Lorsqu'un atome d'iode est complexé par des ligandélectronégatifmonodentate tel que des ionschlorures, il peut se retrouver dans l'état d'oxydation +3 (iode(III)), on parle pour ces composés d'iodane λ3, ou à l'état d'oxydation +5 (iode(V)) et on parle alors d'iodane λ5. L'iode en lui-même possède sept électrons de valence ; trois électrons supplémentaire lui sont donnés par les trois ligands dans les iodanes λ3, lui donnant une structure de décet (10 électrons partagés), cinq électrons supplémentaires lui sont donnés par les cinq ligands dans les iodanes λ5, lui donnant une structure de dodécet (12 électrons partagés). Ceci est possible car dans l'atome d'iode, les orbitales atomiques, 4d sont proches en énergie des orbitales HOMO des ligands et certaines possèdent la bonne symétrie pour se combiner avec.
Dans les composés ordinaire de l'iode, tel que l'iodobenzène, l'iode suit la règle de l'octet et possède huit électrons de valence, seule une combinaison des OA 5s et 5pz de l'iode est engagée dans la liaison. Dans le modèle de l'iode hypervalent, on peut considérer que l'iode est oxydé et perd dans un premier temps trois électrons, puis deux supplémentaires pour les iodanes λ5. En retour, les ligands l'entourant partagent leurs paires d'électrons et forment des liaisons covalentes de coordination, redonnant ainsi à l'iode 6 ou 10 électrons.
Pour décrire et classer les periodanes, on utilise parfois la « notation N-I-L » (notation N-X-L des molécules hypervalentes avec X=I (iode), N le nombre de ligands et L le nombre d'électrons de valence et dans les doublets libres autour de l'atome d'iode).
Historique
Le concept d'iode hypervalent a été développé en 1969 par J.J. Musher. Afin de s'accommoder de l'excès en électrons des composés hypervalents, on a introduit le concept de Liaison à trois centres et quatre électrons par analogie avec le modèle de la Liaison à trois centres et deux électrons utilisé pour les composés en déficit d'électron. Un telle liaison existe dans les composés de l'iode(III), deux dans les composés de l'iode(V).
On peut citer également le (bis(trifluoroacétoxy)iodo)benzène, aussi appelé bis(trifluoroacétate) de phényliode ou PIFA, un dérivé de l'acide trifluoroacétique et de l'iodobenzène, ou encore l'acide 2-iodoxybenzoïque (IBX), un oxydant doux très utile mis qui présente l'inconvénient d'être insoluble dans de nombreux solvants organiques courants.
Iodanes λ5
Le periodinane de Dess-Martin est l'un des iodanes λ5 le plus connu. Préparé pour la première fois en 1983, cet oxydant doux peut être vu comme une amélioration de l'IBX, celui-ci étant soluble dans la plupart des solvants organiques courants.
Utilisation
Les periodanes sont principalement utilisés comme oxydants, remplaçant ainsi des composés beaucoup plus toxiques à base de métaux lourds[4].
Ainsi, un iodane λ3 a longtemps été utilisé comme oxydant, en association avec l'acétate d'ammonium et une source en azote, pour produire à partir d'une solution aqueuse d'acétonitrile le 2-furonitrile, un intermédiaire pharmaceutique et potentiellement un édulcorant[5]. Cette réacton se déroule à 80 °C et a un rendement de 90%.
Dans cette réaction, le periodane (intermédiaire A, en bleu) est formé par oxydation de l'iodométhylebenzène par le catalyseur sacrificielmCPBA, qui, à son tour convertit le groupe hydroxylamine en ion nitrénium (B). Cet ion est l'électrophile d'un addition ipso sur le cycle aromatique, formant un lactame avec le groupe énone.
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Periodinane » (voir la liste des auteurs).
↑C. Willgerodt, Tageblatt der 58. Vers. deutscher Naturforscher u. Aertzte, Strassburg 1885.
↑Claire J. Carmalt, John G. Crossley, Julian G. Knight, Philip Lightfoot, Antonio Martín, Mark P. Muldowney, Nicholas C. Norman et A. Guy Orpen, An examination of the structures of iodosylbenzene (PhIO) and the related imido compound, PhINSO2-4-Me-C6H4, by X-ray powder diffraction and EXAFS (extended X-ray absorption fine structure) spectroscopy, Journal of the Chemical Society, Chemical Communications, 1994, n° 20, pp. 2367-2368. DOI10.1039/C39940002367, (lire en ligne).
↑Hypervalent iodine(V) reagents in organic synthesis Uladzimir Ladziata and Viktor V. Zhdankin Arkivoc 05-1784CR pp 26-58 2006Article
↑Chenjie Zhu, Chengguo Sun et Yunyang Wei, « Direct oxidative conversion of alcohols, aldehydes and amines into nitriles using hypervalent iodine(III) reagent », Synthesis, vol. 24, , p. 4235–4241
↑(en) Toshifumi Dohi, Akinobu Maruyama, Yutaka Minamitsuji, Naoko Takenagaa et Yasuyuki Kita, « First hypervalent iodine(III)-catalyzed C–N bond forming reaction: catalytic spirocyclization of amides to N-fused spirolactams », Chem. Commun., , p. 1224-1226 (DOI10.1039/b616510a, lire en ligne, consulté le )