Marin Karmitz est issu d'une famille juive de Roumanie arrivée en France en 1948[1]. Son père Solly est un industriel roumain et sa mère Diane[2] une intellectuelle[3]. La famille s'installe à Nice où il apprend le français, alors qu'il a neuf ans[4],[5].
Il réalise en 1964 son premier court-métrage de fiction, Nuit noire, Calcutta, d'après un scénario de Marguerite Duras, puis adapte la pièce de théâtre Comédie avec Samuel Beckett en 1965, qui fait scandale au festival de Venise en 1966[11]. Karmitz crée sa maison de production mk2 productions en 1967, d'abord exclusivement consacrée aux courts métrages.
Après Mai 68, il est membre du mouvement maoïste la Gauche prolétarienne et proche du chef de son groupe armé, Olivier Rolin[3],[13] qu'il salue dans ses mémoires comme ayant évité à la France un épisode terroriste[13], en situant l'autodissolution de la Gauche prolétarienne en juin 1973[13] alors qu'elle a eu lieu le 1er novembre, quatre mois après[14], l'infiltration des policiers la rendant inévitable.
Au cours de cette période, il réalise des films militants : Sept jours ailleurs (1969), Camarades (1970) et Coup pour coup, sorti dans 4 salles parisiennes le 23 février 1972, deux jours après la mort de Pierre Overney, militant de son parti, dans une manifestation que Marin Karmitz devait couvrir, mais il est retenu par la sortie du film[15]. qui raconte une séquestration de patron dans une usine textile à Elbeuf-sur-Seine, en Seine-Maritime, appelant à la révolte contre toutes les formes de pouvoir y compris les syndicats[16], cinéaste exerçant sa férocité « à plein contre les syndicalistes »[17]. La fin du film évoque « la possibilité future de la violence ». Un jeune de la ville, Roger Knobelspiess y bascule la même année. Il a pour coscénariste Évelyne July[15] et s'inspire d'une grève qui a en fait eu lieu à Troyes[15], dans la bonneterie, où il est projeté un an après par un comité d'organisation incluant la CFDT et la FEN[15]. Dans d'autres villes, les débats suivant la projection sont secoués par les critiques de syndiqués CGT, brocardés dans le film[15]. La promotion profite en mai 1972 d'une évocation dans une interview télévisée de Jean-Luc Godard[15], lors de la sortie de son propre film, Tout va bien, avec Jane Fonda et Yves Montand, et du relais des enseignants en lycée[15].
MK2
Ses productions rencontrant des problèmes de diffusion, il décide en 1974 de devenir lui-même distributeur, en créant mk2 diffusion, et exploitant, en ouvrant sa première salle place de la Bastille (le 14-Juillet Bastille, futur mk2 Bastille), inaugurée le . Ses activités de production, distribution et exploitation sont unifiées sous le nom MK2 en 1998.
Marin Karmitz a produit et coproduit plus de quatre-vingt films, en a distribué plus de trois cents et a créé un circuit de dix complexes cinématographiques à Paris, le troisième de la capitale en termes d’importance avec un total de soixante-cinq écrans, de cinq millions de spectateurs annuels et 17 % de part de marché Paris intramuros, dont les derniers en date sont en 2003 le MK2 Bibliothèque (20 salles) dans le 13e arrondissement de Paris et en 2005 le MK2 Quai de Loire (6 salles), face au MK2 Quai de Seine dans le 19e arrondissement[pas clair].
MK2 figure aujourd’hui parmi les quatre principaux groupes cinématographiques français et est présent dans les différents secteurs de l'audiovisuel avec un catalogue de droits de plus de 500 titres[18] (dont Charlie Chaplin, François Truffaut, Krzysztof Kieślowski, Claude Chabrol, Abbas Kiarostami, Gus Van Sant…), une production cinéma et télévisuelle, et une filiale d’édition vidéo avec plus de 400 titres édités à ce jour.
En , Marin Karmitz confie la direction générale du groupe MK2 à son fils Nathanaël[19].
Après une plainte déposée et quatre ans de procédure, Marin Karmitz fait condamner le producteur François Margolin pour « faux et usage de faux ». Ce dernier avait falsifié des documents et imité la signature de Karmitz afin d'obtenir plus de 200 000 euros. Il a été condamné à deux mois de prison avec sursis[20].
Après l'échec commercial de quatre films en 2012, Marin Karmitz annonce en vouloir cesser la production de films. Il avance que le cinéma français a baissé de qualité et « est de plus en plus replié sur lui-même sur des problématiques de petits bourgeois[21]. »
Autres fonctions
Président du groupe Création culturelle, compétitivité, cohésion sociale du XIe Plan en 1992, membre de la Commission pour la nouvelle télévision publique (atelier « modèle culturel et de création ») en 2008, il est nommé délégué général du Conseil de la création artistique, créé le par Nicolas Sarkozy et comprenant différentes personnalités du monde de la culture.
Depuis sa création en 2004, il est vice-président[22] de la Chambre philharmonique, orchestre sur instruments d'époque créé et dirigé par Emmanuel Krivine.
En 2017, il dévoile un ensemble important de sa collection, soit près de 400 œuvres (dont de nombreuses photographies), lors de l'exposition "Étranger résident, la collection Marin Karmitz" à la Maison rouge[23].
Selon le magazine économique Challenges, Marin Karmitz occupait en 2009 la 491e place des plus grandes fortunes françaises, évaluant sa fortune à 40 millions d'euros[24].
1993 : Trois couleurs : Bleu (Trzy kolory. Niebieski) de Krzysztof Kieślowski (Lion d'or et prix d'interprétation féminine Juliette Binoche à la Mostra de Venise, César 1994 de la meilleure actrice Juliette Binoche, du meilleur son, du meilleur montage)
1994 : Trois couleurs : Blanc (Trzy kolory. Biały) de Krzystof Kieslowski (Ours d'Argent et prix spécial du jury à la Berlinale)
↑Première n°82, p.64, interview de Marin Karmitz : "J'ai d'abord vécu à Nice où j'ai appris le français que je ne connaissais pas du tout"
↑Première n°82, p.64, interview de Marin Karmitz : "Après le lycée, j'ai fait l'IDHEC. Comme j'ai été recalé au concours de réalisateur, j'ai fait la section "prise de vues" qui existait pour la première année."
↑Première n°82, p.64, interview de Marin Karmitz : "J'ai commencé l'apprentissage de la politique au moment de la guerre d'Algérie. J'étais à l'époque dans un groupe qui s'appelait UJRF, qui, par la suite, est devenue les "Jeunesses Communistes" où l'on menait une lutte très active contre la guerre d'Algérie."
↑ ab et cBande à part par Marin Karmitz, Editions Grasset, 2014