallèle du film avec Francis Hallé[42]
Nominations et sélections
Pour Antarctique printemps express :
Festival du film de Graz 2007 : Sélection officielle