Née en 1939[1], issue d'un milieu ouvrier, Marie-Claire Blais fait ses études à Québec, sa ville natale, mais doit les interrompre pour gagner sa vie. À l'âge de 17 ans, elle suit quelques cours à l'Université Laval, où elle rencontre Jeanne Lapointe et le père Georges-Henri Lévesque qui l'encouragent à écrire et à publier, en 1959, son premier roman, La Belle Bête[2]. Sa parution attire sur elle l'attention bienveillante de la critique.
À partir de 1995, avec le roman Soifs, elle se consacre à un immense cycle de dix romans, également appelé Soifs, sur les États-Unis de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Le cycle est complété avec la parution d' Une réunion près de la mer en . Il s'agit d'une des œuvres les plus ambitieuses de la littérature québécoise, comprenant quelque 200 personnages provenant de tous les milieux sociaux. Le cycle se distingue aussi par son style, puisque les différents volumes qui le constituent ne comprennent pas de division en paragraphes ou chapitres, et sont essentiellement constitués de très longues phrases ponctuées de nombreuses virgules mais très peu de points.
Outre ses nombreux romans, elle écrit pour le théâtre. Sa pièce la plus célèbre demeure sa toute première L'Exécution, le récit d'un meurtre commis par des élèves dans un collège privé. La pièce, écrite en 1967, est montée au Théâtre du Rideau vert de Montréal en , mais n'est publiée qu'en 1970. La dramaturge signe également un des monologues de la pièce féministe écrite avec six autres femmes La Nef des sorcières (1976), un des gros succès du théâtre québécois des années 1970.
Les romans La Belle Bête (1959), Une saison dans la vie d'Emmanuel (1965) et Le Sourd dans la ville (1979) ont respectivement été adaptés au cinéma par Karim Hussain(en) (2006), Claude Weisz (1973) et Mireille Dansereau (1987). Marie-Claire Blais signe le scénario de La Belle Bête. Elle est également la scénariste du documentaire Tu as crié: Let me go d'Anne Claire Poirier qui remporte le Prix Génie du meilleur documentaire 1997. Elle a également écrit L'Océan (1976), une pièce destinée à la télévision.
Presque toutes ses œuvres sont traduites en anglais et certaines, surtout les romans, dans plusieurs langues, y compris le chinois.
Une édition de luxe d'Une saison dans la vie d'Emmanuel publiée en 1968 aux Éditions du Jour comprend une trentaine d'illustrations originales de Mary Meigs.
Marie-Claire Blais est morte le 30 novembre 2021 à 82 ans à Key West, en Floride, lieu où elle s'était établie depuis plusieurs années[8],[1],[9],[10].
Œuvre
L'œuvre de Marie-Claire Blais comprend une vingtaine de romans, un essai, cinq pièces de théâtre, un téléthéâtre, des pièces radiophoniques, des poèmes, des scénarios et une dictée pour la Dictée des Amériques, intitulée La Bête fragile (1998). Peuplé de personnages fantomatiques, souvent des enfants ou de jeunes adolescents, solitaire, il conjugue à la fois humour et sentiment tragique, voire de moments de fulgurantes violences. La critique sociale y est présente, souvent en filigrane. Les titres ont paru au Québec à l'origine aux Éditions du Jour, puis chez Stanké, et ont été repris pour la plupart par les éditions du Boréal ; en France, on les retrouve chez plusieurs éditeurs : Laffont, Belfond, Grasset, Gallimard et surtout, depuis 1995, le Seuil.
2012 - Doctorat honoris causa remis par la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, pour souligner l’envergure, la qualité et la pérennité de son œuvre littéraire, ainsi que la reconnaissance dont elle jouit sur la scène nationale et internationale
↑Alice Girard-Bossé, « L’écrivaine Marie-Claire Blais n’est plus », La Presse, (lire en ligne, consulté le )
↑Philippe-Jean Catinchi, « La romancière québécoise Marie-Claire Blais, voix majeure de la littérature francophone, est morte », Le Monde, (lire en ligne).
↑Boivin, Aurélien, Fiche de lecture — Une saison dans la vie d’Emmanuel:portrait d’un certain Québec révolu, Québec français, n° 92, 1994, p. 92-95, consulté en ligne le 14 décembre 2015.
↑Laurent Le Boterve, « Pourquoi j'ai aimé. Laurent Le Boterve, informaticien, a lu «Petites Cendres ou la Capture» de Marie-Claire Blais », Libération, (lire en ligne).
↑Frédérique Roussel, « «Un cœur habité de mille voix» : Marie-Claire Blais, filles cardinales », Libération, (lire en ligne).
Andrée Ferretti, « Une singulière singularité, telle est l’oeuvre de Marie-Claire Blais », Nuit blanche, magazine littéraire, no 129, hiver 2012–2013, p. 38-39.
Chantal Guy, « Marie-Claire Blais : Hommage aux luttes LGBTQ+ », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
Catherine Simon, « Marie-Claire Blais, avec des mots simples », Le Monde, (lire en ligne).