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Devenu dans les années 1980 et 1990 une figure majeure du rock français et de la musique latine avec son groupe Mano Negra, il accomplit ensuite une carrière solo internationale à succès et se produit dans le monde entier avec ses nouveaux groupes : Radio Bemba dans les années 2000 et La Ventura dans les années 2010.
En 1971, le père Ramón initie ses fils au piano, instrument qu'ils abandonnent au profit de la guitare pour Manu et de la batterie pour Antoine. Manu Chao entre au conservatoire[Lequel ?]. Il passe la plupart de son temps avec son cousin « Santi » (Santiago Casariego), dont il partage les goûts musicaux : Chuck Berry, Little Richard, Otis Redding, etc. Les parents de Manu Chao écoutent des disques de musique latine rapportés d'Amérique Latine par le père de Ramón Chao. À dix-huit ans, Manu Chao obtient le baccalauréat et s’oriente vers la musique.
Fortement influencé par la scène punk britannique (The Clash, etc.), mais également par Chuck Berry, Bob Marley ou encore Camarón de la Isla, Manu Chao forme en 1984 un groupe de rockabilly anglo-hispanique, Hot Pants (nom tiré d’une chanson de James Brown), avec Santi à la batterie, qui sort une démo contenant Mala vida et d'autres titres en 1984, ainsi que l'album Loco Mosquito chez le label All or Nothing en 1986. En 1986, Manu Chao, son frère Antoine (qui joue à cette époque avec les Chihuahua), et quelques-uns de ses amis (dont François Hadji-Lazaro, leader des Garçons Bouchers et de Pigalle, et Alain des Wampas) forment ensuite Los Carayos, groupe de rock alternatif. Ils prennent un temps le pseudonyme d'Oscar Tramor, titre d'une de ses chansons (inspirée de Busca Otro Amor d'Irma Serrano, connu en Espagne sous le nom, en bon espagnol, d’Inma Serrano) racontant l'histoire d'un toréadoralcoolique et malchanceux, sur l'album Persistent et signent de Los Carayos. Manu Chao participe aussi de façon plus ou moins importante dans d'autres groupes tels Joint de culasse (1 album de reprises Superboum Rock and Roll en 1982), Casse-pieds, Kingsnakes (en fait, les Hot Pants, accompagnés du guitaristesuisse Daniel Jeanrenaud, au Printemps de Bourges 1986).
Période Mano Negra (1987–1994)
En 1987, les frères Chao et leur cousin, Santiago Casariego, forment Mano Negra (du nom d’une organisation de guérilleros sud-américains trouvé dans une BD, qui elle-même tire son nom de l'organisation terroriste andalouse du XIXe siècle La Mano Negra). Le groupe sort une nouvelle version de Mala Vida, qui devient un tube en France, suivie d'un premier album, Patchanka, chez Boucherie Productions. Le groupe signe chez Virgin et connait de nouveaux succès avec deux nouveaux albums Puta's Fever en 1989 et King of Bongo en 1991. À l'instar de Patchanka, les deux opus suivants sont des réussites tant grâce à ses tubes (Out of Time Man, Pas assez de toi) que le mélange des genres qui donne officiellement naissance au rock alternatif latino. La musique du groupe devient populaire dans les pays hispanophones.
Mano Negra devient un groupe majeur de la scène rock française et fait une tournée en cargo en Amérique du Sud avec l'aventure de la troupe d'artistes de rueRoyal de luxe. Après une seconde et éprouvante expédition où ils traversent la Colombie en train (périple relaté par Ramón Chao, dans l'ouvrage Un train de glace et de feu), le groupe décide de se séparer. Le groupe enregistre toutefois un dernier album, Casa Babylon, qui marque la transition musicale entre la fin de Mano Negra et la future carrière solo de Manu Chao. Ce disque est considéré comme l'un des meilleurs albums de tous les temps d'après l'édition hispanophone du magazine Rolling Stone[réf. nécessaire]. Mais après la séparation du groupe, c'est un grand vide pour Manu Chao. Il avouera plus tard qu'il tombera dans une sorte de dépression[réf. nécessaire].
Manu Chao fonde avec d'anciens membres de Mano Negra et plusieurs autres complices, le groupe 13 à table. Alors qu'ils sont installés à Barcelone, le label Island leur donne un an pour finaliser un album. Malgré des maquettes prometteuses l'album ne sera jamais enregistré. Il voyagera près de huit ans entre Mexique, Sénégal et Brésil[2]. De cette errance, nait Clandestino, qui marque la renaissance du chanteur.
Clandestino (1998–2000)
Ne voyant plus les membres de Mano Negra, le chanteur s'entoure vite de nouveaux amis à travers les villes et les pays qu'il traverse, enregistrant petit à petit de nouveaux sons, mélangeant de nouveaux styles. À l'époque où il vivait à Rio de Janeiro, Manu Chao s'était tourné vers ce qu'il appelle lui-même la « techno hardcore ». Il décide alors d'enregistrer un dernier disque, Clandestino, qui devait mettre un terme à sa carrière musicale. Au début, il y insère un style du moment, la techno. Même si ses amis et sa famille lui disent que la techno n'est pas toujours très appropriée à sa musique, Manu Chao persiste. Cependant, un bug informatique supprime tous les rythmes technos des enregistrements, et la musique de Clandestino apparaît beaucoup plus prenante, dépouillée et moins chargée. Renaud Letang (ingénieur du son qui a déjà travaillé avec Alain Souchon) peaufine le disque. Manu Chao dira « Je l'ai enregistré comme une thérapie personnelle. C'était comme dire : ma carrière musicale s'achève là. C'est terminé et je chercherai autre chose (à faire). Mais avant d'en finir avec la musique, je sentais que je devais encore sortir ce disque. Je m'en fichais que le disque plaise à 10 000 ou 15 000 personnes. Qu'il plaise à plus de 200 000 personnes me paraissait impossible. Je venais d'un style rock et je ne pensais pas que je pouvais plaire à un autre type de public. Peu avant la sortie du disque, j'ai fait mes adieux en disant : je m'en vais ailleurs et j'irai sans ma guitare. Mais ce disque m'a fait débuter (autre chose) et m'a lié à la musique[3]. »
En effet, encore quelques jours avant la sortie du disque, en , il disait aux gens qu'il croisait que « Clandestino est juste une maquette ». Mais à sa grande surprise, le disque est un énorme succès et sa carrière prend un tour nouveau. Clandestino devient une des références majeures de la musique latine des années 2000 et le symbole de la musique fusion et métissée.
Avec ce disque, Manu Chao surprend ses fans et va à la rencontre d'un autre public, plus porté vers la musique latine. En réalité, les titres du dernier album de Mano Negra, Casa Babylon, annonçaient très clairement le passage du rock des débuts aux ballades reggae de Clandestino. Dans un style carnet de route, l'album Clandestino mélange tour à tour, reggae, rock, musique latine traditionnelle, rumbas, rythmes brésiliens, le tout entrecoupé de petits textes radiophoniques dont un extrait du discours du sous-commandant Marcos. L'album connaît un énorme succès en France, en Espagne, en Italie, au Québec et en Amérique du Sud. Les titres les plus célèbres sont Je ne t'aime plus, Bongo Bong, Clandestino et Desaparecido. Il s'écoule à plus de trois millions d'exemplaires dont deux millions à l'étranger, malgré les refus initiaux de NRJ, de RTL2 et d'Europe 2 de programmer Clandestino, trouvant que « les chansons ne rentraient pas dans leur format ». Pour la première fois depuis des années, Manu Chao arrive à poser ses valises quelque part et se fixe alors à Barcelone, répétant beaucoup avec son groupe Radio Bemba.
Próxima Estación: Esperanza (2001)
Le deuxième album solo de Manu Chao Próxima Estación: Esperanza sort en . Il reprend le style musical de Clandestino. Manu Chao n'hésite pas à qualifier lui-même ce disque de « petite sœur de Clandestino ». Cependant, le disque est plus joyeux, agrémenté de cuivres, notamment du SicilienRoy Paci. Le disque mélangeant à nouveau le reggae, la musique latine, le rock et même un soupçon de jazz.
L'album contient notamment le succès Me gustas tú. Il contient aussi le titre Denia, une chanson algérienne composée et écrite par Manu Chao, dont il fera aussi une autre version en duo avec le célèbre chanteur algérien de musique kabyleIdir sous le titre A Tulawin (une Algérienne debout), sur lequel les deux hommes chantent la douleur de ce pays « Cette vie est hantée de mensonges, Pauvre Algérie, Mon cœur palpite de tes regards, Pauvre Algérie ».
Radio Bemba Sound System et Babylonia en Guagua (2002–2003)
Après ces deux albums, Manu Chao continue de se produire sur scène avec son groupe Radio Bemba à travers le monde. « Radio Bemba » était le nom donné par les révolutionnaires cubains au système du « bouche à oreille » (ou « téléphone arabe »). La musique de Manu Chao (et Radio Bemba) sur scène rompt totalement avec l'esprit acoustique de ses albums studio et se rapproche plus de la musique de Mano Negra. Le public retrouve en concert l'énergie de l'ex-leader de Mano Negra.
Le succès est au rendez-vous et Manu Chao sort en un disque live, Radio Bemba Sound System, enregistré à Paris (Grande halle de la Villette) les 4 et 5 septembre 2001. Le disque confirme la réputation qu'il traîne depuis les années 1980, Manu Chao est fait pour la scène. Ce live comprend des succès de la période Mano Negra, des chansons des albums Clandestino et Próxima Estación: Esperanza qui sont entièrement revisitées à la sauce ska, reggae, punk, rock, salsa, et des inédits. De plus la musique de Radio Bemba se trouve sublimée par la présence du jeune chanteur rastafari Bidji, aliasLyricson. En , sort le DVD Babylonia en Guagua, il contient un live (la version vidéo de l'album live Radio Bemba Sound System), un documentaire sur la tournée 2001 et trois autres petits films personnels sur ses voyages à travers le monde. La grande tournée Radio Bemba de 2000, 2001 et 2002, s’achève en août 2002.
En 2003, Manu Chao fait une nouvelle tournée nommée Jai alai katumbi express.
Sibérie m'était contéee (2004–2006)
Manu Chao revient en automne 2004, avec le livre-CD Sibérie m'était contéee[4], paru uniquement en librairie et en kiosque. Il est distribué à seulement 150 000 exemplaires et rapidement épuisé. Le CD est aujourd'hui entièrement téléchargeable, gratuitement, sur le site du chanteur.
À l'origine, Manu Chao ne devait sortir que le livre, un recueil de poésies en français habillées par les dessins de Woźniak, dessinateur polonais[5]. Puis, le chanteur déclare s'être rapidement fait rattraper par l'envie de mettre ses textes en chansons, résultat : un livre de 132 pages de dessins et de poésie, accompagné d'un CD de 23 chansons. C'est la première fois que Manu Chao sort un disque complètement en français : la musique et les chansons sont plus sombres, évoquant la relation de Manu Chao avec ce que lui-même a surnommé sa « Sibérie » : Paris. Il y parle également de son amour profond et douloureux pour les femmes qu'il a rencontrées tout au long de sa vie, des sans-abris, de la disparition de son ami Helno (le chanteur des Négresses Vertes), mais aussi de l'espoir, de ses rêves...
Toujours en 2004, Manu Chao produit et réalise l'album Dimanche à Bamako d'Amadou et Mariam dont il est fan. Manu Chao les avait rencontrés au Mali auparavant. L'album est un grand succès de l'été 2005. Manu Chao retourne au Mali pour conseiller Sam, un des fils d'Amadou et Mariam, qui se lance dans la musique. Le fils d'Amadou et Mariam crée le groupe SMOD qui réalisera la première partie de Radio Bemba lors de sa tournée française en 2009. Au Mali, Manu Chao rencontre aussi Tiken Jah Fakoly, avec qui il donne un concert au Brésil, dans la banlieue de São Paulo lors de la fête de la musique en .
Manu Chao est également invité en guest star sur l'album True Love de Toots and the Maytals[6].
Continuant les tournées à travers l'Amérique du Sud, Manu Chao se produit du Brésil au Mexique, en passant par Cuba et la Colombie. Durant l'été 2006, le chanteur et son groupe Radio Bemba traversent l'Europe et les États-Unis, en passant par le très célèbre festival Rock Werchter en Belgique ou par San Diego ou Los Angeles. Aux États-Unis, le chanteur a largement critiqué la politique d'immigration des États-Unis et a rendu hommage aux émigrants clandestins, et cela devant un public largement hispanophone. Par ailleurs, Manu Chao signe la bande originale du film Princesas de Fernando León de Aranoa. Le film a connu un large succès en Espagne, et a gagné trois Goya en 2006, dont celui de la meilleure chanson avec Me llaman calle de Manu Chao. Celui-ci déclara dans l'Humanité, en « On a gagné un Goya de la meilleure chanson et ce sont les filles qui sont allées chercher le prix, qui s’est baladé dans tous les bordels de Madrid et de Barcelone. Quelle force elles ont, ces filles ! Je suis vraiment heureux de cette rencontre. C’est une histoire d’amitié. Je me suis fait des frangines et des amitiés superfortes[7] ».
La Radiolina et Baionarena (2007–2009)
Le , Manu Chao sort un nouvel album, intitulé La Radiolina, en Europe et le en Amérique. Ce nouvel opus a été commercialisé sous le label indépendant Because Music. Ce nouveau disque est composé de vingt-et-une chansons dans un style musical plus électrique, avec la guitare de Madjid Fahem, la batterie de David (Bourguignon), la basse de Gambeat, les trompettes du napolitain Angelo Mancini, déjà présent sur le disque Clandestino. Ces musiciens font tous partie du groupe de Manu Chao, Radio Bemba, influençant largement, le nouveau disque vers une optique plus scénique, délaissant le style simpliste de Clandestino.
Le disque est mixé par Mario Caldato (Beastie Boys, Jack Johnson), Andrew Scheps (Red Hot Chili Peppers, Mars Volta) et Charlie VDE (Farra Vox Studio, Paris) et comprend des chansons en français, en espagnol, en italien, en anglais et en portuñol. On y retrouve Mala Fama déjà entendu dans des concerts donnés aux radios Oui FM, France Inter et RTL2 qui est déjà une chanson reprise par des artistes locaux de Barcelone ; Mama Cuchara, écrite un jour de pluie à Quito (capitale de l'Équateur) ; Me llaman Calle, la chanson composée pour le film espagnol Princesas et dédiée aux prostituées de la Calle del desengaño de Madrid ; La vida tombola, la bande originale enregistrée pour le film d'Emir Kusturica, Maradona[8] ; El Hoyo, un dubreggae déjà joué en concert ; et Tristeza, une chanson qui dénonce la politique migratoire des États-Unis, avec les paroles de Beatnik de la Colifata (radio animée par des patients d'un hôpital psychiatrique de Buenos Aires).
D'autres titres surprennent davantage comme 13 dias, une chanson qui mélange le style country de J.J. Cale et l'influence latine et rock de Manu Chao, Bleedin Clown (l'histoire du clown qui saigne), un titre datant d'il y a 20 ans. Par ailleurs, on trouve dans ce disque des ballades : Otro Mundo, Mundo Revés ou Amalucada Vida, un reggaelatino en portuñol (mélange de portugais et de castillan « espagnol »).
Durant l'été 2007, Manu Chao donne une série de concerts en Amérique latine, aux États-Unis (notamment au Coachella Valley Music and Arts Festival en Californie), au Canada et en Europe passant par les festivals Tempo latino (France) et Esperanzah (Belgique). Du au , se tient à la médiathèque de Perpignan, la première exposition itinérante, née de la fusion de l'imaginaire de Manu Chao et du dessinateur Jacek Woźniak au travers de tableaux relatant le voyage d'un personnage imaginaire, ManWoz, qui fuit son Ukraine natale pour chercher toutes « ces vies perdues ». L'exposition se décompose en trois grands thèmes : un premier qui traite de l'Afrique et deux autres qui présentent La Colifata (un hôpital psychiatrique de Buenos Aires où les deux artistes ont tenté de capter l'imaginaire des patients qui y résident) et l'Amérique latine. Enfin, en , il contribue à la bande originale enregistrée[9] pour le film d'Emir Kusturica, Maradona[8] qui sort en 2008.
Manu Chao commence une nouvelle tournée en 2008 le Tombola Tour avec son groupe, Radio Bemba. Manu Chao vend les places à 29 € et déclare « un concert doit rester populaire. En ce moment, il y a des tarifs exorbitants un peu partout. C'est tout à fait possible de rester à des prix abordables malgré le coût important des locations de salle »[10]. Commencée à Toulouse en , la tournée s'enchaine avec plusieurs dates en France puis en Europe (Pologne, Roumanie, Croatie, Suisse), avant de se poursuivre aux États-Unis, puis au Mexique (Guadalajara, Monterrey, Mexico DF). Radio Bemba enchaîne pas moins de 40 dates entre mai et début . En février 2009, le Tombola Tour part pour une tournée Brésilienne (de Sao Paulo à Recife) et Argentine qui prend fin en au Luna Park de Buenos Aires. De retour en Europe avec des concerts à Solidays (60 000 personnes), à la Fête de l'Humanité (90 000 personnes), au festival EHZ (à Hélette, Pays basque), il participe à différentes dates françaises (Amiens, Limoges, Pau, Chambéry, etc.)
En septembre 2009, sortie du double album live de 2 h 30 : Baionarena, enregistré lors des fêtes de Bayonne en 2008 (coproduit, enregistré et mixé par Charlie VDE). Ce double album live est accompagné d'un DVD contenant la vidéo du concert et en bonus des extraits du Tombola Tour, ainsi que des clips vidéos. Après sa tournée française, il repart en novembre 2009 en Amérique du Sud pour des concerts au Chili, en Argentine et au Brésil.
Chansons et tournées (2010–2019)
Manu Chao commence en 2010 une nouvelle tournée avec son groupe allégé et renommé La Ventura. Le groupe est réduit à 2 musiciens : le guitariste (Madjid Fahem) et le batteur (Garbancito). Mais au fil de la tournée le groupe va être parfois renforcé par d'autres instruments et musiciens, avec un retour de la basse (Gambeat) et de cuivres. Il débute par plusieurs dates en au Brésil (Santos, Brasilia, Belem). En sort en France, le disque éponyme du groupe SMOD, qu'il a produit. Il s'agit d'un groupe formé de Sam (le fils d’Amadou et Mariam), Ousco et Donski qui mélange folk et rap malien. La Ventura continue sa tournée en 2011 : États-Unis, Baléares (Majorque), Brésil (Sao Paulo, Recife), Europe de l'Est (Ljubjana, Zagreb, Sofia, Istanbul…), France (festival Mix Up à Creil le ), Luxembourg, Japon (Tokyo, Nagoya, le Fuji Rock Festival …) Manu Chao termine l'année pour un show à Buenos Aires (Argentine), le , pour fêter les 20 ans de la Colifata, une radio animée par les patients d'un hôpital psychiatrique. Manu Chao fait venir les colifatos (fous en argentin) sur scène.
En , Manu Chao et Jacek Wozniak sortent une application interactive Manu et Chao, faite d’illustrations de Jacek Wozniak, de photos inédites, et de musiques de Manu Chao. À l'été 2012, Manu Chao participe à l'Aluna Festival de Ruoms en Ardèche le , il fait aussi un concert le à Marquette-lez-Lille, près de Lille, devant 8000 personnes[11]. Puis le il entame une nouvelle édition du cabaret vert à Charleville-Mézières devant plus de 14 000 personnes venues de partout pour le voir. Les dernières dates de la tournée Estivale 2012 ont lieu à Oslo (Norvège), notamment au MelaFestival devant près de 110 000 personnes[12].
Durant les années 2010, Manu Chao ne sort pas de nouvel album et prolonge la tournée La Ventura plusieurs fois[13]. Il se fait aussi très discret dans les interviews. En 2015, lors d'une de ses rares interviews, il indiquait ne plus prévoir sortir d'album : « Je ne prépare rien du tout, je vis. J’enregistre beaucoup. J’ai plein de nouvelles chansons. Il y a une vie créative assez saine, je pense, mieux que jamais. Mais sortir un album, non. On sortait des albums il y a dix ans, vingt ans. C’est un vieux concept ça[14]. »
En 2016, sort l'album Far from Home de la chanteuse Calypso Rose. L'album est co-produit par Manu Chao, qui y apporte des arrangements musicaux, des compositions et des duos. Des musiciens du groupe de Manu Chao, La Ventura, vont accompagner Calypso Rose sur scène sur certaines dates de sa tournée[15]. Manu Chao continue au même moment à se produire sur scène avec son groupe La Ventura. Lors de la 32e cérémonie des Victoires de la musique, le , Calypso Rose remporte la victoire de l'album de musiques du monde de l'année, pour son album Far from home[16].
Le , Manu Chao réforme son site internet qui n'avait pas évolué depuis une dizaine d'années et y propose trois chansons inédites, accessibles en téléchargement gratuit et en format haute qualité (Words of Truth, Moonlight Avenue et No solo en China hay futuro)[17]. Ces nouveaux titres sont une première depuis la sortie de son dernier album en 2007. Manu Chao déclare dans sa rubrique News en qu'il a enregistré depuis 2 ans de nombreuses chansons, de manière artisanale et qu'il souhaite les partager avec ses fans « beaucoup de chansons enregistrées ces deux dernières années, un projet fait maison, un petit micro, 3 câbles, un cœur, que nous voulons partager avec vous[18]. » Ces sorties font partie d'un projet nommé TI.PO.TA : Transe Indie Progressiv Organik Trash Amor mené en duo avec l'actrice grecque Klelia Renesi[19] qui semble avoir été sa compagne selon des photos et articles de journaux people grecs[20]. Manu Chao et Klelia Renesi ont enregistré ensemble le clip de la chanson Moonlight Avenue[21].
En parallèle, Manu Chao donne des concerts à l'été 2017, notamment au Festival Europavox de Clermont-Ferrand[22], au Festival de Nîmes, au festival El Clandestino à Saint Laurent, au Festival Au fil du son à Civray, à Arcachon.
On peut noter que depuis quelques années, Manu Chao joue du ukulélé en instrument d'accompagnement, notamment lors de sa collaboration avec Calypso Rose. On peut le voir sur une vidéo de 2015 enregistrée avec l'artiste à Trinidad Port of Spain[23] mais aussi en tant qu'arrangement dans l'album Far from home et aussi dans la chanson "Moonlight Avenue". À noter que son fils, Kira qui vit au Brésil l'a accompagné sur scène fin 2017 lors de sa tournée notamment à Sarlat ou à la Boule Noire à Paris.
En 2019, Manu Chao fait une mini tournée acoustique, accompagné de Lucky Luciano (guitare) et Mauro Metralla (percussion) avec des dates en France, Espagne, Bosnie, Serbie, Bulgarie, Macédoine. Cette tournée n'a pas de promotion, les salles sont petites et la billetterie est parfois ouverte 72 h avant le concert. En novembre 2019, cette tournée se prolonge en Amérique Latine.
Période Covid-19 et continuités (depuis 2020)
Au premier trimestre 2020, Manu fait quelques dates en Inde, soutenu par l'Alliance française[24],[25]. Durant le confinement imposé par la pandémie de Covid-19, Manu Chao est contraint de rentrer chez lui à Barcelone, dans le quartier de Poble Nou où il réside[26]. Chaque jour, dans l’après-midi, il publie des chansons/vidéos sur les réseaux sociaux sous le nom de Coronarictus Smily Killer Sessions. Cette habitude durera jusqu'à la date du déconfinement soit plus d'une trentaine d'enregistrement[27]. On découvre des classiques de sa discographie mais aussi des inédits notamment en espagnol et portugais/brésilien. Chaque jour, les vidéos montrent des pièces différentes de son appartement qui donne à voir un modeste atelier coloré où s'accumule les souvenirs de ses voyages et de ses rencontres musicales[28].
En , il sort une chanson en brésilien avec également une série de petite vidéo nommée SUEÑOS TIKUNA. Le titre se nomme "Acontecer" et est chanté en duo avec Dani Lança pour la défense d'un peuple d'Amazonie. En chantant "Mamazonia", Manu Chao reprend les images du documentaire El origen del pueblo Tikuna filmé par son ami Gustavo de la Hoz pour la préservation de ce peuple de la forêt amazonienne colombienne. Il évoque avec beaucoup de détails les liens qui unissent ce peuple avec la terre, les animaux, la forêt et le fleuve, notamment à travers ces chants et sa langue[29].
Nouvel et 4e album solo "Viva Tu" (sept 2024)
Il s'en explique dans Le FigaroEn juin 2024, il lance un nouvelle chanson, "Viva Tu", qui annonce aussi la sortie d'un album éponyme pour septembre 2024[30]. Cette chanson sera suivie par la sortie d'un second single nommé "Sao Paulo Motoboy", dédié aux coursiers en moto de Sao Paulo à qui il dédit un documentaire d'une vingtaine de minutes[31].
Sur le site internet du musicien, il est indiqué : "Après un premier single homonyme sorti le mois dernier, « Viva Tu », une rumba du cœur dédiée a toutes les voisines de son quartier, il partage "Sao Paulo Motoboy”, un hommage confraternel à tous ces coursiers de São Paulo qui risquent leur vie chaque jour à deux-roues dans la grande métropole. “São Paulo c'est un monstre vivant. Et les coursiers sont le sang qui va et vient par ses veines et lui permette de fonctionner » Manu chante ici la précarité et ses dangers, l’abnégation de ses travailleurs survivants journaliers aux parcours sans pitié"[32].
L'album contiendra 13 titres, en français, espagnol, portugais et anglais et deux collaborations, avec la chanteuse de rap française Laeti sur le titre "Tu Te Vas" et avec l'américain Willie Nelson, sur "Heaven’s Bad Day"[33].
Contrairement à ce qui est indiqué dans de nombreux articles internet, Manu Chao n'a cessé de sortir des titres depuis une quinzaine d'année mais sans aucune publicité, tel que l'album live Estacion Mexico, diffusé uniquement sur internet par ses fans et sur les plates-formes de partage vidéo gratuit, avec plusieurs titres inédits chantés en portuñol (Cabra da peste, Para de beber, Carrateiro, Por ti/Libertad, Tadibobeira) lors d'une tournée en 2006 au Foro Alicia[34]. Il avait alors indiqué qu'un disque en portuñol était prêt et sortirait peut-être un jour mais ce projet restera sans suite.
En 2010, il produit l'album éponyme du groupe malien SMOD (Because Music) dont fait partie le fils d'Amadou et Mariam. Le projet propose une musique mêlée de rap et de folk et est compose par Manu Chao[35].
En 2014, une vieille chanson qu'il étrenne en concert acoustique depuis 20 ans, "Seinekvn" ou "Llego a Bogota" sort en duo avec Doctor Krápula, un groupe colombien de punk/reggae/ska[36]. Entre 2015 et 2016, Manu Chao a retravaillé et mixé l'album Far From Home de l'artiste Calypso Rose et apparait dans plusieurs chansons de ce disque[37]. Comme en 2004 pour Amadou et Mariam, le travail en commun a été reconnu par le public et les critiques et l'artiste de Trinité et Tobago a décroché la Victoire de la Musique 2017 [38].
Il a sorti également, en 2017, plusieurs chansons issues de son projet TI.PO.TA avec l'artiste grecque, Klelia Renesi dont "Moonlight Avenue", "Athina Vrazi" ou "Anatoli" en trio avec Sokratis Malamas[39]. Toujours en 2017, il sort deux autres chansons, encore téléchargeables gratuitement depuis son site internet : "Words Of Truth" et "No solo en China hay dinero"[40]. En 2020, il sort les chansons,"seeds of freedom" en téléchargement gratuit depuis son site internet[41], tout comme "Salary man", titre satirique sur le capitalisme[42].
Il a également sorti un disque sous le label La Panchita Records regroupant une dizaine de chanson enregistrées avec Chalart58 (musicien barcelonais, ancien batteur de La Kinky Beat[43]) et en collaboration avec Sr. Wilson, Cedric Myton, Josep Blanes & High Paw. L'album est sorti en totale discrétion, et sans aucune publicité, en 2022 et se nomme Inna Reggae Style avec notamment les titres : "Me provoca te ver", "Todo Llegara", "Algundiavacaer", "Pokito De Mi", "Fire inna streets", "A la par del amor," "Bloody Border"[44]. Le disque est disponible en format vinyle dans de nombreux disquaires[45]. Plusieurs de ces chansons ont été diffusées gratuitement sur son site internet et sont encore accessibles.
Il a aussi participé à de nombreux duos dont on peut citer la chanson "cae la noche" avec le galicien Carlangas et dont le son est purement du Manu Chao comme l'indique le journal espagnol Publico[46]. Il a également collaboré avec le groupe colombien Bomba Estéreo et a sorti en 2022 la chanson "Me duele" qui dépasse les 20 millions d'écoute sur les plates-forme d'écoute en ligne[47]. Enfin, il a repris la chanson de Bob Marley & The Wailers "Soul Rebel" pour le projet musical Playing to Change qui compte la participation de Bunny Wailer[48].
L'album Viva Tu est néanmoins le premier disque depuis 17 ans ; il est présenté comme la suite des 3 précédents et fait l'objet d'une communication dédiée, notamment sur le site internet de Manu Chao, ce qui est inédit depuis la sortie de La Radiolina en 2007. Déjà très discret, le chanteur a complétement disparu de la sphère médiatique et n'a donné aucune interview pour la sortie de ce nouvel album, sachant que sa dernière interview remonte à 2013[49]. Il s'en explique dans son dossier de presse : «Pourquoi je ne fais pas d’interview? Parce que j’estime que ce que j’ai dit il y a vingt ans est encore valable et que je déteste me répéter[50]».
Radio La Colifata
Manu Chao est partie prenante d'un projet mené à Buenos Aires, la Colifata. Il s'agit d'une radio qui émet depuis la cour de l'hôpital psychiatrique José T. Borda. Celle-ci a été mise en œuvre par Alfredo Olivera(es). Dans les années 1980, il est éducateur dans les quartiers populaires de la capitale argentine où il participe au plan national d'alphabétisation. Après des études de psychologie, il entre à l'hôpital Borda. Peu après, il crée une radio à laquelle il fait participer les patients. Née le , la Colifata est un succès dans tout le pays. Elle est aujourd'hui écoutée par près de sept millions d'argentins. Plus qu'une radio, la Colifata est « au carrefour du travail clinique avec les malades et du travail social », d'après son créateur. Désignée en 1994 comme « première radio du monde à émettre depuis un hôpital psychiatrique » par l'Organisation panaméricaine de la santé, la Colifata reçoit diverses récompenses et distinctions. Aujourd'hui, Alfredo Olivera participe régulièrement à des conférences internationales aussi bien médicales que sur la communication afin d'expliquer l'intérêt et le succès d'une telle radio, qui dépasse aujourd'hui les frontières de son pays d'origine.
En , un reportage de l'émission 66 Minutes, diffusé sur M6, a permis de relever le rapport très fort qui unissait Manu Chao et les patients de cet hôpital. En , le site Internet www.vivalacolifata.org permet de télécharger gratuitement un album des interventions des malades de l'hôpital mixé sur des thèmes musicaux de l'album de La Radiolina. Le site permet en outre de faire des donations intégralement reversées à l'hôpital. C'est Manu Chao qui est venu directement à l'hôpital pour enregistrer à de nombreuses reprises les voix de ces patients.
Vision de l'industrie musicale
En 2007, le premier single de l'album La Radiolina, Rainin in Paradize a été disponible en ligne gratuitement et téléchargeable sur le site officiel de l'artiste. Par ailleurs, l'album Sibérie m'était contée est aujourd'hui en libre téléchargement sur le site web de l'artiste et ne sera donc jamais commercialisé. Rapidement épuisé lors de sa sortie physique, Manu a souhaité rendre ce disque le plus disponible possible.
Le chanteur a par ailleurs, déclaré dans l'éditorial du magazine Courrier international, sorti la dernière semaine de , « Il y a de fortes chances pour que La Radiolina soit mon dernier CD. Je n’arrêterai pas la musique, mais, vue l’évolution technologique, peut-être que, par la suite, dès que j’aurai une nouvelle chanson, je la mettrai en ligne. J’utiliserai mon site Internet comme une station de radio[51] ». Il déclare également : « Que les gens piratent les « gros » comme moi, ça ne me gêne pas. Mais qu’ils fassent l’effort d’acheter la musique des petits labels (…) La solution ? Je ne l’ai pas. Je parie pourtant sur une certaine éthique du public ».
Engagement politique
Bien qu'il n'appartienne à aucun parti politique, Manu Chao est un artiste clairement engagé à gauche, de tendance altermondialiste, se disant désormais « citoyen du présent »[52]. En 2007, il résumait dans le journal Le Monde : « J'ai la chance d'avoir un passeport en règle, de pouvoir voyager partout. J'aime ça, c'est comme une drogue. (…) Je me sens comme à la maison n'importe où. Avant, j'avais l'habitude de dire que j'étais un citoyen du monde. Aujourd'hui, je me sens plutôt citoyen du présent[53]. »
Il soutient par ailleurs le mouvement zapatiste (EZLN) et a enregistré dans deux de ses morceaux (Luna Y sol et Por el suelo sur l'album Clandestino) les paroles du sous-commandant Marcos, qu'il a rencontré lors d'un événement organisé dans le Chiapas, dans le Sud du Mexique[54]. Il a fait partie des personnalités qui ont garanti l'orientation de l'organisation Attac lors de sa fondation en 1998[55]. Il participe depuis épisodiquement à son Conseil des fondateurs. Il a joué et chanté lors de rassemblements altermondialistes comme le contre-sommet du G8 de Gênes en [56], d'Annemasse en ou le rassemblement du Larzac en . Il chante aussi à plusieurs reprises à la fête de l'Humanité, comme en 2001 ou en 2009 où il joua devant 90 000 personnes.
Le , Manu Chao rencontre Didier Riaud, Président d'Amnesty international-Evreux lors du festival Le rock dans tous ses états. Manu Chao soutient le traité international réglementant le commerce des armes, pour protéger les droits humains, laissant également un moment au groupe pour s'exprimer sur scène au départ du concert. [réf. nécessaire]
Il affirme, dans le journal Courrier international, « On m'a collé cette étiquette de porte-drapeau du mouvement altermondialiste parce que je suis allé manifester à Gênes et que les « alter » aiment bien mes chansons. La presse avait besoin de trouver une tête d'affiche et c'est tombé sur moi, mais je ne suis ni un symbole ni un porte-parole. Je suis musicien. » Il regrettera donc longtemps la confusion entretenue entre cette réalité qu'il constate dans ses voyages en Amérique du Sud et en Afrique et qui le porte à souvent dénoncer des situations difficiles et la médiatisation poussée qui en ferait l'un des meneurs d'un mouvement dont il n'a jamais voulu être le représentant[53]. Son contrat avec la major Virgin a expiré en 2003, et Manu Chao a décidé de travailler avec les sociétés de production et d’édition Radio Bemba et Mille Paillettes. Pour la sortie de son album La Radiolina en , Manu Chao a signé avec le label indépendant Because Music où il dit avoir une liberté totale.
Origines des engagements
Son grand-père maternel, Tomás Ortega, ancien champion de pelote basque, est un communiste espagnol qui a fui Franco avec sa famille. Ce grand-père est pour Manu Chao[57] un modèle d'engagement. En effet, il combat lors de la Guerre civile espagnole en sabotant les liaisons téléphoniques des villes prêtes à tomber aux mains des franquistes. Recherché, il prend le dernier bateau partant de Valence et se retrouve en France dans les camps de réfugiés. Sa femme et ses deux filles veulent le rejoindre. Elles quittent alors Bilbao et connaissent à leur tour les camps d'hébergement. La famille se rend ensuite en Algérie pendant 10 ans avant de venir s'installer en région parisienne. Tomás ne souhaitera jamais revenir en Espagne même après la mort de Franco, n'ayant pas confiance. Manu Chao déclarera : « Quand j’étais petit, mon grand-père me racontait toute cette période en long et en large, la guerre civile, son départ d'Espagne, l'Algérie. Maintenant, il est parti. C’est quelqu’un d’important dans ma vie. Un mec honnête qui a défendu ses idées jusqu’au bout »[58].
Du côté paternel, on comprend mieux le lien de Manu Chao avec l'Amérique latine. En effet, à la fin du XIXe siècle, Dolores, l'arrière grand-mère paternelle de Manu Chao, quitte Vilalba (petite ville de Galice) pour Cuba, fuyant les coups que lui portait son mari alcoolique, Nazario. À Cuba, Dolores travaille comme servante dans la maison de García Kolhy, chef de la police locale. Puis, Nazario, le mari, débarque de Galice afin de récupérer sa femme. On le retrouvera un peu plus tard assassiné dans un coin de la vielle Havane, une balle dans la tête. Quelques mois après, elle tombe enceinte, García Kolhy ayant abusé de son droit de cuissage[59], et retourne en Galice pour élever son fils[60]. Ce dernier, violent et tyrannique à son tour[61], voyagera longuement à Cuba et reviendra avec une idée forte, un de ses enfants deviendra un musicien célèbre : ce sera Ramón Chao. Pianiste prodige, il se libérera de la pression de son père en abandonnant le piano pour la plume une fois arrivé à Paris, acte que son père ne lui pardonnera jamais.
Ramón Chao a écrit un livre relatant l'épopée familiale à Cuba, il dira à sa sortie : « Pour moi Cuba a toujours été le paradis et j'ai toujours eu de l'amour pour cette île, depuis l'époque de Batista à celle de Fidel Castro et jusqu'à ma mort, je serai fidèle à cette passion. Cet héritage latino-américain, mon fils Manu Chao l'a assumé[62] ». Ces différents héritages ont façonné l'engagement de Manu Chao ainsi que son goût pour l'Amérique latine et les voyages.
Vie privée
Désormais totalement absent des médias, la vie privée de Manu Chao est très peu documentée.
Dans le livre Clandestino, à la recherche de Manu Chao de Peter Culshaw, on apprend que Manu Chao aura une brève relation avec une brésilienne lors d'un voyage en Amazonie et aura un fils qui se nomme Kira, ce qui veut dire "l'oiseau qui s'envole" en langue guarani. Il voit ce fils dès qu'il peut et est trés attaché à la région où est né son enfant, au nord du Brésil (Cearà)[63]. Manu Chao passerait au moins deux mois chaque année dans cette région. Kira Chao est désormais un musicien dans son pays natal et a participé à plusieurs tournées avec son père dans le passé, déjà petit, en 2009 quand Manu tournait au Brésil ou plus récemment à Paris (visible sur les sites de vidéos en ligne pour la tournée 2017 à la Boule Noire à Paris). Manu a sorti une chanson avec son fils, sur son site internet, nommé "Bala Perdida"[64]. Menant désormais sa carrière sans la présence de son père, Kira était en concert à Carcasonne en 2023[65]. Il est indiqué qu'il "propose une poésie acoustique qui traverse, réinvente et valorise les symboles et les expressions de la culture populaire brésilienne"[66].
En 2017, Manu Chao n'a pas réussi à échapper aux paparazzi grecs[67] quand il était en relation avec l'actrice grecque Klelia Rensi[68]. Selon les tabloids, Klelia Rensi était en couple avec le chanteur depuis 2015 et serait tombée enceinte de Manu Chao[69]. Même si l'actrice a donné naissance à un enfant en 2019, elle a communiqué sur le fait que Manu Chao n'était pas le père[70]. En 2017, Manu forma momentanément le groupe TI.PO.TA avec Klelia Rensi.
La récente bande dessinée sur Manu Chao (sortie en août 2024), résume la suite "Pour le reste, on ne sait pas. Quand on ne sait pas, on ferme sa gueule. Et quand on sait, on ferme sa gueule aussi"[71].
L'argent du chanteur fait l'objet de nombreuses railleries sur les réseaux sociaux et resort dans la chanson "Manu Chao" du groupe Les Wampas, alors même que le chanteur, Didier Wampas, a cotoyé Manu Chao quand il jouait ensemble au sein des groupes de la mouvance punk rock alternative des années 80. Le refrain cinglant crie "si j'avais le porte-feuille de Manu Chao, je partirais en vacances au moins jusqu'au Congo". Ironiquement, cette chanson est celle qui a fait connaître les Wampas et leur a octroyé un succès auprès du grand public et des radios nationales[72]. Quand on sait même qu'un des musiciens des Wampas est issu de la Mano Negra (Jo Dahan), certains s'interrogent si la chanson n'est pas un règlement de compte, alors même que le passage de la Mano Negra chez Virgin, reste une trahison non digérée pour les fans du mouvement alternatif rock des années 80, restés fidèles aux Béruriers noirs et à Boucherie Productions[73]. Dans le livre Clandestino, à la recherche de Manu Chao de Peter Culshaw, l'auteur confirme que Manu Chao boude les palaces et mène une vie des plus simples, ce qui a le don de lui attirer nombres de critiques chez ceux qui ne comprennent pas ce choix. Peter Culshaw a posé la question à Manu Chao de ce qu'il faisait de tout son argent. Il a répondu que "les avocats et les banquiers en prenne une bonne partie", le chanteur aurait aussi fait des dons pour des causes comme La Colifata en Argentine (radio émise par des patients d'un hôpital psychiatrique), pour les zapatistes ou quelques projets en Afrique, tout en étant soucieux de savoir personnellement à qui il distribue son argent. Peter Culshaw indique "Manu a l'impression que déclarer ce qu'il fait de son argent ferait encore davantage de lui une cible. "Si je faisais de la publicité pour tous mes soutiens et mes dons, je serai qualifié d'opportuniste, dit-il (Manu Chao). On dirait que j'en profite pour vendre mes disques. (...) La seule chose que je peux dire, c'est que j'ai gagné beaucoup d'argent et que je n'ai pas mauvaise conscience. Je ne l'ai volé à personne et je l'ai gagné à la sueur de mon front. Ce que j'en fais relève de ma vie privée et ça ne concerne que moi et mon entourage" (p.276). (..) Et contrairement à de nombreuses célébrités (..) il (Manu Chao) est toujours citoyen français, paie ses 75% d'impôts plutôt que de choisir son pays de résidence pour l'Espagne ou ailleurs" (p.277).
Analyse
D'après la professeure de littérature comparée Cornelia Gräbner, l'œuvre de Manu Chao est un exemple moderne de littérature engagée comparable à celle d'Eduardo Galeano, du sous-commandant Marcos et de José Saramago. Nourri par la tradition antifasciste de sa famille, par son expérience des communautés immigrées de banlieue parisienne et par ses propres voyages, notamment le voyage final de Mano Negra à travers la Colombie en guerre en 1994, Manu Chao présente un engagement anticapitaliste, antiraciste et altermondialiste qui fait le lien entre « l’Europe rebelle » contemporaine et les luttes passées. Le thème du voyage est essentiel chez Manu Chao, qui est lui-même voyageur compulsif : il illustre la réinvention permanente de son identité par le voyage dans Desaparecido, et examine le caractère oppressif qu'il peut prendre en se mettant à la place d'un immigré clandestin dans Clandestino. Le style de Manu Chao est marqué par l'hybridation des cultures et des genres avec parfois des juxtapositions de musiques, de paroles et d'enregistrements comme dans La vacaloca, Infinita tristeza, La Despedida, Mentira ou Sol y Luna[74].
1998-1999 : Bongo Bong (Bongo Bong, Je ne t'aime plus, Mr Bobby, Mentira, Bienvenido A Tijuana)
1998-1999 : Mentira
1998-1999 : Mama Call
1998-1999 : Clandestino Latino Remix (Clandestino - Remix, Luna Y Sol, Malegria)
2001-2002 : Me Gustas Tu (Me Gustas Tu, La Primavera)
2001-2002 : Merry Blues (Merry Blues - Original, Merry Blues - Dancehall 161 Remix)
2001-2002 : Mr Bobby (Mr bobby - politik kills version, Mr Bobby - wyskyfacile version, Mr bobby)
2001-2002 : La Chinita (La Chinita - Long Version, La Chinita - Spain Remix)
2001-2002 : La Rumba De Barcelona (Live Paris 2001)
2001-2002 : Me Gustas Tu - Remix Vinyle - Proxima Estacion : Esperanza ... Me Gustas Tu (Me Gustas Tu - Remix Extended Version, Club Mix, Original Version)
2001-2002 : Merry Blues - Vinyle Edition (Merry Blues - DJ Muggs Remix, DJ Muggs Instrumental, A Cappela, Dancehall 161 Remix, 161 Dubwise Version, Original Version)
2001-2002 : Remixes (La Chinita - Spain Mix, La Chinita - Electric Mix, Me Gustas Tu - Club Mix, Merry Blues - Dance Hall 161 RMX, DJ Muggs RMX, Acapella)
2004 : Senegal fast food (feat. Amadou & Mariam)
2007 : Rainin in Paradize (Rainin In Paradize, Mama Cuchara, Panik Panik, Rainin In Paradize)
2007 : La vida tombola (La Vida Tombola - Album Version, La Vida Tombola - Abbey Road 2008 Version)
2007 : Me llaman Calle (Me Llaman Calle, Dia Luna...Dia Pena - Live @ Coachella 2007, Mr Bobby - Live @ Coachella 2007)
2007 : Me llaman Calle (version de la bande originale du film Princesas)
2008 : 5 razones
2008 : 5 razones (version de la bande originale du film Princesas)
2008 : Windy Alley
2008 : Politik Kills (9 remixes : Dennis Bovell Remix feat. LKJ - Linton Kwesi Johnson, Prince Fatty Remix, ...)
2008 : A Cosa (A Cosa, A Cosa - Prince Fatty Remix)
2008 : L'hiver est là - Live Baionarena 2008 (Radio Edit)
2008 : Llamame solo (feat Scrova Dub & Prince Fatty)
Bonus
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations contenues dans cette section proviennent de Download here new Manu Chao songs[75].
2003 : Live Bruxelles, (live audio, Belgique 2003)
Negu Gorriak - Hipokrisiari Stop! Bilbo 93-X-30 (1994 Esan Ozenki, Live)
Tijuana No! - Transgresores de la Ley, titre Borregos Kamikazes (1995)
Skank - O Samba Poconé (1996, collaborations de Manu Chao sur plusieurs titres de l'album)
Joaquín Sabina - No Sopor..., No Sopor... (ou No Soporto el rap) (basse, guitare électrique, chant et chœurs) sur l'album Yo, Mi, Me, Contigo (1996 Bmg/Ariola)
Fermin Muguruza - Maputxe' (guitare et basse) sur l'album Brigadistak Sound System (1998 Esan Ozenki)
Tonino Carotone - Mondo Difficile (1999, collaborations de Manu Chao sur plusieurs titres de l'album : La Trampa, Me cago en el amor et Pecatore)
Amparanoia - Fiesta Furiosa (1999 Edel) - Desperado et Caravane
Idir - Identités (1999, collaboration de Manu Chao sur le titre A Tulawin - Une Algérienne Debout -, repris sous le titre Denia sur l'album Próxima Estación... Esperanza)
Emmaüs Mouvement, (2000, Compilation) - titre Tous les jours
Wagner Pa - Brazuca Matraca (2001) Barcelona, titres Folía, Cold et Circo Místico
Lumbalú, Me Voy con el Gusto - chœurs sur Mariangola
Karamelo Santo, Los Guachos - production et chant sur certains titres (2001)
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Live (+ interview) Esperanzah festival, Belgique 2007
Live Way Out West Festival, Suède 2007
Émissions radios
live, Radio Nova, 1998
live, Radio Popolare, 1999
interview, Ondes de choc, France inter, 2001
live, KCRW, 2001
live, Club Lek, 3FM, 2002 (+ vidéo streaming)
interview, Paroles et musique, RTL, 2002
interview, La bande passante, RFI, 2002
live, OÜI FM, 2002
live, RTL2, 2002
live, France Inter, 2002
interview, reportage, « Le tambour de Manu Chao », radio têtard (webradio), 2004
live, KCRW, 2007
live à la boule noire, concert privé, OÜI FM, 2007
live studio 104, France inter, 2007
live, interview, « Le Contrôle Discal », Radio Nova, 2008 (+ vidéo streaming)
live, interview, RTL, 2008
live, KCRW, 2010 (+ vidéo streaming)
reportage, Pop Etc, France Inter, 2013
live, NRK, 2016 (+ vidéo streaming)
Références à Manu Chao et reprises de ses chansons
Les Wampas ont écrit la chanson Manu Chao (2003) avec le refrain : « Si j'avais le portefeuille de Manu Chao, j'partirais en vacances au moins jusqu'au Congo... ». Didier Wampas s'est déclaré dérangé par l'attitude de certains artistes (Manu Chao, Noir Désir), qui, tout en se voulant contestataires et proches des défavorisés, mènent la vie réservée à l'élite[76].
Renaud, en 2006, cite Manu Chao dans sa chanson Les Bobos qui « … Boivent de la manzana glacée en écoutant Manu Chao ».
Le groupe Radio Zumbido a écrit la chanson Everybody Want to Be Manu Chao These Days sur l'album Pequeño Transistor de Feria (2007).
Reprises
Paul Heaton (chanteur de The Housemartins) reprend Bongo Bong/Je Ne T'Aime Plus sur son album de reprises Under the Influence (2004) ; Robbie Williams reprendra ce même titre sur l'album Rudebox (2006), ainsi que Boppin'B sur l'album de reprises Rock 'n' Roll Radio (2008) et Lou Bega sur son album “90s Cruiser” (2021).
Clandestino a été reprise de nombreuses fois : par la chanteuse brésilienne Adriana Calcanhotto sur son album Público - (Ao Vivo) (2000), par le groupe brésilien Tihuana (adapté en portugais) sur l'album Ilegal (2000), par la chanteuse italienne Fiorella Mannoia sur son album Concerti (2004), par la chorale belge Scala and Kolacny Brothers en 2004 sur l'album Respire (sorti en single en 2005), par le groupe El Gafla (en duo avec Manu Chao) sur leur album pA/Ris-Casbah (2006), par le chanteur de flamenco espagnol José Mercé, par le groupe Les Betteraves, ainsi que par le groupe marocain Hoba Hoba Spirit en 2012 sur l'album Atlas group.
Le groupe Janez Detd. a repris la chanson Mala vida sur son CD Anti Anthems sorti en 2003.
Le groupe de rappeurs nîmois VSO en featuring avec le chanteur Maxenss a repris l'instrumental de Bongo Bong pour son titre Été indien (issu de l'album Southcoaster) en .
Le groupe DTF dans la chanson Me gusta a repris le refrain de Me gustas tú en le modifiant légèrement.
Rodrigo et Gabriela ont repris Clandestino en 2019, disponible sur les plateformes de streaming.
FouKi, rappeur québécois, a inclus un échantillon de Me gustas tú dans sa chanson Bijou (2020).
↑Gordon Rohlehr, « Calypso, Education, and Community in Trinidad and Tobago », dans Culture, Education, and Community, Palgrave Macmillan (lire en ligne)
↑Olivier Nuc, « «Ce que j’ai dit il y a vingt ans est encore valable»: Manu Chao, star intermittente, sort un nouveau disque », Le Figaro, (lire en ligne)
↑ a et b« Manu Chao », sur Le Monde (consulté le ), C'est une histoire de journalistes. Il fallait trouver un leader, c'est tombé sur moi. » Il ne nie pas être intéressé par la politique, mais ne souhaite pas devenir un symbole ou un porte-parole. Musicien avant tout. « J'aime la discussion, tenter de convaincre des mecs du PP [la droite espagnole] qui vivent dans mon quartier. Je suis partisan de l'action locale..
↑« Je suis allé au Chiapas. J'ai rencontré le sous-commandant Marcos. Un moment inoubliable. Il nous attendait avec une guitare. Il nous a dit : « Je vous prends à la musique. » On a fait un bœuf… Marcos, je soutiens sa cause. Mon engagement politique, tout le monde le connaît. Pas besoin d'en rajouter des tartines dans chaque chanson. » Telerama en 2007.
↑(en) Cornelia Gräbner, « ‘Four Paths Five Destinations’: Constructing Imaginaries of Alter-globalization Through Literary Texts », Cosmos and History: The Journal of Natural and Social Philosophy, vol. 6, no 2, , p. 93–112 (ISSN1832-9101, lire en ligne, consulté le )