Lucien Désiré Prosper Graux est né le à Paris. Issu d'un milieu assez aisé, il est fils du médecin Gaston Graux (1848-1925), président de la société des eaux de Contrexéville, ville dont il fut le maire, et réputé pour ses soins par les eaux thermales et collectionneur de tableaux[2]. Son fils fait aussi sa médecine. Il devient franc-maçon, initié dès le , dans le cadre d'une loge ouverte aux étudiants en médecine[3]. En 1905, il soutient sa thèse, intitulée Application de la cryoscopie à l'étude des eaux minérales : ses spécialités sont l'hygiène publique, l'urologie, et la pharmacologie appliquée aux soins. Il devient ensuite l'éditeur de La Gazette médicale de Paris (1906-1914)[4]. Il dépose en un brevet pour un médicament luttant contre l’acide urique, appelé l’Urodonal, qu'il fait promouvoir à grand renfort de publicités, par le biais des Établissements Chatelain (Paris), distributeur de produits pharmaceutiques tels que le Globéol et le Jubol[5].
En 1915, il rejoint le front en tant que médecin-aide-major du régiment d'infanterie commandé par le général de Maud'huy[6]. Vers 1916 [?], il fonde la « Société anonyme des parfums d'Arys » à Paris, et la fait entrer en Bourse dès 1918. Durant vingt ans, elle connaît une croissance internationale et emploie une centaine de personnes à Courbevoie[7]. Cette maison est présente sur le pavillon français des parfums lors de l'Exposition internationale de 1925 et ouvre une boutique de prestige au 3 rue de la Paix[8],[9].
Durant les années 1920-1930, Lucien Graux est chargé de missions diplomatiques et est conseiller de divers ministères dont celui du Commerce extérieur[5],[10]. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[11].
Bibliophile et collectionneur passionné, il rassemble en une vingtaine d’années dans son hôtel particulier du 33 avenue Kleber, l’une des plus grandes et plus belles collections privées de manuscrits et de livres de son temps. Il offre à l'État le « Testament de Louis XIV », document manuscrit inestimable qu'il possédait[3]. Il crée aussi une petite maison d'édition appelée « Les Amis du docteur » qui publie de nombreuses plaquettes de haute bibliophilie, tirée à moins de cent exemplaires, illustrées parfois de gravures originales : Graux imprime ainsi quelques-uns de ses essais consacrés aux manuscrits et autographes de personnalités historiques qu'il collectionnait. Graux est l'auteur de plus d'une cinquantaine d'essais, qu'il publia entre 1906 et 1939[12], ainsi que d'une dizaine de romans à caractère fantastique, teinté d'occultisme[13].
En , il entre en résistance, mais arrêté à son domicile par la Gestapo en , il est déporté au camp de Dachau, où il meurt assassiné le [3]. Les parfums d'Arys lance alors Témoignage, un jus composé en hommage à Lucien Graux, puis la maison disparaît.
Sa bibliothèque est dispersée à Drouot par sa veuve, sous le marteau de Maurice Rheims, à partir de 1953[14] ; il y eut neuf ventes en tout jusqu'en 1957. Quelques pièces importantes sont préemptées par la Bibliothèque nationale cette année-là[15].
↑ a et bThierry Lefebvre, « L'Urodonal et ses publicités [Q251, L'Urodonal] », Revue d'Histoire de la Pharmacie, vol. 92, no 344, , p. 680–684 (lire en ligne, consulté le )
Henri Colas, La bibliothèque du docteur Lucien Graux (avec 18 reproductions), in Le Bibliophile no V, 1933, p. 229-245
J. Bourguignon, Henri Mondor, Jean Porcher (avant-propos d'André Maurois), Hommage au docteur Lucien Graux, six eaux-fortes par Marcel Roche et André Clot, une lithographie par Robert Wehrlin, 210 exemplaires numérotés, Manuel Bruker, Paris, 1947.
Association des écrivains combattants (collectif), Anthologie des écrivains mort à la guerre 1939-1945, Paris, Albin Michel, 1960, pp. 315-316.
« Graux, Lucien », In: Jean-Baptiste Baronian (1978), Panorama de la littérature fantastique de langue française, Paris, La Renaissance du livre, 2000 ; réédition La Table ronde, 2007.