Pour observer le rayon vert, le ciel doit être clair et dégagé de poussières et de particules. La présence d’un anticyclone facilite également l’observation du phénomène grâce à une haute pression (donc une densité d’air plus importante). Enfin, la ligne d’horizon doit être lointaine, pour que les rayons solaires traversent la plus grande distance d’atmosphère possible avant d’atteindre l’observateur. Pour toutes ces raisons, le rayon vert s’observe au mieux à basse altitude, là où l’horizon est dégagé, par exemple devant un océan.
Pour prolonger le temps d’observation, on peut commencer celui-ci en étant en position assise, puis, lorsque le rayon apparaît, on se lève lentement. Pour éviter un éblouissement dû aux dernières lueurs jaunes ou rouges, ce qui peut donner l’impression de voir un faux rayon vert par contraste, il faut tourner le dos au soleil et se retourner au dernier moment[8].
Il existe plusieurs types de rayons verts liés à différents phénomènes optiques. Certains d’eux sont décrits ci-dessous[9] :
Type
Caractéristiques
Conditions
Meilleur endroit pour l’observer
Flash mirage inférieur
« Dernier rayon » du soleil, ovale, aplati sur le dessus ; dure 1 ou 2 secondes
La surface du sol doit être plus chaude que l’air environnant
Proche du niveau de la mer
Flash en Faux-Mirage
Le soleil semble se découper en plusieurs parties (indentations) qui semblent s’affiner vers le sommet jusqu’à arriver à un point à l’extrémité haute du soleil ; dure 1 ou 2 secondes
Inversion de la couche atmosphérique sous le niveau des yeux ; la surface du sol est plus froide que l’air environnant
Plus on est haut, mieux on le voit ; le flash est le plus évident juste au-dessus de l’inversion
La partie haute et large d’un soleil en forme de sablier devient vert pendant une quinzaine de secondes
L’observateur doit être sous une forte inversion atmosphérique
Dans un intervalle d’une hauteur comprise entre la ligne horizontale formée par la basse atmosphère et le sol (peut arriver à n’importe quelle altitude)
Rayon vert
Un rayon de lumière verte peut être vu juste après le coucher du soleil ; il est généralement vu sur quelques degrés et dure plusieurs secondes
L’air doit être brumeux et un flash vert doit servir de source de lumière
Au niveau de la mer
La majorité des rayons ou flashs observés sont des flashs en mirage inférieur ou en faux-mirage, les autres ne représentant qu’1 % des cas. Certains ne sont pas listés dans la table ci-dessus comme le flash de dessus de nuage (vu quand le soleil se couche dans un brouillard maritime ou dans des cumulus distants les uns des autres) et ne sont pas encore bien compris.
Explication du phénomène
Le rayon vert est un phénomène optique atmosphérique produit par la conjonction de deux phénomènes différents. La réfraction atmosphérique étant plus ou moins marquée suivant les longueurs d’onde, la partie rouge du spectre de l’astre à l’horizon est moins réfractée que la partie verte et bleue du spectre électromagnétique visible. Les rayons rouges sont alors soit cachés sous l’horizon, soit au ras du sol[11].
Dans le même temps, la diffusion de Rayleigh atténue la partie bleue du spectre visible. Seuls les rayons verts atteignent alors l’œil de l’observateur[11].
Rayon vert de la cathédrale de Strasbourg
Certains parlent de « rayon vert » pour désigner un phénomène optique qui se produisait aux équinoxes dans la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg qui projetait sur la chaire une tache verte. Cet éclairage était produit par les rayons du soleil passant par une pièce d’un vitrail du triforium méridional représentant le patriarche Juda. Le vitrail à l’origine de ce rayon vert date de 1875, mais les premières mentions de ce rayon vert sont très postérieures[12],[13]. Le phénomène sous sa forme observée remontait en fait à une restauration faite entre 1950 et 1971[14]. En 2022 et vraisemblablement à la demande du clergé local, la DRAC de Strasbourg a apposé une patine réversible sur le verre transparent du pied de Juda, supprimant ainsi provisoirement ce phénomène[15]. Une action en justice pour le rétablissement du rayon vert a été engagée. L'affaire est à l'instruction à la Cour Administrative d'Appel de Nancy.
Dans les arts
Le Rayon vert, roman de Jules Verne de 1882, où l’héroïne cherche à observer ce phénomène atmosphérique. Les causes possibles que l’auteur avance sont cependant inexactes, le phénomène n’étant pas dû à une illusion d’optique mais à la réfraction de la lumière dans l’atmosphère.
Le Rayon vert, installation de Marcel Duchamp réalisée pour l’Exposition internationale du surréalisme en 1947 à la Galerie Maeght à Paris (œuvre perdue, documentée par la photographie)[16].
Le Rayon vert, film d’Éric Rohmer de 1986 dont la dernière scène permet précisément d’observer un tel phénomène.
The Green Ray, film de Tacita Dean, 2001, dans lequel elle a filmé l'insaisissable rayon vert sur la côte ouest de Madagascar.
Le Rayon vert est une chanson de Julien Ribot parue en 2021 sur l’album "Do you feel 9?" (December Square/Neon Juju Records).
Le personnage principal du roman court La Millième Nuit écrit par Alastair Reynolds a passé énormément de temps à chercher à être témoin d'éclats verts.
Notes et références
↑(en) Entrée « green flash [« rayon vert »] » [html], dans Mohammad Heydari-Malayeri, An Etymological Dictionary of Astronomy and Astrophysics : English-French-Persian [« Un dictionnaire étymologique d'astronomie et d'astrophysique : anglais-français-perse »], Paris, Observatoire de Paris, 2005-2015 (consulté le 6 juin 2015).
↑ a et bChloé Ozanne, « Le rayon vert existe-t-il ? », La Recherche, no 390, , p. 95 (lire en ligne [html], consulté le ).
↑ a et bRichard Taillet, Pascal Febvre et Loïc Villain, Dictionnaire de physique, De Boeck, coll. « De Boeck Supérieur », , 754 p., p. 468-469.
↑(en)[PDF]A. Heck, « Strasbourg green rays » dans The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, 2005, p. 256 [2].
↑Tschaen Louis, "Rétrospective de la lumière verte équinoxiale de la cathédrale de Strasbourg (1984-2009), in Revue XYZ. N°124-3e trimestre 2010 (Pages 49 à 56).
↑« Conclusion : c'est donc entre 1950 et 1971 que le verre d'origine en question a été enlevé et remplacé par un verre transparent. En conséquence, ce n'est que de cette période que peut dater le phénomène lumineux équinoxial tel qu'il existe de nos jours. » L. Tschaen, « Rétrospective de la lumière verte équinoxiale de la cathédrale de Strasbourg (1984-2009) », Revue XYZ, 124, 2010, p. 54.
↑Herbert Molderings, "Le bonheur même. À la recherche du 'Rayon vert' de Marcel Duchamp", Retour d'y voir, 3-4, Genève, mamco | revue, 2010, p. 9-55 ; Dominique Radrizzani, Lemancolia, Lausanne, Les Éditions Noir sur Blanc, p. 186-203.