Réalisateur autodidacte, il découvre le cinéma à Munich et réalise très jeune ses premiers courts métrages ainsi que son premier long métrage en super 8, Une amitié en Allemagne, dans lequel il incarne un jeune Hitler dans de faux home-movies afin dénoncer l'amnésie de certains Allemands par rapport aux crimes du Troisième Reich. Lors de la présentation de son court-métrage Coup de boule au Festival international du film d'Amiens en 1988, il filme le cinéaste Monte Hellman, et en tire le film Hellman Rider.
Karmakar consacre ensuite un long métrage documentaire, Warheads, dans lequel il suit un ex-légionnaire, des mercenaires engagés dans les combats qui se déroulent en ex-Yougoslavie et un stage de combat organisé aux États-Unis. Son premier long métrage de fiction, L’Homme de la mort en 1995 est un huis clos dont les dialogues sont basés sur les entretiens du psychiatre de la prison avec le tueur en série Fritz Haarmann en 1924. Le film remporte un prix au Festival de Venise et un succès en salles en Allemagne. Le film n'est pas distribué en France.
Pour la série d’Arte consacrée au passage à l’an 2000, il réalise Chez Walter. Il met en scène ensuite Manila, dans lequel un groupe de touristes est enfermé dans l’aéroport de Manille à la suite de l’avarie de leur avion, puis retourne au documentaire d’archives avec Le Projet Himmler(de), dans lequel l'acteur Manfred Zapatka lit l’intégralité du discours que le dirigeant nazi Heinrich Himmler prononça en 1943 devant 92 généraux SS.
En 2009, il participe à deux œuvres collectives. Pour le projet Fragments d'Allemagne coordonné par Tom Tykwer, il réalise Ramsès sur le propriétaire d’un bar à prostituées de Berlin et, pour Les Fruits de la confiance d’Alexander Kluge, il interviewe un spécialiste du traitement de l’eau. La même année, il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin[1].
Le Festival du cinéma du réel au Centre Pompidou a consacré une rétrospective à Karmakar en 2007. La Cinémathèque de Vienne a présenté l’ensemble de ses films en 2010.
Le travail de Romuald Karmakar se caractérise par la volonté de pratiquer le cinéma documentaire comme celui de fiction sans établir de césure entre les types d’œuvres et sa vision « politique » de l’acte de création cinématographique.
2008: "Hey, stop smirking!" - Fragments of the Stammheim Trial ("'Na, hören Sie doch mal auf zu grinsen!' – Fragmente des Stammheim-Prozesses"; 51 min; broadcast premiere: 11/23/2008, WDR (West German Public Radio, Cologne))
1997: Das Warheads-Oratorium (66 min; broadcast premiere: 11/28/1997, BR 2 (Bavarian Public Radio, Munich))
1993: Night over Gospič ("Nacht über Gospič"; 41 min; broadcast premiere: 07/02/1993, BR 2 (Bavarian Public Radio, Munich))
Bibliographie
Good Bye Fassbinder ! Le cinéma allemand depuis la réunification. Pierre Gras. Editions Jacqueline Chambon 2011
Allemagne 2009 : grand corps malade ? Le cinéma peut-il représenter la nation ? À propos du film collectif Allemagne 09 in Allemagne d'aujourd'hui n°195 janvier 2011 Presses du Septentrion. Martine Floch
Romuald Karmakar. Olaf Möller et Michael Omasta ed. Österreichisches Filmmuseum SYNEMA 2010
Bilder hinter den Worten. Über Romuald Karmakar Tobias Ebbrecht. Verbrecher Verlag 2010