L'opération Cormoran est une opération extérieure (OPEX) humanitaire conduite par les forces armées françaises en Amérique centrale à la suite de l'ouragan Mitch en octobre-.
Contexte
Mitch est au départ une onde tropicale qui quitte la côte africaine le . Elle se déplace ensuite vers l'ouest dans l'océan Atlantique, et reste désorganisée jusqu'à son entrée dans la mer des Caraïbes le . Dans l'ouest de la mer des Caraïbes, la convection augmente soudainement et le , l'onde devient une dépression tropicale à 670 km au sud de Kingston en Jamaïque. Sous l'effet du courant, Mitch dérive vers l'ouest et s'intensifia, devenant alors une tempête tropicale le 23 octobre, alors à 420 km au sud-est de San Andrés.
En restant à l'ouest de la mer des Caraïbes, l'avenir de Mitch est très incertain, le National Hurricane Center américain avertit alors les populations aux alentours de la zone tout en leur demandant de surveiller l'ouragan. Seulement deux jours avant qu'il ne frappe les côtes, il reste une possibilité pour l'ouragan d'épargner le Honduras et de frapper le Guatemala ou le Belize. De plus, le National Hurricane Center a des difficultés à contacter les gouvernements locaux. À cause de l'incertitude, les gouvernements émettent officiellement des alertes cycloniques pour toute la région s'étendant de la frontière Honduras/Nicaragua jusqu'au Belize, seulement deux à trois jours avant qu'il ne touche les côtes.
À cause de sa faible vitesse entre le 29 octobre et le 3 novembre, l'ouragan Mitch déverse des quantités historiques de précipitations au Nicaragua et en Honduras ; les pluies sont estimées à environ 1 900 mm.
Ces précipitations catastrophiques engendrent d’importantes inondations et des coulées de boue massives.
Le Honduras est le plus durement touché. C’est en effet dans ce pays que l’ouragan était à l’apogée de sa puissance. Le bilan humain est de 6 600 morts de la catastrophe et 8 052 personnes disparues. Quant aux dégâts causés, 92 ponts et 70 000 habitations sont partiellement ou complètement détruits. Il n'existe pas de cartographie officielle des précipitations ; cependant, ces quelques données permettent de se rendre compte de la violence des précipitations. La ville de San Pedro Sula, capitale économique du pays, se retrouve sous un mètre d'eau, et son aéroport est gravement endommagé[1].
Au Guatemala, 5 969 personnes sont évacuées préventivement. C’est le nord-est du pays qui est le plus sévèrement touché par Mitch. Au 9 novembre, 258 tués et 120 disparus sont dénombrés ainsi que 723 581 personnes encore en difficultés. Les dégâts matériels affectent 32 ponts, 40 routes et 19 000 habitations détruits ou endommagés. Concernant l’agriculture, 95 % de la production nationale de banane sont détruits, entre 25 et 60 % pour le maïs, le haricot, le café et la canne à sucre. On constate aussi une perte de 30 % du bétail.
L'ouragan Mitch constitue une catastrophe sanitaire sans précédent en Amérique centrale[2].
Déroulement de l'opération
Dans le cadre de l'opération Cormoran, les forces armées françaises sont déployées dans plusieurs pays d'Amérique centrale sous le commandement du général Henri Bentegeat, commandant supérieur des forces armées aux Antilles.
La Jeanne-d'Arc et le Duguay-Trouin. sont quant à eux déroutés de leur campagne annuelle de formation des élèves-officiers (GEAOM) et doivent traverser, dans l'océan Atlantique, l'ouragan Mitch, subissant alors quelques dégâts. Sur place, les élèves-officiers médecins assurent, avec le concours des moyens héliportés de la Jeanne-d'Arc, des missions de soutien sanitaire aux populations.
Des moyens de transport aérien sont égalent engagés (C-160 Transall) ainsi qu'un important détachement de la sécurité civile comprenant plus de deux cents hommes et un hôpital de campagne, chargé notamment d'évaluer la situation sanitaire.
Retour d'expérience
L'engagement des forces armées françaises donne lieu à des auditions parlementaires qui sont consignées, à titre de retour d'expérience, en annexe d'un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Selon ce rapport, au plus fort de l'opération Cormoran, plus d'un millier de militaires français ont été engagés[4].
↑(en-US) James C. McKinley Jr With William K. Stevens, « WHEN NATURE RAGES: A special report.; The Life of a Hurricane, the Death That It Caused », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le ).