En 1990, il devient directeur de la danse du ballet de l'Opéra national de Paris, succédant ainsi à Noureev. Il quitte cette fonction en 1995, puis l'Opéra de Paris en 1997, licencié, selon ses mots, pour « son insoumission et son indiscipline »[2].
Par la suite, il apparaît à diverses occasions sur les plateaux télévisés comme candidat ou juré d'émissions (dont Prodiges ou Danse avec les stars) tout en continuant de se produire sur scène.
Biographie
Les années d'apprentissage
Son père quitte le domicile familial très tôt. Il vit une enfance simple et modeste en compagnie de sa mère et du compagnon de celle-ci. Elle travaille dans une brasserie des grands boulevards[3]. Pour canaliser l'énergie de son fils, sa mère décide de l'inscrire dans un club de football, puis à des cours de judo. Le jeune Patrick abandonne rapidement ces activités. Il découvre sa vocation en observant un cours de danse classique et sa mère l'inscrit donc à un cours de danse.
Ses capacités sont vite remarquées et son professeur de danse lui conseille de prendre des cours d'un niveau supérieur. C'est à cette époque — à la fin de l'année 1967 — que ses parents rencontrent par hasard Tessa Beaumont et Max Bozzoni, lui-même ancien danseur à l'Opéra de Paris. Ce dernier pressent tout de suite le talent du jeune danseur et accepte de prendre en main la formation de Patrick Dupond. Il est également l'élève de la chorégraphe Claude Bessy, qui veille en tandem avec Max Bozzoni sur le jeune prodige[4].
Au moment des événements de , il doit arrêter momentanément ses activités scolaires et ses cours de danse. Lorsqu'il reprend le chemin de l'école, il est victime d’ostracisme de la part de ses camarades du fait de sa qualité de jeune danseur, et il se présente aux sélections d'entrée à l'école de danse de l'Opéra de Paris.
Il est admis à l'école de danse en 1969, à l'âge de dix ans, pour le stage de préparation de trois mois. Il réussit ensuite le test d'entrée à l'école de danse et y fera toute sa formation de danseur classique, tout en continuant à prendre des cours particuliers chez Max Bozzoni, chaque soir. Il continuera d'étudier sous la direction de Gilbert Mayer mais, jusqu'au bout, son maître aura été Max Bozzoni.
Il remporte la médaille d'or du concours international de ballet de Varna en Bulgarie, avec la variation d'Albrecht du deuxième acte de Giselle, celle de Siegfried du troisième acte du Lac des cygnes, le solo du balletÉtudes d'Harald Lander, la variation de Basilio, extrait du ballet Don Quichotte, la célèbre variation du Corsaire, et enfin une chorégraphie contemporaine créée par ses soins. En décembre de la même année, il est nommé coryphée.
Sa carrière, dès lors, prend un nouvel essor. Il crée différents rôles-titres, et poursuit sa formation de soliste. Il est amené à danser tant à l'Opéra que sur des scènes internationales.
En 1997, il est sollicité comme membre du jury au festival de Cannes. Son absence ne sera pas acceptée par la direction générale de l'Opéra national de Paris, qui le licenciera[7]. Patrick Dupond se voit tout de même proposer un contrat de danseur étoile invité, proposition qu'il refuse, préférant contester son licenciement. Sa requête est d'abord rejetée par les prud'hommes avant que la cour d'appel puis la Cour de cassation ne lui donnent raison, estimant ce licenciement sans cause réelle ni sérieuse[8].
En , il est victime d'un grave accident de voiture qui le contraint à la fois à une réhabilitation physique et à réapprendre à danser. Il connaît une période de dépression et d'alcoolisme, dont il finit par sortir[7]. Il reprend alors son entraînement grâce à l'aide de son maître Max Bozzoni. Il retrouve la scène dans une comédie musicale en 2000, L'Air de Paris à l'Espace Cardin, avec pour partenaire Manon Landowski[9].
À partir de 2004, il intervient régulièrement en tant que professeur dans l'école de danse de sa compagne Leïla Da Rocha à Soissons[10] et enchaîne les spectacles à Soissons et Saint-Quentin dans l'Aisne. En , il annonce l'ouverture d'une école internationale de danse à Bordeaux avec Leïla Da Rocha. Proposant deux cursus de trois ans pour les jeunes de 10 à 20 ans, l'école aura vocation à préparer les jeunes danseurs à « faire le pont entre le conservatoire et l'opéra, avec les compagnies locales comme nationales ou internationales[11]. »
À partir de 2004, Patrick Dupond partage sa vie avec Leïla Da Rocha, ancienne basketteuse professionnelle reconvertie dans la danse sacrée orientale. En 2017, il confie avoir vécu auparavant dans une solitude sentimentale inhérente à la vie de danseur étoile international, et que ses relations homosexuelles ont été, en ce qui le concerne, « une erreur », « une parodie de l'amour »[12]. Ses propos pouvant laisser penser que l'homosexualité est un choix suscitent la polémique[13],[14],[15], certains faisant remarquer que ce jugement peut être dévastateur pour les jeunes homosexuels, tandis que d'autres lui reconnaissent la liberté de porter son jugement sur sa propre vie, dans la mesure où il n'a pas donné de portée générale à ses propos.
Mort
Il meurt le à Mercin-et-Vaux[1] près de Soissons, à quelques jours de son 62e anniversaire, des suites d'une « maladie foudroyante » selon ses proches[16],[17]. Ses obsèques sont célébrées le en l'église Saint-Roch de Paris, en présence de sa famille, ainsi que de nombreuses personnalités du monde de la danse, notamment de l'Opéra de Paris[18],[19].
Dans une interview à un hebdomadaire féminin, sa compagne Leïla Da Rocha témoigne[20] que Patrick Dupond est mort d'un cancer des poumons qui s'était généralisé et qui fut diagnostiqué trop tardivement.
Créations à l'Opéra national de Paris et au Ballet français de Nancy
1988 : Le Martyre de saint Sébastien (Bob Wilson), Demago Megalo (Patrick Dupond), Faits et gestes (Ulysses Dove), Les Illuminations (Thierry Malandain)
↑ a et bAriane Bavelier, « Patrick Dupond, la poignante souffrance d'une star déchue », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous, 18-19 février 2023, p. 30 (lire en ligne).
↑Marine Le Breton, « "En ce qui me concerne, l’homosexualité a été une erreur" : ces propos de Patrick Dupond divisent », Huffington Post, 7 septembre 2017, en ligne.