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Le Nebelspalter est un journal satiriquesuisse créé en 1875 à Zurich. C'est le plus ancien titre satirique au monde à être toujours publié[1] ; il est considéré comme une « institution » en Suisse[2].
Histoire
Der Nebelspalter est créé en 1875 par Jean Nötzli à Zurich, qui profite de la disparition de Der Postheiri, un journal illustré et satirique à succès publié depuis 1845, dont il récupère pour partie le public[3],[4]. Rédigé en langue allemande ou dans divers dialectes alémaniques il est sous-titré « humoristique et de politique » l'année de sa création, puis « satirique » en 1876[5].
La fin du XIXe siècle est marquée par la montée en puissance de l'Empire allemand, qui contribue à façonner l'identité suisse ; le Nebelspalter se saisit alors de ce rapport, souvent conflictuel, entre la Suisse et son voisin allemand ; ce dernier est d'ailleurs scruté plus sévèrement que la France ne l'est[4],[6]. La vocation première du journal, telle qu'affirmée dans son premier éditorial, est de combattre les divers conservatismes que connaît la Suisse ainsi que les jésuites. Le titre, destiné à la bourgeoisie, est ainsi libéral, anticlérical et progressiste[5]. À la fin du siècle, la feuille satirique délaisse pour partie l'anticléricalisme pour un antisémitisme marqué[6].
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, le journal dénonce régulièrement les deux camps avant de soutenir ouvertement, en 1916, l'Allemagne. Cet engagement, lors de la défaite germanique, lui fait perdre de nombreux abonnés[3],[6].
En 1922, Nebelspalter quitte Zurich pour Rorschach et subit de profonds changements éditoriaux[5]. Les années 1930 représentent sa période faste ; malgré la censure, Nebelspalter tente dès avant l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en 1933 – de contrecarrer par la caricature et la satire l'influence du nazisme et du fascisme[3].
Si sa diffusion progresse jusqu'au milieu des années 1970, le Nebelspalter perd l'essentiel de son audience dans les années 1990, notamment sous l'influence de la concurrence quotidienne et télévisuelle et malgré plusieurs changements de direction. Fin , le tirage tombe en dessous des 1 000 exemplaires ; la cessation de sa publication est annoncée. Mais l'éditeur Thomas Engeli le rachète à la dernière minute et parvient à le relancer[7].
La diffusion payée de Nebelspalter s'élève à 21 000 exemplaires en moyenne en 2013, pour une parution de dix numéros par an[8].
Caractéristiques techniques
À sa création en 1875, le journal est intitulé Der Nebelspalter, mais il abandonne définitivement l'article en 1908. Publié chaque samedi, le titre est imprimé sur un format34 × 24,5 cm. Il se compose initialement de quatre pages en noir et blanc, puis de quatre à dix entre 1887 et 1918 ; la couleur est utilisée à partir de 1887[9]. Journal illustré, Der Nebelspalter voit peu à peu l'image prendre de l'importance ; elle domine le texte dès 1900[9]. Le prix à l'unité varie de 25 centimes en 1886 à 30 centimes deux ans plus tard et ce jusqu'en 1918[5].
La diffusion du Nebelspalter jusqu'en 1922 n'est pas connue avec précision, les archives du journal ayant disparu lors de son départ de Zurich. En 1913, un encart dans le journal évoque toutefois un tirage de 4 100 exemplaires[5]. En 1975, le tirage du journal, à son apogée, atteint les 65 000 exemplaires[3].
↑Peter Métraux, Die Karikatur als publizistische Ausdrucksform untersucht am Kampf des « Nebel- spalters » gegen den Nationalsozialismus 1933-1945, Berlin, Métraux, s.n., 1966, p. 26
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Laurence Danguy, « Johann Friedrich Boscovits, figure centrale du Nebelspalter des années zurichoises », in Laurence Brogniez, Clément Dessy et Clara Sadoun-Édouard (éds.), Artistes en revues. Art et discours en mode périodique, Rennes, Presses universitaires de Rennes (2019).
Laurence Danguy, « De Paris à Zurich via Munich : Le salon caricatural du Nebelspalter ou le renversement des valeurs », in Kirsty Bell et Philippe Kaenel (éds.), La reproduction des images et des textes, Leyde, Brill Rodopi (2019).
Laurence Danguy, « Illustrer la Suisse ? Revendications, stratégies visuelles et cumul symbolique d’un périodique suisse à la fin du XIXe siècle », Textimage (2019).
Laurence Danguy, « La Grande Guerre du Nebelspalter ou l’art consommé de la litote », Revue suisse d’histoire, n° 69/1, 2019, p. 27-48.
Philippe Kaenel, La caricature en Suisse, Lausanne, Presses. Polytechniques et universitaires romandes, collection Le Savoir Suisse, 2018.
Laurence Danguy, « Le Nebelspalter zurichois (1875/1921) : modèles et réseaux », in Evanghelia Stead et Hélène Védrine (éds.), L'Europe des Revues II (1860-1930), Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2018, p. 99-117
Laurence Danguy, Vanja Strukelj, Francesca Zanella, « Circulations de modèles entre l'aire germanique et l'Italie au début du XXe siècles : ouvrir un champ de recherches », in Evanghelia Stead et Hélène Védrine (éds.), L'Europe des Revues II (1860-1930), Paris, Presse Universitaire de Paris-Sorbonne, 2018, p. 145-164.
Laurence Danguy, « Jean Nötzli, un éditeur zurichois et ses réseaux à la fin du 19ème siècle », in Christiane Demeleunaere-Douyère (éd.), Les acteurs du développement des réseaux, Paris, CTHS, 2017, p. 65-77
Laurence Danguy, « L'immédiat après-guerre dans la revue satirique suisse Nebelspalter (1918-1921) », Ridiculosa, n° 20, 2014, p. 27-45.
Laurence Danguy et Philippe Kaenel, « La plus ancienne revue satirique du monde. Genèse, histoire et visions du monde du Nebelspalter des années zurichoises (1875-1922) », Relations internationales, no 153, , p. 23-44 (DOI10.3917/ri.153.0023)
Bruno Knobel, Die Schweiz im Nebelspalter Karikaturen 1875 bis 1974, Rorschach Nebelspalter-Verlag, (OCLC721439417)