Automne 1997. Dans la commune de Slavno, en Bosnie, seuls six femmes, un vieil homme et quelques enfants ont survécu à la guerre. Fils, pères et maris ont été assassinés pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Vivant dans le souvenir, les femmes imitent leurs proches disparus et nourrissent l'espoir de les voir réapparaître. Un jour, deux hommes d'affaires serbes arrivent au village et incitent les habitants à quitter leur sol natal, moyennant une forte somme d'argent. Une tempête de neige survient alors et empêche tout déplacement...
Grand Prix au Festival international du film européen de Prague2009
Prix spécial du jury pour le meilleur premier film au Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan2009
Autour du film
Aida Begić, native de Sarajevo, a vécu les évènements tragiques survenus dans son pays comme un tournant décisif de son existence. Ceux-ci lui ont permis de saisir à quel point l'art et la culture, et, par conséquent, le cinéma pouvaient être des moyens de survie essentiels pour des peuples confrontés à des conditions extrêmes. Premières Neiges, son premier long métrage, lui permet « d'affronter le traumatisme de la violence d'une façon incisive et sans sentimentalisme. »[1]
En préparant le film, Aida Begić et son équipe ont éprouvé, néanmoins, bien des difficultés à trouver un lieu de tournage adéquat. Beaucoup de villages bosniaques dévastés restent à déminer.
Bien que les femmes du village - grandes héroïnes du film - soient soudées par l'expérience collective des atrocités, Premières Neiges n'offre pas un inventaire de leurs souffrances endurées. « Aida Begić n'essaie même pas d'évoquer l'indicible et l'indescriptible par les dialogues. Elle les dépeint au contraire au travers d'étranges rituels [...]. On dirait que tout le village est paralysé, pris dans un étau qu'aucun lendemain ne viendra briser. »[2]
Pourtant, deux faits - la rencontre d'un chauffeur routier et la venue de deux investisseurs étrangers - finissent par interrompre la torpeur ambiante. « Les villageois doivent-ils vendre leurs terrains, améliorer leur situation financière et tourner le dos aux démons du passé ? Ou bien doivent-ils, comme Alma, rester coûte que coûte et prendre un nouveau départ pour nourrir la moitié de la Bosnie de leurs produits maison ? », écrit Christoph Terhechte[3].
Aida Begić infléchit, grâce aux premières neiges qui surprennent le village, la conclusion vers l'intemporelle question : « Comment les hommes vivent ensemble et comment leur histoire devient un moyen essentiel de subsistance ? »[4]
Références
↑Christoph Terhechte in : 100e Prise : Le cinéma de demain, Phaidon, Paris, 2011.
L'année indiquée est celle de la cérémonie. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par la Bosnie-Herzégovine ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.