Barbier Michel Cubières de Palmeseaux[1], né à Roquemaure dans le Gard le et mort à Paris le [2], est un homme de lettres, poète et auteur dramatiquefrançais. Se faisant appeler tour à tour le Chevalier de Cubières, Dorat-Cubières, Citoyen Cubières, Michel de Cubières-Palmézeaux[3], entre la fin de l'Ancien Régime et la Restauration, il est resté dans l'histoire littéraire comme un emblème de la girouette politique et du poète frivole[4].
Biographie
Frère cadet de Louis Pierre, page de Louis XV et écuyer de Louis XVI, Michel de Cubières, que l'on destine à l'état ecclésiastique, est envoyé au séminaire à Orange, à Nîmes et à Paris. Exclu de Saint-Sulpice pour mauvaise conduite, il sollicite le patronage du poète-mousquetaire Claude Joseph Dorat, qui lui conseille de troquer son habit noir contre un autre de taffetas à lames roses, de rechercher les faveurs des femmes de condition, et surtout de relire Les Tourtourelles de Zulims, dont l'auteur n'est autre que lui-même. Michel de Cubières suit ses conseils à la lettre. Devenu écuyer de la comtesse d'Artois, il ne tarde pas à faire de la protectrice et amante de Dorat, Fanny de Beauharnais, sa maîtresse attitrée. Il inonde le public de petits vers galants, douceureux et fadement spirituels à la gloire des Iris et des Chloé qui peuplent les pages de l’Almanach des Muses. À la mort de Dorat, en 1780, il prend en son hommage le nom de Dorat-Cubières.
Sans conviction en politique comme en littérature, doué d'une grande facilité mais prolifique à l'excès, Michel de Cubières s'essaya dans tous les genres, sans parvenir à percer dans aucun. Il collabora au Mercure de France, au Journal encyclopédique et à la Décade philosophique. Il fit paraître, entre 1776 et 1806, une vingtaine de pièces de théâtre : comédies, opéras, tragédies, drames burlesques. Celles qui furent jouées furent sifflées; celles qui ne le furent pas furent réprouvées par la critique. En matière de poésie, le disciple de Dorat fut qualifié par Rivarol de « ciron en délire qui veut imiter la fourmi »[6]. C'était, écrit Alfred Marquiset, un « madrigalier », « ou arbre à madrigaux », qu'il suffisait de « toucher pour faire tomber un distique ou un quatrain »[7].
Choix de publications
Essais moraux
Lettre d'un solitaire de Chalcide à une dame romaine, suivie de pièces fugitives, 1773
Les Hochets de ma jeunesse, 1780
L'École des filles, histoire morale, 1784 Texte en ligne
Les États-Généraux de Cythère, imitation très libre de l'italien du comte Algarotti, 1789 Texte en ligne
Histoire des compagnes de Maria, ou Épisodes de la vie d'une jolie femme, 1811
Poésies philosophiques et descriptives des auteurs qui se sont distingués dans le dix-huitième siècle, 3 vol., 1792
Le Progrès des arts dans la République, poème, 1796
Le Défenseur de la philosophie, ou Réponse à quelques satires dirigées contre la fin du XVIIIe siècle, 1799 Texte en ligne
Boileau jugé par ses amis et par ses ennemis, ou le Pour et le Contre sur Boileau, 1802
Recueil des pièces intéressantes sur les arts, les sciences et la littérature, ouvrage posthume de Sylvain Bailly, précédé de la vie littéraire et politique de cet homme illustre, 1810
Didactique
L'Art du quatrain, essai didactique en IV chants, suivi d'un grand nombre de quatrains sur les monuments français d'architecture, de peinture, de sculpture, de gravure, etc. ; d'un poème sur le progrès des arts et de quelques distiques, 1812
Essai sur l’art poétique en général, et en particulier sur la versification française, Paris, 1812[1]
Éloge de Claude Joseph Dorat, suivi de poésies qui lui sont relatives, d'une apologie de Colardeau, d'un dialogue intitulé Gilbert et une Furie, de la Vengeance de Pluton, et de quelques pièces détachées, 1782
Fontenelle jugé par ses pairs, ou Éloge de Fontenelle, en forme de dialogue entre trois académiciens, des Académies française, des sciences et des belles-lettres, 1783
Voyage à la Bastille, fait le , et adressé à Mme de G., à Bagnols, en Languedoc, 1789 Texte en ligne
Les États-Généraux du Parnasse, de l'Europe, de l'Église et de Cythère, ou les Quatre Poèmes politiques, lus au Lycée du Palais-Royal et suivis de plusieurs autres poèmes, 1791 Texte en ligne
Observations à MM. les auteurs de la Chronique de Paris sur l'état actuel de la Savoye, relativement à la Révolution de France, 1791 Texte en ligne
Poésie révolutionnaire
Le Calendrier républicain, poème en deux chants, suivi de trente-six hymnes civiques pour les trente-six décades de l'année, 1793 Texte en ligne
Nouveau chansonnier patriote, ou Recueil de chansons, vaudevilles, et pots-pourris patriotiques, par différents auteurs, dédié aux martyrs de la Révolution, avec leurs portraits, précédé de leurs Éloges, 1793 Texte en ligne
La Mort de Molière, pièce historique en 4 actes en vers et à spectacle, Paris, Comédie-Française,
La Baronne de Chantal, fondatrice de l'ordre de la Visitation, drame historique en 3 actes et en vers, suivi d'une lettre de St Jérôme à une dame romaine, 1794 Texte en ligne
La Marquise de Pompadour, ou Germon et Juliette, comédie en 3 actes en prose, Paris, Théâtre Molière, 1797
Clavijo, ou la Jeunesse de Beaumarchais, drame en 3 actes et en prose, 1806
Ninon de Lenclos et le Prisonnier masqué, drame en 3 actes et en prose, 1806
Tragédies
Hippolyte, tragédie en 3 actes, imitée d'Euripide, Paris, Théâtre du Marais,
La Mort de Caton, tragédie en 5 actes, en vers, 1804
Roméo et Juliette, tragédie lyrique en 3 actes, précédée d'un prologue, avec Pierre-Louis Moline, 1806
Œuvres réunies
Opuscules poétiques, 1784
Théâtre moral, ou Pièces dramatiques nouvelles, 2 vol., 1786 Texte en ligne 2
Œuvres dramatiques de C. Palmézeaux, ou Recueil des pièces de cet auteur qui ont été représentées sur différents théâtres, 4 vol.in 18 , 1810 Texte en ligne 1234
↑Ses noms de plume furent aussi nombreux que variés : Chevalier de Laurès, Chevalier de Morton, Ignace de Castel-Vadra, M. de Maribarou, Énégiste-Palmézeaux, Métrophile, un Antique membre de l'Académie des antiquités de Hesse-Cassel, un Ermite de Seine-et-Marne, etc. (BNF12524505)
↑« Au fond Cubières était un homme d'esprit qui ne fit jamais rien de bon, parce qu'il n'écrivit jamais sous l'inspiration de sa conscience. » — Émile Lefranc, Histoire élémentaire et critique de la littérature. Littérature française (XVIIIe et XIXe siècles), Paris et Lyon : Périsse frères, 1841, p. 105.
↑Cité par Jules et Edmond de Goncourt, Histoire de la société française pendant la Révolution, Paris, E. Dentu, 1854, p. 11.
↑Cité par Érick Noël, Les Beauharnais : une fortune antillaise, 1756-1796, Genève, Droz, 2003, p. 215.
↑Ils sont publiés dans P. L. Jacob, Bibliographie et iconographie de tous les ouvrages de Restif de la Bretonne : comprenant la description raisonnée des éditions originales, des réimpressions, des contrefaçons, des traductions, des imitations, etc. y compris le détail des estampes et la notice sur la vie et les ouvrages de l'auteur par son ami Cubieres Palmézeaux avec des notes historiques, critiques, et littéraire, Paris, Auguste Fontaine, 1875. Ouvrage numérisé.
Bibliographie
Jacques-Alphonse Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, 1e année, 1820, Paris, Baudoin, 1821, p. 56-64[1].
Charles Monselet, Les Oubliés et des Dédaignés, figures littéraires de la fin du XVIIIe siècle, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, p. 101-138.
Michel Nicolas, Histoire littéraire de Nîmes et des localités voisines qui forment actuellement le département du Gard, Nîmes, Ballivet et Fabre, vol. III, 1854, p. 59-64.
Charles Dickens, All the Year Round, London, Chapman and Hall, vol. IV, no 83, 24 november 1860, p. 164-165.