Rythme nycthéméralLe nycthémère, ou nyctémère, ou rythme nycthéméral (du grec « nukthêmeron », mot composé à partir de « nux, nuktos », « nuit », et « hêmera », « jour »), est un terme technique utilisé en pharmacie, en physiologie, en médecine, en médecine vétérinaire ou encore en écologie pour désigner une alternance d'un jour et d'une nuit correspondant à un cycle biologique de 24 heures. Ce cycle inclut chez la plupart des espèces complexes une période de veille et une période de sommeil, ce qui correspond respectivement à un jour et une nuit pour les espèces diurnes et à l'inverse pour les espèces strictement nocturnes. On parle pour les espèces vivantes de rythme nycthéméral et de cycle nycthéméral. Ces cycles sont régulés par les variations rythmiques et naturelles de luminosité (intensité, durée du jour), avec parfois une influence de la température. Le rythme nycthéméral ne doit pas être confondu avec le rythme circadien, d'approximativement 24 h, qui est déterminé par des causes endogènes (horloges biologiques). Le rythme circadien peut par exemple concerner des individus isolés du monde extérieur, ou des espèces vivant dans les grandes profondeurs terrestres ou marines. Nycthémère et déplacement des espècesOn a récemment constaté ou confirmé qu'en milieu aquatique, ce rythme naturel influait fortement sur les petites migrations quotidiennes (déplacement horizontaux et verticaux, appelés migration verticale) et sur l'activité de certaines espèces planctoniques telles que les daphnies, d'autres invertébrés aquatiques et organismes zooplanctoniques, et même des poissons[1]. Chez les poissons, les rythmes circadiens peuvent aussi varier avec l'âge (alevin, juvénile, adulte), par exemple chez le sandre étudié dans le Rhône[2].
La mélatonine est l'hormone qui semble contrôler l'activité des espèces selon ce rythme. Certains de ces rythmes de déplacement sont depuis longtemps connus des braconniers, pêcheurs et chasseurs qui les exploitent pour mieux capturer certaines espèces (civelle et anguille par exemple). Ces rythmes de déplacement pourraient aussi avoir une importance pour la lutte contre certains parasites et pathogènes véhiculés par des invertébrés aquatiques (paludisme, onchocercose, etc.)[3]. Remarque : quelques espèces de myxomycètes ou organismes végétaux (algues munies de flagelles) peuvent aussi se déplacer activement, de jour ou de nuit. La lumière a également une influence sur leur activité. Nycthémère et alimentation des espècesDe nombreuses espèces, même considérées comme diurnes (lapin, lièvre, canard colvert, etc.) se nourrissent essentiellement de nuit, y compris sous l'eau. Sous l'eau ce temps de nourrissage correspond aussi au pic de dérive planctonique et des jeunes poissons. On a récemment découvert que dans les cours d'eau, la temporalité du comportement de recherche de proies correspond naturellement – chez les prédateurs étudiés – aux périodes de dérives observées chez leurs proies. Une étude (INRA) portant sur la truite a par exemple conclu à de bonnes corrélations entre le rythme d'activité (et de dérive) des invertébrés aquatiques et le rythme d'alimentation de la truite. Ainsi la truite se nourrit-elle essentiellement à la tombée de la nuit puis en début de matinée (en ingérant quotidiennement une ration alimentaire correspondant à 6 % de son poids sec)[4]. Rythmes nycthéméraux et écologie du paysageL'importance physiologique et écologique de ces rythmes donne aussi une importance nouvelle à la prise en compte de la qualité de l'environnement nocturne dans les réseaux écologiques et pour l'établissement, la protection ou la gestion de corridors biologiques. Ces derniers pour être fonctionnels ne devraient donc pas être exposés à la pollution lumineuse, dans toute la mesure du possible, y compris et notamment pour les « trames bleues » telles que promues en France par le Grenelle de l'environnement en 2007. Nycthémère et système hormonalLa mélatonine est une hormone commune dans le monde animal, qui intervient dans la synchronisation du rythme biologique sur la durée jour/nuit qui varie selon les saisons, et la position géographique du sujet concerné (d'autant plus qu'il est proche des pôles et éloigné de l'équateur). Certaines professions occasionnent ce qu'on appelle des « troubles » du nycthémère notamment le travail de nuit et les travaux en horaires décalés (pilotes d'avion, steward, conducteur de trains, chauffeurs routiers, infirmier, etc.)[réf. nécessaire]. Notes et références
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