Située au sud-est du département d'Ille-et-Vilaine, à proximité de ceux de la Loire-Atlantique, de Maine-et-Loire et de la Mayenne, la ville de Retiers se place dans l'espace géographique et historique des "portes de Bretagne" sur une ligne Fougères - Vitré - Châteaubriant.
Le finage de Retiers est limité au nord-est par l'Ardenne, un affluent de rive gauche de la Seiche avec laquelle il conflue dans l'étang de Marcillé-Robert ; le Ruisseau de Renaudet (dont le Ruisseau de Sainte-Croix et celui des Blairies sont des affluents) s'y jette également, la commune de Retiers étant même un peu limitrophe de l'extrême sud de cet étang de Marcillé-Robert.
Le relief de la commune est constitué d'un plateau incliné vers le nord : les altitudes les plus élevées sont au sud de la commune (109 mètres au hameau de Sainte-Croix, 120 mètres à Les Douves des Épinettes un parc éolien a été construit à proximité) et les plus basses au nord (l'étang de Marcillé-Robert est à 46 mètres d'altitude).
Le bourg de Retiers est excentré à l'ouest du territoire communal ; il est limitrophe de la partie nord de la commune du Theil-de-Bretagne, la zone d'activités de la Jaunaie débordant sur le territoire de cette commune et celle de Fromy (usine Lactalis, anciennement Bridel) en est également proche.
Le paysage agraire traditionnel est celui du bocage avec un habitat rural dispersé en hameaux et fermes isolées.
La commune de Retiers est desservie par la RD 173 qui relie Rennes à Angers. En , cet axe a été mis à 2×2 voies entre Le Theil-de-Bretagne et Janzé, permettant ainsi de relier Retiers à Rennes en voie express[1]. Avec cette nouvelle voirie, des parkings de covoiturage ont été mis en place, notamment à côté de la zone industrielle Fromy où se trouve l'usine Bridel filière de Lactalis.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[3]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation[4]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Sud Est », avec des étés relativement chauds et ensoleillés[5].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,5 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 13,3 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 726 mm, avec 12 jours de précipitations en janvier et 6,5 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune d'Arbrissel à 6 km à vol d'oiseau[6], est de 12,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 718,7 mm[7],[8]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9].
Urbanisme
Typologie
Au , Retiers est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[10].
Elle appartient à l'unité urbaine de Retiers[Note 2], une agglomération intra-départementale regroupant deux communes, dont elle est ville-centre[Note 3],[11],[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Rennes, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[12]. Cette aire, qui regroupe 183 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[13],[14].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (94,1 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (96,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
zones agricoles hétérogènes (46,6 %), terres arables (37,3 %), prairies (10,2 %), zones urbanisées (3,8 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (1,9 %), forêts (0,2 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Reester en 868[16], Restler en 1198, Resters en 1201, Restiers en 1240, Resteria en 1294 et 1516, Resteriœ en 1571[17].
La situation géographique de Retiers est pour partie à l'origine de son nom : Retiers vient peut être des racines reg (roi) et ester (lieu), littéralement « là où se tient le roi », ou bien breton reter qui signifie Est (par opposition à Ouest). De fait, comme l'indiquent les chartes du cartulaire de Redon, le roi de BretagneSalomon (IXe siècle) y a séjourné à plusieurs reprises dans une résidence idéalement située pour veiller à la sécurité et l'intégrité des territoires mayennais voisins fraîchement conquis.[réf. nécessaire]
Jean-Baptiste Ogée écrit que « cette paroisse est très ancienne ; on prétend qu'elle existait du temps du roi Salomon, en 860. La paroisse de Retiers est citée au Xe siècle dans un acte du Cartulaire de Redon (sous l'expression in aulâ Rester). L'an 1190, Briand de Coësmes[Note 5] donna la moitié des dîmes de Retiers à l'abbaye de Savigny, située dans la Normandie. Briand de Coësmes possédait alors le manoir de la Chesnaudière qui, en 1420, appartenait à Jean de Coësmes, l'un de ses descendants. La terre et seigneurie de Coësmes devait, en 1294, un chevalier à l'armée du Duc de Bretagne »[18].
Cette seigneurie passa aux mains de la famille du Hallai [Hallay][19] (en Landéan) qui habita d'abord le château de la Motte, puis le manoir de la Borderie, et possédait aussi le droit de haute justice de Retiers. En 1330 Guillaume du Hallay[Note 6] possédait à Retiers les manoirs de la Borderie et du Bois-Mâché. Plusieurs membres de cette famille furent capitaines de Laval ou de Fougères. En 1445 Pierre II du Hallay, seigneur du Hallay et de Retiers, après avoir combattu à La Guerche, participa au siège de Fougères en 1449 où il mourut[19]. Le château du Hallai fut forcé, pillé et brûlé, en 1590 par les partisans du duc de Mercœur car c'était une place forte protestante pendant les Guerres de religion[20].
En 1430 le manoir de la Petite-Onglée appartenait à Guillaume Bagar. Dans le même temps Jean Le Bigot possédait la maison noble de la Bigotière, qui disposait du droit de moyenne justice[20].
Pour la jouissances des landes de Retiers, les habitants de la paroisse devaient tous les sept ans « un dîner profittable à tout desservy » au baron de Vitré qui pouvait, en plus de sa suite, « conduire et mener avec luy au dict dîner tous gens d'estat quil luy plasoit » ; un tel dîner eut lieu par exemple en 1399[21].
La tradition locale rapporte qu'en 1597 les habitants de Marcillé-Robert marchèrent en armes contre les huguenots réfugiés au château de la Borderie (en Retiers) et qu'ils les en expulsèrent par le fer et la flamme[22].
Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle la famille du Hallay habite le manoir de la Borderie en Retiers : par exemple Emmanuel du Hallay, chevalier seigneur du Hallay, de la Borderie et de Kergouanton, marquis du Hallay, y est né le et y est décédé le (il fut inhumé dans le chœur de l'église paroissiale).
Plusieurs manoirs, disparus depuis, se trouvaient dans la paroisse : celui du Bois-Macé était la propriété de la famille du Hallay ; celui de la Chenaudière, qui disposait du droit de haute justice, fut successivement la propriété des familles de Coësmes, la Motte, Martin et du Hallay ; celui de la Gilnais disposait d'une chapelle privée. Plusieurs chapelles existant alors ont aussi disparu : la chapelle de la Motte (disparue au XVIIIe siècle), celle de Saint-Mathurin (elle se trouvait dans le bourg), celle de Sainte-Anne (située entre les villages de Launay et la Corbière ; détruite vers 1830)[23].
Deux membres de la famille Legeard furent au XVIIIe siècle notaires et procureurs fiscaux à Retiers : Jean-Baptiste Léonard Legeard, sieur de La Diriays, (1717-1749), auquel succéda dans les deux fonctions son fils Jean-François Marie Emmanuel Legeard (1744-1796).
L'assemblée électorale des paroissiens en préparation des États généraux se tint le sous la double présidence de François Nouvel[Note 8], sénéchal, et de Jean Després, ce dernier procureur fiscal de la paroisse, en présence de 37 paroissiens ; quatre députés (François Ory de la Prouvrye, Pierre Garnier de la Jarsais[Note 9], François Boueste[Note 10] et Pierre Guyot[Note 11]) furent élus pour représenter la paroisse à l'assemblée du tiers-état de la sénéchaussée et un cahier de doléances fut rédigé[24].
Le dernier seigneur de Retiers fut Emmanuel-Agathe du Hallay[Note 12], marquis du Hallay, comte du Montmoron (en Romazy) ; émigré, le manoir de La Borderie lui fut confisqué et revendu à Pierre Garnier de la Jarsais, maire, pour 510 000 livres en assignats.
René Clément, né le au bourg de Retiers, fut vicaire à Brielles de 1784 à 1791 ; insermenté, il fut arrêté le , condamné à mort par le tribunal criminel de Rennes trois jours plus tard, et exécuté le jour même[26].
Le XIXe siècle
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Retiers en 1843 :
« Rhetiers : Commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui cure de 2e classe. (...) Principaux villages : Haut et Bas-Gonvray, le Plessis-au-Gras, la Guillaumerie, la Rebergerie, le Haut et le Bas-Bouillon, les Riperies, Roman, le Gravier, la Rebechère, Richebourg, la Rivière-au-Morin, la Forge-Cochère, les Bleries, la Retaudière, les Ogodières, la Biardière, la Chambre, la Gérard aïs, Renaudet, Fumeson. Chapelle Sainte-Anne. Maisons notables : château de la Bigotière, Mezin, la Chenaudière, la Borderie. Superficie totale 4 138 hectares 39 ares dont (...) terres labourables 2 594 ha, prés et pâturages 467 ha, bois 146 ha, vergers et jardins 109 ha, landes et incultes 663 ha, étangs 3 ha (...). Moulins : 11 (à vent, de la Bigotière, de la Fontenelle, des Douves, des 4 Vents ; à eau, de la Tour, Vieux-Moulin, de la Bigotière). (...) Il y a marché tous les lundis et foire le premier lundi de juin. La foire se tenait jadis aux carrières de Sainte-Croix[Note 13]. À la suite d'une rixe grave qui y eut lieu, le duc de la Trémouille la supprima et la transféra à Béré (faubourg de Châteaubriant). Géologie : schisteargileux, à la séparation du quartzite et du schiste. On parle le français [en fait le gallo][27]. »
Le XXe siècle
La Belle Époque
Selon le journal La Dépêche bretonne, dans un article publié en 1905 à l'occasion d'un comice agricole tenu à Retiers, « le canton de Retiers est l'un des plus riches du département, le comice est toujours important. (...) Les sujets exposés étaient cette année encore plus nombreux que d'habitude. Les juments suitées, poulains et pouliches ont fait l'admiration de tous les visiteurs. Dans la race bovine, à côté des magnifiques vaches laitières et des génisse de formes irréprochables, on remarquait spécialement la quantité et la qualité des taureaux (race Durham-Mancelle). La race porcine a paru considérablement améliorée et se rapprocher de plus en plus de la race craonnaise. Les produits agricoles, malgré la sécheresse de cette année, ont été nombreux et très remarqués »[28].
Retiers : le Boulevard de la Gare au début du XXe siècle (carte postale).
La mairie de Retiers au début du XXe siècle (carte postale).
Retiers : l'église et les halles au début du XXe siècle (carte postale).
Retiers : la Place du Centre au début du XXe siècle (carte postale).
Retiers : vue d'ensemble du bourg vers 1920 (carte postale).
Retiers : la route de Janzé au début du XXe siècle (carte postale).
Retiers : l'église et la rue de Marcillé vers 1925 (carte postale).
Retiers : l'hôtel Piton et la route de Martigné vers 1925 (carte postale).
La production de pommes était importante : par exemple au cours du mois d'octobre 1937 plus de 300 wagons chargés de pommes furent chargés en gare de Retiers, sans compter les chargements effectués par camions à destination des distilleries de la région[31].
La Seconde Guerre mondiale
Le journal résistant Le Pays Gallo écrit en septembre 1944 : « À Retiers nos courageux camarades se sont également distingués. Le , au cours d'un engagement avec l'ennemi, sur la route du Piré au Ballon[Note 14], trois prisonniers allemands sont faits. Cet exploit est renouvelé le 10 août, où neuf Boches, dont deux sergents, sont capturés et désarmés »[32].
L'implantation des établissements Bridel (situés précédemment à Martigné-Ferchaud) vers 1960 a beaucoup contribué à l'essor de la ville. Rachetés par le groupe Besnier en 1990, ils sont désormais membres de Lactalis, y compris l'usine de Retiers.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[41]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[42].
En 2021, la commune comptait 4 540 habitants[Note 26], en évolution de +6,4 % par rapport à 2015 (Ille-et-Vilaine : +5,32 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Céline Blanchard, Retiers et Martigné-Ferchaud : deux chefs-lieux de canton pendant la Révolution, 1788-1800, Rennes, 2002, (Archives d'I&V - Mémoire 2 J 824).
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. Dans le cas de l'unité urbaine de Retiers, il y a une ville-centre et une commune de banlieue.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Aurélien de Courson, Cartulaire de l'Abbaye de Redon en Bretagne, Paris, Impr. impériale, , XII-CCCXCV-760 (lire en ligne), p. 19.
↑Amédée Guillotin de Corson, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. Vol. 5, Rennes-Paris, Fougeray-Haton, , 804 p. (lire en ligne), p. 666 et A. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, vol. 2, Rennes, Molliex, (lire en ligne), page 675.
↑Jean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, t. 4, Nantes, Vatar Fils Aîné, (lire en ligne), page 125.
↑ a et bAbbé F. de Lansac, « Maison de Hallay-Coëtquen », Encyclopédie biographique du XIXe siècle, , pages 9 à 16 (lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cJean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, t. 4, Nantes, Vatar Fils Aîné, (lire en ligne), page 125.
↑Etasse, « Documents inédits concernant la baronnie de Vitré », Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, (lire en ligne, consulté le ).
↑A. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, vol. 2, Rennes, (lire en ligne), page 11.
↑« Sabotages effectués par nos vaillants FTPF », Le Pays gallo. Organe du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Le calvaire du résistant restérien », Le Journal de Vitré, (lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée, Les mégalithes du département d'Ille-et-Vilaine, Rennes, Institut culturel de Bretagne et Centre régional d'archéologie d'Alet, coll. « Patrimoine archéologique de Bretagne », , 122 p. (ISBN9782868220929), p. 79.